Manager général du FC Montfermeil (club partenaire de l'ASSE), Abdel Kaddour nous présente son ancien joueur Joris Gnagnon, qui s'est engagé vendredi soir avec les Verts selon la Pravda et Le Progrès.
Abdel, tu connais très bien Joris pour l’avoir côtoyé pendant plusieurs saisons.
En effet, j’ai bien connu Joris car il a été chez nous à Montfermeil des catégories U12 à U17 avant de partir à Rennes en 2014. Je l’ai entraîné en U15 et en tant que manager général je l’ai ensuite suivi, j’étais en relation avec la famille quand il a été sollicité par plusieurs clubs professionnels. C’était l’un de nos meilleurs joueurs. Joris est un garçon qui a évolué à plusieurs postes. Il a joué en défense centrale quand je l’ai eu en U15. En U16 et en U17, il a joué milieu de terrain.
Le Stade Rennais l’a pris pour jouer en défense centrale, je pense que c'est son meilleur poste. Je garde le souvenir d’un gamin qui savait ce qu’il voulait. C’était un leader dans l’âme, très déterminé. Il n’aimait vraiment pas perdre. C’était un joueur sérieux, qui voulait à tout prix réussir dans le foot. On n’a eu aucun problème avec lui, c’était un garçon discipliné. On voyait à son visage qu’il détestait la défaite.
Tu as continué de suivre avec attention son évolution après son départ de Montfermeil ?
Bien sûr ! Peu de temps après son arrivée à Rennes, il s’est blessé au ménisque et a été indisponible quelques mois. Mais quand il est revenu de blessure, il s’est imposé très vite au point de faire ses débuts en pro à 19 ans tout juste sous les ordres de Philippe Montanier. Il s’est rapidement imposé en défense centrale, c’est devenu un des meilleurs joueurs de Rennes.
Il a attiré l’attention de nombreux clubs européens et il a choisi d’aller au FC Séville en 2018. Il avait 21 ans à l’époque. Ça ne s’est pas trop bien passé pour Joris là-bas, tout simplement car il est tombé je pense sur un coach qui ne comptait pas sur lui. Tu vois, Joris, c’est un peu comme William Saliba. Tous les deux marchent beaucoup à l’affectif. Quand le coach ne compte pas sur eux, ils se lassent ou ils ne font plus les efforts qu’ils devraient faire.
Il a résilié son contrat avec le FC Séville il y a deux mois. La presse andalouse a fait état d’une résiliation pour manque de discipline, en pointant du doigt le surpoids du joueur.
Joris a toujours eu ce problème, on a dit qu’il était en surpoids mais ça ne l’a pas gêné pour faire des gros, gros matches avec Rennes. Je pense que c’est exagéré tout ce qu’on dit sur son poids. Moi je l’ai vu jouer plusieurs fois avec le FC Séville, il était affûté. Après, le pauvre, comme il ne jouait pas, à mon avis il a dû se laisser faire. À un moment donné, il a dû se dire : « C’est bon, les semaines et les mois passent, on ne me donne toujours ma chance, je ne vais jamais jouer ».
C’était sans doute difficile pour lui de rester motivé. Peut-être qu’à ce moment-là il y a eu un peu de manquement. Mais résilier un contrat pour un surpoids, je n’en ai jamais entendu parler. C’était peut-être des excuses qu’il fallait montrer au public pour résilier le contrat. Je pense que le contrat a été résilié à l’amiable, tu ne peux pas le résilier comme ça.
Quels sont les points forts de Joris, ses principales qualités ?
Déjà, c’est un compétiteur. Il l’a toujours été, même quand il était petit. Enfin, petit, façon de parler, petit il était déjà très grand en fait ! (rires) C’est un gagneur, il déteste perdre donc c’est quelqu’un qui tire vraiment le groupe vers le haut. Quand il joue, il est en pleine confiance et il est performant. Techniquement, je le trouve très bon. Il a les deux pieds et il est très fort dans le jeu aérien. De la tête, c’est très difficile de gagner un duel face à lui.
Après, je trouve qu’il a une bonne lecture de jeu, il anticipe bien tout ce qui va se passer pendant le match. Et puis, mine de rien, il a déjà une bonne expérience de la Ligue 1, il a dû jouer près de 90 matches de L1 en un peu plus de trois saisons. Je pense que ça a aussi joué dans le fait que Sainté souhaite le recruter. Il a montré de belles choses en championnat de France.
Il a été très performant à Rennes que ce soit avant d’aller à Séville que la saison 2019-2020, quand il est revenu au Stade Rennais en prêt. Alors qu’il n’avait joué qu’une dizaine de matchs toutes compétitions confondues sa saison en Espagne, il a retrouvé beaucoup de temps de jeu à Rennes, que ce soit en championnat ou dans les Coupes. Il s’est notamment illustré en mettant un doublé victorieux contre la Lazio en Europa League.
Incridibile ! "Gnagnonne", c'est pas de la gnognotte !
non ! (Rires) Si Joris se remet vraiment la tête à l’endroit et s’il a à cœur de prouver qu’il n’a rien perdu de ses qualités, je pense que ça va être bénéfique pour Saint-Etienne. Joris, c’est vraiment un très bon joueur. Pour moi s’il retrouve son niveau rennais, il va s’imposer sans problème dans la défense de Saint-Etienne. Joris peut vraiment faire du bien aux Verts.
Je pense que sa venue à Sainté, ce n’est pas juste pour dépanner et pallier les très probables départs de Harold Moukoudi et Saidou Sow à la CAN. Je considère que Joris est tout à fait en mesure d’être un joueur qui va s’inscrire dans la durée à l’ASSE. À vrai dire je ne sais pas s’il a signé six mois, un an et demi voire plus.
A mon avis Joris est déterminé à rebondir et à retrouver du temps de jeu. Il va s’en donner les moyens pour être opérationnel dès janvier. Pour moi ce serait une erreur de le prendre juste pour quelques mois parce qu'il y a la CAN et un maintien à assurer. Ça m’étonnerait qu’il ait signé juste pour six mois. S’il retrouve le niveau qu’il avait au Stade Rennais, je suis persuadé que Joris va jouer tant qu’il sera à Saint-Etienne.
Et s’il joue trop bien il ne restera pas et partira, comme William Saliba dont tu es resté très proche. T’as comparé les deux joueurs sur le fait qu’ils carburent tous les deux à l’affectif. Mais sur le plan du jeu, peut-on comparer ces deux défenseurs centraux nés tous les deux à Bondy ?
William et Joris ont des similitudes. Tous les deux sont bons techniquement et ne paniquent pas quand ils ont le ballon. Même sous pression, ils arrivent à sortir le ballon proprement. Ils prennent tous les deux des risques qui pour moi sont parfois inutiles mais ça prouve que ce sont des défenseurs qui sont à l’aise avec le ballon.
Ils ont également ses similitudes en ce qui concerne la lecture du jeu et le sens de l’anticipation. Je pense que William est plus performant que Joris sur le un contre un. William il est vraiment super dur à passer en un contre un. Par contre Joris est meilleur que William dans le jeu aérien. Ce sont les seules différences notables, à mon sens ils ont davantage de points communs que de différences.
Quand il a signé pro à Rennes en mars 2016, Joris Gnagnon a déclaré qu’il avait passé un essai à l’ASSE. Tu peux nous en dire plus là-dessus ?
Pas de souci ! Joris avait fait cet essai à Sainté à 17 ans, à peu près à la même période qu’à Rennes. Il a dû enchaîner ces deux essais en l’espace de 15 jours, c’est allé très vite. Les deux clubs lui ont fait une proposition. Au final il a choisi Rennes, comme il aurait pu choisir Sainté. Ça lui a souri car il a signé pro moins de deux ans après avoir rejoint le centre de formation du Stade Rennais et ensuite il a su s’imposer en équipe première.
Peut-être que s’il avait signé à Sainté à l’époque en 2014, il n’aurait pas eu la carrière qu’il a faite pour l’instant. Ce n’est pas pour dénigrer Saint-Etienne, loin de là ! On ne peut pas savoir. Tu sais, il arrive que des gamins très prometteurs soient sollicités par quatre ou cinq clubs et ensuite il faut bien qu’ils fassent un choix avec leur famille.
Le 1997 Joris Gnagnon vient s’ajouter à la longue liste des joueurs passés par Montfermeil qui rejoignent l’ASSE. Si le 2001 William Saliba n’est hélas plus là depuis un petit moment, deux attaquants formés dans ton club ont déjà joué en équipe première et sont toujours verts : le 2002 Abdoulaye Sidibé et le 2003 Yanis Lhéry. Les 2005 Mehdi Tenniche et Angelo Lemb enchaînent les titularisations avec les U17 nationaux de Patrick Moreau. Et on sait que les 2008 Sacha Nedic, Maxime Lengue Lenou et Mehdy Lutin Zidee porteront le maillot vert car ils ont signé un ANS. C’est valorisant pour toi de voir tous ces joueurs rejoindre l’ASSE ?
Oui, ça valide le partenariat qu’on a depuis quelques années avec Sainté. C’est valorisant de voir que des joueurs passés chez nous jouent pour certains avec les pros. À un moment donné, on apprécie le fruit du travail qu’on mène avec Sainté. Voir que cette collaboration aboutisse au fait que des joueurs passés chez nous jouent au plus haut niveau, c’est top. Ça donne du crédit à ce partenariat. Et demain, si des jeunes et des familles hésitent entre plusieurs clubs, peut-être qu’ils vont pencher vers le club partenaire.
Dans le cadre de ce partenariat, Sainté est-il prioritaire quand un gamin est contacté par d’autres clubs ?
Non, la réglementation ne le permet pas. Nous on doit bien sûr signaler à Saint-Etienne nos meilleurs joueurs. Quand l’ASSE veut voir un joueur, on facilite les démarches pour qu’un essai puisse se faire. Mais dans le cadre du partenariat, on n’incite pas les jeunes à signer à l’ASSE. En aucun cas on dit dire à la famille : « Vous signez à Sainté. » C’est juridiquement interdit, on ne peut pas s’amuser à faire ça. Mais le fait que des joueurs de Montfermeil intègrent le centre de formation des Verts, sont mis en avant et ont leur chance en pro fait qu’à un moment donné ça facilite le choix des familles.
Quand les familles se rendent compte que William Saliba, Abdoulaye Sidibé et Yanis Lhery font des apparitions avec les pros voire jouent titulaire comme William, forcément elles ne sont pas insensibles aux propositions stéphanoises. En plus l’ASSE est un bon club, un des meilleurs clubs formateurs de France. C’est un atout en plus.
Merci à Abdel pour sa disponibilité