Ancien réserviste stéphanois ayant défendu par la suite les couleurs des deux prochains adversaires de l'ASSE, le latéral de Tenerife (L2 espagnole) Jérémy Mellot s'est confié à Poteaux Carrés pour lancer ce passionnant mois de mai.


Tu as mis le week-end dernier un joli pion victorieux pour Tenerife en L2 espagnole. Mais c’est sous le maillot vert que tu as mis tes premiers buts en seniors. Tu t’en souviens ?

Oui, j’ai marqué un but en CFA contre Montceau-les-Mines lors de ma première saison sur une passe décisive d’Allan Saint-Maximin.

Ma seconde saison, en CFA2, j’ai mis un autre but sur une ouverture de Pierre-Yves Polomat contre Besançon. Je me souviens de ces deux buts car je n’en ai pas mis beaucoup d’autres depuis (rires).

T’en a mis 9 autres : 4 avec Rodez, 1 avec Guingamp et 4  avec Tenerife. Que gardes-tu de ton expérience de 18 mois à l’ASSE ?

Je suis content d’avoir pu connaître une expérience dans ce grand club même si je n’aurai pas eu l’opportunité de jouer en équipe première. Je suis arrivé à l’ASSE au milieu de la saison 2014-2015. J’ai débarqué en provenance de la réserve de Clermont. Je suis venu faire un essai d’une semaine en décembre. J’ai passé 3 jours avec la réserve entraînée par Laurent Batlles et dans la foulée j’ai fait 2 jours avec les pros coachés à l’époque par Christophe Galtier.

Comme ça c’est super bien passé, j’ai signé mon premier contrat pro, d’une durée de 18 mois, et j’ai rejoint le club en janvier. Au bout du compte, je n’aurai joué qu’avec la réserve à Sainté. Ça reste une expérience enrichissante. Porter le maillot vert, ça ne s’oublie pas ! Je considère que cette expérience m’a servi pour la suite. Ça m’a forgé, ça m’a permis de comprendre un peu le système professionnel.

Individuellement et collectivement, ça ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité mais ce sont les aléas du foot. Je pensais que je serais aligné à mon poste de milieu défensif mais mes 6 premiers mois, je n’ai pas joué en 6. Ça m’a un peu déstabilisé. J’ai joué numéro 10 ou milieu excentré. J’ai apporté ce que j’ai pu à ces postes-là. Je n’étais pas venu forcément pour ça mais tu te dois de t’adapter.

Alors qu’on avait de jeunes attaquants talentueux en CFA comme Allan Saint-Maximin, Jonathan Bamba et Dylan Saint-Louis, on est descendu et on a encore connu une saison compliquée en CFA2, on a assuré le maintien qu’à la dernière journée. C’était Julien Sablé l’entraîneur. C’est d’ailleurs lui qui m’a mis le premier au poste de latéral droit. Il avait bien vu le potentiel qu’il y avait en moi à ce poste où j’évolue en pro depuis de nombreuses années maintenant.

Je remercie Julien pour mon repositionnement. Je suis toujours en contact avec lui comme avec Laurent, deux entraîneurs que j’aurais appréciés lors de mon expérience à l’ASSE. Il m’arrive encore actuellement d’échanger avec eux. Humainement, j’ai eu de bonnes relations avec eux. Par contre je n’ai pas eu un bon feeling avec Thierry Oleksiak mais ce n’est pas très grave. Globalement, j’ai fait de belles rencontres à Saint-Etienne, j’ai vécu ce que j’ai à vivre là-bas.

Quels joueurs t’auront le plus marqué à Sainté ? Es-tu resté en contacts avec d’anciens coéquipiers ?

J’ai gardé des contacts avec Dylan Chambost, Léo Pétrot, Hugo Roussey. Ils sont très amis tous les trois. On se donne aussi des nouvelles avec Quentin Vandamme, Alexis Guendouz, Baptiste Valette. Sincèrement, je n’ai côtoyé que de bons coéquipiers et de bonnes personnes à l’ASSE. Footballistiquement, techniquement, Allan Saint-Maximin reste le joueur qui m’aura le plus marqué. Il avait un sacré talent.

J’ai côtoyé de très bons joueurs. Jonathan Bamba, Dylan Saint-Louis. Maxence Chapuis aussi, même s’il n’aura pas fait de carrière en pro. J’ai joué aussi avec deux joueurs qui font aujourd’hui partie des meilleurs joueurs de leur équipe en Ligue 1 : Mahdi Camara et Arnaud Nordin. Ils étaient régulièrement surclassés. Leur parcours est remarquable. Ce sont de très bons footballeurs et de bons gars. Quand tu vois la saison de Mahdi avec Brest… Chapeau !

Non seulement j’ai côtoyé des gens bien chez les Verts mais en plus j’ai découvert un environnement très sympa. Sainté n’est pas une grande ville mais il y a des coins très chouettes. Perso j’étais à Saint-Genest-Lerpt, j’habitais juste en face de Benjamin Corgnet. Moi j’aime bien les petites villes tranquilles comme Sainté et Rodez. Les gens sont sympas. Ça me va très bien. J’ai passé des bons moments là-bas.

Et puis bien sûr ce que je retiens de mon expérience à Sainté, c’est la ferveur autour de ce club. Je l’ai connu quand l’équipe première jouait les premiers rôles en L1 et disputait la Coupe d’Europe. Et on voit aujourd’hui que même en L2, l’ASSE déchaîne les passions. Le Chaudron enchaîne les matches à guichets fermés, à l’extérieur les parcages sont blindés. Sainté, ce n'est pas n'importe quel club !

C’était une catastrophe pour le club de descendre en L2. Il y a eu des moments difficiles, la saison dernière mais aussi cette saison car après la défaite à Dunkerque les Verts avaient glissé en seconde partie de tableau. Mais depuis, hormis une petite rechute à Ajaccio, c’est incroyable ! Ce club n’a rien à faire en Ligue 2 et est bien parti pour remonter. Les supporters ont un tel amour pour leur club. C’est beau !

La Chaudron, c’est assurément l’une des plus belles ambiances de France si ce n’est la meilleure. Je prenais beaucoup de plaisir à aller voir les matches à Geoffroy-Guichard. J’ai assisté au derby, c’était énorme ! J’ai vu plein d’autres matches intéressants. Ce public te donne la chair de poule. Le regret, c’est de n’avoir jamais joué dans ce stade. Ça doit être tellement kiffant !

Seul joueur de l’équipe actuelle ayant joué avec toi en réserve, Léo y joue régulièrement.

Oui, et je suis très content pour lui. Humainement, c’est quelqu’un d’exceptionnel. C’est une crème. C’est aussi un footballeur méritant dont le parcours est surprenant et intéressant. Sainté ne l’avait pas conservé, il est redescendu 2 saisons en N2 avec Andrézieux. Il est parti ensuite à Lorient, à la base pour jouer à nouveau en N2, avec la réserve. Et il a su saisir sa chance de jouer en L1 avec les Merlus avant de revenir dans son club formateur où il s’est imposé. Léo a prouvé qu’il était fort mentalement, il mérite tout ce qui lui arrive. C’est génial.

Léo prouve que même en partant d’un peu plus bas, quand on bosse bien et on y croit, on y arrive. Je trouve que c’est très important de mettre ça en avant. Le parcours de Léo est inspirant. On voit que le mental est très important dans ce métier-là. Léo a été replacé latéral gauche, je trouve qu’il s’en sort très bien. Il fait partie de la meilleure défense de L2 et il lui arrive aussi d’apporter offensivement, c’est d’ailleurs lui qui a centré sur le but de la dernière victoire des Verts contre Caen.

Comme Léo, t’as dû te battre et beaucoup bosser pour t’imposer dans le monde pro. A la fin de ta période stéphanoise, tu t’es retrouvé au chômage avant de rebondir.

T’as des talentueux qui n’ont pas besoin de beaucoup travailler. Mais nous qui faisons partie des joueurs moins talentueux que d’autres, on a dû mettre les bouchées doubles pour atteindre le niveau que l’on souhaitait. Ce ne sont pas toujours les plus talentueux qui font carrière, le mental et la détermination à réussir sont hyper importants. En ce qui concerne, le tournant de ma carrière a été mon rebond à Rodez.

Edouard Daillet, un ancien coéquipier clermontois qui jouait à Rodez m’a dit que le latéral droit de son équipe s’était fait les croisés, il a parlé de moi au coach Laurent Peyrelade, qui avait vu que j’avais joué un peu à ce poste à Sainté. J’ai été mis à l’essai une semaine, ça s’est super bien passé. Le coach m’a fait comprendre qu’il voulait me faire jouer latéral droit. Idéalement j’aurais aimé revenir à mon poste de milieu défensif. Mais je me suis dit que le plus important était de jouer.

Je me suis fixé à ce poste de latéral droit que j’occupe toujours. Rodez, ça a été le début de mon ascension. Je ne garde que de bons souvenirs de mes trois saisons dans l'Aveyron. Tant humainement que sportivement, j’ai vécu là-bas des moments exceptionnels et j’ai gardé beaucoup d’attaches à Rodez. J’ai noué des amitiés durables, j’ai connu deux montées, de N2 à N1 et de N1 à L2. J’ai vraiment vécu trois ans de folie. C’était incroyable pour le club, pour nous.

On avait un super groupe. J’ai d’ailleurs côtoyé là-bas deux joueurs formés à l’ASSE, David Douline et Nassim Ouammou. Ce sont deux joueurs qui nous ont beaucoup apporté et que j’apprécie vraiment. Ce sont des travailleurs, des gens bien et simples. On est resté en contacts. David joue au Servette de Genève, il a joué plusieurs matches de Coupe d’Europe et son équipe vient de se qualifier en finale de la Coupe de Suisse. Nassim joue en L1 israélienne au Maccabi Netanya.

Je me réjouis de voir le RAF jouer les premiers rôles en L2, je continue le suivre le parcours de Rodez avec attention car j’ai encore des amis proches là-bas. Le week-end dernier, après leur victoire contre Concarneau, j’ai eu le président et le directeur sportif au téléphone. On a des relations qui dépassent le sportif. Le parcours du RAF est assez remarquable. C’est un club qui se structure très bien. C’est un club simple, sain, qui ne fait pas de bruit mais qui bosse très bien.

Avec les moyens qu’ils ont, ils font vraiment une saison incroyable. Je crois qu’ils ont le 15e ou le 16e budget de L2 mais ils sont actuellement à la 4e place du championnat. Ils marquent beaucoup de buts, avec eux il y a souvent du spectacle ! Les Ruthénois ont de bonnes chances de faire les barrages, ils le méritent. Ça récompenserait non seulement leur remarquable saison mais aussi tout ce qu’ils ont construit les saisons précédentes.

Tu as quitté Rodez en 2019 pour un autre club que l’ASSE va affronter juste avant le RAF dès ce samedi en cette passionnante fin de saison…

A la base j’étais parti pour rester à Rodez, j’étais sur le point d’acheter une maison là-bas. Mais un jour, j’étais à Carrefour avec ma femme et mon agent m’a appelé et m’a dit que Guingamp allait faire une offre à Rodez me concernant. J’étais un peu choqué car l’En Avant descendait tout juste de Ligue 1. Je ne m'attendais pas à intéresser un club de ce calibre. Ça s’est fait en 2 jours. Le RAF m’a dit qu’il aurait aimé me conserver mais qu’il ne pouvait pas résister à un club comme ça et que c’était une belle opportunité pour moi de rejoindre l’EAG.

Je ne regrette pas d’être parti à Guingamp. J’ai fait deux saisons pleines là-bas. Ce club m’a permis de jouer en professionnel. J’ai marqué dès mon premier match lors d’un spectaculaire match nul 3-3 contre le GF 38 des Brice Maubleu, Loïc Nestor, Adrien Monfray etc., des gars qui jouent toujours à Grenoble d’ailleurs. Sportivement, ça a été compliqué car j’aurai connu 4 entraîneurs en 2 ans : Patrice Lair, Sylvain Didot, Mehmed Bazdarevic et Frédéric Bompard.

Mais on avait vraiment un gros groupe et j’ai pas mal appris dans les Côtes d’Armor. A Guingamp, j’ai fait des rencontres humainement incroyables. J’ai côtoyé des gens comme Ronny Rodelin, Morgan Poaty. Ces gars-là, c’est devenu la famille, on échange régulièrement. Même si ça fait un petit moment que je ne l’ai pas eu, j’ai gardé contact avec Paul-Georges Ntep. Même si on n’a pas joué les premiers rôles en L2 lors de mes 2 saisons à Guingamp, ça reste une belle expérience.

Et c’est alors que tu as fait le choix déroutant de quitter le soleil costarmoricain pour la grisaille des Iles Canaries.

(Rires). En fait je me serais bien vu rester à Guingamp mais la proposition de prolongation que j’ai reçue n’était pas à la hauteur de mes attentes eu égard au statut que j’avais dans l’équipe. J’ai eu des sollicitations d’autres clubs de L2 comme Sochaux, Bastia, le Paris FC. Je pouvais aussi revenir à Rodez. Mais j’ai préféré tenter l’aventure à l’étranger. Je me suis dit que c’était le moment où jamais. J’ai rejoint Tenerife, un bon club de L2 espagnole.

A vrai dire, je ne connaissais pas les Iles Canaries, je n’avais jamais eu l’occasion d’y aller. Forcément, je me suis renseigné. J’ai vu que c’était un club solide en Espagne, bien structuré. Je me suis dit que c’était une belle opportunité d’aller là-bas. C’est sûr qu’à Tenerife le cadre est idyllique mais je ne suis pas parti là-bas pour faire du tourisme. Si ça avait été un autre club de L2 espagnole qui m’avait sollicité, je pense que je l’aurai également rejoint.

C’est sympa de vivre dans un cadre agréable. On se sent bien ici. Mais on a aussi fait des sacrifices par rapport à la famille, par rapport à plein de choses. Ça reste un peu compliqué car ma femme, ici, elle est toute seule. C’est pas évident pour elle. Mais voilà, c’est le foot, on arrête une carrière assez tôt. J’ai déjà atteint le cap de la trentaine il y a un mois. C’est une expérience de vie intéressante et sportivement je m’y retrouve.

Pour avoir joué 2 ans en Ligue 2 et pour continuer de regarder beaucoup de matches de L2 à la télé, je trouve en toute objectivité que la Ligue 2 espagnole est un cran au-dessus. Bien sûr, il y a des gros clubs en Ligue 2 comme l’AJA, l’ASSE, Bordeaux. Il y a des équipes qui produisent du jeu avec un bon niveau. Mais il y a pas mal d’équipes où ça joue moins au ballon, où ça joue un peu plus physique.

Ici, en Espagne, toutes les équipes, tous les coaches ont à peu près la même philosophie de jeu. Il y a cette volonté de produire du jeu, avec beaucoup de ballons au sol, beaucoup de rythme, beaucoup d’intensité. A mon sens, que ce soit techniquement ou tactiquement, la deuxième division espagnole est meilleure que la Ligue 2 française. Il y a de très belles équipes dans ce championnat. Le premier but que j’ai mis ici, c’était contre le Girona FC, qui va finir sur le podium de la Liga cette saison et jouera donc la Ligue des Champions.

Vraiment, je me régale en Espagne. Les matches sont très intenses, t’es content quand ça se termine vu la répétition des efforts que tu dois faire. Il n’y a quasiment jamais de répit, il faut avoir du coffre pour enchaîner. Il y a de gros clubs comme le Real Valladolid ou l’Espanyol Barcelone. T’es amené à affronter des joueurs sans équivalent en Ligue 2. Un Martin Braithwaite par exemple, qui a joué au Barça. Ou encore un Keita Balde, qui a joué à la Lazio, à l’Inter, à Monaco. Tu ne vois pas des joueurs de ce calibre en deuxième division française.

Quand j’ai signé à Tenerife, je m’attendais à être remplaçant mais j’ai gagné ma place rapidement. Le championnat est un vrai marathon ici car il y a 42 journées et le cas échéant des play offs. Il n’y a pas de trêve internationale. Ma première saison, j’ai joué 43 matches. La saison dernière j’en ai fait 41. Cette saison, une blessure au muscle soléaire m’a rendu indisponible un mois et demi mais je viens d’atteindre la trentaine de matches.

Je me plais ici, je travaille bien, on me fait confiance. Je suis sous contrat jusqu’en 2027 mais tu connais le foot comme moi, tu ne sais jamais ce qui peut se passer. Mon rêve a toujours été de jouer au plus haut niveau. Pour l’instant, il me manque peut-être quelque chose pour passer au-dessus. Quand t’as 30 ans, à moins de monter avec ton club, c’est compliqué qu’un club te recrute et te permette de découvrir tardivement l’élite. Avec Tenerife, on est en milieu de tableau. Mon objectif est de toujours viser plus haut.

Toujours plus loin, toujours plus haut. C’est la voie, c’est la voie du Mellot !

(Rires) En tout cas il me reste 3 ans de contrat à Tenerife. Pour l’instant je suis ici, peut-être qu’en juin je serai ailleurs. Je ne sais pas du tout. On verra ce qui se passe en fin de saison. On verra s’il y a des propositions intéressantes, avec le club qui m’emploie actuellement. Je ne mets aucune limite pour aller plus haut. Qui sait, peut-être que si Saint-Etienne monte en Ligue 1 ou Rodez, peut-être qu’il y aura une possibilité, on ne sait jamais (sourires).

En tout cas je suis fier de la carrière que j’ai faite, que je fais et que je ferai. On a la carrière qu’on mérite. C’est le fruit de mon travail. Il faut savourer les bons moments et apprendre des mauvais. Je pense que mon aventure à Saint-Etienne m’a permis d’être celui que je suis aujourd’hui. Si demain, dans un an ou dans deux ans, il y a une opportunité de revenir à Sainté, ce ne sera que du bonheur, que du positif !

Tu supporteras les Verts les deux prochains week-ends contre Guingamp et Rodez ?

Sincèrement, les trois clubs ont une place particulière. Après… Rodez, ça restera Rodez. C’est ce club qui m’a soutenu jusqu’au bout, c’est le RAF qui m’a un peu sorti de la galère alors que j’étais au chômage après mon expérience à Sainté. Rodez m’a fait confiance, m’a permis de rebondir. Je sais ce que je dois au RAF. Dans n’importe quelle division où sera ce club, dans n’importe quelle situation, ça restera Rodez. Mais je pense que Sainté est mieux armé que les autres clubs pour monter. L’ASSE mérite de retrouver l’élite.

Depuis les Canaries, tu suis toujours les matches de tes anciens clubs en Ligue 2 ?

Oui, je suis ça attentivement, d’autant plus que mes trois anciens clubs ont encore quelque chose à jouer à 3 journées de la fin. Bon, malgré la victoire à Pau, ce sera difficile pour Guingamp de décrocher les barrages car ils sont à 5 points de la 5e place occupée par un Paris FC qui carbure bien et vient de faire tomber Angers, pour le plus grand bonheur de Sainté.

Rodez est 4e avec 4 points d’avance sur le 6e, pour le coup le RAF a de bonnes chances de jouer les barrages. De même que Sainté a de bonnes chances de monter sans avoir besoin de jouer les barrages. A vrai dire, je suis quasiment tous les matches de L2, même ceux des autres équipes. En début semaine j’ai regardé Dunkerque-Auxerre par exemple. Mais c’est vrai que je porte une attention particulière sur mes trois anciens clubs. Récemment, j’ai vu Rodez-Paris et Sainté-Caen.

Dans l’équipe stéphanoise actuelle, seul Léo Pétrot a joué avec toi en réserve. Tu as d’avantage d’anciens coéquipiers dans les deux prochaines équipes qui vont affronter les Verts.

C’est vrai, notamment à Guingamp mais c’est normal, j’étais encore au club il y a trois ans et plusieurs joueurs sont restés à l’En Avant depuis lors. Dans les buts, je crois qu’Enzo Basilio a joué dans leur intégralité tous les matches depuis le début de saison. Il était déjà titulaire la saison qu’on a passée ensemble à Rodez et la saison où on s’est retrouvé à Guingamp.

Enzo, c’est un très bon gardien. Je pense que les bons résultats de Guingamp sont dus en partie à ses performances. Je trouve que c’est un gardien très bon sur sa ligne. Bon, il a un côté un peu kamikaze (rires), il n’a peur de rien. A l’En Avant, j’ai aussi joué avec Mehdi Merghem, qui reste individuellement un très gros joueur. C’est un milieu de terrain offensif et talentueux, il a un super pied gauche. Je le trouve très fort et les Verts devront s’en méfier, même si j’ai l’impression que Guingamp a plus de mal à domicile qu’à l’extérieur. Au match aller, l’En Avant avait été très bon à Geoffroy-Guichard.

J’ai aussi joué à Guingamp avec Baptiste Roux, un défenseur central qui a été titularisé une dizaine de fois cette saison, notamment lors des deux derniers matches contre Angers et à Pau. J’ai évolué également aux côtés de Lebogang Phiri. Il est parti ensuite en Turquie et au Paris FC. C’est un milieu de terrain qui a très peu joué depuis qu’il est revenu à Guingamp à la fin du mercato hivernal mais j’ai vu qu’il est entré en jeu les derniers matches.

L’actuel joueur guingampais que je connais le mieux, c’est l’attaquant Ugo Bonnet car j’ai joué 3 ans avec lui à Rodez. J’ai vécu deux montées avec lui, forcément ça laisse des souvenirs très forts. C’est un travailleur, quelqu’un qui croit en lui et qui a fait un gros parcours en pro alors qu’il n’est pas passé par un centre de formation. Je lui tire mon chapeau. Ces trois dernières saisons il jouait à Valenciennes. Cette saison il joue très peu à Guingamp, je crois qu’il a juste fait quelques entrées en jeu.

De mon époque ruthénoise, il y a encore deux joueurs au RAF mais ils sont blessés depuis un petit moment : Lionel Mpasi, un très bon gardien qu’on ne reverra plus de la saison car il a dû se faire opérer à son retour de la CAN où il s’est illustré avec le Congo. Il y a aussi le défenseur Joris Chougrani. Je crois qu’il a repris l’entrainement mais je ne sais pas s’il sera opérationnel pour la fin de saison.

Il y a également dans cet effectif ruthénois un joueur que j’ai un peu côtoyé au centre de formation du Clermont Foot avant de venir à Sainté mais je n’ai pas souvenance d’avoir joué avec lui car il est plus jeune : le milieu de terrain Lorenzo Rajot. Il fait vraiment une belle saison, je crois qu’il a mis 5 buts et délivré 3 ou 4 passes décisives. Sainté devra le surveiller lors de l’avant-dernière journée ! Il avait fait une bonne prestation au match aller.

Que t’inspire la saison de l’ASSE ?

Les Verts ont vécu une saison première partie de saison très compliquée mais c’est l’équipe la plus performante du championnat en 2024. Laurent Batlles n’aura pas résisté à cette série de 5 défaites consécutives qu’on n’avait pas vraiment vu venir. Il y a eu un changement de coach. Le classement n’était pas très favorable à la trêve car les Verts comptaient me semble-t-il 10 points de retard sur la 2e place qu’ils occupent actuellement.

Depuis l’arrivée d’Olivier Dall’Oglio, on dirait que ce sont des nouveaux joueurs. Je pense que les Verts ont changé leur état d’esprit. Contre Caen, ils n’ont pas eu 50 occases. Contre Bordeaux, pareil. Trois ou quatre mois avant, les Verts auraient perdu ce match 4-0. Et là ils gagnent 2-1 à 10 contre 11. C’était magnifique cette fin de match contre les Girondins !

Je pense que le coach actuel a changé beaucoup de choses. Je pense aussi que les supporters ont aidé à faire tourner les choses. On sait que dans un club comme ça, le public pèse pour 80% dans les performances, dans les résultats. Bon, je m’emballe peut-être un peu quand je dis ça mais à Sainté, t’as vraiment un 12e homme qui joue pleinement son rôle, qui pousse son équipe.

Je pense que le groupe a su se regarder en face, que les leaders du groupe ont su remobiliser les gars. Je pense à des joueurs comme le capitaine Anthony Briançon ou encore à Gautier Larsonneur, qui a poussé un coup de gueule après la défaite à Dunkerque. Je trouve que leur état d’esprit est excellent, tu sens qu’il y a une très grosse solidarité dans cette équipe.

Dans le jeu, ce n’est pas toujours formidable, ils ne sont pas toujours les meilleurs. Le dernier match contre Caen, par exemple, ce n’est pas leur meilleur. Mais quand t’as les qualités individuelles d’un Irvin Cardona, d’un Aïmen Moueffek qui fait une saison incroyable… Et que dire de Gautier Larsonneur, il est impérial dans les cages.

J’ai un faible pour Aïmen Moueffek. Je crois qu’il est en fin de contrat mais ça ne le perturbe pas. Il lui arrive de faire des erreurs, de perdre des ballons, mais c’est un battant. C’est l’image pure du club. C’est un enfant du club, un pur produit du centre de formation et même de la préformation car il portait déjà le maillot vert quand il était petit.

Comme Dylan Chambost, que j’apprécie aussi dans un autre registre. Je l’ai côtoyé à Sainté d’ailleurs mais c’est la saison après mon départ qu’il a commencé a joué avec la réserve. C’est ce que j’aime dans cette équipe stéphanoise actuellement. T’as des combattants comme Aïmen et des joueurs un peu plus fins comme Dylan, Cardona, Cafaro.

Je ne pensais pas que tu continuais de suivre Sainté avec une telle attention et une telle justesse !

Tu sais, ce n’est pas parce que je n’ai pas réussi à l’ASSE et que le club ne m’a pas conservé que je n’aime pas les Verts. Sainté, ça reste Sainté ! Que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue 2, c’est définitivement un club à part. Tu ne peux pas rester indifférent à ce club quand tu aimes le football. Un club de L2 qui enchaîne les matches à guichets fermés, qui remplit tous les parcages de France. Moi je dis bravo et respect !

Franchement, y’a qu’à Sainté que tu vois ça ! Dans toutes les villes où tu vas, il y a des supporters de Sainté. Le club ne ment pas, la passion ne se dément pas. C’est comme ça. C’est Sainté ! C’est vraiment beau et quand tu vois les scènes de liesse à Geoffroy-Guichard, notamment après la victoire arrachée contre Bordeaux, ça te donne des frissons. Le club aurait pu couler après la descente mais Sainté ne peut pas couler. C’est juste pas possible ! On peut dire tout ce qu’on veut sur Sainté mais ça restera Sainté !

C’est pour ça que je souhaite à ce club de retrouver au plus tôt l’élite. Le week-end dernier a été je pense un vrai tournant car Angers a perdu à Paris quelques heures après la victoire des Verts contre Caen. Sainté a 2 points d’avance, une différence de buts favorable. Le SCO n’a peut-être pas dit son dernier mot mais je pense que l’ASSE est capable de conserver cette 2e place chèrement acquise, de résister jusqu’au bout même si ses 2 prochains matches ne seront pas simples.

Quand bien même les Verts finiraient 3èmes, je les sens capables de monter via les barrages. Vu leur dynamique depuis le début de l’année, vu leurs qualités individuelles et collectives, je pense qu’ils arriveraient à faire la différence d’abord à la maison contre le vainqueur du match qui opposera le 4e au 5e et ensuite contre le 16e de Ligue 1.

Merci à Jérémy pour sa disponibilité