Ancien gardien des Verts et des Sang et Or, le portier dunkerquois Jérémy Vachoux s'est confié à Poteaux Carrés avant d'assister ce dimanche au match qui opposera les deux clubs à Bollaert.
Jérémy, pour qui battra ton cœur ce dimanche après-midi ?
Ah, c’est une question difficile ! J’ai vécu 7 ans à Sainté, l’ASSE est mon club formateur. J’y ai de très bons souvenirs mais je n’ai pas eu l’occasion d’y jouer en professionnel, j’étais troisième gardien. Je suis resté 5 ans à Lens, où j’ai joué plusieurs saisons en professionnel. Un match nul, ce serait pas mal. Mais si Lens pouvait gagner, je serais ravi quand même. Une chose est sure, j’apprécie énormément les deux clubs, ils restent tous les deux dans mon coeur.
Peux-tu nous rappeler les circonstances de ton arrivée à Sainté en 2007 ?
Je jouais à l’époque dans un petit village près de Thonon-les-Bains qui s’appelle Allinges.
Un village réputé pour ses cordes ou pour ses pinces ?
Non ! (Rires) On faisait un tournoi interdistrict qu’on avait gagné. Ensuite on faisait un tournoi régional où il y avait notamment l’ASSE et l’OL. J’ai fait un bon tournoi et j’ai été repéré à ce moment-là, j’avais 12 ans. J’ai passé un essai concluant à Sainté, du coup j’ai rejoint L’Etrat à l’âge de 13 ans. J’étais en contact avec Philippe Guillemet et Gilbert Ceccarelli a validé ma venue.
Que gardes-tu de ton septennat stéphanois (2007-2014) ?
J’en garde de très bons souvenirs car en fait je suis devenu un homme à Saint-Etienne. Je suis arrivé au club à 13 ans, je l’ai quitté à quelques semaines de mes 20 ans. On se construit en tant que joueur et en tant qu’homme aussi. Saint-Etienne m’a tout donné, tout appris. J’ai eu la chance d’avoir d’excellents formateurs à l’ASSE, ils m’ont tous marqué et fait grandir. Les entraîneurs principaux comme Philippe Guillemet, Philippe Durieu, Gilles Rodriguez, Romain Revelli, Abdel Bouhazama, Jean-Philippe Primard, Thierry Oleksiak, Christophe Galtier.
Et aussi bien évidemment les entraîneurs de gardiens, avec une mention particulière pour Gilbert Ceccarelli qui a été un peu comme un deuxième père pour moi. Il m’a entraîné mais m’a aussi appris à devenir un homme. Je n’oublie pas bien sûr Mickaël Dumas et Fabrice Grange. Tous les entraîneurs que j’ai eus m’ont apporté quelque chose. Je suis très content d’avoir été formé à Saint-Etienne. Je considère que j’ai eu une très bonne formation, qui m’a permis d’être le footballeur que je suis aujourd’hui.
Je suis fier d’être issu de cette belle école des gardiens de l’ASSE. Au fil des ans, Saint-Etienne forme beaucoup de bons gardiens. On le voit encore aujourd’hui, pas mal d’entre eux comptent des sélections nationales. Je suis content de tout ce que j’ai appris pendant toutes ces années au centre de formation des Verts. Je n’ai qu’un petit regret, c’est de n’avoir jamais joué un match à Geoffroy. J’espère qu’un jour j’aurai l’occasion d’y jouer. A 27 ans, je me dis que j’ai encore le temps de connaître ce bonheur. J’espère vraiment que je reviendrai dans ce stade pour jouer, pourquoi pas en Coupe.
Tu as connu Geoffroy en tant que supporter pensionnaire du centre de formation.
Oui, j’adorais voir les matches des pros à Geoffroy-Guichard. Le premier auquel j’ai assisté à 13 ans, j’étais dans le kop sud, au milieu des Green Angels. Quelle ambiance ! J’étais fan de Jérémie Janot, je suis encore en contact avec lui à l’heure actuelle. J’adorais ce gardien, l’aura qu’il dégageait, son côté explosif et spectaculaire. Je me souviens des rentrées d’Emmanuel Rivière, qui venait de la réserve. J’aimais bien Laurent Batlles, Kurt Zouma bien sûr qui était le phénomène de notre génération.
J’appréciais beaucoup Loïc Perrin, Fabien Lemoine. Je pourrais te citer plein d’autres joueurs qui m’ont marqué : Aubame, bien sûr, Bayal, Jérémy Clément. Max-Alain Gradel aussi, je me souviens qu’à la fin de l’entraînement il me défiait sur coup franc. Je m’entendais bien également avec Romain Hamouma, un très bon joueur. Quand tu t’entraînes avec des joueurs de ce standing, t’apprends beaucoup. Et bien évidemment, j’ai beaucoup appris aux côtés de Stéphane Ruffier et Jessy Moulin.
Sportivement, quels moments forts gardes-tu de ton passage à l’ASSE ?
J’ai vécu de belles aventures, de jolis parcours. Avec les U16 nationaux, on avait fini en 2010 à la première place de notre poule, celle du Sud, très relevée avec Monaco, Nice, Montpellier. On a fait les phases finales où on a battu Troyes et Bordeaux mais on a perdu contre Sochaux qui a joué la finale contre le PSG. Avec les U19, j’ai connu deux finales de Gambardella. Je me remémore également que j’ai participé à la remontée du club en CFA lors de ma dernière saison à Sainté.
Je retiens aussique je me suis entraîné avec les pros les 18 derniers mois et que je participais même à l’échauffement de Stéphane Ruffier à Geoffroy avant de monter en tribunes. Franchement, c’était magnifique de ressentir depuis la pelouse le frémissement du Chaudron. Le premier match auquel j’ai assisté à Geoffroy-Guichard à l’âge de 13 ans, j’ai été scotché par l’ambiance. Quand tu vois tous ces supporters, toute cette ferveur… Tout ça te donne envie d’être professionnel. Saint-Etienne, vraiment, c’est le top !
Tu n’es pas passé pro à l’ASSE mais tu te seras fait connaître grâce à la Gambardella. Tu es très probablement le seul joueur de l’histoire du club voire de l’univers à avoir pris part à quatre éditions de la plus prestigieuse des compétitions de jeunes en France !
Ah je ne sais pas s’il y en a d’autres mais c’est vrai que j’ai pris part à quatre campagnes de Gambardella : la première et les deux dernières en tant que titulaire, la deuxième comme doublure. Mes trois premiers matches de Gambard, j’avais seulement 15 ans. Je suis un 1994 et je jouais avec des 1991 comme Loris Néry et Faouzi Ghoulam ainsi que des 1992 comme Idriss Saadi. Il y avait du beau monde ! On a éliminé Istres aux tirs but avant de battre 2-0 une grosse équipe de Monaco mais en huitième de finale on s’est fait sortir chez nous par Metz aux tirs au but. Une équipe de Metz qui a gagné la Gambard cette année-là…
La saison suivante, j’étais la doublure de Germain Sanou. On a fait un super parcours, marqué notamment par notre victoire 5-2 en quart contre l’OM à Marseille et notre succès 4-1 contre Troyes près de Bordeaux. En finale contre Monaco, la séance de tirs au but nous a été fatale. L’année d’après, on est retourné au Stade de France après avoir éliminé notamment le TFC à Toulouse, Valenciennes chez nous et Brest à Orléans. Hélas, on a perdu 2-1 en finale contre Nice. L’année suivante, notre parcours s’est arrêté en 8e de finale. On avait écrasé Montpellier à la maison en 16e mais on a perdu 1-0 à Toulouse sur un penalty.
La Gambardella m’aura fait vivre des moments forts en émotions. C’est la Coupe de France des jeunes, c’est une compétition exceptionnelle, une aventure hors du commun. Franchir tous les tours qui te conduisent au final au Stade de France, c’est palpitant ! Jouer au Stade de France à même pas 18 ans, c’est quelque chose d’excitant ! Il y a bien sûr un petit goût d’inachevé car on a perdu deux finales de suite. On est jamais heureux quand on perd une finale, alors deux de suite… Il y a un peu d’amertume et de frustration.
Neuf ans après, peux-tu nous dire si le premier but de Nice était valable ?
Je t’assure que le ballon n’était pas rentré. Une partie du ballon est entrée mais pas tout le ballon. J’en suis persuadé. Je le sais. C’est vrai. Hélas il n’y avait pas la VAR ou la goal line technology mais ce but n’aurait pas dû être validé. Attention, ça ne veut pas dire pour autant qu’on aurait gagné la finale mais ce n’est pas la même physionomie de match si le but n’est pas accordé. On ne saura jamais qui ce serait passé après.
J'ai vu qu'il y a deux ans les Verts ont gagné la finale de Gambardella, ça m'a fait plaisir pour le club en général et pour Razik Nedder en particulier. Quand j'étais au centre de formation, Razik s'occupait des U12 ou des U13 avant de devenir l'adjoint d'Abdel Bouhazama en U19. J'ai su qu'ensuite il a gravi les échelons en entraînant les U17, les U19 et maintenant la réserve. Il faut saluer son très beau parcours : il est parti de tout en bas et il est désormais tout en haut. C'est top !
Tu as évoqué tout à l’heure au rayon des bons souvenirs la remontée en CFA. Mais tu as connu des débuts très délicats lors de tes deux premiers matches avec la réserve : t’en as pris 4 à L’Etrat contre Monaco (Valère Germain avait marqué et Valentin Eysseric avait mis un doublé) puis 5 à Ajaccio !
C’est vrai que mes deux premiers matches ont été très difficiles ! Je n’avais que 16 ans. Il y avait des soucis d’effectif donc on jouait très jeune. Perdre aussi sévèrement, ce n’est jamais agréable. Mais si on a été battu, je n’ai pas été pour autant abattu. Ça m’a donné beaucoup d’expérience pour les matches que j’ai joués ensuite avec les 18 ans d’Abdel Bouhazama. Je me souviens que le week-end d’après j’ai fait un très bon match avec les U19. Le coach m’avait dit qu’il se demandait comment j’allais réagir après avoir pris 9 buts en 2 matches de CFA. Je pense que ma prestation l’a rassuré.
Si tu as connu les joies d’une montée en CFA, tu avais connu la saison précédente la tristesse d’une descente en CFA2.
C’est vrai qu’en 2013 on est descendu. J’ai dû disputer une douzaine de rencontres. J’ai joué de bons matches mais quand le collectif ne va pas, toute l’équipe est impactée, je me mets dedans aussi. Même si la relégation d’une réserve de CFA en CFA2 est beaucoup moins impactante pour un club pro que la descente de l’équipe première, on était très déçus de descendre. Mais quand tu joues en CFA, en N2 comme on dit maintenant, ce n’est pas évident de t’en sortir quand tu joues très jeune.
Quand à 18 ans tu affrontes des joueurs matures de 28 ou 30 ans, parfois tu n’es pas prêt à ce championnat d’adultes. Cette année-là a été particulièrement pénible, on a terminé à la dernière place mais on a su remonter dès la saison suivante. Ça me tenait à cœur de boucler mon aventure stéphanoise par cette montée. J’ai pu apporter ma pierre à l’édifice et partir du club la tête haute.
Tu as quitté le club sans décrocher le contrat pro que tu espérais.
Comme je me suis entraîné la dernière année et demie avec les pros et que je travaillais dur lors des séances, j’espérais en effet décrocher ce contrat. Je m’entraînais avec Stéphane Ruffier, Jessy Moulin et Baptiste Valette. J’étais en fin de contrat stagiaire, Baptiste était aussi en fin de contrat. Le club a longuement hésité, ils envisageaient de me faire signer un an pro, il y a eu des débuts de discussion en ce sens. Finalement, ils ont décidé de reconduire Baptiste un an et je n’ai pas été conservé. Je l’ai su vraiment à la fin.
Quand t’as passé sept ans dans un club et qu’on t’apprend au dernier moment que tu ne vas pas signer pro… C’est ton rêve qui s’écroule, à l’instant T t'as du mal à encaisser. C’est le « mauvais souvenir » de mon expérience à l’ASSE, j’aurais aimé signer pro à Sainté. Je rêvais de jouer à Geoffroy-Guichard. Sur le moment j’ai eu du mal à m'y faire mais avec le recul, c’était un mal pour un bien. Avec les gardiens qu’il y avait devant, j’aurais eu du mal à jouer. Avec un contrat pro d’un an, en étant troisième dans la hiérarchie avec un Steph Ruffier indéboulonnable, j’aurais juste joué en réserve et je me serais retrouvé libre à la fin de la saison.
Quelle image gardes-tu de la Ruff, viré en janvier dernier après plus de 9 ans passé au club ?
Je garde une bonne image de Stéphane, je me suis toujours bien entendu avec lui. Il m’a toujours respecté, il a été vraiment bien avec moi. Il me donnait des conseils. J’ai suivi de loin la fin de son aventure stéphanoise. Je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants mais je trouve ça dommage de ternir une image. Finir comme ça, après tout ce que lui et le club ont donné l’un pour l’autre. C’est triste et un peu désolant d’en arriver à cet épilogue. Steph a été très performant dans la durée, il a même battu le record de matches de la légende Ivan Curkovic.
Stéphane Ruffier était un gardien impressionnant avec sa corpulence. Il dégageait quelque chose et il était très efficace. J’ai beaucoup appris à ses côtés car c’était vraiment un gardien pétri de qualités. Sa façon de plonger en repoussant le ballon très fort sur les côtés et jamais dans l’axe, ça m’a particulièrement frappé. Dès qu’il repoussait le ballon, le ballon sortait presque en touche. Il avait une technique pour repousser les ballons vraiment exceptionnelle. J’ai vraiment été admiratif de tout ce qu’il a fait pendant toutes ces années. Maintenir un haut niveau de performances sur une telle durée, c’est remarquable. C’était vraiment un gardien très efficace. Il préférait être efficace qu’être beau.
Quels souvenirs conserves-tu de Jessy Moulin ?
Moi j’adorais Jessy, je suis encore un peu en contacts avec lui. J’adorais l’homme et le joueur. On a un peu le même profil de gardien avec Jessy Moulin et Jérémie Janot. Jessy était un coéquipier extraordinaire et un très bon gardien. Je suis content qu’il ait pu jouer à la fin en L1, je l’ai trouvé très bon. J’étais content de le voir titulaire dans l’élite après tant d’années où il a été numéro deux. Jessy a longtemps été dans l’ombre de Jérémie et de Steph et il a enfin été en mis en lumière. C’est une juste récompense par rapport à tous les efforts qu’il a consentis pour le club. Jessy a pu montrer qu’il avait des qualités et que ce n’est pas pour rien qu’il était au club depuis tant d’années.
Avec quels autres anciens coéquipiers stéphanois es-tu resté en contact ?
L’ancien coéquipier stéphanois dont je suis resté le plus proche est Romain Spano, qui évolue actuellement à Annecy. On a encore mangé ensemble cet été là-bas. J’ai joué avec lui à l’ASSE, je l’ai retrouvé plus tard au RC Lens. J’échange encore avec Bilel Aouacheria, qui joue depuis de nombreuses saisons en L1 portugaise, Brahim Touati, Thibault Bruyère, Mathieu Sigot, Florian Thalamy, tous ceux de ma génération. J’ai aussi David Douline, que j’ai croisé à Rodez avec Nassim Ouammou. Plusieurs joueurs comme eux deux n’ont pas percé à Saint-Etienne mais ont réussi à le faire ailleurs. Et ça fait toujours chaud au cœur de retrouver des joueurs formés à Sainté. On a passé tant d’années ensemble ! Les revoir sur les terrains, c’est top, surtout en professionnel ! J’ai été content de recroiser Loris Néry, je vais revoir Idriss Saadi car il a rejoint Bastia. J’ai eu l’occasion de revoir Pierrick Cros, qui joue actuellement en National à Laval.
Non conservé par l’ASSE au printemps 2014, tu as rebondi quelques mois plus tard au RC Lens. T’as eu d’autres contacts dans l’intervalle ?
La dernière semaine avant de finir la saison à l’ASSE, j’ai fait un essai à Niort. Ça s’est très bien passé mais ils ont décidé de prendre un gardien avec un profil différent, un peu plus grand. C’était Saturnin Allagbé, qui joue désormais titulaire à Valenciennes où Jérémie Janot est entraîneur des gardiens. Ensuite j’ai fait un essai au Gazelec Ajaccio, qui s’est très bien passé également mais à l’époque le club n’avait pas de réserve. Je devais signer en tant que numéro trois mais au dernier moment ils ont pris Jérémy Bréchet.
Un vilain défenseur pour jouer dans les cages, quelle idée saugrenue !
(Rires) Non mais ils ne l’ont pas pris pour jouer gardien. Le Gazelec avait une enveloppe restreinte pour recruter, ils ont tout mis sur ce joueur donc ils n’ont pas pu me prendre et ont décidé de rester à seulement deux gardiens professionnels. Je me suis ensuite entraîné avec la réserve de Grenoble pour garder la forme. Les semaines passaient, je suis resté trois mois au chômage. Je m’entraînais tout seul, j’ai eu un peu d’aide de mes anciens formateurs d’Allinges, mon petit village de Haute-Savoie. J’ai fait deux ou trois séances.
Monsieur Abdou Diaf, un de mes grands amis hélas décédé depuis, connaissait Jean-Pierre Lauricella entraîneur des gardiens à Lens.
Le Racing Club de Lens était alors interdit de recrutement. Ils manquaient de gardien en réserve. Abdou Diaf a proposé à Jean-Pierre Lauricella que je vienne m’entraîner. Je suis parti à Lens où il y avait Jocelyn Blanchard, qui me fera venir plus tard à Dunkerque, mon club actuel. Au bout d’une semaine d’entraînement à Lens, ils ont voulu me faire signer. Ça a duré six semaines avant que je puisse signer car ils ne pouvaient pas me proposer un contrat pro du fait de leur interdiction de recrutement. J’ai dû signer un contrat amateur d’un an. J’ai joué toute la saison avec la réserve.
Une saison concluante d’ailleurs, ponctuée de la signature de ton premier contrat pro à 21 ans.
Je devais signer un contrat pro de trois ans mais au dernier moment la durée a été réduite à un an car Antoine Kombouaré ne me connaissait pas et souhaitait me laisser un an pour faire mes preuves. J’étais un peu déçu de m’engager pour une durée aussi courte. J’étais gardien numéro 3 derrière Valentin Belon et Joris Delle. Avec Valentin on alternait deux matches comme doublure de Joris et deux matches avec la réserve.
Et ce qui devait arriver arriva. Le 30 janvier 2016, au Havre, Joris se blesse, c'est moi qui était sa doublure ce jour-là. Je rentre à la mi-temps alors qu’on était mené 1-0. On a perdu 2-0, j’ai pris un but en pleine lucarne d’Alexandre Bonnet. Comme Joris était indisponible 5 matches, j’ai été titularisé. J’ai été très bon du coup le coach Antoine Kombouaré a décidé de me reconduire dans les buts malgré le retour de blessure de Joris. J’ai donc joué 16 matches de L2 cette saison-là.
Du coup le club t’a prolongé !
Oui, le club m’a prolongé de trois ans, jusqu’en 2019. Je devais continuer sur ma lancée et jouer. Mais j’ai connu alors une nouvelle déception. Le nouvel entraîneur Alain Casanova a décidé de recruter Nicolas Douchez en tant que numéro 1. Du coup je suis devenu numéro 2 et je n’ai pas joué un seul match de championnat la saison 2016-2017, j’ai dû me contenter de 5 matches de Coupe. Ça m’a mis un petit coup de frein mais c’est comme ça, c’est le football ! J’ai beaucoup appris de Nicolas Douchez.
La hiérarchie s’est ensuite inversée en ta faveur.
C’est vrai. La dernière journée de la saison 2016-2017 a été terrible pour le RC Lens. On était sur le point de montée ou à tout le moins de disputer les barrages d’accession en L1 mais un but inscrit par Amiens à Reims à la 96e minute nous a condamné à rester en L2 malgré notre victoire contre Niort. C’était une terrible déception. À l’intersaison, je pouvais partir à Bourg-Péronnas en prêt mais le coach m’a dit que je ne devais pas bouger car allait me mettre titulaire.
Malheureusement, on a fait quatre défaites de suite et Alain Casanova s’est fait virer. Eric Sikora prend la relève. On fait un match en Coupe à Lorient, on perd 3-2 et Denis Bouanga me met une reprise de volée en pleine lucarne sur un coup franc. Après ça le coach décide de remettre Nicolas Douchez numéro 1 et je passe 8 matches sur le banc. Ensuite Nicolas a eu des problèmes extra-sportifs, du coup j’ai joué à Châteauroux. On fait 0-0, je fais un bon match et j’ai enchaîné jusqu’à la fin du championnat. Cette saison 2017-2018, j’aurai joué 30 matches de L2 et 8 matches en Coupe.
Cette saison-là tu as été l’une des très rares satisfactions lensoises, ton équipe a déçu au point de se chahuter par un public plutôt réputé pour sa bienveillance.
C’est vrai qu’on a eu beaucoup de mal cette saison-là. Il faut dire qu’on a démarré la saison par sept défaites. Heureusement on a enchaîné ensuite 12 matches sans perdre donc on a pu remonter au classement. Après on a de nouveau eu une période délicate. On a un peu galéré mais on a réussi à se sauver à deux journées de la fin. Avant ça, on a connu la déception de se faire sortir en quart de finale de Coupe de France à la Beaujoire contre Les Herbiers. Lors de la séance de tirs au but, j’ai arrêté le tir de Kévin Rocheteau, mon actuel coéquipier à Dunkerque. Mais ensuite on a loupé deux tirs. C’est dommage car derrière on aurait pu jouer la demi contre Chambly avec une bonne chance de jouer en finale contre le PSG. Ça aurait un peu sauvé notre saison.
La saison suivante, tu as connu à de nouveau des déceptions…
Hélas oui. Alors que je sortais d’une bonne saison d’un point de vue individuel et que j’avais bon espoir de poursuivre sur ma lancée, Eric Sikora s’est fait virer. Philippe Montanier, qui lui a succédé, a décidé de recruter Jean-Louis Leca. Je me suis à nouveau retrouvé numéro 2. Je n’ai joué qu’une dizaine de matches toutes compétitions confondues cette saison-là, ma dernière à Lens.
Ton dernier match avec les Sang et Or a été assez terrible pour toi. Ce barrage perdu contre Dijon et suite à tes deux boulettes te hante encore aujourd’hui ?
Non, aujourd’hui j’ai complètement évacué cette grosse déception. C’est ma plus grande désillusion dans un match de football, surtout en professionnel. Maintenant, tout le monde fait des erreurs. Comme dit Jérémie Janot, "il n'y a pas de vaccin contre la boulette." Même Hugo Lloris en finale de Coupe du Monde a fait une erreur. Comme les Bleus ont gagné la finale, c’est passé un peu à inaperçu. Il est vrai que j’ai commis une ou deux erreurs au mauvais moment. C’est dommage car j’avais fait de bons matches auparavant, notamment lors du barrage aller.
Mes erreurs au retour ont été fatales, ça m’a énormément déçu pour le public lensois. Ça fait plusieurs années qu’on jouait la montée. Avec Antoine Kombouaré on a failli être promus, avec Alain Casanova on a failli y arriver mais ce but d’Amiens à Reims à la 96e nous a crucifiés. Avec Philippe Montanier on perd ce barrage contre Dijon. J’étais bien sûr très déçu et mécontent de ma performance, mais aussi hyper déçu pour ce public lensois qui m’a toujours soutenu. Mon départ pour Orléans était déjà acté mais ça me tenait à cœur de quitter le club en laissant Lens à sa véritable place, c’est-à-dire en Ligue 1. La saison suivante a été la bonne et j’en suis ravi car les supporters lensois sont extraordinaires.
Tu as choisi de quitter Lens pour avoir du temps de jeu alors que tu aurais pu prolonger ton contrat chez les Sang et Or. Au final, tu n’auras joué que 12 matches lors de ton unique saison à Orléans. Avec le recul, regrettes-tu d’avoir quitté l’Artois pour le Loiret ?
Bien sûr, avec le recul, j’aurais peut-être fait d’autres choix. Mais on ne vit pas avec des regrets. C’est le football, ce sont les aléas d’une carrière. J’avais une belle opportunité de jouer à Orléans. Ça ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité. Peut-être que mes erreurs lors de mon dernier match avec Lens ont inconsciemment joué sur mes performances du début à Orléans. Peut-être qu’à ce moment-là je n’avais pas encore évacué cette désillusion. Le problème c’est qu’à Orléans le collectif ne marchait pas. On n’arrivait pas à gagner, que je sois titulaire ou non. J’étais titulaire puis le coach m’a changé. À la fin on est quand même descendu en National 1.
Ton dernier match de L2 avec Orléans, cruel clin d’œil de l’histoire, tu as perdu 4-1 contre le RC Lens. Mais tu n’as pas commis d’erreur ce match-là.
Clairement pas. Ce sont des choix de coach. Didier Ollé-Nicolle a décidé de m’enlever après ces dix premières journées. Je trouve ça dommage car juste avant cette défaite contre Lens on avait fait deux nuls et une victoire à Troyes. On montait en régime, je me souviens que j’avais été élu meilleur joueur du match lors de match nul et vierge à Ajaccio.
Tu as entamé ta deuxième saison à Dunkerque. Quelles sont les circonstances qui t’ont fait redevenir Ch’ti ?
Après la relégation d’Orléans, les deux parties ont voulu en rester là. Il me restait deux ans de contrat mais j’ai résilié à l’amiable le contrat. Jocelyn Blanchard, que j’avais connu à Lens, m’a fait venir passer un essai. Au bout d’une semaine, ils m’ont fait signer.
Romain Revelli a signé à Dunkerque parce qu’il tenait absolument à te coacher à nouveau, c’est bien ça ?
On peut le souligner, si tu veux ! (Rires) Non, je ne pense pas. Je considère que c’est une bonne nouvelle de collaborer à nouveau avec lui. C’est un coach que j’appréciais à Sainté, c’est avec lui qu’on a fini premier de notre poule avec les U17 en 2010 et qu’on a disputé les play-offs. Quand il a été nommé à Dunkerque, il m’a appelé, on a eu une bonne discussion. Moi j’étais en fin de contrat, c’était aussi son choix de me renouveler. J’avais des contacts avec d’autres clubs de L2 qui souhaitaient me faire venir en tant que doublure. J’ai préféré prolonger l’aventure dans ce club de Dunkerque, avec un nouveau coach qui me connaît très bien. Une vraie concurrence s’est mise en place. J’ai démarré la saison sur le banc mais j’espère bientôt jouer pour aider l’équipe parce qu’on a fait un nul et deux défaites.
Le Romain Revelli d’aujourd’hui a beaucoup changé par rapport au Romain Revelli que t’as connu à l’ASSE ?
Je l’ai connu comme entraîneur des 16 ans à Sainté, à Dunkerque c’est en L2 donc le contexte est complètement différent. Quand t’entraînes des U17, tu travailles pour former des joueurs, pour les faire progresser. Tu es moins dans un climat d’attente de résultats, ton but est de développer les joueurs. Si le week-end tu ne gagnes pas en U17, ce n’est "pas grave". L’objectif principal c’est de faire en sorte que le jeune joueur élève son niveau pour passer à l’échelon supérieur. En pro, c’est différent. Bien sûr tu dois faire progresser le groupe et chaque joueur mais les résultats prédominent. Il faut être bon chaque week-end pour prendre des points.
Le Romain Revelli que je connais aujourd’hui doit composer avec tout ça. Depuis que je l’ai eu en U17, il a accumulé de l’expérience que ce soit en tant qu’adjoint de Christophe Galtier à Sainté ou en tant qu’entraîneur d’équipes de seniors à Evian, Andrézieux ou Cholet. J’ai retrouvé un coach qui a toujours une grosse personnalité. C’est un coach moderne, encore assez jeune. Il a de l’envie, il est dynamique. Personnellement j’aime beaucoup sa façon de manager. J’apprécie aussi sa philosophie de jeu. Il aime bien la profondeur. Il aime le ballon mais il faut que ce soit quand même assez direct avec beaucoup d’appels dans la profondeur pour mettre une grosse pression sur l’adversaire et l’étouffer.
Vous vous appréciez mutuellement mais il ne t’a pas encore titularisé cette saison en L2. Et la saison dernière, Fabien Mercadal ne t’a fait jouer qu’un match en championnat. Tu gardes l’espoir de devenir numéro un ?
Oui. On ne m’a rien promis du tout, on m’a juste dit les choses honnêtement et clairement comme quoi il y avait une véritable concurrence cette année et qu’en gros le meilleur jouera. Après, c’est sûr qu’Axel Maraval part avec un temps d’avance car il a joué toute la saison dernière. J’espère bien sûr avoir l’opportunité de jouer. Le poste de numéro deux, s’il faut continuer de l’occuper, je le ferai, il n’y a aucun problème. C’est le collectif qui prime avant tout au-delà de toute considération personnelle. J’espère que je pourrai jouer l’équipe pour l’aider à gagner des points et à se maintenir.
Dunkerque n’a pris qu’un point lors des trois premières journées. Ça t’inquiète ?
Comptablement ce tout début de saison n’est pas conforme à nos attentes même si j’estime que les résultats ne reflètent pas forcément le contenu de nos matches. Notre dernière rencontre contre Niort par exemple, on se fait punir sur des détails. On a deux grosses occases avant la fin du match, une tête sur a barre et une autre tête à bout portant où le gardien l’arrête de la jambe. On perd à la dernière minute sur un contre. Si ces détails tournent pour l’instant en faveur de nos adversaires, c’est peut-être qu’on manque un peu de maturité, il faut qu’on arrive à gommer certaines choses. On n’est pas inquiet. Soucieux, c’est normal, mais je reste optimiste car on a un groupe de qualité. Tous les matches sont difficiles, la Ligue 2 est très homogène. Il faut cette première victoire pour enclencher la saison.
Tu as passé 5 ans à Lens, tu attaques ta deuxième saison à Dunkerque. Le Haut-Savoyard que tu es se plait dans les Hauts-de-France ?
Oui, je suis un ch’ti d’adoption. Je suis un gars du Nord, j’adore cette région. J’aime cette région car les gens y sont accueillants, chaleureux. C’est là que j’ai connu ma future femme, je l’aie connue quand j’étais à Lens. On va se marier en juin 2022 dans le Nord. Elle est de Cambrai.
Elle ne fait pas trop de bêtises ?
Non, ça va ! (rires)
As-tu retrouvé à Lens ce que t’as connu à Sainté ?
C’est ce que j’allais te dire, il y a pas mal de similitudes entre Lens et Sainté. C’est un peu la même mentalité et ça me correspond tout à fait. C’étaient deux villes minières qui ont des valeurs communes. Il y a cette notion de travail, cette détermination à ne jamais rien lâcher. Je me retrouve complètement là-dedans. Ces valeurs transpirent à Sainté, à Lens mais aussi à Dunkerque où j’évolue maintenant. Le Nord est très attachant même si je reste un Haut-Savoyard, du coup tous les ans pendant les grandes vacances je retourne dans ma région natale.
L’ASSE et le RC Lens sont deux clubs similaires. Quand j’ai quitté Sainté et que je suis arrivé à Lens, je n’étais pas dépaysé. Pour moi Bollaert et Geoffroy sont les deux meilleures ambiances de France. C’est incroyable. La seule différence c’est qu’à Saint-Etienne les kops sont derrière les buts alors qu’à Lens c’est en plein milieu du terrain. J’ai toujours rêvé de jouer dans ces clubs-là. D’avoir connu ces deux ferveurs-là, c’est top !
Quel est le meilleur public des deux ?
Difficile de les départager. Ils sont très similaires, pour moi c’est presque pareil. Il y en a un, je l’ai connu en tant que « supporter », que joueur du centre de formation. Alors que le public lensois, je l’ai connu en étant sur le terrain, en jouant devant lui. Quand t’es sur le terrain et que tout le stade scande ton nom, ça te donne des frissons. Je donne donc un petit plus pour Lens juste pour ça, parce que tu ressens les choses différemment quand t’es sur le rectangle vert que quand tu es en tribune. Mais les deux publics sont extraordinaires, autant l’un que l’autre.
Dans ces deux clubs, le public est vraiment le douzième homme. Quand t’es poussé comme ça par des supporters aussi fervents, tu peux vraiment gagner des points, arracher des victoires dans les derniers instants. Un tel soutien te galvanise et te pousse à te transcender. C’est peut-être ce qui m’a manqué à Orléans, il y a beaucoup moins de ferveur là-bas. Quand t’as connu les ambiances de Geoffroy-Guichard et de Bollaert, les autres sont différentes.
Je me rappelle notamment un Lens-Clermont en 2016, c’était les 110 ans de la catastrophe de Courrières. Plus de 1 000 mineurs étaient morts dans cette catastrophe. Avant le match, les deux équipes se sont fait face dans le rond central et chaque supporter dans les tribunes avait une lanterne ou son téléphone en mode torche. Ils ont chanté en l’hommage des victimes. C’est l’une des plus grosses émotions que je n’ai jamais ressenties.
C’est beau de vivre des moments comme ça. Quand on est petit, on joue pour connaître des émotions comme ça. Quand tu veux devenir joueur professionnel, ce n’est pas pour gagner de l’argent. Tu joues au foot pour l’ambiance, pour la communion avec le public. On joue pour ça, on veut jouer pour ça.
À Geoffroy t’a dû vivre aussi de belles émotions en tant que spectateur !
Carrément ! Lors des derbys notamment. Au centre de formation, on t’inculque ça dès le plus jeune âge. Un match contre l’OL n’est pas un match contre les autres. Je me rappelle que c’était vraiment la folie quand Sainté recevait Lyon. J’ai aussi été marqué par les matches d’Europa League à Sainté. Il y avait un engouement incroyable dans le Chaudron. Il faudrait vraiment que Sainté retrouve la Coupe d’Europe. Ce qui serait formidable, c’est que les Verts jouent la Champions League. Ce serait vraiment incroyable.
Carrément ! Mais on risque de devoir un peu patienter avant de connaître ça. Continues-tu de suivre de près les performances de l’ASSE et du RC Lens aujourd’hui ?
Je continue bien sûr de suivre ces deux clubs qui comptent énormément pour moi. Je les suis énormément. J’ai quitté Lens il y a deux ans, et même si l’effectif a été beaucoup renouvelé depuis mon départ, certains de mes anciens coéquipiers sont encore au club : Jean-Louis Leca, Massadio Haidara, Steven Fortès, Simon Banza, Cheik Doucouré aussi. Par contre c’est vrai qu’il n’y a plus grand monde de ma première saison pro.
Je suis aussi Sainté et ça m’a fait un peu mal au cœur de voir que l'ASSE était un peu dans le dur ces deux dernières saisons. Voir l’ASSE lutter pour le maintien, ça fait bizarre. J’aimerais voir les Verts beaucoup plus haut, évidemment. Maintenant, c’est vrai que Sainté joue avec beaucoup de jeunes. La politique du club a changé depuis que Claude Puel est aux manettes. On dirait que la philosophie du club a changé. C’est une bonne chance de donner leur chance aux jeunes. À mon époque, il n’y avait qu’un ou deux jeunes qui jouaient, ceux qui sortaient du lot comme Kurt Zouma. Les quelques autres ne faisaient que des apparitions épisodiques.
Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a beaucoup de jeunes joueurs qui ont du temps de jeu en équipe première à Saint-Etienne. C’est une très bonne chose mais je pense qu’il faut aussi des joueurs d’expérience pour encadrer ces jeunes et les faire progresser et garantir une certaine maturité souvent requise pour gagner des matches. Je trouve ça sympa que les jeunes soient lancés dans le grand bain de la Ligue 1. S’ils sont talentueux, pourquoi attendre ? Après, il faut aussi dans l’équipe des joueurs ayant plus de bouteille, et faire en sorte qu’il y ait une bonne osmose au sein du groupe. Il m’arrive de regarder les matches des Verts comme ceux des Sang et Or. Et quand je ne peux pas le faire je regarde toujours les résumés de leurs matches.
J’ai été content de voir jouer Jessy Moulin, je trouve qu’il a fait le job dans un contexte loin d’être évident. J’ai suivi aussi l’avènement d’Etienne Green. Je l’ai trouvé très bon, efficace. Il a enchaîné les bons matches quand il a eu sa chance et j’ai vu qu’il a été confirmé au poste de numéro un cette saison. C’est beau ce qui lui arrive. Ce n’était pas forcement le gardien le plus mis en avant au centre de formation et aujourd’hui il est titulaire en L1. Comme quoi il faut toujours croire en ses rêves. Je ne le connaissais pas plus que ça avant son éclosion de la fin de saison dernière. Il a travaillé dans l’ombre. Pour réussir, il faut toujours travailler et aussi avoir un peu de réussite.
Etienne avait attaqué la saison dernière en numéro 3, les événements ont fait qu’il a eu l’opportunité de jouer. Etienne a saisi cette opportunité de la plus belle des manières et il a enchaîné. Chapeau à lui ! J’espère qu’il va pouvoir confirmer sur toute une saison et au-delà. La confirmation, c’est ce qu’il a de plus dur. Vu ce qu’il a montré la saison dernière, je n’ai aucun doute quant à sa réussite. Je suis content pour lui et pour Saint-Etienne. C’est quelqu’un du cru, qui a fait toute sa préformation et sa formation à l’ASSE. Il a tout pour réussir. J’espère qu’il va s’imposer dans la durée. J’aime bien la sérénité que dégage ce jeune gardien.
Etienne a fait ses classes à l’ASSE sans faire de bruit mais en bossant dur. D’une certaine façon il me fait penser à Loïc Perrin, qui a lui aussi fait toutes ses classes à l’ASSE. Loïc a toujours travaillé et j’avais lu des déclarations de lui comme quoi il y avait des joueurs meilleurs que lui au centre de formation mais au final il a réalisé une carrière admirable, il a performé dans la durée. Loïc j’ai eu la chance de le côtoyer quand je m’entraînais avec les pros et je le connais aussi un peu par ailleurs car c’est le beau-frère de Romain Spano, dont je suis resté très proche. Loïc, c’est une super personne, il représente tellement bien les valeurs de l’ASSE, c’est bien qu’il puisse les transmettre dans ses nouvelles missions à l’ASSE.
Comment as-tu vécu la montée de Lens et sa super saison de promu ?
J’étais tellement content que ce club retrouve l’élite ! Cela fait tellement longtemps que les supporters attendaient. Toute une ville, que dis-je, toute une région attendait ça ! Il y a en effet plus de supporters au Stade Bollaert qu’il n’y a d’habitants à Lens. Pour l’anecdote, on est venu jouer avec Orléans à Lens, c’était le dernier match, moi j’étais remplaçant. On perd 1-0 sur un penalty. Après la saison s’est arrêtée à cause de la crise sanitaire donc c’est grâce à ce match que Lens est monté.
Les Lensois sortent d’une très belle saison. C’est fantastique ce qu’ils ont fait pour des promus ! On ne les attendait pas à ce niveau-là. Ils ont proposé un jeu attrayant, on a aimé les regarder jouer. Ils ont un jeu porté vers l’avant, ils pratiquent du beau jeu. Et ils ont été efficaces. Ils ont fini à la 7e place et ont failli retrouver l’Europe. Mais ils ont eu une fin de championnat difficile. Lors des 4 dernières journées, ils ont affronté les trois équipes qui se bagarraient pour le titre (Paris, Lille et Monaco). Ils n’ont pu prendre qu’un point face à eux, et ont perdu par ailleurs à Bordeaux.
C’est dommage que le Racing Club n’ait pas pu décrocher une place pour la Coupe d’Europe. J’avais lu une interview de Joseph Oughourlian, le président de Lens. Il avait déclaré que s’il le club montait, ce n’était pas pour jouer le maintien tous les ans mais pour remettre le club où il doit être, c’est à-dire en Coupe d’Europe. Il n’en demeure pas moins que Lens vient de réaliser une superbe saison. Le seul petit regret, c’est que le club n’a pas pu partager ça à chaque match avec ses nombreux supporters à cause de ce satané Covid. Leur saison est d’autant plus méritoire.
Ce dimanche Lens retrouvera enfin son public et Bollaert sera très probablement à guichets fermés.
Pour un premier match de Ligue 1 à domicile avec les supporters, on ne pouvait pas rêver mieux qu’un Lens-Sainté. C'est vraiment l'affiche idéale ! Il va y avoir une ambiance incroyable et je ne vais pas rater ça. Dimanche, je serai au stade. Ça va être la folie. J’espère que les supporters stéphanois vont faire le déplacement même si j’ai vu que les Green Angels n’étaient pas là lors de la première journée contre Lorient. En tout cas j’ai hâte d’être à Bollaert.
Tu vas crier tantôt « allez les Sang et Or », tantôt « allez les Verts ? »
C’est ça ! (rires) Du coup, y’aura un petit match nul avec beaucoup de buts, pourquoi pas ? (rires) Mais j’aurai quand même un petit faible pour Lens car j’ai joué pro là-bas. J’espère assister à un beau match, je suis vraiment impatient de le voir.
Ton prono ?
Franchement, je vois bien un 2-1 pour Lens. Buts de Simon Banza et Cheikh Doukouré pour les Sang et Or, but de Romain Hamouma pour Sainté.
Espérons que tu es un mauvais pronostiqueur ! En tout cas merci pour ta disponibilité !
Merci à Poteaux Carrés. Ça m’a vraiment fait plaisir de replonger dans mes vertes années et de retracer mon parcours. Quand j’étais au centre de formation, on était tout le temps sur Poteaux Carrés pour lire les comptes rendus de nos matches. Tous les joueurs et leur famille. Vous parliez déjà de nous quand j’ai rejoint le club à 13 ans. Près de 15 ans plus tard, vous êtes toujours là et vous suivez le parcours des joueurs formés au club. C’est top. Ça me ferait plaisir de revenir à L’Etrat, si un jour je repasse dans la région stéphanoise, j’aimerais revenir là où tout a commencé. Ça me trotte dans la tête depuis un petit moment. Depuis que j’ai quitté le centre de formation en 2014, je ne suis jamais revenu.
Et quand je reviendrai à Sainté, j’espère que j’aurai l’occasion d’échanger à nouveau avec Philippe Gastal, le conservateur du Musée des Verts. Je l’avais revu avec Kévin Mayi il y a deux ou trois ans, je ne me souviens plus à quelle occasion. Je l’apprécie beaucoup, c’est une super personne. Son travail mérite vraiment d’être salué. Je me souviens qu’il nous faisait des cours sur l’histoire du club. C’est hyper important pour véhiculer et transmettre les valeurs. Si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à tout ce que les glorieux anciens ont apporté. Je trouve ça très bien de sensibiliser les jeunes là-dessus, de leur faire prendre conscience qu’on n’est pas un dans un club ordinaire.