Il existe parfois des défaites frustrantes, quand il y a la place pour mieux faire - la nouvelle contre-performance des Verts n'en est pas une, car ils ont été largement inférieurs à leurs adversaires...


Une fois n'est pas coutume, le staff stéphanois a fait des choix tactiques forts pour ce match : ne plus utiliser le 4-1-4-1 avec Ekwah la sentinelle qui recule en défense centrale, donc un 5-4-1 en phase défensive (ce qui arrive approximativement 70% du temps en moyenne). Mais démarrer directement en 5-4-1 avec un libéro qui est un vrai défenseur central, Abdelhamid :
 
 
Une vraie défense à 5, avec Appiah et Cornud en latéraux (on n'emploie pas le terme piston pour des joueurs qui ne font que défendre), Pétrot étant utilisé comme défenseur central gauche. Devant eux, une ligne de 4 avec Ekwah placé comme un vrai milieu axial à côté de Mouton, et Bouchouari qui se retrouve excentré en milieu droit.
 
Le 5-4-1 utilisé à Rennes une semaine plus tôt avait péché par une très grande distance entre les lignes et les deux milieux offensifs adverses (dans un 3-4-2-1) avaient été facilement trouvés. Leçon presque apprise par les Verts, qui ont resserré un peu le bloc contre Marseille (aussi dans un 3-4-2-1), mais malheureusement pas assez. Dans un premier exemple en début de match...
 
 
... on voit bien le 5-4-1 stéphanois et les 4 milieux axiaux marseillais, deux devant la ligne des milieux, deux derrière cette ligne. Et les Verts n'ont pas su comment les gérer :
 
 
Les défenseurs et milieux combinent en dehors du bloc des Verts, à l'intérieur duquel les deux offensifs s'y trouvent. Un est pris par Batubinsika, qui sort de l'alignement, pendant que l'autre n'est pris par personne, même si Louis Mouton fait des signes derrière lui pour que ça soit le cas.
 
 
Le jeu est envoyé d'abord vers la droite de l'attaque, dans une tentative de contourner le bloc, et ensuite le ballon revient dans la défense. De nouveau un échange défenseur-milieu...
 
 
... et cette fois-ci c'est Davitashvili, dans la zone d'un milieu offensif, qui demande qu'il soit pris au marquage - Pétrot sort un peu de l'alignement. Les Marseillais continuent de combiner tranquillement dans le rond central...
 
 
... et le jeu est envoyé vers la gauche. Tout le bloc coulisse vers ce côté et les milieux adverses se déplacent pour proposer des solutions :
 
 
Un milieu offensif s'excentre, suivi par Ekwah, un autre milieu fait un appel dans la zone libérée et l'autre offensif se trouve toujours libre entre les lignes, Davitashvili faisant encore une fois un appel de la main pour qu'il soit pris. Le bloc stéphanois se reforme...
 
 
... et ça sert à rien, car la ligne de 4 milieux se fait facilement transpercer, les deux milieux offensifs adverses étant libres devant la défense. Celui à gauche est recherché, Appiah réussi à intercepter et dégager... jusque dans les pieds du deuxième, qui se présente devant la défense. Heureusement, sa tentative de lancer l'avant-centre dans la surface est repoussée par Abdelhamid.
 
Trois minutes plus tard, même style d'attaque marseillaise, avec cette fois-ci les milieux offensifs toujours entre les lignes stéphanoises, mais les deux à droite :
 
 
Toujours cette préparation de l'attaque devant la ligne des milieux stéphanois, et parfois même dans la ligne, pendant que les défenseurs ne savent pas s'ils doivent combler l'espace entre les lignes ou pas :
 
 
Et encore une fois, une simple passe verticale élimine complètement la moitié des Verts, car il y a assez d'espace entre les lignes pour recevoir le ballon :
 
 
5 Marseillais contre 5 Stéphanois, avec une défense qui doit courir vers son propre but et des milieux offensifs qui ont le jeu devant eux et peuvent orienter comme ils veulent :
 
 
Dans cette action le ballon est envoyé à gauche de l'attaque, où le piston adverse arrive lancé, élimine Appiah et entre dans la surface - heureusement, Batubinsika dévie son tir en corner.
 
Il a fallu attendre plus d'une heure de jeu et le deuxième but adverse pour voir des changements tactiques et de joueurs côté stéphanois :
 
 
Si le remplacement de Stassin par Sissoko a été du poste pour poste, une fois Cornud sorti, Pétrot est passé latéral gauche dans une défense à 4. Et comme Aiki est entré à l'aile droite, Bouchouari a glissé milieu axial, à côté de Mouton, puis Amougou, et Ekwah a joué dans un vrai rôle de sentinelle entre les lignes dans un 4-1-4-1 classique.
 
 

Conclusions

 
En conférence de presse après sa 9e défaite en 14 matchs cette saison, Olivier Dall'Oglio explique comment ce match avait été abordé : "le plan initial c’était d’être solide face à cette équipe très technique. De pouvoir récupérer des ballons, je pensais qu’on serait capable d’en récupérer plus que ça et de savoir les bonifier. Pour exister il faudra être beaucoup plus agressifs et plus précis techniquement". Raté, les Verts ont été tout sauf solides, mais c'est difficile à dire ce qui est le plus inquiétant, par contre. Le décalage entre ce qu'il pense que ses joueurs peuvent faire et ce qu'ils font réellement (même si Sissoko explique que "le coach, c'est une idée de jeu qu'il nous demande, on va la laisser au vestiaire. On va essayer d'appliquer ce qu'il demande, tout simplement") ? Ou bien le fait qu'il n'y ait rien de surprenant proposé aux entraîneurs adverses, qui n'ont qu'à placer des joueurs entre les lignes stéphanoises, là où ils sont facilement trouvés et où personne ne défend ?