Geoffrey Dernis : "Il manque un Téji Savanier à Sainté"

Geoffrey Dernis, qui a donné le coup d'envoi avant-hier à la Mosson, revient pour nous sur ce match de la 5e journée de L1.

Geoffrey, alors que tu avais rejoué le 5 septembre sous le maillot vert à Cavaillon, c’est avec le maillot montpelliérain que tu as donné le coup d’envoi de Montpellier-Sainté. Peux-tu nous dévoiler les dessous de cette trahison ?

(Rires) Y’a pas du tout de trahison. J’ai passé trois années merveilleuses à Sainté et à Montpellier. Ce sont deux clubs que j’aime, c’est un amour partagé. Les deux grandes amours de ma vie. Il se trouve qu’à Montpellier on fête les dix ans du titre de 2012. A chaque match à la Mosson, le MHSC invite un joueur qui a été titré à donner le coup d’envoi. Vu que Montpellier recevait Sainté, ils ont trouvé sympa que ce soit moi qui donne le coup d’envoi. J’ai bien sûr accepté avec grand plaisir, c'était un joli clin d'oeil. J’ai vraiment passé des moments formidables dans les deux clubs. C’était un bon moment.

L’équipe des anciens Verts qui a défié une sélection de PACA à Cavaillon avait une forte ossature des années Bompard-Nouzaret. Comment t’es-tu retrouvé à la renforcer avec Pascal Feindouno ?

Je pense qu’il devait manquer un peu d’effectif car certains joueurs des années vertes 1998-2000 avaient sans doute des obligations et n’avaient pas pu se libérer. Patrick Guillou, qui était le co-organisateur de cet évènement, m’a appelé pour me demander si j’étais dispo et si ça m’intéressait de venir. Vu toute l’amitié que j’ai pour Pat et tout l’amour que j’ai pour les Verts, j’ai accepté avec plaisir vu que j’étais disponible. C’était très sympa de revoir des joueurs avec qui j’ai joué ou que j’ai affrontés. Dans l’équipe de PACA, il y avait notamment Vito. J’ai bien aimé cette ambiance, il y avait des anciens et des moins anciens. Je faisais partie pour une fois des plus jeunes donc j’étais assez content ! (rires) C’était la première fois que je remettais la tunique verte, ça m’a remémoré de bons moments.

A quand remonte ton amitié avec Patrick Guillou ?

C’est quelqu’un que je connais depuis longtemps. On se côtoyait déjà un peu, on se croisait mais sans plus jusqu’à ce que je fasse plus ample connaissance via un ami commun basé à Sainté, Franck Deville, le créateur de macarons. Après on est venu à échanger sur des matches de Saint-Etienne. A un moment donné je bossais pour la chaîne Telefoot et j’ai croisé parfois Pat qui travaille à beIN Sports. On s’est vu un peu en dehors des terrains, on a gardé contact. Au fil du temps, on est devenu assez proches.

C’est Pat qui a entraîné cette équipe d’anciens Verts. Tu n’étais pas encore stéphanois à l’époque mais quels souvenirs gardes-tu de la période Nouzaret à l’ASSE ?

C’est une période qui a fortement marqué les supporters stéphanois et je les comprends. Alors que le club sortait de deux saisons très difficiles dans les bas-fonds de la D2, il s’est passé quelque chose de fort. Le club est parvenu à retrouver l’élite, la mayonnaise a parfaitement pris entre les anciens et les jeunes. Ils ont su remettre le club là où il devait être, au plus haut niveau. Les Verts ont marqué les esprits quand ils ont rejoué dans l’élite, ils pratiquaient un jeu spectaculaire. C’était l’époque des Stéphane Pédron, Alex, Aloisio. J’ai beaucoup de respect pour tous les joueurs stéphanois de cette époque, ce sont eux qui ont redoré le blason du club.

Tu as évoqué ton expérience à Telefoot, tu as également bossé à France Bleu Hérault. Ça t’a plu cette expérience de consultant ?

Beaucoup ! Bertrand Queneutte cherchait un consultant pour France Bleu Hérault, il m’a appelé. Comme j’étais dispo, je lui ai répondu favorablement. Ce n’est pas un rôle que j’avais envisagé mais j’ai trouvé ça intéressant de vivre une nouvelle expérience. Ça m’a permis aussi de retrouver l’esprit foot qui me manquait quand même au bout de quelques années. Je me suis pris au jeu et ça m’a beaucoup plu. Je suis resté un peu plus de deux ans sur France Bleu. Ça m’a permis de me faire connaître dans un nouveau rôle, ça a attiré l’attention de la chaine Telefoot pour qui j’ai aussi bossé. Ce sont deux mondes différents. A la radio, tu dois détailler tout qui se passe. A la télé, ce n’est pas pareil. A la radio, j’ai même animé ma propre émission pendant un an. Je débattais avec des auditeurs. J’aurais bien aimé enquiller sur Amazon car ce travail médiatique m’a beaucoup plu. Ça n’a pas été le cas, je n’ai pas réussi mais je ne désespère pas de repartir dans ce domaine qui me plaît énormément. J’ai pris beaucoup de plaisir à analyser les équipes, le foot en général. C’est quelque chose qui me botte bien !

Quelles sont tes activités aujourd’hui ?

J’ai d’abord continué de jouer en amateur mais ça s’est arrêté il y a deux ans, quand j’étais à Agde en National 3. Je suis parti sur autre chose. J’aide le club de ma ville, Pérols, à se développer dans toutes les catégories, des plus jeunes aux seniors. Je conseille les formateurs et les entraîneurs, je m’implique complètement avec eux. Régulièrement j’assiste aux entraînements, je vais voir des matches. J’essaye de transmettre mon vécu de footballeur. C’est un plaisir pour moi de donner un peu vu ce que le football m’a donné.

C’est du bénévolat mais ça me tient à cœur d’exercer ces missions. Je n’ai pas actuellement d’autres activités. Le fait d’être quotidiennement au bord des terrains, de voir que j’aide un club sain, structuré, qui manifeste une réelle envie d’apprendre, ça me donne envie de passer mes diplômes d’entraîneur, pourquoi pas à compter de la saison prochaine, même si je ne désespère pas de retrouver un poste de consultant.

Pendant un moment, j’avais été un peu à l’écart du monde du football. Après ma carrière de joueur j’avais le sentiment d’en avoir un peu fait le tour et je m’étais lancé dans un autre projet, gérer un restaurant qui diffuse des évènements sportifs. J’ai tenu un tel établissement pendant quelques années à Lattes. Ce rôle de consultant m’a rapproché du foot, ça m’a plu et je suis retourné dedans. Je me suis pris au jeu. Le foot, ça reste une passion.

En tant que passionné et observateur averti, quelle analyse fais-tu de ce dernier match entre les Pailladins et les Verts ?

Je trouve que la victoire de Montpellier est logique sur l’ensemble du match. Si on regarde sur les 90 minutes, le succès du MHSC me semble mérité. Les Verts peuvent quand même avoir des regrets car ils ont eu beaucoup d’opportunités en première mi-temps. Mais malheureusement, on sait que dans le football si tu ne marques pas de but, tu n’es jamais à l’abri d’en prendre et c’est ce qui s’est passé. Les plus grosses situations de la première période, ce sont les Verts qui les ont eues. Denis Bouanga a eu deux occases. J’ai trouvé qu’il avait fait mal à la défense montpelliéraine par ses appels et par ses dribbles mais il a un problème à la finition. En première période, j’ai trouvé que son entente avec Wahbi Khazri et Romain Hamouma était très intéressante mais les trois de devant n’ont pas été assez tueurs et ils ont baissé de pied en seconde période. Je ne sais pas si c’est dû au fait qu’avec l’âge ils ne tiennent plus 90 minutes.

Ce que j’ai relevé aussi lors de cette première mi-temps, c’est que les Verts ont très mal géré un trois contre un, je crois que sur cette action le capitaine Mahdi Camara n’a pas réussi à cadrer. Romain Hamouma aussi a eu des occases dont un tir arrêté par Dimitry Bertaud. Ça fait beaucoup quand même ! Le match aurait été différent si Saint-Etienne avait ouvert le score. Montpellier a eu moins d’occases avant d’ouvrir le score à la demi-heure de jeu grâce à Stephy Mavididi même si Téji Savanier, qui lui a fait une belle passe décisive, s’était déjà montré dangereux deux ou trois fois auparavant. Par contre en seconde période le MHSC a vraiment eu la mainmise sur le match. Les Verts ont beaucoup souffert après la pause et ont été beaucoup moins dangereux qu'en première mi-temps.

Quels joueurs stéphanois en ont bavé particulièrement lors de ce match ?

J’ai trouvé qu’Yvann Maçon a eu énormément de difficultés sur son côté droit face à Stephy Mavididi car cet attaquant est percutant, explosif. On l’a vu aussi en seconde période, il a pris aussi l’ascendant sur Bryan Djile Nokoué qui a remplacé Maçon à la pause. Ce dernier n’a sans doute pas encore retrouvé le niveau qu’il avait avant de se faire les croisés. A ce poste de latéral droit, les Stéphanois ont été intéressants dans leur apport offensif, en contre-attaque. Mais défensivement ils ont beaucoup souffert. Plus globalement, j’ai trouvé que c’est toute l’équipe stéphanoise qui a été en difficulté en seconde période, sans pour autant concéder pléthore de grosses occasions. Mais on sentait qu’il y avait plus d’allant côté montpelliérain.

Au milieu de terrain, les Verts ont beaucoup couru. En première période, ils ont parfois réussi à se projeter, c’était intéressant. Mais quand Montpellier a pris l’ascendant, ils ne sont plus parvenus à le faire, on les a vus en grosse difficulté. Dans l’entrejeu des Verts, il manque vraiment un meneur, un Téji Savanier. Un gars qui prend le monopole du ballon quitte à décrocher bas pour distribuer des bons ballons et trouver de belles ouvertures. Un garçon comme Wahbi Khazri aime revenir dans le cœur du jeu pour proposer, mais s’il fait ça il manque quelqu’un à la pointe de l’attaque car il ne peut pas tout faire.

Ce qui fait défaut aujourd’hui à Saint-Etienne, c’est le manque d’un créateur au milieu de terrain. Yvann Neyou et Mahdi Camara sont de bons récupérateurs, des bons relayeurs mais ce ne sont pas des créateurs. C’est bien d’avoir au milieu quelqu’un qui donne le tempo. C’est le cas de Téji à Montpellier. Il est clairvoyant, technique, précieux et précis notamment dans son jeu long. Dimanche il a encore joué avec beaucoup de justesse. Quand il voit qu’il faut poser le ballon, il le pose. Quand il voit qu’il faut accélérer, il accélère. Tu n’as pas de joueur équivalent à Sainté, c’est ce qui a manqué aux Verts. Les trois de devant se sont essoufflés, ils sont un peu livrés à eux-mêmes.

Beaucoup de supporters stéphanois sont très inquiets après ce match, les Verts étant désormais dans la zone rouge.

Le souci à Saint-Etienne, c’est que le mercato a été plat. Aujourd’hui, tu fais avec les moyens que t’as. Il n’y a pas de demi-mesure à Sainté. C’est une équipe à la fois très jeune et très ancienne. C’est un groupe qui se connaît bien car ça fait maintenant un certain temps qu’ils jouent ensemble mais ça montre aussi ses limites. Un ou deux joueurs en renfort au mercato auraient certainement fait du bien. Des joueurs de 27 à 30 ans ayant l’expérience de la Ligue 1 pour amener cette équipe-là un peu plus haut.

Adil Aouchiche est encore très jeune, il est considéré comme étant prometteur mais force est de constater qu’il n’a pas encore explosé en Ligue 1. N’oublions pas que ce garçon vient à peine d’avoir 19 ans, c’est encore un peu trop tôt pour lui de prendre les clés du camion. Ce n’est que la saison passée qu’il a réellement découvert la Ligue 1. Je pense que c’est un bon joueur, mais est-ce qu’il aura les épaules assez larges pour prendre le jeu à son compte, franchement, je ne sais pas.

Je comprends que les supporters stéphanois soient inquiets. Quand tu ne prends que trois points en cinq matches, c’est forcément une source d’inquiétude. Mais tout n’est pas à jeter dans le début de saison des Verts. Ils ont fait un bon match à Lens et contre Montpellier en première mi-temps ils n’ont vraiment pas démérité, il leur a manqué la finition mais ils ont eu pas mal d’occasions. Ils doivent corriger ce manque d’efficacité. Quand t’as des situations franches, il faut arriver à les concrétiser.

Quand les Verts auront ce déclic-là, ça ira mieux. A mon sens les Stéphanois ne méritaient pas d’être menés à la pause à la Mosson. Mais ils ont été très peu dangereux après la pause et on a senti qu’ils étaient vulnérables et dedans en seconde mi-temps. Cette équipe n’a pas encore gagné, elle se cherche encore, on sent qu’elle ne sait pas toujours quand il faut attaquer ou pas. Le doute mine de rien commence à s’immiscer quand tu enchaînes pas mal de matches sans gagner mais au vu de la première période, je ne suis pas inquiet pour Saint-Etienne. Bien sûr que cette équipe stéphanoise a montré beaucoup de lacunes et fait beaucoup d’erreurs mais il faut que les Verts s’appuient sur cette première période.

Les Verts ne sont pas assez tueurs en ce début de saison, on espère tous que la donne va changer avec le goleador uruguayen Ignacio Ramirez !

Franchement, je ne le connaissais pas du tout. Il a joué la dernière demi-heure du match dans un contexte compliqué car les Stéphanois étaient en souffrance et ont encaissé leur second but deux minutes après son entrée en jeu. Difficile de le juger sur les rares ballons qu’il a touchés. Il faudra voir comment il s’acclimate, comment il se sent, s’il est prêt. Il y a forcément une part d’inconnu. Apparemment il a mis beaucoup de buts dans le championnat uruguayen. En tout cas je pense que Montpellier a eu le nez creux en faisant signer Valère Germain. Je l’ai trouvé très intéressant pour son premier match sous ses nouvelles couleurs. Il s’est beaucoup déplacé, il est dans l’esprit. Il connaît vraiment la Ligue 1. Il a marqué dès son premier match, il ne pouvait pas mieux démarrer en termes de confiance.

On verra ce que ça va donner ce fameux Ramirez à Sainté, j’espère qu’il saura être ce tueur qui fait défaut aux Verts depuis un bon moment. Est-ce que ça ne va pas soulager Khazri ? Peut-être qu’en reculant d’un cran, Wahbi Khazri va prendre le jeu à son compte. Je ne sais pas, c’est Claude Puel qui décidera. On est tous curieux de savoir ce que peut donner Ramirez, ça peut être une bonne surprise.

Certains supporters stéphanois sont tombés de haut ce week-end. Pour eux, Montpellier semblait bon à prendre car a priori friable en défense et amoindri en attaque suite au départ du fameux duo Andy Delort et Gaëtan Laborde en fin de mercato.

L’équipe de Montpellier, je la connais car je l’ai suivie pendant deux ans pour France Bleu Hérault. Je connais un peu les joueurs. Il n’y a que la charnière Thuler-Sako où j’avais des interrogations. Thuler est un jeune défenseur brésilien qui vient de Flamengo au Brésil, je ne le connaissais pas vraiment. Quant à Mamadou Sako, il a très peu joué la saison dernière à Crystal Palace, il était blessé. Contre Sainté, il a fait son match. Il est très costaud défensivement, on connait son côté athlétique. Après, il a besoin de repères dans ses placements avec Thuler. On a vu que lorsque les Verts ont mis beaucoup de mouvements en première période, c’était un peu compliqué.

Au milieu, je trouve que Joris Chotard est un très bon joueur. Ce garçon, qui n’a pas encore 20 ans, a fait je trouve un très bon match contre Saint-Etienne. On l’a déjà évoqué tout à l’heure, Téji Savanier est en grande forme, il a pris les clés du camion et il est aujourd’hui capitaine du MHSC. Devant, on a beaucoup parlé du duo Delort-Laborde ces dernières saisons. C’est sûr que ces deux attaquants ont marqué les esprits.

Mais Stephy Mavididi avec un temps de jeu plus limité a marqué 9 buts la saison passée. Ce n’est pas un rigolo. On n’en parlait pas beaucoup car il y avait ce fameux duo qui survolait, mais Stephy Mavididi est un très bon joueur. Il l’a encore montré contre Sainté. Contre les Verts on a vu aussi qu’Olivier Dall’Oglio a titularisé Elye Wahi, un tout jeune garçon de 18 ans. Comme quelques jeunes de Sainté, il découvre un peu le haut niveau.

Bref, cette équipe de Montpellier paraît affaiblie par le départ du duo Delort-Laborde mais elle a d’autres armes qui étaient peut-être sous-estimées par les fans de Sainté. S’ils se sont dit que Montpellier était bon à prendre, du côté de Montpellier il s’est dit que le match contre Sainté pouvait permettre de se relancer. En fait les deux équipes avaient à peu près le même discours, sauf que Montpellier était mieux armé sur l’ensemble du match.

Ne trouves-tu pas que la charnière centrale stéphanoise, en particulier Mickaël Nadé, a paru lente face aux attaquants montpelliérains ?

C’est délicat de parler de ça. C’est comme si tu comparais une personne normale qui court à côté d’Usain Bolt. Là où Montpellier a été intéressant, c’est en jouant sur les lacunes de la défense stéphanoise. Téji Savanier a vite compris que jouer dans le dos des défenseurs était une arme assez redoutable. Stephy Mavididi a déstabilisé cette équipe stéphanoise par sa vitesse, Elye Wahi a su le faire aussi par moment. Valère Germain a fait mal aux Verts également, dans un autre registre, en créant des brèches par ses déplacements. Mais n’oublions pas qu’en première mi-temps les Verts ont su aussi créer beaucoup de décalages avec Denis Bouanga et Romain Hamouma. Simplement, Montpellier a su se montrer plus réaliste et a fait douter les Stéphanois.

Claude Puel a concédé à Montpellier sa 32e défaite en 76 matches à la tête des Verts. Des supporters considèrent qu’il n’est plus l’homme de la situation et ne voient pas de progression depuis son arrivée. Qu’en penses-tu ?

Je vais te répondre par une question, j’aime bien faire ça. On tire un peu sur Claude Puel, je le lis, je l’entends, il n’y a pas de souci. Mais aujourd’hui, quelles ont été les armes dont il a disposé depuis deux ans qu’il est au club ? Comment on a pu aider Claude Puel pour qu’il puisse évoluer ? Il fait avec les moyens qu’il a. Je considère qu’il a toujours la capacité à faire progresser ses joueurs. Je l’ai connu à Lille, je sais ce qu’il demande aux joueurs, je sais comment il travaille. C’est un travailleur Claude Puel.

Aujourd’hui, je pose une question. Quel entraîneur est capable de faire mieux que Claude Puel ? Avec cet effectif, on peut dire ce que l’on veut, c’est quand même très limité ! Si aujourd’hui tu perds un Bouanga, un Khazri ou un je ne sais pas quoi, qui tu mets ? Après, encore une fois, il y a peut-être quelqu’un qui va arriver, provoquer un déclic chez les joueurs. Ça peut marcher. Mais aujourd’hui, quelles garanties tu as ? Depuis qu’il est arrivé à Sainté, Claude Puel n’a quasiment pas eu la moindre enveloppe pour recruter. A partir du moment où t’as plus vendu qu’acheté lors des mercatos et qu’en plus tu ne t’es pas renforcé…

Quand Montpellier va chercher un Valère Germain, ce n’est pas le meilleur attaquant de Ligue 1 mais c’est un attaquant confirmé. Quand ils vont chercher un Mamadou Sakho, il a peut-être été longtemps absent mais ça reste un international français. Aujourd’hui, Saint-Etienne ne peut même pas faire ça. Ils sont obligés de faire des paris, de dénicher des joueurs peu connus. Ils l’ont fait avec une certaine réussite en recrutant Yvann Maçon à Dunkerque ou encore Yvan Neyou en équipe réserve de Braga. On verra ce que donnera l’Uruguayen qu’il se sont fait prêter.

On pointe le fait que le club tarde à progresser depuis deux ans que Claude Puel a rejoint l’ASSE. Mais il n’a pas un effectif de folie à sa disposition et il arrive quand même à faire progresser des joueurs. Yvann Maçon par exemple s’est révélé, malheureusement il s’est fait les croisés alors qu’il était en plein élan. Des très jeunes joueurs formés au club comme Lucas Gourna et Saidou Sow ont montré de belles choses, Claude Puel leur fait confiance. Devant, Sainté n’est pas l’équipe la mieux armée de l’élite. C’est peut-être l’effet de l’âge. Il y a des joueurs qui ont l’expérience de la Ligue 1 mais qui n’ont plus la vivacité d’il y a quelques années.

Romain Hamouma et Wahbi Khazri ont un bagage technique, une intelligence de jeu mais ils n’ont plus le même coup de rein. Je le dis comme je le pense, et j’ai vécu ça. Arrivé à un certain âge, je jouais plus facilement avec ma tête et mes pieds qu’avec ma vitesse ou même le coffre. Quand tu regardes un Mavididi, ça a 23 ans, ça a des jambes, ça court, ça sprinte. Est-ce qu’aujourd’hui un Khazri ou un Hamouma sont capables de le faire ? Je te dis non. Plus le match avance, plus ça va être compliqué car aujourd’hui à Saint-Etienne je ne vois pas de joueur de profondeur. Je n’en vois pas un seul qui la prend comme un Mavididi ou un Wahi. Il y a beaucoup de joueurs qui aiment bien le ballon, qui aiment bien jouer, mais dès que tu ne les trouves plus, tu n’avances plus.

Les critiques sur les résultats et le jeu stéphanois, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, il faut en prendre conscience, il faut les écouter. Mais après il faut aussi prendre du recul et évaluer au mieux sportivement les forces en présence et les capacités financières des clubs à être actifs sur le marché des transferts. Aujourd’hui, tous les clubs de Ligue 1 même à un degré moindre ont toujours au moins deux ou trois renforts pour essayer de progresser. On ne voit pas ça à Saint-Etienne. Pour moi, honnêtement, Saint-Etienne va se battre pour les places 10 à 14. Entre les joueurs qu’ils ont et le banc qu’ils peuvent avoir, ce n’est pas évident. T’as beaucoup de clubs qui sont quand même mieux armés.

Les plus pessimistes des supporters stéphanois vont te trouver optimiste quand tu parles des places 10 à 14. Certains dépriment tellement depuis dimanche après-midi qu'ils nous voient dans la charrette en fin de saison.

On dit toujours que ce n’est que le début de saison. C’est vrai que quand tu démarres comme ça tu gamberges un peu mais tu peux vite décoller en l’espace de deux ou trois matches. Le prochain match des Verts contre Bordeaux est un tournant. Si t’arrives pas à battre la lanterne rouge chez toi, là ça va être compliqué. Les matches d'après, contre des équipes comme Nice et Lyon, tu n’es pas favori et tu ne peux que créer l’exploit. Contre les gros tu joues ton va-tout et tu peux gagner. Mais contre Bordeaux c’est le vrai virage. En cas de contre-performance, tu te dis « ouais, ça commence à être tendu. » En cas de victoire, tu te donnes une vraie bouffée d’oxygène.

Merci à Geoffrey pour sa disponibilité