Les Stéphanois ont réussi à enchaîner avec une deuxième victoire consécutive après leur succès à Nîmes, contre un autre adversaire direct, Bordeaux, et assurent ainsi encore plus leur maintien.
On peut retenir de ce match les 3 penalties sifflés, pas toujours évidents. Ou les 3 buts de Khazri - même s'ils n'ont pas été marqués dans le jeu, ils ont permis aux Verts de renverser le cours d'un match qui avait mal débuté et qui est finalement devenu plutôt simple. Mais comme la difference d'état d'esprit des deux équipes a été assez importante, cette analyse essayera de mettre en évidence l'envie que les différents acteurs ont affiché lors de cette rencontre. Le dépassement de rôle bien visible côté stéphanois et complètement inexistant côté girondin. Mais avant cela, un petit detour sur le rôle joué par Hamouma.
Hamouma, excentré ou axial ?
Le staff stéphanois a choisi de reconduire le même système que lors de la victoire à Nîmes, un 4-1-4-1 avec Neyou en sentinelle et une paire de relayeurs Aouchiche - Camara :
Khazri a été maintenu en avant-centre, les seuls changements dans le 11 de départ étant les apparitions de Hamouma à la place d'Abi sur l'aile droite et de Gabriel Silva en latéral gauche. Ces deux changements peuvent générer des questions (le fait d'avoir préféré Silva à Kolo, une éventuelle mise à l'écart d'Abi), mais c'est le choix d'aligner Hamouma en ailier qui a été le plus surprenant.
En début de saison, l'entraîneur et le joueur avaient déclaré qu'Hamouma n'a plus les jambes pour jouer dans un couloir et qu'il sera repositionné dans l'axe. Et même s'il a souvent jouer dans un couloir dans ce match, c'est plutôt dans l'axe qu'il a été le plus dangereux, comme dans cet exemple à la 13e minute :
Une phase de construction classique en 4-1-4-1, avec la sentinelle Neyou qui descend au niveau de la défense pour organiser le jeu et deux milieux centraux situés un peu plus haut. Les Bordelais (qui ont joué en 4-2-3-1) sont présents dans la moitié stéphanoise et... dans le dos de leurs milieux on trouve Hamouma, qui a quitté son aile :
La belle passe verticale de Neyou trouve Khazri, qui dévie dans l'axe pour son coéquipier, qui se présente seul face au gardien, mais qui ne cadre pas sa frappe.
Le match résumé dans une action
L'animation offensive stéphanoise ne s'est pas résumé à un ailier qui se place dans l'axe, ça serait trop simpliste. Elle a été plus variée que ça et surtout, on peut parler d'une vraie animation (un terme qui suggère du mouvement), surtout si on compare à l'utilisation du ballon des Girondins. Voici un long exemple qui illustre bien la différence entre les deux équipes.
Bordeaux commence à construire une attaque en partant de la défense, avec le soutien d'un des milieux axiaux, pendant que le bloc stéphanois est en place, même si assez haut et étiré :
On voit bien Neyou en sentinelle dans la zone du "10" adverse et Khazri qui essaye de gêner la participation du milieu défensif bordelais. Du classique donc. Après des échanges de passe dans leurs propres 30 mètres, les Girondins envoient le ballon à droite et le bloc des Verts recule :
Le couloir est bloqué, le ballon revient dans les pieds des défenseurs et milieux défensifs. Les Bordelais continuent à se le passer, mais toujours en latéral, avec de temps en temps des sorties d'Aouchiche ou Camara pour leur mettre la pression :
Neyou couvre dans le dos d'Aouchiche, Hamouma serre le "10" adverse, pendant que Bouanga tient le couloir, où le ballon est de nouveau envoyé. Des joueurs offensifs appliqués sur les tâches défensives, un travail facilité par le jeu stéréotypé et lent de leurs adversaires. Un jeu bien lu par Neyou, qui intercepte la passe vers l'ailier droit, qui concède une faute à cette occasion. C'était la première fois que le ballon avait passé la ligne médiane sur cette possession bordelaise...
Neyou joue le coup franc et ce sont les Verts qui doivent maintenant construire, avec au début les mêmes passes entre défenseurs et la sentinelle :
Bloc adverse en 4-4-2 et positionnement très haut d'Aouchiche, sur la même ligne que les 3 offensifs. Pendant que le ballon est gardé au niveau de la défense, il faut suivre les mouvements de Bouanga, Aouchiche et Khazri. Mais aussi de Camara, qui vient relayer le ballon...
... qu'il reçoit de la part de Neyou. Bouanga decroche et Khazri fait semblant de faire un appel en profondeur dans cette zone. Le but n'est pas forcément de recevoir le ballon, mais d'étirer le bloc adverse, ce qui profite à Aouchiche, qui n'a quasiment pas bougé :
Il a donc de l'espace entre les lignes, où il est trouvé par la passe verticale de Camara et où il trouve... le même coéquipier, qui se projette à son tour dans cet espace. Finalement les deux relayeurs ne jouent pas vers l'avant, Camara se retourne avec le ballon et cherche d'autres solutions :
Hamouma et Debuchy se trouvent dans le couloir droit et le premier sprinte pour offrir un angle de passe et de servir ainsi en point d'appui, avec un une-deux pour placer de nouveau Camara entre les lignes, face au jeu :
Bouanga appelle le ballon dans le dos de la défense à gauche, mais c'est surtout l'appel de Debuchy à droite qui est parfait. Le latéral gauche girondin étant monté, une simple passe en profondeur entre les défenseurs lancerait le capitaine stéphanois dans la surface. Finalement, Camara s'appuie sur Khazri, qui lui redonne le ballon, qui est ensuite donné en latéral à Neyou, qui arrive lancé. Son tir de loin passe à côté du cadre.
Si les Verts n'ont pas marqué sur cette action, ils ont montré beaucoup d'envie dans leurs courses et appels, avec du mouvement, des espaces créés, des combinaisons dans le bloc adverse. Bref, tout ce que leurs adversaires ont eu du mal à proposer.
Conclusions
Cette saison, il y a eu des matchs "ratés", où le staff stéphanois a dû effectuer plusieurs changements, des joueurs ou de système, dès la pause. Mais il y a aussi eu des matchs réussis, où les remplaçants ont tous été du poste pour poste, où le même système a été en place du début jusqu'à la fin du match :
Contre Bordeaux, comme lors du match précédent, sur les 6 titulaires au milieu et en attaque, 5 ont été remplacés, seulement Camara jouant toutes les 90 minutes (Moueffek, Nordin, Zaydou, KMP et Abi sont rentrés). Mais toujours en préservant l'équilibre dans une équipe qui a maîtrisé son sujet et qui a été clairement supérieure à son adversaire du jour.
Deux matchs consécutifs réussis, contre deux adversaires directs, les Verts ont répondu présent au meilleur moment, pour confirmer ainsi leur maintien et s'offrir une fin de saison tranquille. Les quelques matchs qui restent leur permettront d'emmagasiner de la confiance et de l'expérience pour la saison prochaine, avec l'espoir qu'elle donnera plus souvent l'occasion de voir des prestations maîtrisées comme celle-ci...