L'entraîneur nîmois Frédéric Bompard nous a livré ses impressions avant de défier les Verts en Coupe de France samedi dès 15h00 dans le Chaudron.


Fred, ton équipe est sur une série de seulement 4 défaites consécutives en championnat alors que Sainté vient de concéder magistralement la 5e. Le Nîmes Olympique arrive donc en favori ce samedi à Geoffroy-Guichard !

Non ! (Rires) J’ai vu effectivement que Sainté s’est incliné pour la 5e fois d’affilée en Ligue 2. Mais les Verts sont bien évidemment plus que favoris pour cette rencontre. Ce qui me paraît normal. Ils jouent chez eux, c’est une équipe ambitieuse de L2. Moi j’ai des garçons qui n’ont pas connu au-dessus du niveau National. J’en ai beaucoup qui jouaient encore la saison dernière en N2, N3 et même en R1 ! Sainté est archi-favori ! Cette équipe stéphanoise a concédé pas mal de défaites ces derniers temps mais à chaque fois c’était face à de très bonnes équipes de L2, bien organisées. On l’a encore vu ce mardi. Bien sûr j’ai regardé ce match pour voir Saint-Etienne mais aussi Guingamp, mon précédent club. Franchement, l’En Avant n’a pas volé sa victoire, c’est solide, c'est bien équilibré et ça joue au ballon.

Dans son histoire, le Nîmes Olympique a vécu de belles épopées en Coupe de France. Si ton club ne l’a jamais gagnée, il est allé 3 fois en finale : en 1958, en 1961 et en 1996. Cette année-là, les Crocodiles ont battu les Verts 3-1 en 16e de finale malgré le but de Patrick Moreau et le remplacement de Jean-François Soucasse. En 2005, Nîmes est allé jusqu’en demi-finale et avait encore éliminé les protégés d’Elie Baup, cette fois en 32e de finale. Les Verts menaient pourtant 2-0 grâce à un doublé de Frédéric Piquionne. Es-tu tenté malgré tout de balancer la Coupe ce samedi ? Ton équipe est relégable en National et reçoit lors de la prochaine journée le GOAL FC, un concurrent direct.

Je ne vais absolument pas balancer la coupe ! Ça reste une compétition officielle. Je te rappelle que pour en arriver-là, on a dû quand même passer trois tours. Certes contre des équipes de rang inférieur. On a d’abord éliminé Pavie.

T’es plus fort que François Ier, t’as su remporter la bataille de Pavie ! Le match a eu lieu en Lombardie ?

(Rires) Non, ce Pavie-là est dans le Gers, on a joué à Auch. On a gagné 7-0 contre cette équipe de R3. Ensuite on a gagné 4-1 à Vauvert, un club gardois qui évolue en R2. Au 7e tour, on a gagné 3-1 à Roanne, autre équipe de R2. On a donc joué 3 fois à l’extérieur et on s’apprête à faire un 4e déplacement. Bon, Vauvert c’est à 15 kilomètres donc ça va. Mais je peux te dire que pour aller à Pavie et Roanne, on s’est tapé un paquet d’heures de bus aller-retour ! Et c’est reparti pour au moins 6 heures car on viendra en bus la veille à Sainté.

Actuellement les Verts, ça vaut Vauvert ?

Ah elle est bonne celle-là ! (rires) Belle allitération ! Sainté est en Ligue 2 que je sache, pas en Régional 2.

Désolé mais parfois j’associe R2 et D2. Mon côté Star Wars peut-être !

Tu es fou en fait ! (rires) Les Verts, c'est beaucoup plus fort que Vauvert !

Nan mais j’ai mal à mes Verts, actuellement ils seraient capables de perdre contre ces diables de Vauvert. T’es sûr que tu ne veux pas balancer la Coupe ?

Je te l'ai dit et je te le répète, je ne la balancerai pas. Comme j’ai eu l’occasion de le souligner en conférence de presse juste après avoir éliminé Roanne, on n’ira pas à Geoffroy-Guichard en victime expiatoire. On sait que l’adversaire nous est supérieur. On sait aussi qu’il peut se passer plein de choses dans un match de Coupe.

Tu vas quand même faire tourner ton équipe en vue du match contre GOAL FC ou tu vas aligner ton équipe la plus compétitive possible dans le Chaudron ?

On va dire que je vais faire un mixte des deux.

Tu t’attendais à ce que les Verts concèdent autant de défaites cette saison ?

Absolument pas ! Mais tu sais, le football, ce n’est pas compliqué. Enfin, ce n’est pas compliqué… Disons qu’il ne faut pas oublier que ce sont les joueurs qui jouent. Ce sont les joueurs qui font les résultats. A partir du moment où tu perds tes deux meilleurs joueurs, Niels Nkounkou et Jean-Philippe Krasso, forcément tu t’affaiblis. Le problème de Saint-Etienne aujourd’hui, il est là. Moi j’adorais ces deux joueurs, d’ailleurs j’ai eu Niels à Marseille. Avec Krasso, c’était très, très bien. Après, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Est-ce que Saint-Etienne n’a pas fait le nécessaire pour les garder, je n’en sais rien. Je dis ça, je dis rien mais je pense que s’ils les avaient eus cette saison, les Verts n’auraient pas les mêmes résultats en ce moment.

Sainté-Nîmes, c’est une belle affiche sur le papier mais franchement, actuellement, ces deux clubs font tirer peine. Verts et Crocos sont très loin de leur lustre passé. De ton côté tu dois en outre faire front dans des conditions de travail loin d’être optimales. Tu ne te dis pas parfois « que diable suis-je allé faire dans cette galère ? » Tu n’as pas trop de mal à vivre le décalage entre ce qu’est le Nîmes Olympique aujourd’hui et ce qu’il était du temps de sa splendeur ?

C’est exactement ce que j’ai dit après notre dernier match perdu samedi sur le terrain du Red Star. Il faut dissocier le nom prestigieux, ce que représente le Nîmes Olympique dans le football français du niveau de notre équipe qui va devoir se battre pour se maintenir en National 1. Sur un effectif de 22 joueurs de champ, plus de la moitié jouait en N2, N3 ou R1 la saison passée. Les autres, c’est niveau National. Nous, l’année dernière, on a perdu 17 garçons. On a refait un effectif avec des moyens très limités.

C’est pas frustrant de devoir te débattre pour essayer de sauver les meubles, d’éviter une nouvelle relégation du Nîmes Olympique ?

Ce n’est pas évident mais j’essaye de tout mettre en œuvre pour qu’on s’en sorte et qu’on rebondisse. Il n’a pas si y a pas si longtemps, on était à deux doigts de la deuxième place. C’était avant de recevoir le dernier du championnat qui était Épinal lors de la 12e journée. On avait perdu jusqu’alors qu’une seule rencontre, on avait gagné 3 matchs d’affilée, on avait aussi pas mal de matches nuls. On ouvre le score contre Epinal mais derrière on perd ce match 3-1 [avec un doublé d’Esteban Lepaul, fils de l’ancien attaquant stéphanois Fabrice, actuellement meilleur buteur de National avec 12 pions marqués en 14 matches, ndp2].

Derrière on va à Versailles, c’est le match catastrophe. On perd 6-0, on prend deux cartons rouges en 25 minutes dès la première période. Il s’en est suivi des suspensions, la Fédé ne nous a pas loupés… On en subit encore aujourd’hui les conséquences. Mais quand on m’avait demandé quel était l’objectif du Nîmes Olympique cette saison, j’avais déclaré avant le démarrage du championnat qu’il n’y en avait pas mais que je m’en étais fixé un : se maintenir le plus rapidement possible. Je ne me trompais pas de beaucoup. Je savais que le National était un championnat compliqué, d’autant plus que 6 équipes sur les 18 seront reléguées.

Je m’appuie sur la longue expérience que j’ai acquise aux côtés de Rudi Garcia. Ensemble on a monté Dijon en Ligue 2, ensemble on a fait le doublé coupe-championnat avec le LOSC, ensemble on a fait deux fois vice-champions d’Italie avec la Roma. Ensemble on est allé en finale de Coupe d’Europe avec l’Olympique de Marseille. Après, il a fallu que je vole de mes propres ailes, je ne veux pas m’étendre là-dessus. Moi je me sers de toutes ces expériences pas pour les garder pour moi mais pour les partager. Je m’en sers pour faire progresser mes jeunes joueurs, par exemple.

Je m’en suis servi aussi pour maintenir Guingamp en L2 la saison 2020-2021. L’En Avant, c’est un super club, avec de bonnes infrastructures, c’est vraiment un très bon club mais sportivement à l’époque, tout le monde nous voyait descendre. Je me suis appuyé sur mon expérience pour pouvoir maintenir l’équipe, à tel point qu’on a fini 8e ou 9e du championnat. Au Nîmes Olympique on ne dispose pas des mêmes infrastructures mais je me suis fait une raison, j’essaie de ne pas me plaindre et d‘avancer. Je préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.

Tu viens d’évoquer ta longue et fructueuse collaboration avec Rudi Garcia. Je crois que vous êtes connus quand vous étiez très jeunes !

Oui, on a joué ensemble à Corbeil-Essonnes quand on était gamin. C’est son père, José Garcia, qui nous entraînait. J’ai joué sous ses ordres en 3e division mais Rudi était déjà parti au centre de formation à Lille.

Tu as été son adjoint pendant plus de 15 ans, pour quelles raisons vos routes se sont séparées ? Tu ne te voyais pas aller dans la banlieue de Saint-Etienne défendre les couleurs des vilains ? C'est tout à ton honneur tu me diras...

Nan ! (Rires) Écoute, pour répondre à ta question, je vais devoir manquer d’humilité. Mais ce n’est pas grave. Force est de constater qu’il est parti à Lyon sans moi et que ça n’a pas fonctionné. Force est de constater que Rudi est parti en Arabie Saoudite sans moi et que ça n’a pas fonctionné. Force est de constater qu’il est une nouvelle fois parti sans moi à Naples et ça a encore moins bien fonctionné. C’est toujours mieux, quand tu pars à l’étranger, notamment en Italie, d’amener des gens dans ton staff qui parlent correctement la langue. Ce qui était mon cas.

Après, tu sais… Choisir, c’est renoncer. Rudi a pensé qu’à un moment donné il allait devoir changer quelque chose dans son fonctionnement. Il s’est dit : « tiens, pourquoi pas changer d’adjoint ? » Rudi, c’était quelqu’un qui avait besoin encore de gagner des titres. C’est normal, je le comprends. Rudi rêve de gagner la Champions League. Peut-être qu’il s’est dit que pour atteindre son objectif, il a considéré que ça passait par un changement d’adjoint. Si c’est ce qui lui est passé par la tête, à mon avis, il s’est trompé.

Quand on résilie avec l’OM, Rudi part à Lyon. Enfin, il a rendez-vous avec Aulas. Quand il revient, il me dit : « Fred, je pense que je vais signer à l’OL mais je ne vais pas pouvoir t’emmener ! » Là, je tombe des nues car ça faisait quasiment 20 ans qu’on était ensemble. Je lui demande pour quelles raisons il ne m’emmène pas. Il me dit : « Écoute, Lyon m’impose Gérald Baticle. Je ne peux pas te prendre, je vais plutôt ramener Claude Fichaux qui s’occupe de la post-formation. Vu qu’il y a Baticle dans ton registre, je ne peux pas t’embarquer dans l’aventure lyonnaise. »

T’es quand même resté en contact avec Rudi ?

Écoute, quand il est parti à Naples, j’ai donné une interview à L’Equipe. J’exagère un peu, j’ai dit « je pense que Rudi Garcia va gagner la Champions League avec Naples". Bon, c’est vrai que quand tu connais le dénouement, son départ après quatre mois… C’est un peu ridicule ce que j’ai dit. Mais je le disais car je sais que son grand objectif, c’est de gagner la Ligue des Champions. Je m’étais dit : « Tiens, il reprend une équipe qui a été championne d’Italie, qui a flambé en Champions League, pourquoi pas ? » Je pense que c’était son objectif caché, malheureusement ça n’a pas fonctionné. Si ça n’a pas fonctionné, je pense que c’est parce que… allez, arrête de me faire parler, je ne peux pas tout dire ! (rires)

Dans le foot d’aujourd’hui, t’as de jeunes trentenaires qui sont déjà entraîneur n°1 en pro. Toi, c’est à l’aube de la soixantaine que t’es passé d’adjoint à coach principal. Quel a été ton cheminement ?

J’ai presque envie de te dire que je n’ai pas eu le choix. Il a bien fallu que je continue de travailler. Quand j’ai commencé à bosser avec Rudi, et je le lui ai dit d'ailleurs, à aucun moment on pensait qu’on ne terminerait pas ensemble. Sauf que voilà, nos chemins se sont séparés quand il est parti à Lyon. Il fallait que je retrouve un poste mais je pense que dans mon for intérieur, j’ai toujours été un numéro un. Mais comme je suis quelqu’un de fidèle et de loyal, je me suis toujours comporté en adjoint n°1.

Compte tenu de toute l’expérience que j’ai accumulée toutes ces années, ça n’a pas été un souci pour moi de passer entraîneur principal. Quand j’ai rejoint Guingamp en 2020, j’ai d’abord été adjoint et on m’a missionné en cours de saison pour prendre l’équipe et assurer le maintien du club, ce que j’ai fait.

Qu'est-ce ce qui change fondamentalement entre le poste d’adjoint et le poste d’entraîneur principal ?

Tu le sais bien, ce n’est pas le même boulot. C’est surtout au niveau des responsabilités que tu ressens le changement. Par exemple ce que je suis en train de faire avec toi, répondre aux questions d'un média (sourires). Quand t’es entraîneur n°1, c’est toi qui as en charge les résultats de ton équipe, tu dois manager ton staff également, tu dois communiquer. Ce que je suis en train de faire avec toi. C’est bien, c’est passionnant. J’adore ! Tu sais, je m’exprime librement, sans trop me poser de questions. J’ai déjà fort à faire pour répondre aux tiennes ! (rires)

Je vais bientôt avoir 61 ans, je m’appuie sur mon expérience, en ayant conscience du privilège que j’ai eu de gagner des trophées, d’avoir entraîné avec Rudi les plus grands joueurs européens. Ce n’est pas donné à tout le monde mais à un moment donné il faut que ça serve à quelque chose, tu ne crois pas ?

Oui, bien sûr ! Tu viens de rappeler que tu es un jeune sexagénaire. Tu as donc vécu la grande époque des Verts !

Bien sûr ! Toute la France était verte et je garde de grands souvenirs de cette épopée des Verts. Je me souviens que je faisais un Sport-Etudes à l’époque. C’était sur 3 ans : seconde, première, terminale. On était en peine période verte. « Allez, qui c’est les plus forts, évidemment, c’est les Verts. » Moi j’ai connu tout ça. Toi t’es trop jeune, t’as pas eu cette chance de vivre ça. Perso j’étais adolescent, cette équipe m’a fait rêver. J’ai suivi ses exploits sur le petit écran. Mais bizarrement ce n’est que sur le tard que j’ai vécu des matches à Geoffroy-Guichard, avec le LOSC et l’OM en tant qu’adjoint de Rudi.

J’ai une anecdote à te raconter. Quelques années après l’épopée des Verts, je suis gardien remplaçant à Corbeil-Essonnes, promu en deuxième division. Le président du club était assez aisé, il avait réussi à faire signer Osvaldo Piazza. C’était incroyable pour moi de côtoyer sur le terrain ce joueur exceptionnel. Son association avec Christian Lopez, ses fameuses chevauchées, sa puissance, sa prestance…. Ça m’a fait drôle de voir débarquer Osvaldo à Corbeil. Bien évidemment, il était sur la fin, il avait 35 ou 36 ans. Mais c’était énorme de le voir là. Osvaldo, t’imagines ? C’était un monument. J’ai bien sympathisé avec lui.

En tant que gardien de but, j’ai bien sûr vibré devant ma télé en regardant jouer Ivan Curkovic. Curko, c’est une légende de l’ASSE. Curko, c’est aussi le début des entraînements spécifiques. Pour jouer à son poste, je scrutais avec attention toutes ses interventions. Je me souviens aussi de Jean Castaneda, qui pointait le bout de son nez à l’époque et qui lui a succédé au début des années 80. Je me rappelle aussi les gants de Curko, les premiers gants avec la mousse. Le problème, c’est que lorsque tu posais la main par terre, t’avais la moitié de la mousse qui restait sur le terrain. C’étaient des gants noirs et blanc, ça coûtait très cher donc on en prenait soin. C'est sûr que la technologie a beaucoup évolué depuis !

Je suppose que tu es content de jouer ce 8e tour de Coupe de France dans le Chaudron plutôt qu’aux Antonins. L'ambiance est vraiment tristoune dans votre stade.

Ben oui, y’a personne ! Le dernier match, il devait y avoir 300 spectateurs. Plus personne ne vient au stade. C’est sûr qu’il y a beaucoup, beaucoup plus de monde et d'ambiance à Geoffroy-Guichard. Le Chaudron, c’est sympa, mais bon, on s’était déplacé les trois tours précédents, on aurait quand même préféré jouer à la maison. A mon avis, il y aura une petite chambrée samedi à Sainté. Je pense que ce sera la plus faible affluence de la saison dans le Chaudron. Je ne suis pas sûr que la barre des 10 000 spectateurs sera atteinte vu le contexte. On sent que c’est tendu, j'ai vu que les supporters dans les kops ont tourné le dos aux joueurs à la fin du match contre Guingamp. Je me demande si les ultras stéphanois ne vont pas faire une opération tribune vide ou se mettre derrière la tribune. Il leur est arrivé par le passé de boycotter, ça pourrait se reproduire.

Quand bien même il n’y aurait que 5 000 spectateurs, ce serait largement plus qu’aux Antonins !

T’as raison mais moi je vais te dire un truc, même un Chaudron bien rempli ne me ferait pas trembler (rires). J’ai connu le Vélodrome plein, le Stadio Olimpico à 72 000. J'en ai vu d'autres.

T’as vécu en effet des matches devant une très forte affluence mais ce n’est pas le cas de tes joueurs. Quand bien même le contexte est très tendu du côté de Sainté, tu sens que tes garçons sont excités à l’idée de venir jouer à GG ?

Carrément ! Ils ont tous envie d’être dans le groupe, ils veulent tous être titulaires. Ils veulent tous découvrir ce stade mythique.

Tes joueurs ne pourront pas compter sur le soutien de leurs supporters car le préfet de la Loire a interdit leur déplacement.

Ah tu me l'apprends [entretien réalisé mercredi midi, ndp2]. C’est incroyable ! On subit une double peine en fait. Quand on joue à domicile, ils n’ont pas le droit de venir. Ils sont interdits. Et quand on est à l’extérieur aussi. Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus ? C’est quand même incroyable… Le football, ça se joue dans des stades pleins. Qui aime jouer dans des stades vides ? Je me souviens que j’étais à Guingamp l’année Covid. Franchement, ça ne ressemblait à rien. Même si c’était pour la bonne cause et qu’on ne pouvait pas faire autrement. Alors comme ça, Saint-Etienne-Nîmes, c’est un match à haut risque ? Ils ont trouvé des antécédents entre les supporters des deux camps ? Pfff, c'est désolant les sanctions collectives. Je trouve ça nul car à ce rythme-là on va vider les stades. Interdire les déplacements, c’est la solution de facilité pour les préfectures. Il faudrait autoriser les déplacements et mieux les encadrer.

Tu t’attends à quel type d’adversité samedi ?

Je ne m’attends à rien, je vais rester focus sur mes joueurs, sur le jeu de mon équipe. Je ne vais pas m’occuper de Sainté. Je sais juste que Laurent Huard sera leur entraîneur pour ce match. Pour le reste…

Tu vas retrouver à cette occasion Lamine Fomba, que tu as brièvement entraîné au Nîmes Olympique.

Je n’aurai eu Lamine que deux mois en effet. Je suis arrivé à Nîmes en novembre et Lamine a signé à Sainté à quelques jours de la fin du mercato hivernal. Lamine est un très bon joueur et c’est un garçon attachant. J’ai vite compris qu’il ne souhaitait plus rester au Nîmes Olympique. Mais le peu de temps que je l’ai côtoyé, il a joué le jeu. Après il est parti et je pense que c’était bien, c’était ce qu’il souhaitait. Je n’ai aucun souci avec Lamine, au contraire ! J’ai apprécié l’homme et le footballeur. Ça me fera plaisir de le revoir.

Ton capitaine Formose Mendy a parlé de match bonus. Tu le rejoins ou tu vois ça différemment, comme un compétiteur qui rêve de créer un exploit ?

Si on est capable de faire un exploit, forcément ça nous servira forcément pour la dynamique de groupe et pour notre match contre GOAL. Ça, c’est sûr et certain ! Après, quel que soit le résultat, au niveau du rythme, ce match contre Sainté est important. Il ne faut pas perdre le rythme. Notre prochain adversaire, le GOAL FC, est éliminé de la Coupe et le week-end dernier ils n’ont pas joué à cause de la neige. Ça aussi, c’est à prendre en compte. Pour nous c’est bien de garder le rythme, de jouer chaque week-end.

Dis-nous tout sur ton équipe, ses forces et ses faiblesses !

On n’a pas de faiblesse, on n’a que des forces ! (rires) Non, mais nous on est une équipe jeune. On a de jeunes joueurs qui sont perfectibles. Après, ce que je regrette, c’est qu’avant ce fameux match contre Épinal, on était une équipe solide. On ne prenait pas de but, on était capable de faire des clean-sheets. Et d’un seul coup, badaboum ! J’axe mon travail pour qu’on redevienne comme avant. Un match comme celui de Saint-Etienne, ça peut servir à ça aussi.

Quels Crocodiles seront absents pour ce match ?

On a trois suspendus. Léon Delpech, Ibrahim Sacko et Ronny Labonne. Ronny il a pris 5 matches mais on a fait appel car l’arbitre a dit qu’il s’est trompé. Il a déjà purgé 3 matches. J’attends le verdict, il y a une petite chance pour qu’il puisse jouer contre Sainté. Mais bon, si ça se trouve la sanction sera maintenue. A chaque fois qu’on a un dossier qui arrive sur la table d’une commission de la discipline de la fédé, ils nous ont dans le viseur et bim, ils appuient sur la gâchette. Le petit Freddy Mbemba sera trop juste pour ce match, il est en phase de réathlétisation. C’est un joueur que Dunkerque nous a prêté. Le pauvre, il a joué juste une mi-temps avec nous et il a eu une fracture de la cheville. Ils lui ont posé deux vis. Il va bientôt voir le bout du tunnel et on espère pouvoir compter sur lui prochainement.

On a commencé cet entretien par ton 4 à la suite, ça me donne envie de faire mon Julien Lepers. Attention... Top, c'est parti : "J’ai fêté cet été mes 24 ans, j’avais joué 7 matches avec les U19 stéphanois le premier semestre 2018. Lilian Compan m'avait titularisé aux côtés d'Aimen Moueffek quand les Verts avaient éliminé les vilains de la Coupe Gambardella en banlieue. Cette saison j’ai l’honneur de jouer sous les ordres de Fred Bompard. Je suis, je suis…"

… Brahima Doukansy !

Oui, oui, oui ! Que peux-tu nous dire sur ce joueur ?

Qu’il n’a rien à faire au niveau National. Je vais te raconter une petite anecdote sur Brahima. A Marseille on part en stage en début de saison en Suisse. Quand tu pars comme ça, t’emmènes toujours un ou deux jeunes. Brahima était dedans. Mais ensuite il est parti de l’OM, il a dit que c’était trop dur. Il faut que Brahima travaille son mental, il faut qu’il soit plus fort mentalement. Il a eu un parcours un peu chaotique mais en termes footballistiques, il a tout. C’est un milieu de terrain capable de récupérer les ballons, de les ressortir proprement. C’est vraiment un joueur important dans mon équipe, je le fais jouer devant la défense. Brahima, c’est quelqu’un que je veux aider à retrouver le niveau au-dessus. Il a joué une soixantaine de matches en Ligue 2 lors de ses années niortaises.

Fred, tu as exercé beaucoup de fonctions dans le football. Tu as été successivement gardien, entraîneur des gardiens, entraîneur adjoint, entraîneur principal. Est-ce que…

[Il coupe] Ouais, j’ai fait beaucoup de choses, je suis multicartes. Tu sais que ça, c’est formateur. Quand t’es numéro un mais que t’as mis ton nez un peu partout avant, ça aide. Mais au fait c’est quoi ta question ?

Il y a un poste dans le football que tu n’as pas encore occupé : celui de président. Tu portes pourtant le même nom qu’un ex-président stéphanois !

Ah oui, c’est vrai ! (rires)

T’as pas envie de prendre la présidence de l’ASSE ? On n’en peut plus de Nanard et Roro. Comme Alain est trop âgé pour revenir et que son fils Alexandre n’a toujours pas compris que l’avenir du club est bien plus important que celui du groupe Carrefour, le futur président Bompard, c’est peut-être toi ?

Non, je ne brigue pas la présidence de l’ASSE ! (rires) Ne m’associe pas à eux, c’est juste le patronyme qu’on a en commun. Je n’ai aucun lien de parenté avec ces Bompard.

Tu es de la famille de Manuel, l’insoumis Manuel ?

Non plus !

De Jacques, l’ancien maire FN d’Orange ?

Non plus ! Surtout pas !

Ah j’ai trouvé, tu es un cousin d’Eric, le roi du cachemire !

Bien essayé mais non ! (rires)

Pour clore notre entretien je vais te sortir mon dernier Bompard : Jean-Baptiste. Un marin français ayant notamment participé comme corsaire à la guerre d'indépendance américaine. Il a vécu une retraite heureuse dans le Gard avant de décéder à l’âge de 83 ans à Saint-Nazaire, un petit village entre Bagnols-sur-Cèze et Pont Saint-Esprit.

Intéressant ! De tous ceux que tu m’as cité, c’est peut-être le Bompard dont je me sens le plus proche. Mes parents étaient des rapatriés d’Algérie. Peut-être que j’ai un lointain lien de parenté avec ce Jean-Baptiste qui a beaucoup voyagé. Pourquoi pas ?

Merci à Fred pour sa disponibilité