Pas de révolution tactique pour les Verts de Dall'Oglio, mais la série de cinq défaites consécutives en championnat a été interrompue par le nul obtenu à Bordeaux et la victoire contre Bastia...
Pour ses deux premiers matchs (les derniers avant la trêve), le nouvel entraîneur stéphanois a convoqué quasiment le même groupe de joueurs que son prédécesseur (Bladi faisant son apparition car Bentayg est toujours blessé) et a aligné le même système en 4-1-4-1 :
Si à Bordeaux Monconduit a pris la place de sentinelle car Tardieu était suspendu, ce dernier a été titularisé à ce poste 3 jours plus tard, contre Bastia :
Il n'y a pas eu d'autres changements dans le 11 de départ habituel. Par contre, il y a eu des inversions de joueurs - Briançon et Batubinsika en défense centrale, le premier jouant à droite, pas à gauche comme avant. Et surtout sur les ailes, Dall'Oglio semblant préférer les faux-pieds, avec le gaucher Chambost à l'aile droite et le droitier Cafaro à l'aile gauche. D'ailleurs, à chaque fois qu'il est entré en 2MT, le gaucher Diarra a pris le couloir droit.
Même système, même joueurs, mais ça ne veut pas dire que l'approche tactique a été identique pour ces deux matchs, ni forcément la même que pendant la période Batlles. Le nouveau staff stéphanois a plutôt préféré s'adapter à l'adversaire et déjouer son plan de jeu...
A Bordeaux - fermer l'axe
L'objectif était clairement de ne pas prendre de but et ramener au moins un point de Bordeaux, histoire de casser la série des défaites. Et le nouvel entraîneur stéphanois a expliqué la solution pour bloquer le jeu adverse : "c'était pour fermer par l'axe car on a pu observer que Bordeaux l'utilisait beaucoup. Ça a exposé davantage nos couloirs et permis à Bordeaux de centrer mais on a pu les contenir loin du but".
Par exemple, après un quart d'heure de jeu, lors d'une possession bordelaise, on voit bien le positionnement de Cafaro et Chambost, qui resserrent vers l'axe, bas :
Les ailiers adverses jouent à l'intérieur aussi, ce sont les latéraux qui mangent la craie. Ils peuvent donc être trouvés assez facilement - les exemples n'en manquent pas. Mais c'était assumé et la défense prête à gérer ces situations :
Quand le latéral gauche bordelais est lancé dans le couloir, Appiah, au marquage de l'ailier, sort pour bloquer l'avancée, pendant que Briançon coulisse pour couvrir. Même pas une minute plus tard, la même situation se présente...
... avec ce latéral adverse libre dans le couloir. Ce n'est pas un oubli, Chambost tourne la tête pour prendre l'information, mais reste bien dans l'axe. C'est bien vu, car c'est par là que Bordeaux cherche à passer :
L'ailier décroche, Monconduit - sentinelle - couvre. Bouchouari sort sur le défenseur qui a le ballon et c'est Chambost qui prend le milieu axial. Les Verts bloquent l'axe et finalement les Bordelais passent par le côté...
... mais il n'y a pas de décalage créé. Le ballon revient donc vers la défense pour un changement de côté. A l'opposé, la situation est similaire :
Pétrot au marquage de l'ailier, très axial, Cafaro et Moueffek des milieux axiaux, pendant que le latéral droit adverse est seul dans le couloir. Il est trouvé...
... et peut monter un peu avant de centrer, sans danger. Les Verts ont appliqué à la lettre la tactique conçue par leur nouveau staff et ça a payé, même si Larsonneur a dû s'employer à plusieurs reprises pour garder sa cage inviolée.
Contre Bastia - sortir du pressing adverse
Les Bastiais avaient un plan de jeu très clair, basé sur un pressing haut. Leurs trois milieux étaient en marquage individuel du trio Tardieu-Bouchouari-Moueffek et leurs deux attaquants avaient comme mission d'empêcher les défenseurs stéphanois de jouer vers l'avant :
Et de manière systématique, dès que le ballon arrivait à Batubinsika, un adversaire déclenchait un pressing sur lui. Dans cet exemple en début de match, c'est le milieu au marquage de Tardieu qui le fait...
... et continue son effort, car le défenseur stéphanois joue en arrière avec Larsonneur :
Le Bastiais arrive même à contrer le dégagement du gardien, mais heureusement le ballon arrive dans les pieds de Pétrot, qui dégage le danger.
Il a fallu avoir une bonne maîtrise technique et faire les bons appels pour se défaire de ce pressing, ce que les Verts ont réussi assez vite, dès la 5e minute :
Même disposition tactique, marquage individuel au milieu, deux avant-centres prêts à bloquer les passes ou à déclencher un pressing quand Batubinsika reçoit le ballon de Larsonneur :
Le défenseur stéphanois écarte avec Pétrot, à qui on ferme très vite les options - chose assez simple quand les milieux ne sont pas disponibles :
Le jeu repasse donc par Larsonneur, mais une chose importante a changé : suite à sa course entre Batubinsika et Petrot, l'avant-centre adverse est maintenant loin des défenseurs :
Les milieux sont toujours pris en marquage individuel, mais Batubinsika peut monter balle au pied et en même temps Sissoko décroche, offrant une solution de passe :
Il est bien vu par Tardieu, qui montre à son défenseur où il faut jouer. Sissoko est trouvé et il remet à Tardieu - libre car son adversaire direct était sorti bloquer l'avancement du défenseur. Et la passe en profondeur en première intention vers Cafaro est parfaite, le centre de l'ailier stéphanois étant repris de la tête par Chambost, venu du couloir opposé. Les Verts se sont défaits du pressing adverse et ont fait preuve de réalisme.
Conclusions
Même système, (presque les) mêmes joueurs, et pourtant des prestations différentes. Non seulement pour ces deux rencontres, mais aussi par rapport aux derniers mois. Le nouveau staff semble bien lire le plan de jeu adverse et proposer des solutions pour le contrer, sans chercher à tout prix à imposer le jeu, à avoir la maîtrise totale sur le match. Et c'est plutôt bien adapté au groupe à sa disposition qui ne semble pas (encore) capable de dominer son adversaire. Car il y a une constante dans le jeu stéphanois, peu importe l'entraîneur : un mental très friable, les joueurs semblant perdre toutes leurs capacités dans les temps faibles. Et les résultats des Verts en deuxième partie de saison dépendront principalement de cet axe de travail, probablement plus que du mercato d'hiver, qui peut en effet changer le visage d'une équipe, tout comme il peut contenir pas mal d'erreurs de recrutement...