Les Verts se sont inclinés à Paris au bout du temps additionnel, au terme d'un dernier quart d'heure de folie, avec plusieurs rebondissements.


Les Stéphanois ont su résister pendant plus d'une heure à une équipe à lutte pour le titre et qualifiée pour les demi-finales de la Ligue des Champions. Et leur solidité a été bonifiée par l'ouverture du score à un quart d'heure de la fin - les protégés de Claude Puel ont cru avoir fait le plus dur. Et ça leur a été fatal, comme le souligne leur entraîneur : "On a laissé échapper un gros résultat. On a surtout manqué de concentration après avoir marqué (...) on est un peu sortis du match. Ce sont des erreurs de jeunesse qui se paient cash, on a payé pour apprendre".
 
Même si le sort du match a été décidé lors des 15 dernières minutes, avec 5 buts marqués, la physionomie de la partie jusqu'à ce moment est intéressante aussi. Les Verts ont montré un visage très intéressant d'un point de vue état d'esprit et investissement, répondant présent avec leurs armes à eux, malgré une supériorité parisienne dans plusieurs domaines. Voici quelques exemples.
 
Le choix tactique du staff stéphanois pour ce match a été un 4-4-2 avec la défense et le milieu classiques, Hamouma et Khazri en attaquants et deux milieux excentrés avec un profil défensif, Youssouf et KMP :
 
 
Le bloc équipe a eu du mal contre le 4-3-3 parisien, notamment au milieu, où les 3 adversaires, aidés par un ailier droit très axial, ont pris le dessus, surtout en début de match. Dans cet exemple à la 7e minute, le PSG prépare une attaque sur la ligne médiane. On observe bien le déséquilibre gauche-droite par le positionnement de l'ailier droit dans l'axe, entre les lignes.
 
 
Ça continue à combiner dans la même zone, en dehors du bloc stéphanois, donc les milieux axiaux Camara et Neyou ne peuvent pas vraiment intervenir sans quitter leur ligne, laissant pour Khazri et Hamouma la tâche de récupérer le ballon. Jusqu'au moment où l'attaque est déclenchée :
 
 
Les trois milieux parisiens s'écartent, pour la première fois sur la même ligne. Khazri et Hamouma ne suffisent plus, Neyou sort sur un d'entre eux, laissant derrière lui un adversaire - l'ailier droit - libre entre les lignes. Il est trouvé et le milieu qui a déclenché l'attaque se projette pour être à la conclusions d'un magnifique jeu en triangle. Les deux lignes stéphanoises ont été passées et le latéral droit est libre dans son couloir : il est lancé, mais son centre est repoussé de la tête. 
 
Quelques minutes plus tard, une action similaire avec toujours un ballon travaillé à hauteur de la ligne médiane, en phase de préparation :
 
 
Les Verts sont en place, mais avec un positionnement assez axial des excentrés, KMP dans ce cas surveille un milieu axial parisien. Et comme l'ailier droit se place dans la même zone, le côté gauche du bloc stéphanois est concentré à un endroit, laissant libre le couloir : 
 
 
Le latéral droit est de nouveau lancé libre dans son couloir, son centre est de nouveau repoussé. Les attaques parisiennes ont continué et très souvent elles ont suivi le même schéma : amener le ballon l'axe dans le dos des milieux stéphanois avant de le donner dans un couloir (à droite pour un centre, à gauche pour un débordement).
 
Quant aux Verts, ils ont eu du mal à ressortir proprement de leur camp, la faute à un pressing adverse, mais aussi à une équipe coupée en deux :
 
 
A la 11e minute, les Stéphanois combinent dans leur propre moitié à la recherche d'une passe vers l'avant. Le bloc parisien est haut, avec 6 joueurs dans la moitié adverse et les Verts ont du mal à s'en sortir. La tâche n'est pas facilitée par le positionnement des excentrés, Youssouf et KMP étant sur la même ligne que Khazri et Hamouma, dans la défense. Aucun joueur décroche pour proposer une solution et le ballon est envoyé vers Green, qui joue long à destination de Youssouf. Le ballon est perdu.
 
5 minutes plus tard, une situation similaire, avec le dégagement vers la droite gagné par Debuchy, qui donne le ballon à Neyou...

 
... qui joue avec Moukoudi, qui change de côté. C'est plutôt bien vu, Hamouma est en soutien de Trauco et les deux Stéphanois ont une carte à jouer dans ce couloir. Mais la transversale est mal ajustée et le latéral des Verts peine à garder le ballon dans l'aire de jeu. Il est ensuite obligé de jouer vers l'arrière...


... et le ballon arrive de nouveau dans les pieds de Green. Des Parisiens se projettent immédiatement pour intercepter une passe vers les côtés, mais aucun offensif stéphanois ne décroche pour proposer une solution de jeu court. Green cherche Trauco, mais son dégagement est imprécis et le latéral ne peut que dévier en touche.
 
Il fallait donc plus de précision dans leur jeu long si les Verts voulaient s'en sortir. Et c'est enfin arrivé à la 20e minute :
 
 
Les Stéphanois récupèrent le ballon dans leurs 30 mètres et Hamouma part en contre, mais le jeu est ensuite calmé, la défense adverse étant plutôt bien en place. Le ballon est renvoyé en arrière avec les milieux axiaux... 

 
... et les défenseurs. Cissé et Trauco échangent à nouveau des passes et le premier change de côté avec une longue transversale, très précise. Et cette précision change tout, les Verts sont en supériorité numérique dans un couloir, dans la moitié adverse :

 
Debuchy lance Youssouf en profondeur, qui lui redonne le ballon dans la course. Du jeu très simple, mais efficace, et le capitaine stéphanois a le ballon dans la surface adverse :


Malheureusement, Khazri ne fait pas l'appel au premier poteau pour attirer la défense et libérer le point de penalty pour une passe en retrait à destination d'Hamouma. Le centre de Debuchy dégagé par la défense, mais cette action a été un des tournants du match. Les Verts ont pris confiance et si jusque là ils avaient eu beaucoup de mal avec le ballon, ils ont commencé à être beaucoup plus tranchants. Ils ont toujours subi au milieu quand ils n'avaient pas la possession (trois quarts du temps !), mais ils ont aussi su se montrer dangereux le reste du temps.
 
Et les changements effectués à la pause ont clairement montré les intentions stéphanoises. Les deux milieux excentrés ont été remplacés, du poste pour poste, mais des profils bien plus offensifs, Nordin et Bouanga entrant à la place de Zaydou et KMP :
 
 
Même bloc en 4-4-2 et même animation parisienne, avec des offensifs très axiaux qui libèrent les couloirs pour les latéraux et cette recherche d'une passe vers un joueur entre les lignes, avant de décaler sur un côté, à gauche dans cet exemple. 

 
Le centre est dégagé une nouvelle fois par Cissé et le ballon est récupéré par Hamouma. Qui traverse le terrain en largeur à la recherche d'une solution vers l'avant : 

 
Il s'appuie d'abord sur Debuchy, avant de lancer Nordin dans le couloir droit, où l'ailier stéphanois peut faire parler sa vitesse. Il est accompagné dans ce contre par Bouanga...


... qui est malheureusement trop court pour reprendre le centre de son coéquipier. Mais les intentions des Verts et le rôle des deux entrants sont clairs. 
 
Un autre tournant du match a été la blessure de Debuchy peu avant l'heure de jeu - non seulement l'expérience du capitaine stéphanois a manqué par la suite, mais ses coéquipiers ont eu du mal dans le couloir droit pour le reste du match. Camara a récupéré le brassard de capitaine et la responsabilité de défendre sur M'Bappé, pendant que Moueffek est entré au milieu :
 
 
Aouchiche est aussi entré à la place de Khazri, prenant vraiment la place dans la ligne de deux, laissant les couloirs pour Nordin et Bouanga ou Hamouma. 
 
 

Conclusions

Comme le résume Claude Puel, "ce match s’est joué sur des détails, notamment après les buts qu’on a inscrits". C'est dommage pour ses protégés d'avoir encaissé un but immédiatement après avoir réussi à en marquer, à deux reprises. Un résultat frustrant, qui n'est pas si important d'un point de vu comptable, mais qui peut faire mal à la tête après tous les efforts consentis. Les Verts ont une nouvelle fois montré des vraies valeurs de solidarité, mais aussi de la confiance dans leurs propres forces, même contre des adversaires d'un niveau supérieur. Et c'est sur ce genre de fondations que ce groupe peut se construire. Tout n'est pas à jeter, cette défaite est une expérience qui peut servir pour la suite, à condition bien sûr que son cruel scénario soit bien digéré.