Entraîneur de Bourg-Péronnas (leader de son groupe en N2), le jeune et performant entraîneur Jordan Gonzalez (33 ans) s'est confié à Poteaux Carrés avant de défier l'ASSE ce samedi dès 13h45 en Coupe de France.


Tu nous avais livré ta réaction suite au tirage. Vu ce qu'il s’est passé depuis, Bourg est devenu favori ?

(Rires) C’est une bonne question mais non. On n’est toujours pas favoris même si les Verts viennent d’enchaîner deux défaites et que de notre côté on reste sur trois victoires en incluant le 6e tour de Coupe de France. Il y a toujours deux niveaux d’écart entre l’ASSE et nous. Mais c’est sûr que dans les têtes, les Verts arrivent dans une période où c’est un peu plus difficile. Ça peut être un peu le revers de la médaille pour nous. Cette équipe stéphanoise va certainement vouloir se rattraper de ces deux défaites. Du coup les Verts vont venir avec une détermination plus importante. Ils seront moins relâchés que s’ils venaient de battre le Paris FC et Auxerre. Peut-être que de tels succès les auraient mis un peu dans un confort. Je m’attends à voir une équipe de Sainté qui va redoubler de vigilance.

Sainté sera privé d'au moins 7 joueurs. Bouchouari, Moueffek, Sissoko et Cissé sont avec leur sélection, Larsonneur, Batubinsika, Wadji sont blessés. Tu ne penses pas en toute sincérité que les Verts sont bons à prendre ? Lolo Batlles n'a jamais franchi un seul tour en 4 tentatives et avait d'ailleurs été éliminé par Bourg-Péronnas lors de sa première. La Coupe semble en plus secondaire pour l’ASSE, qui a érigé la montée comme priorité absolue. Ce n’est pas le cas de ton club.

C’est sûr que le fait qu’il y ait 7 absents, c’est quelque chose qui peut être « à notre avantage ». Mais ça reste l’ASSE, avec un effectif de qualité. Il y a des jeunes derrière avec des qualités aussi. Ce match va permettre à certains joueurs stéphanois de se mettre en lumière. Ils vont prendre ce match comme une opportunité de se montrer. Il ne faut pas se voiler la face, on aura en face de nous des joueurs déterminés.

En tant qu’entraîneur, tu as déjà battu les Verts avec le FC Lyon. Tu as même fini premier fini de ton groupe devant les vilains et l’ASSE.

Oui, c’était lors de la saison 2018-2019, à l’époque où j’entraînais les U17. La première journée, on avait gagné 1-0 contre les Verts à Lyon. En face il y avait des joueurs comme Lucas Gourna, Louis Mouton, Maxence Rivera. Au match retour il y avait aussi Saidou Sow. On a conclu notre championnat à L’Etrat, la première place se jouait sur le dernier match. On était premier mais si on faisait un nul où une défaite et que l’OL gagnait, l’OL nous aurait coiffé au poteau. Si les Verts avaient gagné, ils nous seraient passés devant. En cas de nul on aurait été deuxièmes mais on n’aurait pas fait partie des meilleurs deuxièmes pour jouer les play-offs. On n’a pas pris de renseignements sur ce que faisait l’OL, qui était en train de perdre à Montferrand. Nous on était venus à Sainté pour gagner, pour rester maîtres de notre destin. On a gagné 2-1 à la 93e minute.

Ce n’est pas banal qu’un club amateur finisse premier de son groupe devant de gros centres de formation !

Oui, ça a été un peu le tournant de ma carrière de jeune coach. Cette saison reste l’un de mes meilleurs souvenirs d’entraîneur. Au-delà des résultats, de notre première place, c’est l’aventure humaine qui a été formidable. La relation avec les joueurs, le contenu de nos matches, ce que l’on était capable de proposer… C’était vraiment quelque chose d’intéressant !

Cette performance assez exceptionnelle n’est pas passée inaperçue et a contribué à te faire un nom dans le petit monde du football. Avant cela, quel a été ton parcours d’entraîneur ?

A la base je suis de Givors, entre Lyon et Saint-Étienne. Autant te le dire tout de suite, c’est pour ça que je n’ai aucune animosité avec les deux clubs. J’ai commencé à entraîner dès l’âge de 18 ans. Au départ c’était pour donner des coups de main à des jeunes dans mon club de quartier. J’ai joué dans ce club de Givors mais aussi au club de Cascol. J’ai fait deux ans d’entraînement et comme le Cascol était en restructuration, ils m’ont sollicité avec un contrat de travail à la clé. Du coup j’ai passé un cap en termes de structures et de club. J’ai commencé à m’y plaire, à passer mes diplômes en parallèle. De fil en aiguille je me suis pris au jeu. J’avais des résultats et surtout je me plaisais de plus en plus dans ce métier d’entraîneur. Au bout de 7 ans au Cascol, j’ai voulu résilier mon contrat et aller voir ailleurs. J’ai donc rejoint le FC Lyon. J’y suis resté 2 ans, dans ce club j’ai entraîné les U17 nationaux et les U19 nationaux.

Tu as rejoint ensuite le club de Lyon La Duchère, où tu auras côtoyé de nombreux anciens Verts.

Quand je suis arrivé en 2019 à La Duchère, j’étais le deuxième adjoint de Laurent Roussey en National 1. Ça a été pour moi l’année la plus formatrice. J’ai beaucoup appris de Laurent, de son management, de sa façon de gérer un groupe, dans sa perception aussi du football. J’ai beaucoup appris à ses côtés, je l’en remercie encore. J’ai côtoyé aussi des joueurs qui ont évolué au plus haut niveau. J’ai beaucoup échangé avec Moustapha Bayal Sall. Comme je n’ai pas de vécu de joueur de haut niveau, je lui ai posé mal de questions. C’était très enrichissant de converser avec Mouss. J’ai effectivement côtoyé d’autres anciens Verts formés à l’ASSE comme Axel Kacou, Lamine Ghezali, Nathan Dekoké, Joris Mendy.

Ma deuxième année à La Duchère, il y a eu un changement de coach. J’étais encore adjoint mais beaucoup moins utilisé qu’avec Laurent Roussey. J’étais un petit mis de côté. L’année suivante, on est descendu. Il se sont séparés du coach et ils m’ont proposé de reprendre l’équipe une, sachant qu’en parallèle de ce poste d’adjoint j’avais l’équipe U18. On a d’ailleurs fait deux parcours en Gambardella très intéressants, un 16e de finale et un quart de finale. J’ai entraîné l’équipe première de Lyon La Duchère un an et demi en N2.

Cette intersaison, il y a eu une rétrogradation administrative en N3 en raison d’une grosse amende à verser à l’URSSAF. Du coup je me suis dirigé vers un autre projet. J’ai eu plusieurs propositions, notamment une du Red Star qui me proposait un poste d’adjoint d’Habib Beye. J’ai eu aussi des touches avec le Paris FC pour être adjoint en Ligue 2. Mais c’est avec Habib Beye que les contacts étaient vraiment avancés. J’ai dû faire un choix et j’ai privilégié Bourg-Péronnas, déjà pour rester dans la région. D’un point de vue familial ça m’arrangeait car c’était tout à la dernière minute. Et surtout ça me permettait d’être numéro un dans un projet cohérent et ambitieux.

Tu as dû aussi côtoyer Karim Cissé à La Duchère !

En fait il était U16 quand il a signé à l’ASSE. Moi je l’ai vu jouer avec les jeunes car j’aimais bien voir jouer les différentes équipes du club mais je ne l’ai pas eu comme entraîneur dans ma catégorie. On voyait bien que Karim était très doué. Il était au-dessus et ça ne nous a pas surpris qu’il ait signé pro. L’ASSE a fait un bon choix, ça ne m’étonne pas qu’il ait déjà fait quelques matches avec l’équipe première des Verts. J’ai vu qu’il a encore été sélectionné en équipe de Guinée, du coup il ne sera pas à Verchère samedi. Tant mieux pour nous car c'est un joueur qui peut déstabiliser des défenses et faire des différences !

En quoi le projet de Bourg-Péronnas t’intéresse ?

Déjà il faut souligner que le club bénéficie de très bonnes infrastructures. Les conditions de travail sont optimales. J’ai bien aimé les échanges que j’ai eus avec Hervé Della Maggiore, qui connaît très bien le club et y est revenu en tant que directeur sportif. On a eu tout de suite des relations de transparence. J’apprécie le projet, je sais où je mets les pieds. On ne m’a pas vendu du rêve. C’est un projet avec très peu de moyens financiers.

On repart de zéro, il faut construire sur plusieurs années. Ça, c’est quelque chose qui me plaît, qui m’intéresse. J’aime bien m’investir dans des projets à moyen ou long terme. Le projet correspond à mes attentes. Je sais qu’on est dans un club où on est dans des conditions plutôt saines. Après, c’est à moi de faire mon travail et d’amener les joueurs à un niveau de performance élevé pour avoir des résultats. J’espère que la saison permettra de le faire et après on verra ce que l’on est en capacité de jouer ou pas.

Comment avec Hervé vous vous y êtes pris pour constituer l’effectif, ayant dû partir d’une page vierge ?

L’avantage, c’est que je connais bien le National 2. J’avais déjà anticipé le recrutement, j’avais des contacts avec des joueurs. J’avais en tête les joueurs que je voulais faire venir. L’avantage c’est que cet été le mercato a été compliqué pour pas mal de joueurs. Beaucoup étaient en recherche de club. Il y avait pas mal de joueurs disponibles, certains correspondaient bien à ce que l’on voulait mettre en place dans le cadre de notre projet. J’ai pu faire venir les joueurs avec lesquels j’avais envie de travailler.

J’ai pris trois joueurs qui avaient déjà bossé avec moi à La Duchère : le défenseur Zakariya Souleymane ainsi que les milieux de terrain Youness Aouladzian et Roger Tamba. J’ai fait venir aussi un attaquant que j’ai eu au FC Lyon, Sofiane Belkheir. Après, il y a des joueurs que j’avais observés sur des matches que j’ai suivis. Il y aussi des jeunes du club, des U19 nationaux et des réservistes qui sont montés en équipe première. J’ai mis en avant le fait qu’il y avait déjà un bon travail effectué à la formation. Développer des jeunes joueurs et les accompagner dans leur progression en équipe première, c’est intéressant. On a un effectif très jeune en N2 à Bourg-Péronnas, 23 ans de moyenne d’âge.

Alors que ton club est en reconstruction, ton équipe est en tête de son groupe en N2 avec la meilleure attaque et la meilleure défense, tout en ayant un match en retard à jouer à Macon. Tu t’attendais à ce que la mayonnaise prenne aussi vite et que ton équipe soit en tête ?

Non mais bien sûr on est content. On aurait signé tout de suite si on nous avait dit ça en début de saison. Au-delà du résultat, c’est surtout le contenu de jeu qui est intéressant. Parfois il faut plus de temps pour avoir comme résultat sur le terrain. Les joueurs ont vite pris la mesure de ce que l’on souhaitait, du travail à l’entraînement, du travail quotidien. Ils sont récompensés avec le résultat positif le week-end. Mais honnêtement on ne s’attendait pas à ça et on est très content du visage montré par l’équipe.

Quel est ton projet de jeu ?

J’aime bien que mon équipe soit protagoniste, qu’elle aime poser des problèmes aux adversaires en créant des supériorités, dans des positionnements qui font que l’adversaire n’arrive pas à gérer certaines choses pour avoir une possession où on arrive à garder la balle et se créer des temps d’avance. Voilà un peu ma philosophie, avec une volonté quand même d’être porté vers l’offensif pour que les joueurs prennent du plaisir. On alterne la possession et la transition car aujourd’hui le foot moderne veut que la transition joue une place importante. L’idée principale, c’est qu’on est quand même sur 60% possession, 40% transition sur l’aspect off.

Quelles sont tes influences ? Tu t’inspires de quels entraîneurs ?

Franchement, je regarde tout ce qui se fait au haut niveau de la part de tout le monde. J’ai plus des influences qui m’orientent sur le football espagnol car j’ai baigné dedans depuis tout petit. Guardiola, c’est une influence, évidemment. Je m’intéresse aussi à des entraîneurs moins connus du grand public comme Frédéric Reculeau qui entraînait avant Avranches en National. J’aimais beaucoup ce qu’il produisait avec ses équipes.

Dans le championnat de France, actuellement, il y en a un peu moins d'entraîneurs qui me bottent. Mais j’ai bien aimé ce qu’Igor Tudor a proposé à l’OM. Je regardais un peu comment il travaillait. J’apprécie beaucoup ce que fait Manuel Pellegrini au Betis Séville. Je regardais aussi beaucoup ce que faisait Mourinho sur le management. Je trouve que c’est un très grand manager. Je m'intéresse également à ce que font des techniciens comme Jürgen Klopp, Julian Nagelsmann, Juan Manuel Lillo… Liste non exhaustive !

Tes dirigeants ne t’ont pas fixé la remontée comme objectif cette saison. Votre début de championnat réussi a-t-il changé la donne ?

Non. C’est sûr que les résultats de ce début de saison sont très bons, mais on n'a joué que 8 matches de N2, on en a donc encore 18 à jouer. La saison est longue. On fera un point à la fin de la phase aller pour voir où on en est et à ce moment-là on ajustera ou pas nos objectifs. Pour l’instant ils sont inchangés, c’est le maintien. On n’a que 6 points de plus que le premier relégable, c’est très serré. Il y a cinq descentes. Tu fais deux mauvais résultats et tu peux te retrouver proche de la zone rouge et ce n’est plus la même dynamique. On se concentre sur les matches, un par un. On fait nos matches et on verra où ça nous mène. On s’est fixé un nombre de points à atteindre à la trêve, si on y parvient on verra si on revoit à la hausse nos objectifs.

Comment nous décrirais-tu en trois mots ton effectif ?

Jeune, insouciant et ambitieux.

La plupart de tes joueurs sont passés par des centres de formation. Il y en beaucoup qui ont été formés chez ceux qu’on appelle « les vilains » sur Poteaux Carrés ?

Je crois qu’il n’y a que notre défenseur Mattéo Commaret qui a été formé à l’Olympique Lyonnais. On a deux joueurs formés à l’ASSE : Alex Hospital et Jordan Morel. On a des joueurs passés par le FC Nantes (le gardien Charly Jan, l’attaquant Ludovic Faucher), par le SCO d’Angers (le défenseur Nathan Vitré), par l’En Avant Guingamp (le défenseur Roman Laspalles), par le Stade de Reims (le milieu Youness Aouladzian), par le VAFC (Gwen Foulon), par les Chamois Niortais (Jonathan Rivierez). On aussi dans notre effectif des joueurs qui ne sont pas passés par un centre de formation et qui viennent de clubs amateurs ou de notre formation à Bourg-Péronnas.

Dans ton groupe tu as Jordan Gaubey et Ludovic Faucher qui avaient été éliminés par Sainté début 2022 à Louhans quand ils défendaient les couleurs de Jura Sud. Ils t’ont donné des recettes pour perdre à nouveau face aux Verts ce samedi ?

(Rires) Non, on ne parle que de recettes pour gagner. Ludo est blessé, il ne pourra pas jouer ce match.

Comment préparez-vous ce match ? Comme un match de gala ou comme le match que vous jouerez le week-end d’après en championnat contre Feignies Aulnoye ?

Honnêtement, on ne le met pas au niveau de Feignies quand même. Mais on ne le met pas non plus comme un match complètement différent de ce qu’on a l’habitude de faire. C’est un match de Coupe, il n’y a pas de points à prendre. Tu te qualifies ou tu te fais éliminer. On fait comprendre aux joueurs que le niveau de l’adversité sera plus élevé que ce que l’on a l’habitude d’avoir en championnat. On s’apprête à affronter une très bonne équipe de Ligue 2. On va devoir élever notre niveau de jeu. Mais on a rien changé dans l’organisation et dans la préparation de la semaine. On a rien changé dans les discours. On a juste demandé aux joueurs de se mettre au niveau de l’évènement.

T’as confiance dans leur capacité de se mettre au niveau ou il y a une part d’incertitude ?

J’ai confiance en mon groupe mais il y a forcément une part d’incertitude. On a un groupe jeune, on est parti de rien. Même si aujourd’hui on a une connaissance du groupe un peu plus importante parce que ça fait quatre mois qu’on vit ensemble, il y a des choses qu’on va découvrir. On ne sait pas comment les garçons vont gérer le fait de jouer devant plus de 5 000 personnes, avec beaucoup d’ambiance, des supporters. L’engouement que suscite cette rencontre est évidemment plus fort, plus intense qu’à l’accoutumée. On ne saura que le moment venu comment le groupe va gérer ce contexte, cet environnement. Cette incertitude on ne la maîtrise pas, nous on se concentre sur ce que l’on peut maîtriser et on essaie d’anticiper ce qu’il peut y avoir si on gère mal cette incertitude.

Pour préparer cette rencontre, tu as évidemment suivi les prestations des Verts. Quel est le fruit de ton analyse sur l’ASSE ?

Ce qui me faisait rire c’est qu’il y a quinze jours j’avais regardé le match Sainté-Angers. Le surlendemain, on a tiré l’ASSE. Je me suis dit « merde, on se prend quand même un sacré morceau, Sainté a fait un bon match contre Angers, c’est très costaud ! » Mais on a vu sur les deux derniers matches certaines failles, certaines défaillances. On va essayer de les exploiter. On sait aussi qu’il leur manque du monde et qu’il va y avoir un temps où ils auront besoin de se trouver collectivement. Si on peut mettre un petit peu de flou dans leur tête sur ce temps-là, on ne va pas se gêner.

Je ne suis pas du genre à beaucoup regarder l’adversaire. On sait qu’on joue une Ligue 2 et qu’il va falloir adapter certaines choses car ce n’est pas le même football qu’en N2. Mais on essaye de ne pas trop s’adapter par rapport à l’adversaire, on veut essayer de rester sur notre identité. Le plan de jeu habituel a été légèrement adapté mais l’idée est quand même de garder notre plan jeu de manière globale. Ça va être intéressant, ça va être un test de voir ce que les joueurs ont dans le ventre, s’ils seront en capacité de maintenir leur projet de jeu face à une équipe qui évolue deux niveaux au-dessus.

C’est un match facile à préparer quand on est l’entraîneur d’un petit qui s’apprête à défier un gros, non ? « Faisons-nous plaisir, on n’a rien à perdre, si on crée l’exploit tout le monde en parlera, si on perd tout le monde dira que c’est logique ».

Heu, ça c’est le truc un peu bateau. Mais honnêtement, nous, on ne voit pas ce match comme ça. Alors, oui, c’est sûr, ça va être une fête pour le club. Verchère va faire le plein, il y a un vrai engouement autour de cette rencontre. Mais nous, sur le terrain, et là sur la semaine, on prépare le match avec détermination et l’envie de faire un vrai match et de pouvoir mettre une vraie adversité à l’ASSE. On verra à l’issue des 90 minutes ce que l’on est en capacité de faire et si leur aura posé des problèmes ou non.

On se sent ambitieux, on n’a pas envie de se priver de ça. On ne joue pas pour le plaisir, on veut vraiment faire un résultat. Je dis ça en toute humilité. Si on arrive à éliminer l’ASSE, ce sera un exploit car c’est un club du top 5 de la Ligue 2. Nous on ne se ferme pas à cette éventualité-là. Si on perd, on espère sortir avec les honneurs et avec un contenu de jeu qui aura fait qu’on aura posé des problèmes à cette équipe-là. Si on perd en n’ayant pas vu le jour, je serai très déçu et je prendrai mal la défaite.

Tu évoquais tout à l’heure les failles de l’ASSE. Tu peux développer ?

Je préfère garder mes développements pour mes joueurs ! (rires) On ne perd pas de vue que cette équipe stéphanoise a aussi beaucoup de qualités. Individuellement, il y a des joueurs qui ont du talent, pas mal ont déjà joué en Ligue 1. Même quand les Verts ne sont pas flamboyants, ils sont le plus souvent efficaces. Certes, cette équipe vient d’en prendre cinq contre Auxerre, ce n’est pas anodin. Mais quand les Stéphanois veulent accélérer, ils ont des joueurs qui ont la capacité de changer le rythme d’un match. Je pense notamment à Mathieu Cafaro et à Benjamin Bouchouari. Ce dernier ne sera pas là, tant mieux pour nous car c’est un très bon joueur de foot.

On sait que l’ASSE est une équipe qui peut faire mal dans la verticalité si on laisse de l’espace à ses joueurs. L’idée, ce sera d’être le plus vigilant possible sur les espaces qu’on aura à leur donner. Il faudra essayer de leur en laisser le moins possible. Cette équipe stéphanoise est aussi très efficace sur la transition. Et puis elle a un niveau technique supérieure au nôtre. A nous de redoubler de concentration sur nos déplacements, sur les lignes de passes qu’on doit leur ouvrir ou non, comment on va les orienter…

Après, on sait que si on ferme certaines zones, les Verts peuvent être en difficulté. Le but, ce sera de les orienter le maximum dans des zones où ils sont le moins à l’aise. Je pense que ça nous permettra de récupérer quelques ballons qu’il faudra exploiter au mieux sur des situations de contres.

Pragmatique, Laurent Batlles a abandonné son système à 3 défenseurs après 4 journées de championnat. As-tu de ton côté un schéma tactique de prédilection ? As-tu été amené à le faire évoluer en fonction de l’adversaire ou des qualités du groupe à ta disposition ?

Je m’adapte plutôt au ressenti et aux caractéristiques de mes joueurs. L’année dernière, j’étais sur un 4-3-3. Cette saison on est sur un 3-4-3. On va jouer en 3-4-3 ce week-end, je peux te l’annoncer. Je n’ai rien à cacher là-dessus.

Tu bluffes Martoni !

(Rires) Non, je t’assure que je ne bluffe pas. On sera dans notre système habituel, Sainté le sait ! On travaille sur nos forces, on essaye d’être très bons sur nos forces et de minimiser un maximum nos faiblesses.

On ne peut écarter le fait que ce match se joue aux tirs au but. Vous les travaillez ?

A ce jour (entretien réalisé mardi après-midi, ndp2), on n’a pas encore travaillé les penaltys. Mais il reste quelques jours avant cette rencontre.

Si vous éliminez les Verts samedi, laisserez-vous la recette à l’ASSE ? On a besoin d’oseille pour se renforcer au mercato hivernal !

(Rires) Tu parles d’un arrière droit pour le mercato ? Non ! (rires) Je ne te cache pas que ce match-là, pour le club est une fête dans le sens qu’on espère remplir un peu les caisses. On a en effet vécu un été très compliqué, il y a eu quelques soucis financiers à régler. On ne peut pas trop se permettre d'abandonner la recette donc on ne la laissera pas à Saint-Etienne ! (rires) Par contre je compte sur le fait que Sainté laisse sa part de recette quoi qu’il arrive, quel que soit le résultat (rires)

As-tu un plan de carrière ? Rêves-tu d’entraîner les vilains ou les Verts ?

Pour ne rien te cacher, l’année où j’étais au FC Lyon avec les U17 nationaux, l’ASSE m’a appelé en novembre pour que je prenne les U16. C’était pour remplacer Gilles Rodriguez. J’ai passé un entretien avec Dominique Rocheteau, Razik Nedder et Philippe Guillemet, qui était à l’époque le directeur du centre de formation. Tout s’était bien passé, j’avais visité les installations, on avait parlé contrat, etc. Tout était bouclé, je n’attendais que la signature mais c’est tombé à l’eau au dernier moment parce que j’étais de la région lyonnaise. Ils ont finalement décidé de prendre quelqu’un qui était un peu plus du cru à ma place.

Peut-être que les décideurs stéphanois ont enquêté sur toi et qu’ils ont découvert que tu étais un supporter invétéré de l’OL. Tôt ou tard ça allait sortir. Quand on a une telle tare, ça finit par se savoir. D’où ce revirement de dernière minute. J'ai bon ?

Non ! (Rires) Tu peux mener une enquête, parcourir les réseaux sociaux, tu verras que je ne suis pas un supporter invétéré de l’Olympique Lyonnais. Honnêtement, en France, je ne supporte pas d’équipe. En tant que Lyonnais, j’ai grandi avec l’OL à la télé mais dans ma famille il y a autant de supporters stéphanois que de supporters lyonnais. Moi, en toute transparence, je n’ai pas de préférence pour l’ASSE ou pour l’OL. J’ai toujours baigné dans le foot espagnol, j’ai plus d’attaches avec le foot espagnol.

Ton rêve ultime est donc d’entraîner en Liga ?

Si je peux entraîner au haut niveau, quel que soit le pays, ce sera déjà très bien. Je mesure la difficulté dans ce milieu-là de pouvoir sortir, de pouvoir devenir entraîneur professionnel. Surtout avec un profil comme le mien. Je n’ai jamais joué à haut niveau, je n’ai pas vraiment de réseau, je sors un peu de nulle part. Ce ne sont que mon travail et les résultats avec mes joueurs qui me permettront ou pas d’atteindre un certain niveau. Mais ça, aujourd’hui je n’y pense pas, je me concentre sur la saison en cours, sur le plaisir que je prends dans mon travail.

Je fais déjà un métier où j’ai déjà la chance de vivre du football. C’est déjà très bien. Si je dois faire ça toute ma vie, je ne serai pas triste pour autant. Si j’arrive à toucher le haut niveau, tant mieux. C’est le destin comme on dit ! Je prendrai ce qu’il y a prendre. Je ne me fixe pas de limite. Après, l’endroit, le projet feront que… C’est vrai qu’un club comme l’OL par exemple ça reste un gros club. Un club comme l’ASSE ça reste un très grand club. J’aime beaucoup les clubs avec de l’engouement et des supporters.

C’est donc pour ça que tu préfères les Verts à l’OL et qu’on a plus de chances de te voir à Sainté que dans sa banlieue !

(Rires) Je ne me prononcerai pas. Sinon, après… tu sais comment c’est ! (rires)

Merci à Jordan pour sa disponibilité