David Guion nous présente l'attaquant Nathanaël Mbuku, officiellement prêté à son tour sans option d'achat par Augsbourg à Saint-Etienne, où il retrouve donc Irvin Cardona.
David, tu connais très bien Nathanaël Mbuku pour l’avoir lancé en pro et entraîné deux saisons au Stade de Reims.
Oui, c’est un garçon que je suis allé chercher très tôt à Clairefontaine quand je m'occupais de la formation au Stade de Reims. Il a franchi toutes les étapes de la formation et je l’ai fait débuter assez tôt en L1, dès l’âge de 17 ans, lors d’une victoire 2-0 au Vélodrome l’été 2019. C’est un garçon qui s’est toujours mis au niveau. Il a été surclassé dans tout ce que l’on fait et à chaque fois il a répondu à nos attentes. A chaque fois il a performé, c’est pour ça qu’il a eu sa chance avec les pros. Sa première saison en équipe première, il a fait une bonne dizaine d’apparitions en L1 : je le faisais souvent entrer en jeu et je l’ai titularisé deux ou trois fois. La saison d’après, il a joué plus d’une trentaine de matches dans l’élite, quasiment tous comme titulaire.
Comment le décrirais-tu ?
C’est un garçon qui a une très bonne mentalité, déjà, et puis qui travaille. Nathanaël est un garçon qui a besoin de jouer, d’avoir du rythme. Il a cette qualité sur le poste offensif de contrepied. Il est dans le déséquilibre individuel. Nathanaël est très bon dans les petits espaces, dans le jeu combiné. Il doit tout simplement progresser dans tout son travail de finition. Avec moi il a mis quatre buts, sa seconde saison.
Je crois qu’il en a mis deux autres la saison d’après [sous les ordres d’Oscar Garcia, ndp2]. C’est un vrai axe de progression pour Nathanaël. Mais il est très solide sur le bas du corps, sur ses jambes. Il est capable d’orienter le jeu sur des prises de balle. Pour toutes ces raisons-là, c’est un garçon qui jouait régulièrement. Et surtout, Nathanaël n’hésite pas à prendre des responsabilités malgré son jeune âge.
C’est quoi son poste ? Tu l’utilisais comment ?
En fait Nathanaël peut jouer sur les trois postes offensifs : à droite, dans l’axe et puis à gauche. Moi je l’utilisais un peu plus à droite, voire en dix, pour qu’il puisse rentrer sur son pied gauche. Nathanaël va vite sur les premiers mètres, il est très véloce et très vif. Mais il manque encore de puissance pour mettre encore plus de verticalité dans ses débordements. C’est pour ça que je préférais l’utiliser en dix ou sur le côté pour s’ouvrir sur le jeu. En tout cas c’est un garçon qui a une vitesse d’exécution très intéressante. Il est très technique, il a des arguments.
Ça reste un jeune garçon. Est-il attentif, respectueux et professionnel dans son approche du métier de footballeur.
Tout à fait. C’est un garçon à l’écoute et qui travaille beaucoup. Il n’a jamais raté un entraînement avec nous. Il n’était jamais blessé, il bossait et il était récompensé. C’était un plaisir pour moi de l’entraîner. J’ai bien sûr continué de suivre son parcours quand notre collaboration s’est arrêtée. Il a pas mal joué la saison après mon départ mais je crois qu’ensuite il a malheureusement eu des problèmes contractuels. Il arrivait en fin de contrat.
Il a eu des discussions qui n’ont pas abouti avec son club formateur. Derrière il a été libéré et il a rejoint Augsbourg il y a un an mais il n’a quasiment pas joué là-bas. Pourtant, je pensais vraiment que le football allemand pouvait lui convenir. Malheureusement son temps de jeu là-bas a été très faible, je ne suis pas capable de dire pourquoi. J’aurai certainement l’occasion d’en discuter avec lui.
Que t’inspire le fait de le voir débarquer à l’ASSE, un club que tu connais très bien pour y avoir travaillé de 2003 à 2008 ?
C’est une très bonne pioche pour l’AS Saint-Etienne. Un club qui aspire à retrouver la Ligue 1 récupère un joueur de Ligue 1. Il a déjà joué 70 matches de L1 alors qu’il a quitté le championnat de France depuis un an et qu’il n’a pas encore 22 ans |il les aura le 16 mars, ndp2]. Récupérer un joueur de cette qualité-là, c’est une très bonne chose pour les Verts. Il fait quand même partie des 2002 ayant fait à l’époque le plus de matches en France voire en Europe. Sa carrière a été un peu ralentie depuis une année mais c’est un garçon qui a déjà beaucoup de matches en pro à son actif. Nathanaël compte aussi pas mal de sélections dans les équipes de France de jeunes.
Nathanaël va amener beaucoup de déséquilibre, beaucoup de choses. Je suis convaincu qu’il va arriver à Sainté en étant déterminé à apporter toute sa vivacité et sa vélocité. Nathanaël, c’est un vrai footeux ! Il a un très bon pied gauche et est capable d’utiliser son pied droit. J’aurai l’occasion de le revoir très prochainement car je crois que l’Estac vient à Geoffroy-Guichard le 12 février lors de la 24e journée.
Tu viendras dans le Chaudron en mode remontada, tant que concurrent pour la montée ? Ou dans le cadre d’une opération maintien ?
Pour l’instant, en toute honnêteté, je me dois d’être hyper réaliste et pragmatique. On a certes attaqué l’année 2024 par une victoire contre Ajaccio mais on est 14e. On a 23 points, soit 4 de plus que le premier relégable. On connait tous les difficultés de la Ligue 2, il faut s’éloigner de la zone rouge. Ce n’est pas de la fausse modestie ou quoi que ce soit mais c’est vraiment le chantier présentement.
Revenons à Nathanaël pour boucler notre entretien. Quand tu l’as côtoyé, il avait de la personnalité ou c’était plutôt un petit jeune un peu effacé et intimidé ?
J’ai le souvenir d’un garçon qui a été d’emblée très à l’aise dans le collectif. Il s’était très rapidement adapté au vestiaire des pros. Je me souviens que c’est lui qui lançait le cri de la victoire. Nathanaël n’est pas quelqu’un de timide et d’effacé, c’est quelqu’un de très jovial, de très agréable, de très souriant. C’est vraiment un plaisir d’être avec lui dans un collectif, dans un vestiaire.
Merci à David pour sa disponibilité