Buteur en 2009 sous le maillot vert en banlieue, Kévin Mirallas (37 ans) s'est confié à Poteaux Carrés avant le 125e derby programmé ce dimanche soir en clôture de la 11e journée de L1.
Que deviens-tu Kévin ?
Écoute, ça va bien. Comme tu l’as dit, je suis un peu le Romain Hamouma de l’Union Saint-Gilloise ! (sourire) J’entraîne les joueurs offensifs de ce club mythique aussi, historique ici en Belgique. Il a gagné 11 fois le championnat [les 7 premières fois avant la première guerre mondiale, les 4 autres dans l’entre-deux guerres ndp2]. Depuis 2 ou 3 ans il a retrouvé les sommets, le club a fini 2e en 2022 et la dernière saison, le club a remporté la Coupe de Belgique il y a 6 mois. Cette saison c’est un peu difficile mais il faut dire que chaque année on perd nos meilleurs joueurs et il faut renouveler l’équipe. On est distancé en championnat [10e à 15 points du leader Genk après 13 journées, ndp2]. On joue cette saison la Ligue Europa, on a fait match nul contre la Roma ce jeudi. Ce dimanche on reçoit le leader Genk mais à mon avis ce n’est pas pour ce match-là que tu m’appelles ! (rires)
Effectivement, de mémoire ce soir-là il y a autre match qui retiendra davantage notre attention !
LE derby ! J’ai eu la chance d’en jouer avec les Verts. Le premier, c’était à Lyon. Je m’en souviens comme si c’était hier. Sur une contre-attaque [initiée par la mythique chute de Frédéric Piquionne, ndp2], Paulo Machado transmet le ballon à Dimitri Payet, qui glisse mais s’arrache pour me donner le ballon, je mets un petit piqué devant Hugo Lloris et ça finit au fond. Un des mes meilleurs souvenirs stéphanois si ce n’est le meilleur ! Je mesurais pleinement ce que représentait le derby pour le club, pour les supporters. Une des premières choses dont on m’a parlé quand j’ai signé à Sainté, c’est cette rivalité avec Lyon. Les gens que je croisais dans la ville, près de chez moi ou quand j’allais faire les courses, me parlaient du derby.
Je savais que ce match est vraiment particulier, pour les Stéphanois comme pour les Lyonnais. Marquer là-bas m’a procuré une grande joie. Cela reste un bon moment même s’il y avait sans doute moyen de repartir avec les 3 points. On a joué plus d’une demi-heure en supériorité numérique suite à l’expulsion de Piquionne. Je me souviens que Lyon a égalisé sur un coup franc de Juninho mais que l’arbitre avait oublié un penalty sur Ilan. Ce match nul à Lyon restait malgré tout un bon résultat car à l’époque on était vraiment mal en championnat, on a d’ailleurs assuré le maintien seulement la dernière journée. L’OL, de son côté, était dans le trio de tête et avait une grosse équipe.
Je garde d’excellents souvenirs de ce derby, de la ferveur des supporters. C’était l’époque où ils avaient le droit de se déplacer à Lyon, ils avaient débarqué en masse à Gerland. L’explosion de joie dans le parcage, c’est quelque chose dont je me souviendrai toujours. C’est aussi pour ça qu’on joue au foot, pour rendre fier nos supporters. Marquer dans le derby, chez « l’ennemi », c’est forcément un moment particulier. Rien que pour ça je garde de bons souvenirs de mon passage à l’ASSE. Après, pour être honnête, ça n’a pas été mes meilleures années footballistiques. Mais j’ai beaucoup appris de mes deux saisons en vert. Elles m’ont servi après pour jouer au plus haut niveau. C’est pour ça que je ne regretterai jamais ce passage-là.
Tu as joué ton deuxième derby dans le Chaudron 9 mois plus tard.
Oui, l’ambiance à Geoffroy-Guichard était assez impressionnante, plus forte que celle que j’avais connue lors du premier derby à Gerland. Un derby dans le Chaudron, ça fait un de ces bruits ! Je me souviens que j’avais joué à gauche, ce qui était rare à Saint-Etienne car j’évoluais souvent à droite. C’était un gros match, assez costaud. Il y avait eu des occases de chaque côté mais au final on avait perdu 1-0. Bafé, qui jouait avec nous la saison précédente, nous a fait très mal ce soir-là. Il est entré en jeu et c’est lui qui a marqué l’unique but de ce derby à 10 minutes de la fin. Il a exulté après avoir été conspué par une bonne partie du public stéphanois.
C’était électrique, très, très chaud. Jouer ces derbys, ça te forge le caractère. Ça m’a permis de me familiariser avec les ambiances grecques. Quand j’ai joué des derbys en Grèce contre le Pana devant 70 000 personnes, ça ne m’a pas choqué. Ce Sainté-Lyon m’a beaucoup aidé à préparer ce genre de rencontres. C’est pour ça que je dis toujours que Saint-Etienne a été un tremplin pour moi. Même si ça ne s’est pas très bien passé, j’ai appris beaucoup de choses chez les Verts.
Tu as pris part à un 3e et dernier derby sous le maillot vert. T’en souviens-tu ?
J’ai un peu honte mais non, tu peux me rafraîchir la mémoire ?
C’était en mars 2010 à Gerland, on a fait 1-1. Manu Rivière, qui avait manqué l'immanquable en début de match, a ouvert le score de la tête sur une passe de Gonzalo Bergessio mais Lisandro Lopez a profité de la sortie sur blessure de Loïc Perrin pour égaliser à 10 minutes de la fin. T’es entré en jeu juste après à la place de Bergessio.
Ah oui, ça me revient maintenant ! C'était encore un derby très serré. Jérémie Janot nous avait sauvés plusieurs fois mais on avait eu aussi des opportunités de mettre un second but.
La légende dit que c’est la magnifique grecque que t’as vu dans le parcage stéphanois ce soir-là qui t’a donné envie de rejoindre l’Olympiakos. Tu confirmes ?
(Rires) Non mais c’est lors de notre double confrontation avec l’Olympiakos en Europa League que je me suis fait repérer par ce club. Ils ont essayé de me débaucher dès la fin de ma première saison stéphanoise mais finalement après ma seconde saison avec les Verts que suis parti là-bas. Pour revenir à la grecque des supporters stéphanois, c’est vrai que j’aimais beaucoup l’animation que les supporters des Verts mettaient en tribunes, à la maison comme à l’extérieur. Et je trouve ça dommage qu’ils soient interdits de déplacement pour ce derby depuis plus de 10 ans maintenant. Pareil pour les supporters lyonnais à Geoffroy. Il manque un truc dans un derby quand les supporters adverses ne sont pas là.
Tu as atteint le vilain total de 69 matches sous le maillot vert mais le beau nombre de 42 titularisations. Hélas Kévin Mirallas, t’as eu du mal à régler la mire à l’ASSE : seulement 5 buts ! Pourquoi t’as été aussi peu prolifique avec Sainté alors que t’as dépassé la barre des 30 pions avec l’Olympiakos puis à Everton ?
Y'a plusieurs explications à mon avis. D’abord, j’étais un jeune joueur quand je suis arrivé à Sainté. Je n’avais que 20 ans. C’était mon premier transfert hors du cocon familial où j’étais à Lille. Là-bas je sortais du centre de formation, tout était fait pour que je me sente bien. Les jeunes Dogues étaient fort chouchoutés, on les aidait beaucoup à s’épanouir. Et puis, il faut dire ce qu’il y est, la pression n’est pas la même. Jouer pour Lille et jouer pour Saint-Étienne, ce n’est pas du tout pareil en termes d’exigence des supporters, de ferveur des supporters, etc. Je pense que je n’étais pas préparé à ça et je ne me rendais pas compte de la chose. J’avais 20 ans, je profitais de pas mal de choses, j’étais un peu distrait. Je manquais un peu de maturité. Toutes les erreurs que j’ai faites là-bas m’ont servi après. Ça a forgé mon caractère et ma façon de voir le foot.
Il faut dire aussi que t’es arrivé blessé à Sainté et que t’as raté les 8 premières journées…
Effectivement, j’étais avec l’équipe olympique de Belgique aux JO de Pékin l’été 2008, je me suis blessé et je suis rentré à Lille. La blessure était plus profonde que ce qu’on pensait. Quand j’ai signé à Sainté, le docteur a révélé ma blessure mais le club a quand même décidé de me faire signer. Je devais me soigner, ce n’était pas insurmontable. Quand je suis arrivé, je suis resté 2 mois sur la touche. J’ai fait ma première apparition avec les Verts seulement à la mi-octobre, lors d’un match perdu à Nantes.
Les deux mois où j’étais indisponible, il y a eu beaucoup de mauvais résultats. Je me souviens qu’une fois les supporters mécontents sont venus au centre d’entraînement, moi j’étais toujours blessé. Ils m’ont apostrophé en me balançant : « Qu'est ce que tu fous ici ? T’es venu en vacances ? » Je me suis dit : « Purée, où j’ai mis les pieds ?! » J’ai fait quelques matches et puis Laurent Roussey s’est fait virer. Je me suis dit : « je suis dans un nouveau club où en fait il n’y a rien qui fonctionne. » Le nouveau coach, Alain Perrin, est arrivé. Il m’a fait jouer directement sur un côté alors que je n’avais de ma vie occupé ce poste.
J’ai dû apprendre à évoluer à ce nouveau poste, ce n’était pas simple. Finalement j’ai davantage joué sur un côté que dans l’axe par la suite dans ma carrière. Comme quoi le coach à l’époque avait vu juste, c’est juste qu’il fallait que je prenne confiance en moi et que je me sente à l’aise dans le positionnement, que je sache jouer le long de la ligne et entre les lignes. On ne peut pas dire que j’ai réussi à Sainté mais j’ai passé de bons moments là-bas, c’est ça le pire ! On avait un bon groupe, qui vivait bien ensemble, c’est juste que ça ne tournait pas. Sur le papier on avait quand même une grosse équipe.
Que ce soit avec Blaise Matuidi, Dimitri Payet, Bafé Gomis, Ilan, Paulo Machado sans oublier bien sûr Loïc Perrin, on a passé de très bons moments. C’est notamment pour ça que j’ai toujours gardé un œil sur les Verts depuis que j’ai quitté le club en 2010. Il y a 4 ans, j’ai failli faire mon retour à l’ASSE, j’aurais pu venir en janvier. Loïc était déjà directeur sportif. Mais j’ai senti que c’était compliqué, et puis de toute façon il y avait encore Romeyer. Je me suis dit : « un deuxième passage, c’est pas évident. Déjà que le premier n’était pas top. Si je reviens, il fait faire ça bien et qu’on soit tous en phase. » Mais je n’ai pas senti que c’était réciproque.
On a démarré notre échange par ton but en banlieue contre les vilains. Te souviens-tu des 4 autres buts inscrits sous le maillot vert.
Je me souviens de 2 autres buts en particulier. Le premier que j’ai mis sous le maillot vert, évidemment. Parce que c’était le premier, parce que c’était en Coupe d’Europe, contre Rosenborg. Et parce que c’était à la maison et que c’est trop bon de marquer dans le Chaudron ! Yohan Benalouane m’avait fait une super passe, j’avais éliminé le gardien avant de marquer devant le Kop Nord le but du 3-0. On avait fait une grosse rencontre. Marquer avec les Verts en Coupe d’Europe, quand on sait tout ce que ça représente dans l’histoire de ce club et du football français, c’est quelque chose de magique ! J’étais très content.
C’est d’ailleurs un autre but marqué à Geoffroy-Guichard que j’ai aussi en mémoire. C’était la même saison, le dernier match du championnat contre Valenciennes. On devait gagner pour se maintenir en Ligue 1. Quand j’ai signé à l’ASSE, je ne m’attendais pas du tout à devoir jouer la survie du club à la dernière journée. Depuis mes débuts en pro à Lille, je n’avais jamais connu ça, on avait terminé dans les 6 ou 7 premiers. Jouer le maintien, c’était nouveau pour moi.
Ce match contre Valenciennes, pour moi, c’est une fierté. Le club était en grosses difficultés, jouait sa peau dans l’élite et j’ai répondu présent. J’ai failli ouvrir le score sur une frappe enveloppée qui finit sur l’équerre, je m’arrache pour centrer sur le premier but de la rencontre que met Ilan, je mets le dernier devant le kop Sud sur un centre de Bafé. On avait la pression, c’était logique. Pendant toute la saison, les supporters venaient tous les jours pour faire le 12e homme mais les résultats ne suivaient pas.
Ce dernier match, on est parti au vert plusieurs jours. On savait qu’il n’y avait pas le choix, il fallait absolument gagner. Quand tu joues à la maison dans un tel contexte, tu sais que l’ambiance peut vite tourner au vinaigre si l’adversaire met le premier but. On avait le couteau entre les dents, il ne fallait plus se cacher. C’est là à un moment donné où tu vois la personnalité des joueurs. Je me souviens aussi d’un but que j’ai marqué à Lens dès la première minute mais on avait perdu à Bollaert ce quart de finale de Coupe de France.
J'ai mis un autre but en championnat et à l'extérieur je crois. Contre quelle équipe déjà ?
Au Havre, sur une passe de Stathis Tavlaridis.
A oui, c'est ça !
Tu as joué plein de derbys, notamment des Lens-Lille, des Olympiakos-Panathinaikos, des Liverpool-Everton… A quel niveau tu situes le derby Sainté-Lyon ?
En termes d’ambiance, je placerais ce derby en top 2 derrière Olympiakos-Panathinaikos. Ce derby grec, c’est deux ou trois échelles au-dessus dans le sens où la rivalité est vraiment exacerbée et met aux prises des fanatiques. Quand on arrive au stade, le bus n’a plus de vitres. On rentre sur le terrain, ils jettent des fléchettes, des pierres. C’est une tout autre atmosphère encore que Saint-Etienne-Lyon. Attention, il y a une grosse rivalité entre les Stéphanois et les Lyonnais, c’est chaud, mais je ne me suis jamais senti en danger quand on affrontait l’OL avec Sainté. Par contre quand on jouait sur le terrain du Pana avec l’Olympiakos, je ne me sentais pas à l’aise s’il fallait tirer un corner. Sainté-Lyon, je le mets en top 2 car il y avait de la ferveur et de l’intensité des 2 côtés. Liverpool-Everton, dans l’intensité, ce serait le derby numéro 1 mais dans l’ambiance, ça reste calme par rapport aux derbys que j’ai connus sous le maillot vert et en Grèce.
Tu le sens comment le derby de ce dimanche ?
Sur le papier, Lyon est meilleur. L’OL a un meilleur effectif, de meilleurs joueurs. Je trouve que l’ASSE s’est un peu loupée en ayant trop gardé l’effectif de Ligue 2 après la remontée. On sait que le gap entre la Ligue 2 et la Ligue 1, il est énorme. Mais ça commence à aller mieux pour les Verts. Peut-être qu’il fallait un peu de temps aux joueurs pour prendre leurs marques. Ils ont su gagner 3 de leurs 4 matches joués à Geoffroy-Guichard. A l'extérieur, ils ont plus de mal jusqu'ici. Ils en ont pris 4 à Brest et à Angers, 8 lors de ce cauchemar à Nice. A Nantes ils ont le mérite de remonter un handicap de 2 buts mais ne sont pas passés loin du 3-0. Ça va être compliqué pour Sainté ce dimanche en banlieue mais j’ai confiance. C’est dans un derby qu’on voit le caractère des joueurs et je pense que les Verts ont du caractère !
J’ai déjà beaucoup échangé avec Dylan Batubinsika, avec qui j’ai joué il y a 5 ans à Anvers. J’avais discuté pas mal avec quand il avait signé à Sainté, je lui ai dit que j’étais content pour lui et je lui ai expliqué un peu comment ça se passait. Bien sûr, Lyon est favori dimanche. Ça fait mal de le dire mais il faut être honnête. Après, on voit que cette équipe lyonnaise souffle le chaud et le froid, rate parfois une mi-temps. Il lui arrive aussi d’avoir du mal à tenir un résultat dans le temps additionnel. On l’a vu lors de sa défaite contre l’OM et pas plus tard que jeudi soir à Hoffenheim. Et dans un derby, on sait que ce n’est pas toujours le favori qui gagne. Un derby, c’est comme une finale, ça se ne joue pas, ça se gagne. Allez les Verts !
Qui sait, peut-être Lucas Stassin marquera à cette occasion le but de la victoire ! As-tu échangé avec ton jeune compatriote avant sa signature à Sainté ?
Pas directement avec Lucas mais avec son papa, qui via un très bon ami à moi m’ a demandé des conseils sur le club, la ville, l’environnement, le fonctionnement… J’ai dit tous les points positifs et les quelques points négatifs. Quand ça marche, c’est magnifique. Mais quand ça ne marche pas, ce n’est pas agréable et pas facile à vivre à Sainté. Mais ça fait partie du job. En ce qui concerne le fonctionnement, je leur ai dit qu’il y avait eu beaucoup de changements depuis mon époque. Ce ne sont plus les mêmes présidents. Pour les joueurs qui sont maintenant à l’ASSE, ça doit être beaucoup plus sain que ce qu’on a connu dans le passé...
Moi avec Romeyer, c’était très compliqué. Il ne me voulait pas mais il n’a jamais osé le dire ouvertement. Bon, ça fait partie du football. C’est Caïazzo et Laurent Roussey qui me voulaient absolument. Mais je sais que Romeyer trouvait que j’étais cher, il avait d’autres idées. Je sais un peu le jeu qu’il jouait avec les supporters. Disons que ça ne m’a pas aidé mais c’est de l’histoire ancienne tout ça, on ne va pas revenir là-dessus. C’est plus intéressant de parler de Lucas. C’est un joueur qui a énormément de qualités. Il ne faut pas oublier que c’est un jeune joueur, qui a vécu la saison dernière sa première expérience en première division.
Il a fait des bouts de match où il a été très bon et puis il s’est blessé. Il est donc resté très longtemps sur le côté. Mais ce début de saison il est revenu, il a joué titulaire et là il a tout explosé en quelques matches. Il se projetait pour faire une saison pleine ici en Belgique dans un club très familial, très calme. Mais quand Sainté est arrivé, il ne pouvait pas dire non. Lucas a donc quitté Westerlo pour Saint-Etienne. Je pense qu’il faut être patient avec lui. En Belgique, c’est un joueur qu’on pense voir à l’avenir jouer avec les Diables Rouges.
Lucas a montré de belles choses avec les Diablotins, il a notamment mis un doublé en Ecosse et il va faire les barrages pour l’Euro Espoirs après le derby à Lyon. Il lui faudra passer ce cap. Je sais que Saint-Etienne est un endroit difficile où les gens sont très exigeants. Il faut que Lucas soit fort mentalement. Même s’il ne l’a pas encore montré à Sainté, il a vraiment le sens du but, sait bien se placer et conclure les actions. Il sent bien les coups, ça m’étonne qu’il n’ait pas encore marqué sous le maillot vert mais il faut le déclic.
Quand il a signé à l’ASSE en toute fin de mercato, Sainté venait de perdre lourdement son 3e match en autant de journées de championnat. Lucas a débarqué dans un club qui était dans une situation très compliquée. Il y a quelques similitudes avec ce que j’ai connu là-bas d’ailleurs ! Il faut le temps qu’il prenne ses marques, ce n’est jamais évident quand t’arrives dans un club comme Saint-Etienne avec toute la passion et pression qu’il y a autour. En plus on l’a acheté 10 millions, on attend beaucoup de choses de lui.
J’ai dit à son père que Lucas devait rester calme, patient, qu’il continue à bosser. OK, il n’a pas encore scoré mais il a montré des choses intéressantes, mine de rien il a déjà fait 3 passes décisives. L’idéal, ce serait qu’il ouvre son compteur buts ce dimanche à Lyon ! C’est tout le mal que je lui souhaite ! Moi c’est ce qui m’a un peu sauvé auprès des supporters. Même s’ils peuvent être à juste titre être déçus de ce que j’ai apporté pendant mes deux années là-bas, ils n’oublient pas que j’ai marqué lors du derby. J’en suis fier !
Quand tu marques avec le maillot vert contre Lyon, je n’irais pas jusqu’à dire que tu bénéficies ad vitam d’un totem d’immunité mais le regard que les supporters ont sur toi change quand même un peu. Je suis lucide, j’ai conscience que mon apport global sur mes deux années a été en-deça des attentes. Les supporters se disent : « c’est une fois qu’il est parti qu’il a flambé, qu’il a enquillé les buts, qu’il a fait une grosse carrière. » J’ai croisé il y a quelques années un fan des Verts qui m’a dit : « Chez nous, tu n’as pas bien marché mais tu n’étais pas un mauvais joueur. Et t’as marqué contre Lyon ! » J’aurais aimé que ça marche davantage pour moi à Sainté, j’aurais aimé rester plus longtemps chez les Verts mais dans le foot il y a parfois des facteurs qui font que tu ne réussis pas dans un club et que tu réussis ailleurs.
Lucas a comme d’autres joueurs a été recruté via la data, le dada de la nouvelle équipe dirigeante de l’ASSE. T’en penses quoi ?
Pour être tout à fait transparent, la data, c’est quelque chose que je n’aimais pas trop. Mais depuis que je suis à l’Union Saint-Gilloise, qui travaille avec des datas, j’ai appris à les connaître, à les analyser, à les regarder. J’ai revu mon jugement, je suis favorable aux datas sous réserve qu’on sache bien les utiliser car les données ne révèlent toujours pas tout. Il faut savoir mixer les données qu’on reçoit avec l’expérience visuelle qu’on a en présentiel. Il faut arriver à combiner les deux. Les datas, ce ne sont que des données, ça ne te donne pas l’assurance que ça va marcher à 100% dans l’effectif où tu vas jouer. Il y a beaucoup de paramètres qu’on ne sait pas contrôler.
Merci à Kévin pour sa disponibilité