Sélectionneur de l'équipe de France U18 finaliste de la Coupe du Monde U17 en Indonésie, Jean-Luc Vannuchi revient pour nous sur les performances du milieu de terrain stéphanois Mathis Amougou, élu 3e meilleur joueur du tournoi.
Alors Jean-Luc, content d’avoir pu compter sur notre jeune Mathis pour la Coupe du Monde en Indonésie ?
Oui, content pour lui comme pour nous ! J’avais été déçu que Mathis ne soit pas à l’Euro, il aurait mérité d’y être. Quand il a été disponible et remis de ses blessures, on l’a sélectionné même s’il a eu très peu de temps de jeu avant la Coupe du Monde. On a pris un petit risque par rapport à ça mais on tenait vraiment à avoir Mathis avec nous. On s’est assuré qu’il avait bien récupéré de son entorse de la cheville. Le stage en Suisse nous a convaincu qu’il devait faire partie de l’aventure. On l’a remis en route.
Peux-tu nous rappeler quel a été son parcours pendant ce Mondial ?
Lors de notre premier match contre le Burkina Faso, je l’ai fait entrer juste après la mi-temps et il a fait ce qu’il avait à faire. Mathis a ensuite joué tout le match contre la Corée du Sud, il a été très costaud et a marqué d’une très belle frappe le but de la victoire. L’idée était de ne pas le blesser mais de le faire monter en puissance donc je l’ai juste fait jouer une demi-heure lors de notre troisième match de poule contre les Etats-Unis.
Il a démarré le huitième de finale contre le Sénégal mais j’ai dû le sortir après 35 minutes suite à un choc. Il a pris un impact sévère. On n’a pas été loin du protocole commotion, on a dû lui mettre quatre points de suture. On n’a pas voulu prendre de risque pour la demi-finale contre l’Ouzbékistan, on l’a fait entrer en jeu à 20 minutes de la fin. Il a disputé l’intégralité de la finale contre l’Allemagne et il a été très bon. Non seulement il a été actif et juste dans l’entrejeu mais en plus c’est lui qui a inscrit le but égalisateur.
Quel bilan fais-tu de son tournoi ?
Mathis a apporté ce qu’il devait apporter à la sélection. Il a été récompensé en ayant été élu troisième meilleur joueur de la compétition. Je ne suis pas surpris par ses prestations. C’était un regret de ne pas l’avoir eu à l’Euro mais c’est très bien qu’il ait quand même participé à une belle aventure avec sa génération.
Mathis a été très bon dans la récupération, intéressant dans les transmissions et cerise sur le gâteau deux fois à la finition. Mathis a fait une belle, belle Coupe du Monde. Il est épanoui sur le terrain comme en dehors. Il est parfaitement intégré dans le groupe France, il a d’ailleurs retrouvé en sélection 3 joueurs qu’il a connus à l’INF Clairefontaine : Joan Tincres (Monaco), Mathis Lambourde (Rennes) et Bastien Meupiyou (Nantes).
Tu as fait jouer Mathis un peu plus bas que d’habitude lors de ce tournoi, non ?
Effectivement, lors de cette Coupe du Monde j’ai fait jouer Mathis en sentinelle. Il était un peu surpris au début, on en a parlé. Je savais qu’il pouvait pleinement remplir la mission. Mathis a adhéré et il a été performant. Auparavant je l’utilisais comme un pur 8 qui se projetait. En Indonésie, je voulais qu’il soit devant la défense. Il a la capacité en jouant un peu plus bas de porter le ballon, de casser des lignes, de créer du surnombre.
Tu penses que son avenir dans le foot pro est à ce poste de sentinelle ?
J’en avais besoin à ce poste-là pour la Coupe du Monde mais je lui vois plutôt un avenir en 8, en relayeur. Mathis aime jouer box to box, il adore se projeter devant le but. Il peut être au départ des actions comme à l’arrivée. Il sait apporter du surnombre et être présent dans la surface adverse, on l’a vu sur son but égalisateur lors de la finale contre l’Allemagne.
Quels sont les axes d’amélioration de notre Mathis ?
Je pense qu’il peut s’améliorer dans la prise d’informations pour éviter de recevoir et de ne pas avoir vu avant. Ça éviterait qu’il se retrouve parfois dans des situations délicates. On l’a vu notamment contre le Burkina, quand il a perdu un ballon plein axe. Mathis joue à une position où on ne peut pas se le permettre. Mais tout ça va venir avec le temps, je ne me fais pas de souci pour Mathis. C’est un garçon qui est à l’écoute, qui est bosseur donc je ne suis pas inquiet.
Tu le penses mûr pour jouer avec les pros dès les prochaines semaines, en Ligue 2 et/ou en Coupe de France ?
Ce n’est pas à moi d’en décider. En tant que sélectionneur, il ne m’appartient pas de m’immiscer dans les choix des clubs. Mais je ne serais vraiment pas étonné que Mathis ait du temps de jeu à Saint-Etienne en équipe première d’ici la fin de saison. Ce ne serait pas un étonnement de mon côté. Mais une fois encore, ce n’est pas à moi d’en décider, chacun son rôle.
Merci à Jean-Luc pour sa disponibilité