« Les Verts ne valent pas leur 20ème place. » Ah, on l'entend souvent quand on se met devant un match de l'ASSE ces derniers temps. Bon, c'est bien beau, on voit des matchs pas si moches, mais il serait peut-être aussi temps que ça se concrétise par une première victoire, et accessoirement en cédant cette affreuse dernière place. Incapables de faire cela contre Metz, cela laisse de moins en moins de possibilités d'y parvenir. Mais avec un calendrier un peu plus favorable en cette fin de demi-saison, quelques opportunités vont encore se présenter, Clermont en est clairement une.


1- Le parcours

Après le Gazélec et l'Amiens SC, c'est le tout dernier petit nouveau de la L1. Après de nombreuses tentatives infructueuses (entre le 7ème et la 5ème place à 7 reprises sur les 13 saisons précédentes), ça y est, le Clermont Foot, et avec lui l'Auvergne, découvre enfin l'élite. Et d'abord plutôt pas mal avec 8 points lors des 4 premières journées de championnat, dont un joli nul contre les Vilains.

Oui mais voilà, l'enchantement a disparu un peu rapidement. Et depuis, ce sont 5 points en 8 rencontres que les Clermontois ont glanés. Soit seulement deux de plus que les Verts sur la même période, avec autant de défaites (5).

La faute notamment à une défense parfois fébrile, qui ne compte qu'une clean sheet sur cette période mais surtout des défaites 4-0 (contre Paris, soit) et 6-0 (contre Rennes, c'est un peu plus dur à vivre). Et ne se rattrapent finalement pas vraiment grâce à leur attaque, 14ème de L1, seulement deux unités devant les deux derniers de ce classement, dont font partie les Verts (14 contre 12). Notamment à l'extérieur où ils restent sur 3 défaites et 1 nul en 4 rencontres, avec 13 buts encaissés pour 2 marqués.

Bref, si les Clermontois gardent un petit matelas grâce à leur bon début de saison (4 points sur le barragiste, 7 points sur les Verts), c'est une équipe de plus en plus à la peine qu'il serait de bon ton de venir menacer d'un peu plus près en obtenant une première victoire cette saison.

2- L’effectif

On peut dire que c'est un peu l'inverse des Verts. L'effectif est assez peu fourni et le 11 de départ tourne peu, autour d'un schéma immuable. Ce qui est tout autant une force, quand ça tourne bien, qu'une faiblesse, quand les absences commencent à se multiplier.

Dans les buts, on retrouve l'ancien Ruthénois Desmas, auteur d'une progression fulgurante, lui qui a débuté comme titulaire chez les pros à l'âge de 25 ans. Il compte pour doublure le jeune Djoco, 4 matchs professionnels dans les jambes.

Si la rotation est globalement faible dans l'effectif auvergnat, c'est particulièrement visible en défense. Dans l'axe, l'expérimenté Hountondji, l'un des quelques joueurs de l'effectif à avoir déjà connu la L1 (avec Rennes, il y a 8 ans), est associé à Ogier. Billong, arrivé après une saison avec Katranis en D1 turque, n'a quasiment pas joué, mais a éclipsé l'ancien Vert Albert, qui n'a pas encore foulé une pelouse de L1. A droite, seul Zedadka a été aligné, le jeune Seidu se contentant du banc et Phojo étant, comme Albert, repoussé en tribune le plus clair du temps. A gauche, situation similaire avec N'Simba, longtemps évoqué pour un transfert en L1 et qui y est finalement monté par ses propres moyens qui éclipsent la recrue Mendy et Boyer, de retour de prêt mais sans grand espoir de se faire une place.

Dans l'entrejeu, c'est la paire composée de Gastien fils et d'Abdul Samed, arrivé d'Abidjan cet été, qui fait l'affaire et relègue sur le banc le pourtant très fiable Iglesias. De même que la recrue du Barça (b), Oriol Busquets. Et ça pourrait ne pas s'arranger pour l'Uruguayen et l'Espagnol avec le retour de Magnin, 30 matchs la saison dernière et de retour de blessure sous peu. Un peu plus haut sur le terrain, là encore, un homme fort, Berthomier, en véritable créateur. Et avec une doublure de choix en la personne de Khaoui, l'ancien Marseillais, Troyen et Caennais.

Enfin, c'est devant que le choix est le plus mince. Avec 6 joueurs pour 3 postes, cela pourrait paraître bon. Mais dans le lot, il y a 3 avant-centre, Bayo, le titulaire naturel, Hamel, un bon remplaçant, qui connaît (un peu) la L1 et Tell, qui peine à s'imposer partout où il passe depuis ses premiers matchs en 2017. Ainsi, sur les côtés, s'il y a du talent, il y a peu de choix. Dossou, l'international béninois, et Rashani, le Kosovar, respectivement à droite et à gauche ont pour seul doublure l'équipier de Bouanga et Aubameyang en sélection, Allevinah. Qui en profite pour gratter du temps de jeu, malgré un statut quelque peu derrière les deux larrons.

La compo probable : Alors qu'il y avait plusieurs incertains, il y a peu d'absents. À l'exception de Gastien, suspendu, il ne s'agit que de joueurs n'ayant pas joué cette saison :

Desmas – Zedadka, Hountondji, Ogier, N'Simba – Abdul Samed, Iglesias – Dossou, Berthomier, Rashani – Bayo

3– Souviens-toi la dernière fois

Pour cela, il y a tout intérêt à avoir une bonne mémoire. Les Verts n'ont, en effet, affronté le Clermont Foot qu'une seule fois en match officiel depuis la remontée en L1, en 2004. C'était à GG, en Coupe de France, en 2011. Et il faut avoir d'autant plus bonne mémoire que ce n'est pas le genre de match dont on veut se souvenir.

Une défaite 2-0 contre une L2, en courant après le score dès le début de match, la faute à Sloan Privat, puis en étant puni par un Haquin dont c'était l'acmé de la carrière, lui qui n'a joué que 2 saisons plus de 1000 minutes en pro (de 2009 à 2011). Avant de finir à 10 sur une exclusion de Batlles.

Une rencontre dont, heureusement, personne ne se souviendra chez les joueurs, les deux équipes ayant toutes les deux été complètement modifiées depuis (Romain Hamouma est ainsi arrivé 1 an et demi plus tard).

C'est encore plus vrai pour la dernière réception en championnat, en mars 2004, pour un 0-0 des familles, avec, là encore, une exclusion côté stéphanois, celle de Nicolas Marin. Enfin, encore plus vrai, pas tout à fait. Un homme de cette rencontre est toujours là, sur le banc, cette fois, Julien Sablé, qui était alors capitaine.

Pour info, notons que Clermont n'a joué que 4 fois à GG en championnat dans son histoire, pour ce nul, 2 défaites et une seule victoire, à l'occasion du championnat de guerre en 1942. A l'époque, le Clermont Foot l'avait emporté 1-0. Pas vraiment suffisant pour faire des auvergnats une bête noire des Verts.

4- Les joueurs à suivre

Mis sur le banc suite à ses écarts extra-sportifs contre Marseille, Mohamed Bayo, équipier de Saidou Sow en sélection, pourrait faire son retour dans le onze et n'en est pas moins le maître artificier des Auvergnats avec 6 buts en 11 rencontres, agrémentés, qui plus est, de 2 passes décisives. Dit autrement, l'attaquant guinéen est impliqué sur plus de la moitié des buts de son équipe. Sur les 6 dernières rencontres, le Clermont Foot n'a même réussi à marquer qu'une seule fois par un autre joueur que lui.

Pour autant, pour l'auteur de ces lignes, difficile de ne pas citer Jason Berthomier, qu'il qualifiait il y a déjà 3 ans et demi de « l'un des joueurs les plus classieux de L2 » alors qu'il n'était pas vraiment titulaire à Brest. S'il joue derrière l'attaquant actuellement, il a toute la palette du milieu de terrain, lui qui a commencé comme n°8 à Bourg-Péronnas. Mais c'est bel et bien sa qualité à la création, sa capacité à trouver le bonne passe et son toucher de balle qui en font le joueur précieux qu'il est désormais pour le Clermont Foot. Mais aujourd'hui, pas question de l'admirer, il faudra se mesurer à lui : toisons Jason !