Les Verts ont gagné leur troisième déplacement consécutif, au forceps, au bout du temps additionnel...
Les protégés de Laurent Batlles ont fait le dos rond, ont concédé beaucoup de tirs - rarement cadrés - et ont fini par s'imposer en tout fin du match. Un hold-up, un scénario cruel pour leurs adversaires, que les Stéphanois ont aussi subi par le passé. Mais c'est un match dans la continuité des deux précédents, avec une recherche de solidité défensive avant de proposer une vraie animation offensive. Le 11 de départ a été quasiment inchangé par rapport aux deux rencontres précédentes, en 4-1-4-1 :
Seul l'avant-centre a changé, Sissoko étant préféré à Charbonnier. Bloc équipe resserré et bien en place, obligeant les adversaires à jouer long, au dessus, des latéraux qui ne montent quasiment pas, ou en tout cas jamais en même temps... bref, une équipe solide défensivement. A l'heure de jeu, un changement tactique a été opéré, les Verts ont évolué en 4-4-2 / 4-2-3-1. D'abord Charbonnier a remplacé Fomba et s'est positionné en 9 1/2, en soutien de Sissoko. Ensuite, il est resté le seul avant centre et il a eu en soutien Bouchouari pour quelques minutes, puis Lobry en fin de match :
La partie surprenante dans ces changements n'est pas le système tactique légèrement différent, mais l'utilisation de Chambost. Même si son profil est celui d'un meneur de jeu, il est entré à l'aile gauche, pendant que le poste de "10" a été pris par Charbonnier, Bouchouari et Lobry. L'explication vient d'un changement d'animation offensive qui a été effectué en même temps que le passage en 4-2-3-1. Si avant, en 4-3-3, les ailiers mordaient la ligne et se tenaient très loin de l'axe, à partir de l'heure de jeu ils ont commencé à proposer régulièrement des solution dans l'axe. Diarra, puis Chambost, ont aussi pu profiter de l'entrée de Bentayg en latéral gauche, un profil plus offensif que Pétrot, qui a donc pris le couloir libéré par les ailiers.
Voici un exemple avant l'heure de jeu et ce changement d'animation offensive, qui commence avec une relance du gardien. On se concentrera sur le positionnement des ailiers et des milieux relayeurs :
Les Troyens ont effectué un pressing haut et la qualité du jeu au pied de Larsonneur a souvent permis aux Stéphanois de s'en sortir :
Dans cet exemple, il trouve Fomba, qui joue avec Diarra, écarté à gauche. On observe bien comme les trois offensifs stéphanois sont très écartés - ils vont rester comme ça pendant toute l'action, peu importe la circulation du ballon :
Le jeu bascule à droite, passant par Fomba et Bouchouari, jusqu'à Appiah, qui joue de nouveau avec son milieu de terrain :
Ses coéquipiers font des appels coordonnés, Cafaro rentrant et attirant son adversaire direct, Appiah dédoublant et Fomba essayant de se projeter dans l'espace laissé libre par le latéral gauche adverse. Par contre, il vient de très loin, si c'est le relayeur de l'autre côté qui doit faire cet appel, il ne peut pas y être rapidement. Bouchouari joue donc toujours en latéral...
... et le ballon arrive jusqu'à Diarra, collé à la ligne de touche opposée. Il joue en arrière avec Pétrot, le bloc adverse en 4-4-2 est en place et on remarque que Cafaro est complètement excentré à l'opposé, même Appiah est plus à l'intérieur que lui. Le ballon arrive de nouveau jusqu'à Tardieu...
... qui ose enfin une passe verticale dans les 30 mètres adverses. On voit toujours la disposition sur la largeur des ailiers, l'axe est déserté par les Verts. A l'exception de Fomba, qui se propose, reçoit la remise de Sissoko, utilisé en point de fixation, arrive à l'entrée de la surface, mais écrase sa frappe.
Voici un autre exemple, dans la configuration 4-2-3-1 avec Chambost ailier gauche et Bouchouari en "10", qui commence aussi par une relance de Larsonneur :
Via Briançon, Bentayg et Tardieu, le ballon arrive jusqu'à Chambost, sur l'aile gauche. Il rentre dans l'axe et joue avec Moueffek...
... qui monte balle au pied, avant de jouer plus haut avec Bouchouari, qui porte aussi le ballon. Et le positionnement des offensifs stéphanois est complètement différent :
Les deux ailiers sont beaucoup plus dans l'axe, les 5 Verts et 7 Troyens sont très resserrés, laissant libres les couloirs, pour les montées des latéraux. Dans ce cas Appiah à droite, mais pas Bentayg - on reviendra plus tard sur cet aspect. Bouchouari essaie de joeur avec Chambost à gauche, sa passe est mal ajustée...
... mais la transition en contre des Troyens est stoppée nette par Batubinsika, qui intercepte et joue ensuite avec Appiah. Qui redonne le ballon à Bouchouari, qui se retrouve de nouveau face au jeu :
Comme avant, les trois offensifs Cafaro, Charbonnier et Chambost sont tous très axiaux. Bouchouari avance, joue avec son ailier droit et lui propose un une-deux, mais Cafaro choisit de jouer avec Charbonnier. Malheureusement sa passe est dégagée en corner.
Si on veut résumer l'approche offensive stéphanoise, elle a utilisé des ailiers très excentrés pendant une heure de jeu et bien plus axiaux ensuite. Par contre, une consigne très claire a été donnée aux latéraux, ils ne devaient pas monter tous les deux en même temps, même s'ils avaient de l'espace dans les couloirs (dans la dernière demi-heure). Consigne qui n'a plus été respectée dans le temps additionnel :
Cafaro se prépare à centrer - son centre est repoussé par la défense, Appiah (en soutien et très haut) récupère le ballon, le donne à Tardieu, qui le redonne à Cafaro. Son deuxième centre est repris par Moueffek et les Verts s'imposent. Mais si on regarde la présence stéphanoise dans la surface, on trouve l'avant-centre, le "10", un relayeur, l'ailier et le latéral opposés. Bref, les Verts y ont cru jusqu'au bout, ont tout donné et ont été récompensés.
Conclusions
Il est évident que le visage affiché par les protégés de Laurent Batlles ces dernières semaines n'a rien à voir avec celui de la saison dernière et même avec le début de cette saison. Le déséquilibre n'est plus recherché, l'objectif est de ne plus se découvrir, d'encaisser moins de buts - ça fonctionne et ça apporte des points. Ça vient au prix de l'animation offensive, car les attaquants sont très esseulés. Le chantier n'est pas fini pour le staff, mais c'est toujours plus simple de construire sereinement, portés par une série positive, que sous pression.