Ancien défenseur des Verts et des Tango, Fousseni Diawara s'est confié à Poteaux Carrés à quelques heures du match qui opposera les deux clubs à Francis Le Basser.
Que deviens-tu Fouss ?
Depuis que j’ai quitté mon poste de manager des sélections du Mali en avril 2022, je travaille principalement en tant que consultant pour Canal Plus International donc pour Canal Plus Afrique. Je couvre les matches des 5 grands championnats européens mais aussi toutes les compétitions africaines comme la Coupe d’Afrique des Nations, le Championnat d’Afrique des Nations et les CAN des jeunes comme la CAN U17 qui se déroule en ce moment. Le Mali est d’ailleurs dans le dernier carré et va affronter dimanche soir le Maroc, l’autre demi-finale opposera le Sénégal au Burkina Faso.
Je participe à des émissions où on débat, où on analyse. Je vis entre Saint-Etienne et Paris et je vais de temps en temps au Mali. J’ai toujours ma maison à Sainté, j’y passe une semaine à dix jours par mois. J’ai un pied à terre à Paname du fait de mes activités de consultant pour Canal. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de commenter la victoire des Verts contre Bordeaux en septembre dernier. C’est le seul match de L2 qu’on a pu faire car on n’a pas les droits. Par contre j’ai commenté des matches de Ligue 1, de Liga, de Bundesliga, de Serie A, de Premier League aussi.
Tu continues de suivre les Verts ?
Bien sûr ! J’ai toujours suivi les Verts et je les suivrai toujours. Comme toi, non ? (rires) C’est comme ça quand on est supporter (sourires). Moi je prends beaucoup de plaisir à les suivre, même si tout n’a pas été facile cette saison pour nos Verts. Ce sont des moments que j’ai connus aussi, je sais qu’il faut être patient. Surtout quand on descend en Ligue 2, il faut reconstruire. C’est un groupe qui découvre un club, des supporters, un environnement. Soit ça prend tout de suite, soit ça prend du temps. Le plus souvent, ça prend du temps. Je ne suis pas vraiment surpris par cette saison.
Le début de saison a été très compliqué… Plombés d’entrée par trois points de pénalité et quatre matches à huis clos, les Verts ont mal démarré en perdant à Dijon et en n’arrivant pas à battre à la maison une équipe de Nîmes qui va avoir du mal à se sauver. En début de saison, les Verts n’étaient pas en confiance, leurs deux premiers résultats les ont vite mis sous pression. Ils ont vu aussi que les équipes adverses sont galvanisées quand elles défient Sainté. Le début de saison a été manqué mais il faut dire que le groupe a été renouvelé à 90%. Quand un groupe change à ce point, c’est pas vraiment surprenant que l’équipe ne performe pas d’emblée.
De là à ce que Sainté finisse l’année 2022 lanterne rouge avec 6 points de retard sur le premier non relégable après 16 journées…
C’est sûr que l’équipe n’était vraiment pas au mieux comptablement parlant à ce stade de la saison même si sur certains matches elle aurait mérité mieux. On sentait que ça commençait à gronder, les supporters ne s’attendaient pas à ce que leur équipe se retrouve encore dernière à cette période-là. Mais la Ligue 2 est un championnat difficile, il y a de très bonnes équipes avec de bons joueurs. Certains petits clubs comme Rodez, Pau, Annecy ou QRM, arrivent à rivaliser voire plus quand elles affrontent des gros clubs comme Saint-Etienne. C’est sûr qu’à la fin de l’année j’avais une petite inquiétude mais tu me connais, au fond de moi j’ai toujours eu confiance.
Je ne m’en cache pas, j’ai une très forte confiance en Laurent Batlles et je n’ai jamais douté de lui même quand son équipe enchaînait les mauvais résultats. Laurent, je l’aime beaucoup et je crois en lui. J’ai vu comment il a travaillé à Troyes, j’ai vu comment il a développé là-bas son projet de jeu, sa philosophie. Je suis content que l’ASSE ait fait appel à lui, je pense que c’est l’homme de la situation. Il connaît le club, il aime le club. Il a fait monter Troyes en Ligue 1 avant de devoir injustement quitter l’Estac. Je me suis dit que ça allait prendre aussi à Sainté, qu’il fallait juste un déclic, une série positive. Le nul arraché dans les arrêts de jeu contre Caen en toute fin d’année a été un premier signal positif.
Les Verts ont su attaquer 2023 en gagnant dans la douleur à Niort puis contre Laval. Ils ont eu ensuite un coup de moins bien mais ils ont parfaitement négocié leur crucial mois de février en enchaînant quatre victoires contres des concurrents directs. J’ai assisté à la réception des Tango, la veille j’étais à l’Etrat. J’avais vu tout le monde, le team manager, Lolo Batlles. Lolo, c’est un très bon entraineur et il a de très bons joueurs. J’ai pu discuter avec certains d’entre eux. J’ai croisé Mathieu Cafaro. Je lui ai dit qu’il était super quand il était à Reims, qu’il avait des qualités, qu’il fallait qu’il les exprime.
Le club était encore relégable à l'époque mais les échanges que j’ai eus avec toutes les composantes du club étaient assez positifs. Ça tombe bien car c’est ma nature de positiver ! Quand je regarde les Verts, je vois la vie en rose ! (sourires) J’ai donc assisté le lendemain à ce match contre Laval à côté de Loïc Perrin et du président Roland Romeyer, qui m’avait invité. Il manquait pas mal de joueurs du côté de Laval mais les Tango ont longtemps résisté. C’est Mathieu Cafaro qui a marqué sur une passe décisive de Jean-Philippe Krasso.
La saison passée, le mercato d’hiver n’a vraiment pas été une réussite, à la notable exception de ton compatriote Falaye Sacko, dont tu nous avais vanté à raison les qualités. Cet hiver, le mercato a été très concluant. Tout le monde mesure ce qu’ont apporté des garçons comme Gaëtan Charbonnier, Gautier Larsonneur, Dennis Appiah, Niels Nkounkou… Ce n’est plus la même équipe !
C’est vrai mais je considère que le mercato d’été est loin d’avoir été raté. Certains joueurs ne se sont pas imposés mais si tu les prends tous un par un, ils ont tous des qualités. Ils ont tous montré de belles choses dans leur carrière, plusieurs ont été des artisans d’une montée en Ligue 1. Anthony Briançon, bien sûr, mais aussi Jimmy Giraudon que j’ai vu monter avec Lolo et qui était un défenseur fiable. Ibra Wadji, je le connaissais bien avant qu’il signe à Sainté, je l’ai vu jouer avec Qarabag en Coupe d’Europe. Je l’avais trouvé super. Je l’avais même vu quand il jouait avec le Sénégal la Coupe d’Afrique U20.
J’ai entendu des supporters dire qu’on s’est planté dans le mercato estival mais pour moi dès le départ on a fait un recrutement intéressant et réfléchi. Comme tout le monde, je me réjouis de l’apport de Niels Nkounkou, dans la meilleure forme de sa carrière depuis quelques semaines. Mais qui te dit que s’il était arrivé cet été on aurait réussi notre entame de championnat ? Peut-être qu’on aurait fait le même départ hyper laborieux et on aurait dit qu’on s’est planté sur Nkounkou. C’est aussi une question de confiance. Le club a vécu un traumatisme avec la descente.
Des joueurs ont réussi à élever leur niveau de jeu et se sont greffés à ceux qui sont arrivés cet hiver. D’autres n’ont pas réussi, c’est comme ça. Il ne faut pas oublier que plusieurs joueurs arrivés cet été ont su s’imposer. Le petit Bouchouari par exemple, je le trouve exceptionnel. Dès le début de saison il a montré qu’il avait des qualités. Je l’ai vu faire de très gros matches. Victor Lobry était là aussi. Je l’avais trouvé intéressant quand il jouait à Pau, je l’ai trouvé très bon dès son arrivée à Sainté, même à une période où l’équipe n’avait pas de résultat et manquait de confiance.
C’est sûr que la venue de joueurs comme Niels Nkounkou, sans doute la plus grosse satisfaction de cette deuxième partie de saison, a fait beaucoup de bien à l’équipe. Mais on voit que des joueurs déjà là depuis longtemps donnent également satisfaction. Le Saïdou Sow de 2023 n’est pas le Saïdou Sow qu’on voyait en début de saison. Il est rassurant derrière, je l’ai trouvé très bon récemment. N’oublions pas que c’est un jeune joueur de 20 ans. Je l'aime bien ce défenseur.
Lolo Batlles a un projet de jeu basé sur la possession et la prise de risques. Si l’ASSE a la deuxième meilleure attaque cette saison, elle a aussi l’antépénultième défense. Ne trouves-tu pas que l’équipe est parfois déséquilibrée ? Heureusement ils n’en profitent pas tous, mais plusieurs adversaires ont souligné que les Verts laissaient pas mal d’espace…
C’est vrai que lors du dernier match contre Guingamp par exemple, en première mi-temps, on était défenestré (sic), en déséquilibre à chaque perte de balle. Les Guingampais se retrouvaient trop rapidement devant le but de Larsonneur. Mais il a suffi d’une mi-temps pour régler le problème en fait. Maintenant, c’est vrai que Sainté a pris plus de 50 buts cette saison, un tel total est rédhibitoire quand on aspire à monter…
Mais il faut quand même noter que les Verts ont quand même pris nettement moins de buts en 2023 qu’en première partie de saison. Parfois ils ont pris deux buts mais ça ne les a pas empêchés de gagner. On l’a vu le week-end dernier à Geffroy mais c’était le cas aussi à Charléty, d’ailleurs j’étais également à ce match où Niels Nkounkou et Jean-Philippe Krasso ont encore régalé.
Je pense que la saison prochaine l’ASSE va faire en sorte de prendre nettement moins de buts sans renier son projet de jeu audacieux. Lolo l'a encore déclaré en conférence de presse avant le match qui se profile contre Laval, il souhaite que son équipe continue d'aller de l'avant, déstabilise ses adversaires, marque des buts. A mon avis il y aura sensiblement moins de mouvements de joueurs que l’été dernier, ça va permettre de faire une bonne prépa estivale. Lolo a tout à fait conscience que ses joueurs ont besoin de beaucoup travailler ensemble et en équipe pour gérer au mieux les déséquilibres.
L’équipe prend des risques, il y a de la projection vers l’avant avec un bloc qui peut être haut, il y a parfois de l’infériorité numérique derrière. Mais je pense qu’il faut faire confiance à Lolo et à son staff technique pour faire progresser l’équipe. Les Verts vont aborder la saison prochaine dans un contexte différent de celui qu’ils ont connu cette saison. Tous ceux qui vont rester auront déjà une saison avec Sainté en L2 dans les jambes, ils sauront à quoi s’attendre.
C’est toujours très compliqué d’être à Saint-Etienne en Ligue 2. Très souvent quand le club est dans ce championnat, il traverse des crises. Il connaît des périodes où il n’a pas de résultats, où il se retrouve relégable, presqu’aux portes du National. L’ASSE a connu ça juste avant l’arrivée de Robert Nouzaret, le club a vécu ça après la descente en 2001. A chaque fois, c’est comment s’en sortir, identifier ce qu’on n’a pas bien fait, trouver des axes d’amélioration, trouver des profils qui peuvent aider le club à remonter et être très forts mentalement.
On a déjà vu des joueurs dans des périodes compliquées avoir le trouillomètre à zéro quand ils jouaient à Geoffroy-Guichard. Il faut être prêt sur le plan mental à jouer des matches compliqués à l’extérieur et à recevoir des équipes qui viennent dans le Chaudron surmotivées à l’idée d’affronter un club historique du football français. Je pense que tout le monde a bien pris la mesure maintenant de ce qu’était ce championnat de Ligue 2.
Il faut qu’il y ait de la continuité, se servir de cette seconde partie de championnat satisfaisante car les Verts sont parmi les équipes les plus performantes depuis 2023. Le public stéphanois fait plaisir, il revient en nombre au stade. On était plus de 25 000 le dernier match contre Guingamp. Contre Metz, il y avait plus de 33 000 supporters. C’est fort quand même !
La priorité pour la saison prochaine, c’est de conserver Nkoukou et Krasso ?
Ces deux garçons donnent satisfaction et ont des stats qui ne passent pas inaperçues. Ils ont tous les deux mis pas mal de buts et de passes décisives, ils sont certainement convoités par des clubs étrangers ou des clubs de Ligue 1. Le club a une option d’achat pour Niels Nkounkou. Jean-Philippe Krasso, son cas est différent car il est en fin de contrat. A chaque fois que je suis en tribunes, je vois que tous les émissaires des clubs sont là pour le superviser (rires).
Jean-Philippe Krasso va devoir faire un choix. On le sent bien dans cette équipe, il est épanoui sur le terrain comme en dehors. Contre Guingamp, il n’a peut-être pas fait son meilleur match. Il n’a pas marqué, il n’a pas fait de passe dé mais en tribunes il a régalé tout le monde. Sur quelques gestes, j’ai cru revoir Pascal Feindouno : roulettes, râteaux, petits ponts. Franchement, c’est beau à voir. Au-delà de ses facilités techniques, c’est un joueur impliqué, qui a le sens du collectif.
Il faut tout faire pour conserver Niels Nkounkou et Jean-Philippe Krasso. Pour moi il faut aussi conserver Cafaro. On en parle moins mais j’aime bien ce joueur, il peut entrer dans plusieurs systèmes et il a assimilé le poste de piston. Il peut aussi jouer milieu droit, je le trouve très bon à ce poste. Bien sûr, il ne réussit pas tout ce qu’il entreprend. Mais c’est normal, c’est son jeu qui veut ça, il y a de la prise de risque chez lui. Il a cette envie d’aller vers l’avant, de provoquer son latéral. Et puis on sent qu’il est investi dans ce club, qu’il a envie d’y rester. Ça se sent, ça se voit. Quand il loupe quelque chose, il n’est pas content, on l’a vu quand il y a eu un but suite à sa perte de balle. Quand il fait une erreur, il fait tout pour se racheter. On l’a vu contre Guingamp : il a fait un match moyen mais il a égalisé.
Benjamin Bouchouari a du ballon mais son inconstance et ses pertes de balle agacent des supporters stéphanois. Certains souhaiteraient même qu’on le vende dès cet été. Qu’en penses-tu ?
C’est un jeune joueur de joueur de 21 ans, il est donc perfectible. Il va progresser, améliorer son jeu. Il faut regarder le potentiel du joueur. Je considère que c’est un joueur très intéressant et j’espère bien qu’il va rester plusieurs années à Sainté. C’est sa première saison en France, il a découvert un nouveau pays, un nouveau championnat, jusqu’alors il n’avait joué qu’en D2 néerlandaise. C’est un joueur prometteur, pour moi c’est une petite pépite. On voit bien que Lolo compte sur lui, il l’a titularisé déjà 25 fois cette saison de L2.
Benjamin Bouchouari a été convoqué par Walid Regragui en sélection marocaine contre le Pérou et le Brésil. Certes, il n’est pas entré en jeu, mais ça veut dire beaucoup de choses quand même ! Ce serait dommage de laisser partir ce joueur et de le voir exploser ailleurs. Pour moi il doit rester à Sainté, j’ai envie de le voir poursuivre sa progression avec les Verts et j’aimerais bien le voir jouer en Ligue 1 avec Sainté car je pense que ce championnat sera sans doute encore plus adapté à ses qualités. Toujours dans l’entrejeu, j’espère aussi que Victor Lobry va s’inscrire dans la durée car j’apprécie beaucoup l’investissement de ce joueur, sa générosité. C’est un joueur très généreux.
Le cas de Lamine Fomba divise les supporters. Certains trouvent qu’il a quelque chose et louent sa grosse activité, d’autre déplorent son déchet et son manque de maîtrise. Quel est ton avis sur ce joueur ?
Je n’ai pas vu tous ses matches mais je l’ai observé attentivement lorsque j’étais au stade, notamment à Geoffroy-Guichard contre Guingamp et Niort mais aussi à Charléty. Je l’ai vu aussi sur d’autres matches des Verts à la télé. J’ai un avis plutôt positif sur ce garçon. Je trouve qu’il s’est adapté assez rapidement. A la base, c’était plutôt Thomas Monconduit qui devait jouer mais cet ancien joueur de Lorient a des pépins physiques cette saison. Alors qu’il est arrivé fin janvier, Fomba a déjà joué mine de rien une quinzaine de matches dont une dizaine en tant que titulaire [14 matches, 9 titularisations, ndp2].
Fomba a participé à l’embellie du club. Bien sûr il lui arrive de perdre des ballons mais dans son registre il est précieux dans beaucoup de choses. Il ne faut pas le regarder que lorsqu’il a le ballon. Il faut aussi le voir quand il n’a pas le ballon. Il a selon moi une intelligence positionnelle qui est très intéressante à la perte de balle. Il sait combler des brèches, apporter de l’équilibre. On n’a l’impression qu’il n’est pas très précieux dans les phases de préparation mais moi j’ai vu des premières relances très intéressantes. Je trouve qu’il est complémentaire avec Lobry et Bouchouari. Leur association me plaît.
Après je n’oublie pas non plus Aïmen Moueffek. C’est un très bon jeune joueur formé au club. J’ai été ravi de le voir marquer dans le Chaudron contre Guingamp le premier but de sa carrière. C’est un enfant du club, il a fait toutes ses classes à l’ASSE. La formation, il faut en parler car ça bosse bien. Le week-end où je suis allé voir les pros battre Niort 2-0, j’en ai profité pour voir la réserve de Razik Nedder contre Chambéry. Les Verts ont gagné 4-1 [buts de Sidibé, Amougou, Lhery et Mouton, ndp2] et cette jeune équipe a montré de très belles choses.
Il y a de très bons jeunes à l’ASSE et ça bosse bien au centre de formation. Un club comme Sainté se doit de former d’excellents jeunes et on s’en rendu compte ces dernières années que le club le faisait très bien. J’aime beaucoup voir jouer les jeunes, assister à leur évolution. Je me souviens d’un match de U17 ou de U19 où j’avais découvert William Saliba. Le coach m’avait dit « tu verras, dans un ou deux ans il sera en place en Ligue 1. » Il avait raison, dès la saison suivante Saliba s’est imposé en équipe première. Ça va très, très vite parfois chez les jeunes.
On l’a vu aussi avec Lucas Gourna. Lui aussi aura très peu joué en réserve, il a directement rejoint les pros. Wesley Fofana aura quant à lui joué une vingtaine de matches de N3/N2 avec Laurent Batlles avant de rejoindre les pros. Mais au final on se rend compte qu’il aura moins joué en Ligue 1 qu’en réserve. C’est difficile pour un club comme Sainté de profiter longtemps en équipe première de joueurs de la trempe d’un Fofana ou d’un Saliba. Ce sont des joueurs de très haut niveau, ils se sont imposés en Premier League. Pareil pour Gourna, qui a performé en Ligue des Champions avec le Red Bull Salzbourg.
Revenons aux Verts d'aujourd'hui. On a le sentiment qu'un vrai groupe s'est créé. Qu'il s'est forgé dans la difficulté et qu'il s'est consolidé avec la bonne dynamique des derniers mois. Tu partages cet avis ?
Complètement ! J’ai le sentiment qu’il y a un vrai groupe à Sainté et c’est plaisant à voir. Je m’en suis encore rendu compte samedi dernier contre Guingamp. Les entrants ont beaucoup apporté, que ce soit Bouchouari, Wadji bien sûr qui a mis le but victorieux mais aussi Chambost, qui avait déjà fait des entrées intéressantes les deux ou trois matches précédents. Chambost, en début de saison, c’était pas ça du tout. Pourtant il avait fait la montée avec Troyes, il a été titulaire une bonne trentaine de match quand l’Estac est montée. Il a rejoint son club formateur et a eu plus de mal qu’un Léo Pétrot. Mais Chambost a eu le mérite de s’accrocher et ses dernières apparitions sont encourageantes.
Je pense qu’il faut être indulgent par rapport à cette saison. Je sais bien que les supporters avaient d’autres attentes et ne s’étaient pas préparés à ce que les Verts se retrouvent à jouer le maintien trois gros quarts de la saison. Mais il faut retenir la dynamique de progression et l’état d’esprit de groupe. J’ai le sentiment que les joueurs essayent tous de se tirer vers le haut. Les remplaçants ont un bon état d’esprit, même ceux qui jouent peu voire pas du tout. A cet égard, je voudrais saluer l’exemplarité d’Etienne Green. Il vit une saison très compliquée. Il l’a démarrée comme titulaire, a pris deux cartons rouges.
Il s’est retrouvé numéro 2 et même numéro 3 derrière Boubacar Fall. Cette situation doit être difficile à vivre pour lui mais il n'en montre rien. On le voit communier avec le public comme les autres joueurs après les succès des Verts, il vient toujours saluer avec le sourire les supporters, à la maison comme à l’extérieur. Etienne Green aime l’ASSE, il a l’esprit club. Il ne pense pas qu’à lui et transmet sa bonne mentalité aux nouveaux, encourage Gautier Larsonneur. C’est aussi grâce à des attitudes comme celle d’Etienne qu’on voit aujourd’hui un groupe soudé, capable de renverser des matches.
A la mi-temps du dernier match, un ami guingampais est venu me chambrer car l’En Avant menait 2-1 à la pause. Je lui ai dit : « t’emballes pas, on va gagner 3-2. » Je savais que nos Verts allaient montrer un autre visage en seconde période et avaient la capacité de renverser leurs adversaires. Le stade n’attendait que ça. J’aime vivre ces moments à Geoffroy, quand le public pousse et aide son équipe à retourner la situation. Quand le public croit en son équipe, les joueurs le ressentent et s’arrachent pour aller chercher la victoire. En début de saison, on n’aurait jamais gagné un match comme ça. Même en janvier dernier. Contre Sochaux, ça avait été le scénario inverse : on menait 2-1 à quelques minutes de la fin et on avait fini par perdre 3-2 !
Les Verts s’apprêtent à affronter les Tango. Un club que tu connais bien pour avoir évolué une saison au Stade Lavallois.
Exact ! C’était la saison 2003-2004, qui s’est achevée d’ailleurs par la montée des Verts. J’avais joué un match avec Sainté contre Troyes en début de saison mais le coach Antonetti ne comptait pas sur moi donc j’ai été prêté. Moi ça m’a fait le plus grand bien d’aller dans un club qui m’offrait du temps de jeu. Laval était en situation critique en championnat mais je suis allé là-bas de bonne grâce. Je n’ai pas mal vécu de devoir partir de Sainté. Je suis parti en Mayenne pour jouer, dans une logique de progression. J’ai d’ailleurs accepter sans souci de diminuer mon salaire pour jouer là-bas.
Je garde de très bons souvenir de mon expérience lavalloise. J’ai fait une saison pleine, j’ai eu beaucoup de temps de jeu. J’ai retrouvé de la confiance là-bas, et quand ensuite je suis revenu à Sainté, j’ai réussi à m’imposer en Ligue 1 mes deux saisons passées sous les ordres d’Elie Baup. Laval, c’est un bon petit club familial, avec un passé, une histoire, une identité. On a bien sûr beaucoup moins de pression que lorsqu’on est à l’ASSE, il n’y a pas les mêmes attentes.
Chaque année, le Stade Lavallois a comme premier objectif le maintien. Mais c’est un club qui travaille bien, qui est bien structuré. Il dispose d’un nouveau centre d’entraînement qui n’existait pas à l’époque. Aujourd’hui ils sont en mesure de proposer des conditions plus que correcte à leur effectif. Ils ont un joli petit stade, à l’époque il y avait 5000 à 6000 spectateurs, bien sûr ça me changeait de Geoffroy. Mais ce sont 5000 ou 6000 spectateurs qui vivent le match. C’est un bon club de Ligue 2.
La dernière fois que les Verts ont joué au Stade Francis Le Basser, tu étais dans le camp d’en face et tu avais gagné. Tu t’en souviens ?
Oui, je m’en souviens. On avait gagné 2-0 mais on avait souffert en première période. Les Verts avaient mieux entamé la rencontre et David Hellebucyk avait marqué sur coup franc mais le but a été refusé.
Cette victoire nous avait fait beaucoup de bien car on était en difficulté. On a réussi à battre une équipe qui venait d’enchaîner plusieurs victoires et qui était déjà dans la course à la montée. Les Verts étaient déjà sur le podium avant ce match.
On accueillait un gros club mais peu importait l’adversaire, il fallait prendre des points. Evidemment, en ce qui me concerne, ce match était un peu spécial. Jouer contre le club qui te prête, c’est particulier. J’avais à cœur de faire un grand match, de montrer au coach qui ne me voulait pas qu’il avait « tort ». Forcément, j’avais un peu ça en tête. J’avais fait un bon match face à une belle attaque stéphanoise composée de Lilian Compan, Nicolas Marin et Fred Mendy.
Cette expérience à Laval m’a fait du bien et je ne suis pas un cas isolé. On a vu que Mahdi Camara a fait un prêt très concluant là-bas il y a quatre ans. Il est revenu plus fort et quelques mois plus tard il a su gagner sa place de titulaire en Ligue 1. Il compte aujourd’hui plus d’une centaine de matches dans l’élite. Laval, c’est un bon tremplin. C’est un club idéal pour refaire le plein de confiance, pour exprimer ses qualités, pour avoir du temps de jeu.
Lors de ta saison lavalloise, vous vous êtes sauvés lors de la dernière journée en finissant à la 17e place. Cette place est encore occupée par les Tango cette saison mais ils sont relégables.
Et oui, les quatre derniers descendent cette saison. Laval a prévu de prendre des points ce samedi, peu importe que ce soit Saint-Etienne en face. Lors de leurs deux derniers matches à la maison, les Tango ont battu deux équipes du top 5, Sochaux et Bastia. Sur l’année 2023, Saint-Etienne est une équipe du top 5. Mais Laval joue sa survie. C’est très difficile de jouer en fin de saison des équipes qui se battent pour ne pas descendre. C’est plus dur que de jouer contre Guingamp, qui n’a plus rien à jouer.
Quel est ton prono pour ce match ?
C’est difficile de faire un pronostic. Moi, ce que je regarde très souvent, c’est les dynamiques. Je vois que les Verts voyagent bien. Sur leurs 6 derniers déplacements, les Verts n’ont pas perdu. Ils ont gagné à Nîmes, Paris et Grenoble. Ils ont fait match nul sur le terrain des deux premiers, Le Havre et Bordeaux, ainsi qu’à Rodez. En 2023, Sainté n’a perdu qu’un seul match hors de ses bases, fin janvier à Bastia. Mais Sainté doit faire très attention car Laval est aussi dans une bonne dynamique depuis quelques matches. Ce club a subi une terrible série de 7 défaites consécutives mais depuis ça va mieux.
Certes, Laval est encore relégable mais loin d’être mort. Les premiers non relégables, Annecy et Valenciennes, n’ont qu’un point de plus. Les Verts doivent s’attendre à un match compliqué à Francis Le Basser. Cette équipe de Laval, je la trouve pas mal. A l’aller, Sainté avait gagné 1-0 mais les Tango n’avaient pas démérité, ils avaient été très cohérents. Honnêtement, je n’ai pas envie que les Lavallois redescendent en National. Bien sûr, je suis avant tout pour Saint-Etienne mais je n’aime pas voir perdre les Lavallois. Laval, c’est un de mes anciens clubs, j’espère vraiment qu’ils vont se maintenir.
De même que tu espères que le Red Star, le premier de tes anciens clubs, jouera lui aussi en L2 la saison prochaine.
Le Red Star fait partie des quatre clubs de National encore en lice pour la montée. Il avait l’opportunité hier en cas de victoire de prendre la tête du championnat mais la défaite concédée dans le temps additionnel contre Cholet compromet un peu ses chances d'accession. A deux journées de la fin, le Red Star a deux points de retard sur les trois premiers Martigues, Dunkerque et Concarneau mais les Martégaux n’ont pas encore joué, ils reçoivent Nancy lundi.
Le Red Star fait une très belle saison. Les Audoniens ont à leur tête un coach jeune, qui apprend très vite. Habib Beye met en place des choses que trouve très intéressantes sur un plan tactique. Bien sûr j’aimerais les revoir en Ligue 2. Je suis attaché à ce club, j’ai été formé là-bas. Le Stade Bauer est reconstruction, il a été retenu comme site d’entraînement pour les Jeux Olympique de 2024. Les supporters se sont battus très longtemps pour que le Red Star conservent ce stade, que le club ne soit pas délocalisé. Je me réjouis que le Red Star reste à Bauer.
Ce stade a une histoire, ce stade à une âme. C’est comme si à Saint-Etienne on demandait à Geoffroy-Guichard de s’éteindre et à l’ASSE de jouer dans un nouveau stade à La Ricamarie. No way ! Ça n’a pas de sens. Le Red Star, c’est Saint-Ouen, c’est Bauer. Heureusement que les supporters ont eu gain de cause ! Un nouveau maire est arrivé, un projet a été mis en place. A terme, peut-être que le club sera en mesure d’accueillir 12 000 personnes dans un beau stade Bauer rénové.
Merci à Fouss pour sa disponibilité