Après deux défaites consécutives, les Verts continuent leur sans faute contre leurs concurrents au maintien en s'imposant contre Annecy et s'approchant ainsi à un seul point du premier non-relégable


Troisième match en huit jours pour les Stéphanois, qui s'étaient inclinés dans le temps additionnel contre Sochaux avant de se faire manger dans l'impact à Bastia. Ils se devaient de montrer un tout autre visage devant leur public et la mission a été accomplie. En mettant les bons ingrédients, comme le souligne leur entraîneur : "ce sont les qualités mentales et morales qu'on a mis dans le match, on a mis aussi beaucoup d'intensité". Et il aurait pu ajouter la dimension tactique, qui a été très importante lors de ce match.
 
Tout d'abord, par le système. Les Verts ont démarré en ce qui ressemblait fortement à un 3-5-2, avec Appiah - Sow - Pétrot en défense, Cafaro et Nkounkou en pistons et un triangle pointe basse au milieu, Monconduit - Moueffek - Bouchouari :
 
 
Avec la paire Krasso - Wadji en attaque, le premier étant plus reculé pour participer à la construction, pendant que le deuxième multipliait les appels en profondeur. Du classique... mais seulement en phase de possession, car sans le ballon ce système devenait un 4-4-2 à plat :
 
 
Il n'est pas inhabituel pour un 4-3-3 de se transformer en 3-4-3 avec le ballon. Les latéraux montent et la sentinelle descend au niveau des défenseurs centraux pour offrir une assise défensive solide, avec 3 joueurs. D'habitude la sentinelle descend entre les deux centraux, mais à l'époque de Gasset, M'Vila se positionnait à gauche de la charnière, pour mieux orienter le jeu. Enfin, c'était une autre époque, quand les Verts rataient de peu la qualification pour la Ligue des Champions. Maintenant, cinq ans plus tard, ils jouent le maintien en Ligue 2... et innovent tactiquement. Car les deux "latéraux" Appiah et Petrot ne montaient pas, ils formaient avec Sow le trio défensif en phase de possession. Et la sentinelle Monconduit descendait au niveau des défenseurs sans le ballon, pour former un vrai bloc équipe en 4-4-2.
 
Cette dynamique de changement de système a permis aux Stéphanois d'être assez solides défensivement, tout en produisant de belles actions offensives. Et c'est encore l'entraîneur stéphanois qui explique l'animation mise en place avec le ballon : "aujourd'hui on a changé de système, on savait qu'il fallait aussi jouer par-dessus la défense, notamment dans les couloirs car on savait qu'Annecy défendait très bien dans l'axe du terrain".
 
Il existe un nombre impressionnant d'exemples où les Verts lancent leurs pistons / ailiers dans le dos des latéraux adverses. En voici deux, à vingt minutes du début et de la fin du match, respectivement :
 
 
Un long ballon adverse est dégagé de la tête par Sow - la défense stéphanoise à 4 est bien visible, tout comme le 4-3-3 adverse. Moueffek est présent sur le deuxième ballon et le récupère. Il essaie de remonter balle au pied, mais il est entouré par trois adversaires dans l'axe :
 
 
Il parvient néanmoins à glisser le ballon à Krasso, qui lit parfaitement le jeu. Annecy a joué haut tout le match, avec donc beaucoup d'espace dans le dos de la défense. Les attaquants stéphanois ont souvent été à la limite ou sifflés hors jeu. Dans cet exemple, Nkounkou et Wadji le sont, mais pas Cafaro, qui est parfaitement lancé en profondeur dans son couloir. Sur cette action sa frappe est détournée en corner, sur d'autres, ses centres ont provoqué des grosses occasions pour ses coéquipiers.
 
Des changements ont été effectués en 2MT, mais du poste pour poste, Lobry et Fomba remplaçant Moueffek et Bouchouari au milieu, pendant que Pintor prenait la place de Wadji à la pointe de l'attaque :
 
 
Une attaque stéphanoise démarre à droite, où Cafaro joue en retrait avec Sow. Le positionnement de Monconduit, plus haut que la défense car c'est une phase de possession, est bien visible. Il est utilisé sur un circuit de passe classique pour un système avec sentinelle...
 
 
... et le ballon est envoyé à gauche, où Lobry s'excentre pour proposer une solution à Petrot. Et avant même qu'il touche le ballon...
 
 
... il montre du bras comment l'action va se poursuivre. Sa passe en première intention, en profondeur dans le dos du latéral adverse, arrive pile dans la course de Nkounkou. Qui entre dans la surface...
 
 
... et trouve Krasso seul au point de penalty, mais qui ne frappe pas assez bien pour inquiéter le goal adverse. Si sur le premier but stéphanois c'est Nkounkou qui fait la passe en profondeur (à destination de Wadji), sur les deux autres c'est à chaque fois un jeu dans le dos de son adversaire suivi par un centre de sa part, qui permet à Cafaro de signer une passe décisive et un but d'anthologie.
 

Conclusions

C'était encore un match à ne pas perdre, et comme depuis un mois maintenant, une victoire stéphanoise contre une équipe qui joue le maintien. Comme les deux matchs précédents le montrent, les Verts ne vont pas tout gagner sur la phase retour. Mais ils montrent qu'ils peuvent mettre les ingrédients mentaux et d'intensité nécessaires. Ils montrent qu'ils sont vraiment derrière leur entraîneur. Qui montre à son tour qu'il peut prendre le dessus tactiquement sur son adversaire. Et même s'ils ne sont pas encore sortis de l'affaire, ils avancent, et ce genre de prestation est rassurante pour la suite, même si loin d'être parfaite.