Ancien attaquant des Dogues, des sardines et des Aiglons, Raoul Noguès a joué avec Claude Puel à Monaco. L'Argentin, qui a surtout flingué les vilains lors d'un fameux derby, s'est confié à Poteaux Carrés.


Raoul, les Verts ont déjà joué cette saison contre trois autres de tes anciens clubs et s’apprêtent à jouer un quatrième « Raoulico » lors de cette huitième journée !

Ah oui, c’est vrai, je vois que tu as suivi de près ma carrière ! (rires) J’ai quitté l’Argentine et mon club de Chacaritas Juniors près de Buenos Aires pour rejoindre Lille à l’âge de 20 ans. J’ai commencé à jouer au LOSC en janvier 1973. Quand je suis arrivé en France je ne parlais pas un mot de français mais j’ai été très bien traité, on m’a bien intégré. On a raté de peu la montée la première saison mais on a fini champion de D2 la saison suivante. Mes six premiers mois, l’entraîneur était René Gardien. Ensuite j’ai eu Georges Peyroche.

Georges Peyroche qui fait partie de la première équipe stéphanoise sacrée championne de France en 1957 et que tu as revu en 1982 sur le banc du PSG lorsque tu as joué la finale de Coupe de France avec les Verts !

Exact. C’était un bon entraîneur mais personnellement j’en garde un souvenir un peu mitigé. René Gardien m’avait mis dans les meilleures conditions, je jouais à l’époque en pointe comme lors de mes jeunes années en Argentine. Mais Georges Peyroche a fait venir un autre avant-centre, Christian Coste, et il est parti du postulat qu’on ne pouvait pas jouer tous les deux. J’ai quand même mis neuf buts cette saison-là mais je n’ai pas joué à 100%.

Tu as quitté le promu lillois pour rejoindre en 1974 l’OM, où tu as joué aux côtés d’un certain Georges Bereta.

Ah, Georges… Il était excellent ! Il arrivait de Saint-Etienne. Il avait un état d’esprit remarquable et il était très actif. Georges n’arrêtait pas de courir, il était très important dans cette équipe de l’OM. Il avait un très gros volume de jeu et un pied gauche formidable. C’est un joueur que j’appréciais beaucoup. Ça m’attriste qu'il ait des soucis de sa=nté importants aujourd’hui. C’est avec lui que j’ai gagné la Coupe de France en 1976, on a battu Lyon 2-0 en finale.

C’est toi d’ailleurs qui as ouvert le score d’une magnifique frappe.

C’est un grand souvenir pour moi. J’ai marqué au Parc des Princes l’un des plus beaux buts de ma carrière. Le plus important sans doute car cette Coupe de France était le premier titre majeur de ma carrière. Je crois que Georges Bereta me donné le ballon côté droit. Je me retrouve devant Raymond Domenech, qui vient vers moi mais au lieu de continuer il s’arrête. Je déclenche une frappe puissante qui finit au fond.



En fin de match Saar Boubacar a mis le second but suite à une très belle action de Hector Yazalde, attaquant argentin comme moi. On avait vraiment une équipe intéressante, avec l'excellent Marius Trésor notamment. Les supporters marseillais sont passionnés, ils étaient venus en nombre à Paris. Je me souviens qu’il y avait une chaleur suffocante ce jour-là et une énorme ambiance au Parc. On a eu le droit à un retour triomphal à Marseille. Pendant une semaine à dix jours, on a fêté ce trophée, on était invité partout, c’était vraiment un excellent moment ! (rires)

À Marseille, tu as également joué avec un autre ancien Vert, Gérard Migeon.

C’était un boute-en-train extraordinaire, un garçon toujours de bonne humeur. Un coéquipier magnifique, un garçon vraiment remarquable. Il mettait une énorme ambiance dans l’équipe. Gérard était un gardien à l’ancienne, pas très grand, comme Jean-Luc Ettori. Mais il était bon, notamment dans son jeu au pied.

Tu as joué tes premiers matches contre les Verts à leur apogée, en 1976.

Tout à fait. La première fois que j’ai joué contre eux, c’était trois mois avant leur fameuse finale de Coupe d’Europe contre le Bayern. On avait perdu 1-0 à Geoffroy-Guichard, c’est Hervé Revelli qui avait marqué. Mais trois mois après leur finale à Glasgow, on s’est imposé sur le même score au Vélodrome. J’ai marqué ce jour-là l’un des plus beaux buts de ma carrière face à une des meilleures équipes européennes.

Si ma mémoire est bonne, j’ai marqué à un quart d’heure de la fin. Sur un centre, je me suis jeté entre Osvaldo Piazza et Christian Lopez à l’horizontale pour mettre une tête magnifique qui s’est logée sur le côté gauche d’Ivan Curkovic. Curko s’est jeté comme un fou pour aller la chercher mais il n’y est pas arrivé, la balle était trop bien placée, dans la lucarne. C’était vraiment une réussite totale. Ce but est vraiment remarquable.

N’insiste pas quand tu nous coules, Raoul ! En 1977, tu as quitté Marseille pour Monaco après avoir failli signer en banlieue.

C’est vrai que l’OL, entraîné à l’époque par Monsieur Jacquet, voulait me recruter. Je suis monté le voir à Lyon, j’ai discuté avec lui. L’autre option, c’était Monaco, qui venait de monter en première division. Moi j’étais déjà dans le Midi, j’étais bien au soleil donc j’ai décliné la proposition de Lyon (rires). J’ai préféré m’engager avec l’ASM. Crois-moi, je n’ai vraiment pas regretté pas du tout mon choix !

J’ai vécu mes meilleures années sportives à Monaco. Je suis arrivé en même temps que six ou sept autres joueurs comme Rolland Courbis, Bernard Gardon, Alain Moizan, Alfred Vitalis. Une osmose incroyable s’est créée entre nous et les joueurs déjà au club Delio Onnis, Christian Dalger, Jean Petit. De très bons joueurs ! La mayonnaise a pris tout de suite. On a été sacré puis on a fini dans les quatre premiers les deux saisons suivantes. On a gagné la Coupe de France en 1980.

J’ai vécu une période faste, au-delà de l’aspect sportif. Monaco est cher à mon cœur, car c’est là que j’ai rencontré ma femme. Monaco, c’est ma vie ! J’y vis toujours actuellement. On est quand même resté en Suisse 25 ans, on avait monté un commerce là-bas avec ma femme dans la bijouterie et les accessoires mais on est retourné vivre à Monaco depuis 2008.

Tu vois, quand j'ai terminé ma carrière de footballeur en Suisse, j'ai choisi autre chose que le football comme reconversion. Moi, ce qui m'intéressais depuis tout petit, c'était de jouer au football, de le pratiquer, de toucher le ballon. Je savais que rien ne pouvait remplacer ce type de sensation. Si j'avais été entraîneur, j'aurais été frustré sur le banc. Quand on a vendu notre affaire en Suisse et qu'on est retourné vivre à Monaco, j'ai monté une agence immobilière. J'ai bossé plus de dix ans dans ce domaine et désormais je suis à la retraite.

À Monaco, tu as côtoyé un joueur qui avait précédemment porté le maillot vert (Michel Rouquette) et trois garçons qui l’ont porté par la suite (Bernard Gardon, Alain Moizan et Roger Milla). Peux-tu nous dire quelques mots sur chacun d’entre eux ?

Avec plaisir ! On va commencer par Bernard Gardon car j’ai également joué avec lui plus tard à Saint-Etienne. C’était un excellent stoppeur, formé à Nantes. Bernard était un stoppeur très intelligent. Il formait avec Rolland Courbis une charnière centrale très difficile à manœuvrer. J’aimais sa faculté à jouer très simple, à sortir proprement le ballon. Il donnait souvent l’impulsion depuis l’arrière pour faire un premier décalage.

Alain Moizan était un milieu défensif très costaud. Alain était fort physiquement et il avait aussi une technique individuelle très bonne. Lui aussi jouait simple et il perdait rarement le ballon. Il nous donnait des ballons très propres dans un rôle de numéro 6. Il jouait un peu comme le fait Sergio Busquets au Barça. Il ne se projetait jamais dans les 16 mètres adverses mais il jouait avec justesse, il orientait le ballon à droite, à gauche.

Je garde aussi un bon souvenir de Michel Rouquette. De temps en temps on s’appelle. Lui travaille encore dans le football, il bosse pour la cellule de recrutement de l’OL. Quand il passe à Monaco, il m’appelle et on boit un café ou on mange ensemble. J’ai une très bonne relation avec Michel. C’était un attaquant qui jouait côté gauche, il avait une très bonne technique individuelle et collective. Il était à l’aise avec le ballon. C’était un très bon joueur de football.

Roger Milla, je l’ai côtoyé lors de ma dernière saison à Monaco. Il n’est resté qu’une saison au club car malheureusement pour lui, il était barré par Delio Onnis, qui est un monument ici. Roger n’a pas pu percer sur le Rocher mais c’est un joueur qui m’a vraiment marqué. Je me souviens d’avoir fait des entraînements avec lui d’une grande qualité. Il avait une technicité ma-gni-fique. Magnifique, vraiment ! Je garde le souvenir d’un attaquant très félin, très facile avec le ballon. Roger était un magnifique joueur de football. C’était un régal absolu de le voir à l’œuvre. Mais en attaque on avait déjà Dalger, Petit, Delio et moi. Or Roger était un pur avant-centre, il ne pouvait pas jouer milieu offensif ou ailier. Onnis n’était jamais blessé, c’était un monstre. C’est le meilleur buteur de l’histoire du championnat de France. Il a mis 299 buts, tu te rends compte ? Exceptionnel !

Tu as également assisté en Principauté à l'émergence d'un certain Claude Puel…

Oui, j’étais encore à l’AS Monaco quand il a fait ses premières apparitions en équipe première. Il faisait partie des quelques jeunes du centre de formation qui s’entraînaient avec nous. Il y avait notamment Claude Puel et un autre garçon qui s’appelle Didier Christophe. Claude, c’était le même qu’aujourd’hui. Je le connais Claude, il a une maison pas loin de Monaco. Parfois je le croise l’été quand il va faire des footings. Tout jeune déjà, c’était un fou furieux au niveau de la condition physique. Il avait un coffre impressionnant. Il s’entraînait avec nous, on se tirait souvent la bourre quand on faisait du travail foncier. Il voulait toujours être devant. C’est le même qu’aujourd’hui ! (rires) Claude ne lâche jamais rien, c’est pour ça qu’il a réussi la carrière qu’il a faite. Claude est un compétiteur, il veut toujours être le plus performant possible. Il a une détermination remarquable, il veut toujours gagner.

Hélas il perd beaucoup à Saint-Etienne. Déjà 34 défaites en moins de deux ans à la tête des Verts.

J’espère pour Claude et pour les Verts que l’ASSE ne va plus trop tarder à renouer avec le succès. Je vois bien que vous êtes en grande difficulté à tous les niveaux. Je souhaite de tout cœur que ça va s’arranger pour Saint-Etienne. S’il y a bien quelqu’un qui peut remettre en place une équipe pour peu qu’on lui donne les moyens, c’est lui. Il ne renonce jamais Claude. C’est un gagneur incroyable.

Beaucoup de supporters stéphanois se demandent s’il est encore l’homme de la situation.

C’est l’homme de la situation mais il faut lui donner les moyens d’avoir une équipe compétitive. Tu peux mettre le meilleur entraîneur du monde à Saint-Etienne, Guardiola ou qui tu veux, il ne fera rien non plus ou pratiquement rien en l’état actuel des choses. Claude est un entraîneur pour ce type de situation à condition d’avoir au moins une colonne vertébrale dans l’équipe. Quand tu n’as pas de buteur, pas de créateur, pas deux ou trois bons défenseurs et un gardien, tu ne t’en sors pas !

T’as beau d’appeler Guadiola, tu ne feras rien. Avec un peu plus de moyens, Claude réussirait, comme il l’a souvent fait dans ses clubs antérieurs. On l'a vu notamment en Angleterre à Leicester. À mon avis, ce n’est pas Claude Puel le problème aujourd’hui à Saint-Etienne. Comme tout le monde, ça m’interroge et ça m’attriste que l’ASSE ait une enveloppe de recrutement proche de zéro comme on l’a vu lors des derniers mercatos. Comment en est-on arrivé là ? C'est étonnant quand même !

Claude Puel avait davantage de marge de manœuvre pour recruter à Nice, où tu as joué une saison juste après ta période monégasque et juste avant de porter le maillot. Quels souvenirs gardes-tu de ta saison chez les Aiglons où tu auras joué aux côté de Daniel Sanchez, lui aussi passé depuis par la maison verte ?

On avait une belle équipe avec Nenad Bjekovic, Daniel Sanchez, Carlos Curbelo, Daniel Bravo. On avait largement les moyens de finir dans les huit premiers mais malheureusement, notre avant-centre Nenad s’est blessé gravement. On ne pouvait pas à l’époque prendre un joueur en cours de saison. On partait en début de saison avec un effectif et on ne pouvait plus le modifier. On a ramé toute l’année, on s’est sauvé à la dernière journée.

Daniel Sanchez était un attaquant très technique. Il était très intéressant, n’avait aucun souci avec le ballon. C’était un ailier qui jouait côté droit, un garçon à l’ancienne. Il centrait très bien. Daniel était un footballeur pétri de qualités mais il avait un petit défaut, il manquait de puissance.

Peux-tu nous rappeler les circonstances de ta venue à Sainté en 1981 ?

Avec Nice, on s’est sauvé à la dernière journée. On a gagné à Metz 1-0, j’ai mis le but qui a permis au club de se sauver. Il me restait un an de contrat mais on sortait d’une saison galère, j’ai négocié un bon de sortie avec les dirigeants niçois. J’ai eu l’opportunité de rejoindre Saint-Etienne le dernier jour du marché des transferts et j’ai foncé. J’ai eu affaire à Pierre Garonnaire, Robert Herbin avait donné son feu vert. J’ai pris la voiture dans la nuit depuis Monaco où j’habitais même pendant ma saison niçoise et j’ai signé mon contrat avec l’ASSE à la dernière seconde.

Quels souvenirs gardes-tu de ton unique saison sous la tunique verte ?

On avait une équipe pour tout gagner. On avait une équipe d’un autre monde avec Michel Platini, Johnny Rep, etc. On a longtemps fait la course en tête, on pratiquait un excellent football, on jouait facile. Mais il y a eu l’histoire de la caisse noire qui a éclaté au printemps 1982. Ça nous a mis dedans. Ça a créé un énorme problème à tous les niveaux notamment sur le plan mental et psychologique. On a perdu le championnat à la dernière journée. On a écrasé Metz 9-2, on a été virtuellement champions jusqu’à l’heure de jeu mais Umberto Barberis a marqué le but de la victoire contre Strasbourg et Monaco a fini champion. Une semaine plus tard on a perdu aux tirs au but en finale de Coupe de France contre le PSG.

C’est rageant, on aurait pu tout gagner facilement mais malheureusement ça a été la dégringolade de l’ASSE à partir de cette affaire de la caisse noire. Le club ne s’en est jamais tout à fait remis même s’il y a eu quelques périodes plutôt bonnes depuis, avec Christophe Galtier notamment. Mais le club n’a plus du tout le même statut aujourd’hui qu’à l’époque où je l’avais rejoint alors qu’il venait d’être sacré pour la 10e fois champion de France. J’ai quitté le club au bout d’une saison, ma relation avec Saint-Etienne vu la tournure des évènements aura été très courte. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point cette affaire de la caisse noire nous aura plombés ! On était très perturbé par cette histoire.

Le différend d’ordre privé entre Michel Platini et Jean-François Larios a-t-il également perturbé cette saison ?

Non, non. Moi j’ai vécu ça de l’intérieur, je peux te dire que le problème est plus dû à cette crise de la caisse noire. C’est elle qui a créé de très grosses perturbations. On a été sollicité par l’administration, on a dû se rendre à des convocations. Il y a eu des procès-verbaux. On a été traité comme si on était des voyous !

Platoche est le joueur le plus fort avec lequel tu aies joué dans ta carrière ?

C’est un joueur absolument remarquable. Un immense joueur. J’avais déjà eu la chance de côtoyer de très grands joueurs à Marseille, les champions du monde brésiliens Paulo Cesar et Jairzinho. Paulo Cesar, c’était un peu le Neymar d’aujourd’hui, il avait cette facilité à éliminer et à accélérer. Jairzinho était une force de la nature. Un avant-centre, un taureau. C’était un régal d’évoluer aux côtés de Michel. Là où il était le plus fort de tous, c’est quand il frappait au but. Souvent on frappe au but juste pour frapper. Michel, lui, mettait une telle conviction, une telle détermination dans ses frappes… je n’ai jamais vu ça ! Michel frappait vraiment pour faire très, très mal. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi performant que lui. Je crois qu’il a marqué 22 buts cette saison-là en championnat.

Bien sûr il y avait d’autres joueurs talentueux à l’ASSE. Jean-François Larios avait un potentiel énorme. Lui aussi a été très performant cette saison-là, je crois qu’il a fini deuxième meilleur buteur derrière Michel. C’était un milieu de terrain très fort, un grand footballeur. Il y avait aussi Johnny Rep, un pur-sang. Il était impressionnant Johnny aussi. Il manquait de régularité mais esthétiquement, il était beau à voir. Il avait une facilité déconcertante, un pouvoir d’accélération impressionnant.

Dans un effectif assez riche offensivement (Michel Platini, Johnny Rep, Laurent Roussey, Laurent Paganelli, Benny Nielsen), tu auras joué 38 matches toutes compétitions confondues sous le maillot vert dont 29 en tant que titulaire. Tu as marqué six buts pour l’ASSE, les deux premiers lors d’un derby resté dans les mémoires. T’as montré aux vilains qui c’est Raoul ! Aux quatre coins d'Geoffroy on les as retrouvés éparpillés par petits bouts, façon puzzle. Toi, quand on t’en fait trop, tu ne correctionnes plus : tu dynamites, tu disperses, tu ventiles !



(Rires) Je crois que j’ai marqué ce jour-là le but le plus rapide de l’histoire des derbys et sans doute l’un des buts les plus rapides de l’histoire de l’ASSE. J’ai marqué au bout de 30 secondes. Ça reste un très grand souvenir. C’est magnifique l’ambiance de ce derby. Whaou ! Dans le Chaudron, on était vraiment porté par le public. On aurait dit qu’on ne courait pas, on volait un peu sur le terrain. Ce stade et ces supporters nous donnaient une énergie très positive, impressionnante. Je n’oublierai jamais cette ambiance. J’avais fait un très bon match, on avait gagné 4-0 ce match contre Lyon. J’avais mis le premier but mais aussi le dernier.

Comme j’avais l’habitude de jouer un peu attaquant et un peu milieu, j’étais très complémentaire avec les Platini, Larios, Rep, etc. J’avais cette capacité de travailler au milieu, à la récupération collective, et j’avais aussi cette capacité à me projeter à tout moment vers l’avant. J’avais un bon volume de jeu et je me promenais un peu partout. Robert Herbin a vu ça et je pense que c’est la raison pour laquelle il m’a donné un temps de jeu conséquent dans cette très belle équipe. Je jouais souvent sur le côté gauche, quatrième milieu ou troisième attaquant. J’ai joué un peu moins vers la fin car toute cette histoire de la caisse noire m’a perturbé, j’ai perdu un peu d’envie.

Tu sais que ça m’a travaillé cette saison stéphanoise. Comme je suis le dernier à avoir signé, je me suis dit que c’était moi qui avais porté la poisse. Je signe à la dernière minute et c’est la saison ou tout explose à l’ASSE ! Je me suis dit : « Mais merde, c’est pas possible ! » Pourtant, je ne suis pas poissard dans ma vie. Dans l’absolu, j’ai plutôt été gâté par la vie, j’ai eu beaucoup de chance. Mais ce qui s’est passé à Saint-Etienne, ça m’énerve ! C’est pour ça que j’espère que le club va sortir un jour de ce cauchemar et que les choses reviendront un peu comme avant !

Malgré ton joli carton contre Lyon marqué par ton doublé, c’était une « Raoul petite » saison pour toi en nombre de buts. T’en a mis que quatre autres. Un en Coupe de France contre la modeste équipe de Sanary, un contre Auxerre, un à Brest et un contre Bordeaux.



J’ai connu en effet des saisons plus prolifiques en termes de but. Mais j’aurai quand même marqué tout au long de ma carrière. J’ai mis pas loin de 140 buts. J’ai dû mettre dix buts en moyenne pas saison. Je ne frappais pas les penaltys et les coups francs, ça ne m’intéressait pas. J’ai marqué quasiment tous mes buts dans le jeu, très rarement suite à des coups de pied arrêtés. J’étais assez régulier à ce niveau-là. Quand j’étais jeune, je jouais avant-centre et je marquais énormément de buts. Mais j’aimais tellement être en relation avec le ballon que ça m’emmerdait un peu de l’attendre. Du coup j’ai commencé à reculer pour le caresser un peu plus (rires).

L’ambiance du Chaudron est la plus forte que tu aies connu dans ta carrière ?

Oui. Il y aussi le stade Vélodrome mais hormis ma première saison à l’OM, on ne jouait pas dans la même cour que l’ASSE avec Marseille. On était plutôt en milieu de tableau. Alors que j’ai connu Saint-Etienne à une époque où les Verts dominaient encore le football français. L’ambiance était encore au-dessus dans le Chaudron. L’ambiance du stade Geoffroy-Guichard était exceptionnelle. C’était tout simplement magnifique. J’espère qu’un jour vous allez la retrouver.

Quel regard portes-tu sur les Verts d’aujourd’hui ? Il t’arrive de regarder leurs matches, à la télé ou au stade ?

Je ne vais plus au stade. Maintenant, avec les nouvelles technologies, la télé et tout ça, on apprécie beaucoup mieux devant la télé, il y a des ralentis. La situation de Saint-Etienne fait un peu peine en ce moment. J’espère qu’un jour ce club retrouvera un peu de son lustre d’antan, arrivera à monter une équipe de qualité pour que le public puisse s’enthousiasmer. Les anciens ont connu l’époque où Saint-Etienne était LA place forte du football en France, collectionnait les titres et brillait sur la scène européenne. Mais je pense que les générations plus jeunes sont en souffrance. J'aimerais que les supporters aient l’occasion de voir une équipe stéphanoise jouer les tout premiers rôles. C’est tout le mal que je souhaite aux Verts et aux supporters !

Pour être sincère avec toi, je ne regarde pas trop les matches de Saint-Etienne ni ceux des autres clubs d’ailleurs. Je vois juste des extraits et des résumés et ça me suffit. Depuis de longues années, je suis plutôt Lionel Messi. J’ai donc regardé beaucoup de matches du Barça et maintenant je regarde les matches du PSG. En tant qu’Argentin amoureux du beau jeu, c’est avant tout Leo Messi qui m’intéresse. C’est le joueur qui m’importe le plus, qui me « parle » le plus. Je regarde plus Messi que Monaco, Saint-Etienne, etc. J’habite à Monaco, comme ancien joueur j’ai deux places réservées par match, mais je n’ai plus mis les pieds au stade Louis II depuis dix ans. Ce n’est pas que je suis malade ou que je ne peux plus me déplacer, je suis encore en pleine forme. Je retournerai au stade pour Monaco-Paris, pour voir jouer Messi.

 

Merci à Raoul pour sa disponibilité