Défenseur central des Tango, Pierrick Cros s'est confié à Poteaux Carrés avant de retrouver son club formateur ce mardi soir dans le Chaudron lors de la 18e journée de L2.
Pierrick, tu as affronté les Verts avec le Red Star en 2015 et avec Bastia-Borgo en 2020. T’attendais-tu à les défier une troisième fois avec un troisième club ?
Les deux premières fois, c’était en Coupe de France et il y avait une différence assez nette de niveau entre les deux équipes. Sainté évoluait en L1 tandis que le Red Star et Borgo étaient deux échelons en dessous, en National 1. Cette fois on se retrouve dans le même championnat, en Ligue 2. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais pensé que Saint-Etienne redescende en L2 et que je puisse avoir l’occasion de jouer contre les Verts en L2. Parce que tout le monde le sait, Saint-Etienne est un club de Ligue 1 en termes d’infrastructures et de public. C’est un club qui devrait évoluer dans l’élite mais de les voir en L2, ça me donne l’opportunité de retrouver mon club formateur.
Tes précédentes retrouvailles s’étaient soldées par des défaites. Jamais deux sans trois ?
Ecoute, j’espère que cette troisième fois sera la bonne et que la finalité sera différente. Ce n’est pas la même compétition. Les deux fois précédentes, c’étaient des matches couperet. Là, c’est le championnat, ça n’a rien à voir. Ça peut finir par un match nul, une victoire n’est pas synonyme de qualification mais rapporte trois précieux points, une défaite ne vaut pas élimination. J’espère bien sûr que cette fois l’issue sera plus heureuse pour moi que les deux premières fois. Avec le Red Star, j’avais été malheureux car j’avais marqué contre mon camp le but victorieux des Verts à la 80e. Avec Borgo, on n’avait pas démérité mais Sainté s’était imposé plus facilement grâce à un doublé d’Arnaud Nordin et un but de Wesley Fofana.
Tu vas peut-être jouer mardi ton premier match à Geoffroy-Guichard !
En fait j’ai déjà joué une fois dans le Chaudron mais c’était en CFA, contre Toulon. On avait gagné 1-0 en fin de match sur une superbe frappe en pleine lucarne d’Idriss Saadi. C’était le lendemain du fameux 100e derby qu’on a gagné à Gerland grâce à ce magnifique coup franc de Payet. A l’issue de ce week-end-là, l’ASSE était leader en L1 comme en CFA. Rhaa, c’était la belle époque ! Mais je n’ai jamais joué en pro à Geoffroy. Ma seule apparition en match officiel en équipe première, c’est quand je suis entré en jeu à Lorient. J’ai fait une quinzaine de bancs, dont 7 ou 8 dans le Chaudron mais je ne suis pas rentré en jeu à Saint-Etienne.
Le Chaudron, ça représente quoi pour toi ?
C’est un stade que j’aime beaucoup, forcément, j’y ai vécu des ambiances assez impressionnantes. Je me souviens que lorsque j’étais jeune, entre 10 et 14 ans, j’avais eu l’occasion d’être ramasseur de balle et porte-drapeau à Geoffroy-Guichard. J’étais déjà fasciné par la ferveur des supporters des Verts. Je suis Stéphanois, je sais depuis tout petit qu’il y a énormément de passion et d’attente autour de club. Quand on dit ASSE, ce qui vient immédiatement en tête c’est le Chaudron et la ferveur du public. Malheureusement, j’ai cru comprendre qu’il n’y aura pas beaucoup de monde ce mardi soir car les groupes de supporters ont reconduit leur boycott.
Je trouve ça dommage pour l’ambiance car sans les ultras, le Chaudron n’est plus vraiment un Chaudron. Mais je respecte les supporters qui font ce choix de bouder Geoffroy-Guichard, ils ont leurs raisons. Je me souviens de la ferveur des kops quand j’étais sur le banc, c’était quelque chose ! Ils mettent une pression positive. A Sainté, le public joue pleinement son rôle de 12e homme, ça te donne des frissons et l’envie de te transcender pour rendre au public ce qu’il te donne. A l’époque le club était dans une phase ascendante et allait enchaîner les saisons en Coupe d’Europe. Les temps ont changé hélas. J’espère que les Verts revivront de grandes ambiances et seront à nouveau en haut de l’affiche.
T’attendais-tu à compter huit points d’avance sur les Verts à ce stade de la saison ?
Non. Personne ne s’attendait à ce que l’ASSE soit encore lanterne rouge de L2 après 17 journées. Les trois points qui leur ont été enlevés dès le départ suite aux débordements qui ont suivi le barrage contre Auxerre, ça a fait mal, comme leur entame de championnat ratée à Dijon. Les Verts ont eu du retard à l’allumage, ont mis du temps à avoir un compte positif en termes de points. Je suis surpris de les voir si bas au classement car ils ont un effectif de qualité, un très bon entraîneur que je connais bien car j’ai côtoyé deux ans Laurent Batlles quand on jouait à Sainté.
Je l’ai retrouvé aussi quelques semaines lors de l’automne 2018 quand il entraînait la réserve des Verts. J’étais au chômage à l’époque et il m’avait permis de m’entraîner avec son équipe pour que je puisse garder la forme. J’ai d’ailleurs côtoyé à cette époque-là deux joueurs qui sont revenus à Sainté cet été et qui sont depuis régulièrement titulaires en L2, Dylan Chambost et Léo Pétrot. Je connais très bien Dylan car il est de Veauche, je connais son frère, sa famille. Je suis content qu’il ait pu retourner à l’ASSE.
Un peu comme moi, Dylan n’avait pas vraiment eu sa chance en pro à la fin de sa formation. Il a montré toutes ses qualités à Troyes et il a saisi l’opportunité de poursuivre sa collaboration avec Laurent à Sainté. Je pense que c’est le cœur qui a parlé. Même si pour cette saison ce n’est plus d’actualité, c’est une belle aventure de faire remonter l’ASSE dans l’élite, c’est un projet stimulant. N’importe quel joueur – on le voit dans le récent recrutement – a envie d’aider les Verts à retrouver leur lustre passé. Aujourd’hui la donne a changé, tout le monde a envie de décrocher un maintien assez solide. Saint-Etienne part de loin, on espère qu’ils se réveilleront seulement après le match contre nous !
Pour cause de suspension, de blessure ou de maladie, une dizaine de tes coéquipiers ne seront pas du déplacement à Sainté. Votre groupe est très amoindri, vous sortez de deux lourdes défaites. Beaucoup de supporters stéphanois estiment que vous êtes bons à prendre, que vous êtes l’adversaire idéal pour entamer une remontada. Tu partages leur point de vue ?
C’est sûr que si on regarde nos deux derniers résultats, on peut aller dans ce sens-là. Après, on voit que Saint-Etienne n’est pas dans les meilleures dispositions non plus. On sait la pression qu’il va y avoir cette semaine sur les joueurs, sur le staff, etc. Ça peut bien se passer comme ça peut mal se passer. On sait qu’en plus en ce moment avec les supporters c’est un peu compliqué. Nous on doit se relever et montrer un autre visage après nos lourds revers contre Dijon et Amiens. Je ne sais pas si on est bons à prendre. On est une bête blessée, il faut toujours se méfier… Nous en tout cas on ira à Geoffroy-Guichard pour prendre minimum un point voire plus si possible, afin de casser cette dynamique.
Avant de prendre la route pour ta Sainté journée, sens-tu le doute en toi s’immiscer ?
Non, pas du tout. En plus moi ma saison de L2 est assez particulière, je n’ai pas eu l’occasion de jouer la première partie de saison avant la trêve internationale. Là, du fait des absences, des suspensions, etc., j’ai l’opportunité de jouer, de faire mieux qu’à Dijon. Pour un retour en Ligue 2, ce n’est pas ce que j’avais espéré. On a envie de se racheter, pour nous et pour nos supporters. En Ligue 2, on sait qu’il n’y a rien d’acquis, chaque équipe traverse des périodes difficiles et des périodes plus souriantes. Actuellement, on a huit points d’avance sur Sainté. On sait que le maintien est à 40 points, on en compte 20 donc on a fait la moitié du chemin.
J’ai connu ça par le passé avec le Red Star, on n’avait jamais été relégable, on l’est devenu lors des huit dernières journées et on est descendu. C’est très compliqué d’inverser la dynamique dans la dernière ligne droite. Au Stade Lavallois on est bien conscient qu’il faut continuer à engranger des points, il n’y a pas de relâchement dans l’équipe, d’autant plus qu’on a été rappelé à l’ordre les deux dernières journées du championnat. Notre moral n’est pas affecté par ces défaites, encore aujourd’hui il y avait plein de joie à l’entraînement.
C’est peut-être la joie de jouer bientôt dans le stade le plus mythique du football français !
On va à Geoffroy-Guichard, beaucoup de joueurs n’ont pas eu l’occasion de connaître ce stade et ont hâte de le découvrir. Un déplacement dans le Chaudron, ça entraîne forcément une sorte de surmotivation. Tous les joueurs savent qu’on s’apprête à jouer dans une enceinte mythique. On fait abstraction du classement, on connaît la qualité de l’effectif, la qualité de l’entraîneur, la qualité du jeu proposé. On ne se déplace pas chez le dernier de Ligue 2 même si au niveau du classement c’est le cas. On sait que dans le jeu c’est très loin d’être le cas.
C’est un match plaisant à jouer, on y va sans pression. C’est Sainté qui aura la pression, les Verts ont l’obligation de faire un résultat pour combler une partie de leur retard. J’ai beaucoup entendu parler dans les médias à Saint-Etienne qu’on était bon à prendre, etc. Mais on sait très bien comment ça se passe le foot. Ce n’est pas toujours le favori ou celui qui est attendu qui réussit. On sait que Sainté est attendu au tournant cette semaine, la pression sera sur les Verts, nous on a tout à gagner.
Tu continues de suivre de près le parcours et les prestations de ton club formateur ? T’as encore des attaches dans la région stéphanoise ?
Je continue de suivre les Verts, j’ai notamment suivi de près la fin de saison dernière ponctuée par la relégation. J’ai écrit à certaines personnes présentes au club. Je n’étais pas à Geoffroy-Guichard lors du barrage retour contre Auxerre mais j’ai suivi le match à Saint-Galmier, donc pas trop loin. Pour la région, pour le club, pour tous ceux qui baignent dans cette ambiance verte, ça a été un choc. Même si aujourd’hui je suis un peu plus détaché du club, forcément ça m’a marqué et on y pense. Même les non footeux ont parlé de cette descente en Ligue 2.
Cette saison de L2, comme Sainté passe beaucoup sur beIN, il m’est arrivé de voir plusieurs matches des Verts, à commencer par le premier à Dijon. On sentait en ce tout début de saison qu’il y avait pas mal de choses à régler et du travail à faire. Il faut dire aussi que l’effectif a beaucoup changé, dès l’intersaison mais aussi lors des dernières semaines du mercato. De ce que j’ai vu, Sainté n’est pas à sa place vu le jeu produit et la qualité de l’effectif. Chaque adversaire fait le même constat, Romain Thomas l’a fait par exemple à l’issue du dernier match des Verts contre Caen.
Tout le monde a conscience de la tâche qu’il y a à faire quand on rencontre l’ASSE. C’est loin d’être un match facile malgré le classement. Forcément, en tant que Stéphanois, je regarde ce club avec un œil attentif. J’ai encore beaucoup d’attaches dans la région. Je suis né à Montbrison mais je suis de la Plaine. J’habitais à Aveizieux. Ma compagne est de Saint-Etienne aussi, de Saint-Galmier. Ma mère est aussi dans la région, à la Talaudière, mon frère est dans la Plaine. J’ai tous mes amis dans le secteur. Pendant la trêve due à la Coupe du Monde, j’étais à Saint-Etienne en famille pour me ressourcer. Ça fait du bien, on n’oublie pas d’où on vient !
Tu as été malheureux lors de tes deux matches officiels joués en équipe première cette saison : ton tir au but raté contre la modeste équipe d’Orvault en Coupe de France a été synonyme d’élimination et contre Dijon tu as marqué contre ton camp le premier des 5 buts de la victoire du DFCO… T’avais déjà mis un csc qui avait permis à Sainté de mettre le Red Star, tu peux remettre ça mardi soir à Geoffroy ?
Non, j’aimerais éviter ça ! Je n’avais plus joué en Ligue 2 depuis 2017, et j’espérais mieux pour mon retour dans ce championnat à l’occasion de ce match à Dijon. On perd 5-0 et je mets le premier but sur une action anodine alors qu’on n’est pas inquiété. J’aurais beau la refaire, je ne pense pas que le ballon finirait au même endroit. C’est comme ça, c’est le genre de mésaventure qui peut hélas arriver. En ce qui concerne le match de Coupe, on est passé à côté de notre match contre cette équipe de R1, on a rapidement concédé l’ouverture du score. C’est moi qui permets l’égalisation, ma frappe repoussée a été bien suivie par un de mes coéquipiers. Après c’est la loterie des tirs au buts, il arrive même à de très grands joueurs d’en rater, j’ai loupé le mien.
Tu avais eu beaucoup plus de temps jeu chez les Tango en National 1 que cette saison. Pourquoi ?
C’est vrai que je vis une saison assez particulière. C’est ma troisième à Laval. Les deux premières, j’étais un cadre, j’étais même dans les capitaines. Mais mon statut a un peu changé cet été après la montée. Je me suis blessé au mollet lors du premier match amical, j’ai pris du retard à l’allumage. Ce n’était pas une grosse blessure mais c’est toujours emmerdant comme blessure, ça m’a éloigné de la préparation. J’ai loupé tous les matches de prépa, le coach a trouvé son équipe. Même si je suis revenu courant août, le club avait enclenché une bonne dynamique avec de bons résultats.
J’ai eu ma chance seulement le 26 décembre à Dijon mais on ne peut pas dire qu’elle a été mémorable…Le dernier match contre Amiens je suis resté sur le banc. On verra quels seront les choix du coach pour le match de ce mardi à Sainté. Il s’est passé de mes services la journée précédente mais j’ai l’espoir de jouer contre les Verts. Si le coach me redonne ma chance, j’essaierai de la saisir du mieux possible. Et que ce soit collectivement et individuellement, de faire une bonne partition et ramener au minimum un point.
Oliver Frapolli est un coach méconnu à Sainté, que peux-tu nous dire sur lui ?
Il fait sa quatrième saison en tant qu’entraîneur du Stade Lavallois, je suis arrivé en Mayenne un an après lui. C’est un ancien défenseur, qui a joué en début de carrière en Ligue 1 avec Toulouse et qui compte quelques sélections avec les Espoirs où il a côtoyé notamment Zidane et Thuram. Ses deux premières saisons sur le banc des Tango ont été assez compliquées, l’équipe a fini dans le ventre mou. Mais la saison dernière on a fini champions de National, on a dominé ce championnat. Il avait déjà réussi à faire monter deux fois Orléans en Ligue 2. Avant de rejoindre Laval, je crois qu’il entraînait en National à Boulogne-sur-Mer.
Olivier Frapolli est un ancien défenseur donc c’est un coach qui n’aime pas prendre beaucoup de buts. Forcément ces derniers temps il est très contrarié à ce niveau-là... On a pris beaucoup de buts les deux derniers matches mais à vrai dire c’est un secteur où on a des difficultés cette saison. On a pris 29 buts en 17 matches, c’est beaucoup. Je crois que seul Saint-Etienne a encaissé encore plus de buts [31, ndp2]. La saison passée, en National 1, on faisait partie des meilleures défenses, on avait pris 31 buts en 34 matches. Le coach a un jeu tourné vers l’avant, il a des idées assez claires, bien définies. Il prône le jeu mais l’efficacité avant tout.
Si t’étais recruteur stéphanois, tu prendrais quel joueur tango lors du présent mercato ?
Je miserais sur un retour de Pierrick Cros ! (rires) Pour apporter les valeurs stéphanoises, comme Faouzi Ghoulam aurait pu le faire du reste. J’ai vu qu’il s’est entraîné avec les Verts et qu’il a pris part à deux matches de préparation contre Grenoble et Ajaccio en décembre dernier. Je trouve ça dommage qu’au final ça n’ait pas débouché sur un accord entre les parties. Je pense que ça aurait été une très bonne pioche, au-delà de sa qualité de footballeur. C’est quelqu’un du cru, qui a connu le club dans les bons moments, qui connaît parfaitement l’environnement stéphanois, la ferveur. Il aurait pu rendre encore de fiers services à ce club et l’aider à remonter la pente. Je crois qu’il s’entraîne avec Abdel au SCO actuellement, on va voir s’il va signer à Angers.
Abdel fait-il partie des anciens de la maison verte avec lesquels tu es encore en contact ? Gardes-tu de bons souvenirs de lui ? L’enquête que Ouest-France a publiée sur lui en octobre dernier a fait un peu jaser…
J’ai eu l’occasion de revoir Abdel le mois dernier car on fait un match amical contre le SCO. J’ai eu des échos de ce papier sorti dans la presse régionale. A vrai dire je garde des souvenirs mitigés d’Abdel. Je peux comprendre certaines choses, mais de mon côté il n’y a pas eu de gros, gros problèmes. Mais voilà, on va dire que c’est mitigé. De ma période stéphanoise, j’ai gardé quelques contacts avec le staff médical, avec Idriss Saadi, Loris Néry. J’échange également avec Thomas Luminet, qui n’a pas percé en pro mais qui était un bon joueur de ma génération. J’ai eu l’occasion de revoir Maxence Chapuis. Je suis toujours Andrézieux, j’avais fait un petit passage dans ce club. On sait que beaucoup d’anciens joueurs formés à l’ASSE jouent ou ont joué dans ce club.
Penses-tu que les Tango comme les Verts vont se maintenir en Ligue ?
Je l’espère ! Si Saint-Etienne descend, je ne te fais pas d’image, ce sera dramatique pour le club, la ville et la région. Nous à Laval on avait un petit matelas mais suite à nos deux derniers matches perdus on n’a plus que deux points d’avance sur la zone rouge. On sait qu’il faudra sans doute au moins 40 points pour se maintenir. On sait que ça va être dur et que la saison est très longue. C’est un marathon, je souhaite bien sûr que les Tango et les Verts bouclent la ligne d’arrivée sans être dans les quatre derniers.
On voit que la lutte pour le maintien va être féroce, à mon avis ça va lutter jusqu’au bout. Aucune équipe n’est décrochée. Sainté a certes quatre points de moins que l’avant-dernier à l’heure où on se parle mais on sait très bien que les Verts ont des atouts et qu’ils ont de bonnes chances de remonter au classement, qu’ils ont les moyens de sortir à terme de cette zone rouge. Et même certaines équipes actuellement devant nous pourraient être concernées par la lutte pour le maintien. J’ai connu ça avec le Red Star. Quand tu plonges dans la zone rouge à sept ou journées de la fin, c’est très difficile de t’en sortir.
On voit bien que ce championnat de L2 est difficile et très serré. En haut de tableau, il y a toujours un prétendant qui arrive à monter et une surprise. En bas de tableau c’est pareil, tu retrouves logiquement des prétendants au maintien mais il y a toujours une ou deux équipes qu’on pensait voir bien plus haut qui se retrouvent à lutter pour se sauver. Cette année en plus c’est particulier, il y a quatre clubs qui descendent. Il y aura peut-être un gros club qui passera à la trappe cette année, on ne peut pas exclure cette possibilité.
Prions pour que ce ne soit pas Sainté ! Vous venez ce mardi à Geoffroy pour essayer de bétonner ou avec l’ambition de produire du jeu ?
On sait que cette équipe stéphanoise aime beaucoup avoir le ballon, c’est l’une des trois ou quatre équipes de notre championnat qui a le plus la possession. C’est la philosophie du coach Laurent, je sais que c’est un entraîneur qui prône le jeu, les combinaisons dans les petits espaces pour exploiter les failles de l’adversaire. Je mentirais si je te disais qu’on va jouer la fleur au fusil le tout pour l’attaque. On va d’abord s’attacher à bien défendre mais on sait qu’il ne faudra pas se contenter de défendre.
Quand on aura le ballon il faudra l’exploiter de la meilleure des façons pour porter le danger sur le but de Gautier Larsonneur. Mais c’est sûr que la priorité, c’est de stopper l’hémorragie, d’éviter de prendre ces buts un peu gag qui nous ont plombés les derniers matches. A nous d’être compacts, de répondre à ce que nous proposera Saint-Etienne. On se doute que les Verts vont beaucoup pousser en début de match, sans doute emmenés par une partie du public. Le scénario d’un match n’est jamais écrit à l’avance, il peut y avoir des faits de jeu. Mais en tout cas on ne va pas mettre le bus devant notre cage.
Vous avez perdu jusqu’à la fin de saison votre meilleur élément offensif Julien Magiotti. Comment ressens-tu le poids de son absence ?
C’est vrai que la perte de Julien a été considérable car c’était notre créateur et notre meilleur buteur, il avait déjà marqué 7 fois et il avait délivré plusieurs passes décisives. Il remplissait pas mal de fonctions. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y avait une dépendance envers lui mais Julien était très influent car très efficace dans la zone de finition. Quand il était là on arrivait souvent à mettre un but de plus que l’adversaire. C’est grâce à lui qu’on a réussi à décrocher certains succès.
Ceci étant, on a d’autres joueurs offensifs de qualité dans notre effectif. Des attaquants qui étaient déjà là la saison passée comme Geoffray Durbant, qui a fini 3e meilleur buteur du National avec 19 pions, Kader N’Chobi, un joueur très véloce. Je pense aussi à Zak Naidji, qui nous a rejoints cet été en provenance de Pau. Il a mis deux doublés cette saison, le premier lors de la première journée à Bastia et le second à la maison contre Metz.
On vient de recruter Simon Elisor, un attaquant qu’on connaît bien car il a brillé la saison dernière avec Villefranche, comme Geoffray il a fini dans les meilleurs buteurs du National (5e meilleur buteur avec 17 pions, ndp2]. On a aussi recruté le milieu de terrain Antonin Bobichon, qui est capable de mettre des buts et des passes décisives. Je me souviens qu’il avait fait une grosse saison avec Nîmes en Ligue 1. Geoffray et Simon se sont vite fondus dans le groupe, ils sont prêts à jouer.
Quel regard portes-tu sur le recrutement stéphanois effectué cet hiver ?
J’ai le sentiment que l’ASSE a obtenu trois vrais renforts. Tout le monde connaît les qualités de buteur de Gaëtan Charbonnier, on sait que Gautier Larsonneur est un bon gardien et qu’il a fait une grosse première partie de saison avec Valenciennes. Quant à Dennis Appiah, c’est un défenseur de qualité. Je le connais bien car on est de la même génération 92. J’ai joué avec lui en équipe de France des moins de 16 ans et des moins de 17 ans. Et il était le capitaine de l’équipe de Monaco qui nous a battus aux tirs un but en finale de la Coupe Gambardella en 2011.
J’ai eu l’occasion de recroiser Dennis récemment lors d’un match amical qu’on a joué à la mi-décembre contre Nantes à la Beaujoire. On aura l’occasion de se retrouver à Geoffroy du coup ! J’aime bien Dennis, aussi bien humainement que sportivement. C’est vraiment un bon défenseur, un bon relanceur. Il est bon sur l’homme. C’est un garçon qui a une grosse expérience de l’élite, que ce soit en Belgique avec Anderlecht ou en France notamment avec Nantes. Je pense que Dennis va beaucoup apporter à cette défense stéphanoise.
Avant même ces trois renforts, personnellement je trouvais que Saint-Etienne avait déjà un bel effectif sur le papier. On va dire que ça fait trois valeurs ajoutées en plus. Après, ces joueurs débarquent dans un contexte particulier, dans un club qui performe moins que là où ils étaient auparavant. Ils vont devoir s’adapter à leur nouvel environnement, à cette pression stéphanoise. Ce n’est pas la même chose de jouer pour d’autres clubs que de jouer pour Saint-Etienne, il faut bien intégrer ça. Ils sont venus pour le maintien dans un premier temps. Jouer le maintien, ce n’est pas la même chose que jouer le haut de tableau ou la Coupe d’Europe.
Ton prono pour ce Sainté-Laval ?
Écoute, lors de mes deux précédents matches contre Sainté, je t’avais donné mes pronos, ils étaient positifs pour nous et j’avais perdu derrière… Donc cette fois-ci je ne vais rien dire, je ne ferai pas la même erreur (rires). Je vais m’abstenir. Tu sais, à tout âge, on apprend de ses erreurs ! Je suis un ancien Vert qui a muri avec les différences expériences que la vie nous fait vivre. En tout cas je me réjouis de revenir à Geoffroy-Guichard.
Dommage qu’il n’y ait pas tous les supporters, ça aurait été mieux avec des kops pleins, des tifos, des chants et tout. J’ai des amis au sein des groupes qui sont dans les kops, on discute de temps en temps de la situation. Je ressens leur frustration, leur incompréhension voire leur colère. La vente devait se faire mais depuis le temps qu'on en parle n’a toujours pas eu lieu, les résultats sont décevants alors que l’ASSE a un des plus gros budgets de L2.
Je peux comprendre le combat des supporters. Saint-Etienne doit s’appuyer sur ses supporters. Le Chaudron, c’est fantastique quand on le sent bouillonner, quand tous les supporters poussent. Ce 12e homme, ça ne peut être que du positif. A contrario quand les supporters ne sont pas avec vous ça peut être compliqué...
De nombreux supporters des Verts considèrent qu’il n’y a plus rien à espérer de ce club tant que Nanard et Roro seront à sa tête. Tu partages ce point de vue ?
C'est vrai qu'il n'y a toujours pas de changement à la tête du club mais il y a eu des changements au niveau du sportif, tout le monde a accueilli positivement l’arrivée de Laurent et les nouvelles missions confiées à Loïc. Je considère que les choix du coach et du directeur sportif ont été bons. Tous les deux connaissent bien la maison, s’entendent très bien. Mais on se rend compte que dans ce club le mal est plus profond que les résultats sportifs.
Est-ce que ça passe par un changement de présidence ? Probablement, mais je pense que des personnes sont plus aptes que moi à répondre à cette question. Ce qui est sûr, c’est que ça fait des années que le club va mal et qu’il y a des problèmes à Saint-Etienne. Les supportent ciblent beaucoup les deux présidents actionnaires, ils ont certainement une part de responsabilité. Après, ce ne sont pas eux qui jouent sur le terrain… Les torts sont sans doute partagés.
Merci à Pierrick pour sa disponibilité