C’était un match à tout oser, une soirée à tout s’autoriser.


A lancer à la 80ème minute un popodo podo popodo pour accompagner l’enterrement de nos illusions de remontée,

A maudire le sort et prévoir le pire pendant 90 minutes et ravaler avec délectation et sans vergogne tous ses pronostics foireux 7 minutes de folie plus tard,

A oublier totalement le foot business et nos actionnaires médiocres pour se souvenir des raisons qui font qu’on aime ce sport et adore ce club,

A se prendre pour le Manchester de Ferguson un soir de mai 1999 face au Bayern,

A se prendre pour Lopez aussi, pour suppléer Larso et éviter le pire avant de tout renverser,

A tenter le ballon piqué dans la lunette pour le plaisir de ces deux-trois secondes de temps suspendu avant d’être sûr, plutôt que de classiquement chercher à frapper fort et attraper le cadre comme 99% des attaquants fatigués l’auraient fait,

A affirmer du haut de son égo boursoufflé que son équipe est largement supérieure aux Verts et qu’elle aurait dû mener 4-0 à la mi-temps alors que c’est bien Cardo et Cafaro qui ont croqué la feuille avant la pause,

A gifler un joueur parce que, même devenu entraîneur, on est resté mauvais joueur.

C’était un match dont 36 000 supporters diront avec force trémolos dans 30 ans qu’ils se souviennent encore de l’explosion du stade sur les buts, tandis que des centaines de milliers d’autres sauront détailler où ils étaient, la taille de leur écran et la qualité de leur connexion à ce moment précis,

c’était au passage le 3ème match consécutif à Geoffroy à guichets fermés, ce qui est une première à Sainté en d2, et le 4ème arrive dans déjà moins d’une semaine !

Malgré tout cela, malgré l’excitation qui refuse de se faire la malle et les superlatifs qui tombent en cascade, malgré la nuit écourtée par cette ivresse, nos Verts ne sont pas plus avancés, sinon dans la perspective de finir dans le Top 5, et personne ne peut dire comment tout cela va finir.

La seule certitude à ce stade, et elle vaut si cher, c’est qu’ils ont accompli un parcours exceptionnel depuis cet après-midi de misère à Dunkerque, et que si les émotions procurées sont fabuleuses, l’espoir d’en vivre d’autres encore est immense.

 

Et si c’était une soirée à s’autoriser un titre d'ivresse et une conclusion de sincère gratitude  ?

Merci les Verts !