Ex-milieu de terrain lavallois et ancien entraîneur des U19 stéphanois, Jean-Luc Dogon s’est confié à Poteaux Carrés avant le choc qui opposera ses deux anciens clubs ce lundi à Francis Le Basser.
Jean-Luc, ton cœur battra pour les Tango ou pour les Verts lundi soir ?
Je n’ai pas de préférence. Je suis attaché aux deux clubs. J’espère juste que ce sera un bon match. Que le meilleur gagne !
Le Stade Lavallois, ça représente quoi pour toi ?
C’est un club qui a beaucoup compté pour moi bien sûr car j’y ai passé cinq ans. J’ai été formé là-bas. La première année où j’arrive en étant surclassé, on a gagné la Gambardella. C’était un truc extraordinaire, il y avait une ambiance super. J’en garde de supers souvenirs. J’ai continué ma formation. On m’a vite donné ma chance chez les pros, j’ai fait mes débuts en première division à l’âge de 17 ans. J’ai vraiment vécu de belles années sous le maillot tango. Je suis arrivé au Stade Lavallois en juillet 1983 et deux mois après l’équipe première éliminait le Dynamo Kiev de la Coupe UEFA. Le Stade Lavallois avait le meilleur centre de formation de France. Je pense que les trois quarts de ceux qui ont joué la Coupe d’Europe sortaient du centre de formation.
Montpellier, que tu as battu en finale de la Gambardella avait aussi une belle génération : Robin Huc, Pascal Baills, Franck Passi, Kader Ferhaoui et bien sûr leur capitaine Laurent Blanc, qui s’est vu refuser un but qui semblait pourtant valable.
Avec Lolo, vous avez remporté quatre ans plus tard l’Euro Espoirs… T’as gardé des contacts avec d’anciens coéquipiers de la Gambard ?
Oui bien sûr. Avec Bertrand Reuzeau notamment. Comme il a dirigé le centre de formation de Monaco avant de prendre les rênes du centre de Montpellier, j’ai eu l’occasion de le revoir quand j’entraînais les U19 de l’ASSE. J’ai eu plaisir aussi à recroiser Laurent Chatrefoux. C’était notre gardien, il bossé à la fédé et il est venu faire des formations à Sainté. Mon meilleur ami est Alain Drouet. Il n’a pas percé dans le foot mais il était lui aussi titulaire lors de ce succès en Gambardella.
Bien sûr j’ai encore des contacts avec Loïc Lambert car on a joué ensemble pendant 5 ans à Laval. On a un gros vécu commun. Ça a créé des liens. On a fait pas mal de fêtes avec Loïc ! (rires) C’est quelqu’un que j’apprécie, j’ai eu la chance de le revoir quand je suis arrivé à Sainté. Il était à l’époque entraîneur de Blois et avait affronté la réserve stéphanoise qui était encore en N2 à ce moment-là. C’était vraiment top de se revoir.
Trois ans avant de rejoindre l’ASSE, ce dernier avait marqué à tes côtés lors d’un écrasant succès contre les Verts (4-0) à Francis Le Basser. Tu te souviens de tes matches joués avec Laval contre Sainté ?
J’ai joué le premier à Geoffroy, on avait fait 0-0 là-bas, l’ASSE venait de remonter en D1. Mais je me souviens surtout des matches à Francis Le Basser. Le stade était blindé. Sainté était très attendu, forcément ! il faut dire que la grande époque des Verts n’était pas si lointaine qu’aujourd’hui. La venue de l’ASSE à Laval, c’était un évènement que personne ne voulait manquer ! A Le Basser, je crois que j’ai gagné les deux matches que j’ai joués contre Sainté.
Exact ! Quatre mois avant ce 4-0, tu avais gagné 2-1 grâce à un but de Michel Audrain, qui a entraîné à l’ASSE les U15 (la saison 1996-1997) puis la réserve (la saison 1997-1998) où il a eu sous ses ordres des joueurs comme JJ, Juju, Papus et Lulu.
Ah oui, c’est vrai ! J’ai le souvenir qu’il y avait de l’amitié entre Laval et Sainté, beaucoup de respect. C’était la fête à Le Basser quand les Verts débarquaient, bien sûr ça nous motivait.
Le Stade Lavallois était à l’époque entraîné par Michel Le Milinaire, âgé désormais de 92 ans. Que peux-tu nous dire sur lui ?
Ah, Michel Le Milinaire… L’entraîneur emblématique du Stade Lavallois ! C’était une époque où l’entraîneur travaillait tout seul, faisait tout tout seul. Quand tu vois les staffs pléthoriques qu’il y a aujourd’hui dans le foot… Il a pris le club en DH ou en CFA et il l’a emmené jusqu’à la Ligue 1 et à la Coupe d’Europe. Monsieur Le Milinaire, c’est l’entraîneur qui m’a fait confiance, qui m’a fait monter chez les pros… Je lui serai toujours reconnaissant. C’était un personnage atypique dans la monde du football. C’était un instit, le foot n’était pas vraiment son métier à la base. Il avait du caractère, était très respecté. Il aimait le beau jeu, était axé sur le jeu à la nantaise. J’ai eu de très bons rapports avec lui.
Tu auras passé un an de moins à l’ASSE qu’au Stade Lavallois. Quelques mois après avoir quitté le Forez, quel bilan fais-tu de tes vertes années ?
J’ai apprécié cette expérience à Sainté. Comme tu le dis, j’ai passé quatre ans là-bas mine de rien. C’est passé vite. J’ai passé de très bon moments là-bas, la première saison en particulier. J’arrivais avec une autre méthode de travail, j’étais à Bordeaux avant où c’était différent. Je trouve que ça m’a bien convenu. Les rapports avec les joueurs étaient un peu plus proches, on était plus à l’écoute, c’était plus dans le relationnel aussi.
C’était vraiment bien, les résultats étaient pas mal, malheureusement, le regret que je peux avoir, c’est que cette saison-là on avait un groupe vraiment sympa mais il y a eu le Covid, ça s’est arrêté. J‘aurais bien aimé aller plus loin avec ce groupe-là, essayer d’atteindre les phases finales. Je pense qu’on en avait largement les moyens. Mais bon, ça n’a pas pu se faire, la saison a été vraiment tronquée. La deuxième saison aussi, avec encore l’arrêt des championnats.
Dans ce contexte-là, on fait au mieux, on a réussi à travailler. On a eu la chance de pouvoir faire des matches amicaux au centre. C’était vraiment le travail de formateur mais sans la compétition. Après, les autres années, l’ambiance était un peu moins bonne. Sans qu’il y ait de gros problèmes, on sentait qu’il y avait des petites tensions… Mais j’ai eu des groupes sympas, les adjoints ont été top aussi. Je trouve que c’est un centre qui est bien structuré maintenant, ça travaille bien.
La formation stéphanoise, elle est reconnue. Ça fait quand même pas mal d’années, bien avant mon arrivée, que ça travaille bien, que les résultats sont intéressants, qu’on sort des jeunes. Moi j’ai apprécié ça et je trouve ça bien que le club s’appuie sur la formation car c’est l’avenir, il ne faut pas rêver. Les équipes du centre de formation de l’ASSE sont assez suivies par les supporters, c’est plaisant. Après, obtenir des résultats, c’est bien, mais ce n’est pas la priorité. C’est cela qu’on a encore du mal à faire comprendre à beaucoup de personnes. Le but de la formation, c’est de sortir des joueurs. Gagner la Gambard ou le championnat, ce n’est pas la priorité.
Tu viens d’évoquer des tensions la seconde moitié de ton aventure stéphanoise. C’était tendu entre les formateurs, entre les éducateurs et la direction, entre les entraîneurs et certains joueurs ?
C’était entre collègues, l’ambiance était moins bonne. Je trouve que chacun voyait un peu trop son cas particulier. La formation, ce n’est pas comme ça que moi je la conçois. On est tous dans le même bateau, on doit tous tirer dans le même sens. Les résultats de chacun, on s’en fout un peu, quoi ! Il y a eu quelques tensions. On n’a pas tous la même personnalité, pas tous la même façon de voir les choses. Cela me convenait un peu moins mais j’aurais pu continuer quand même, il n’y a pas eu de clash.
Pour quelles raisons as-tu refusé de prolonger à l’ASSE alors ? En raison de cette ambiance pas top, pour des questions d’ordre sportif ou financier, pour des considérations familiales ?
Cela n’avait rien à voir avec les autres, avec des considérations sportives ou financières. C’est pour des raisons familiales. Les conditions pour que je reste, le club le savait depuis la Toussaint, depuis le début de saison pratiquement, c’est qu’on me propose une prolongation de deux années et pas juste d’un an. Il fallait qu’au niveau familial ça suive. Moi j’étais tout seul là-bas, il fallait que ma femme me rejoigne. C’était ma priorité. Mais le club ne m’a proposé qu’un an.
Vis-à-vis des autres formateurs, ils n’ont pas voulu accéder à ma demande, je trouve ça dommage. C’est comme ça, c’est leur choix. Moi j’avais été clair d’entrée. Je n’ai pas changé d’avis même s’ils essayé plusieurs fois de me faire changer d’avis. Certains sont de Sainté, ont leur famille à Sainté. Je comprends qu’ils aient signé juste pour un an, j’aurais été à leur place, c’est ce que je leur ai dit, j’aurais fait la même chose. Moi j’étais un cas particulier mais on n’a pas tenu compte de cette particularité. C’est comme ça, c’est pas grave !
Tu es parti de Sainté en bons termes avec tout le monde ?
Oui, je n’ai de problème avec personne, j’ai encore des contacts réguliers avec les gens du centre. J’ai récemment échangé avec Patrick Moreau qui a repris les U19. J’ai eu au téléphone d’anciens adjoints. Avec Fred Dugand, qui a repris les U17, on s’appelle régulièrement. J’ai eu Laurent Huard encore la semaine dernière. Je suis toujours les résultats des équipes du centre de formation, ça m’intéresse. Je suis toujours en relation avec certains joueurs, leur évolution m’intéresse. On s’envoie des petits messages, c’est sympa. Je les encourage, je les supporte et je me réjouis quand ça marche pour eux.
S’il titularise Léo Pétrot et donne régulièrement du temps de jeu à Dylan Chambost, deux joueurs qu’il a eus sous ses ordres quand il entraînait la réserve, Laurent Batlles a très peu fait appel aux autres garçons issus du centre de formation cette saison (479 minutes en temps de jeu cumulé pour Moueffek, Rivera, Cissé, Sow et Gauthier) et a choisi de se passer des services de Louis Mouton, Yanis Lhery et Mathys Saban, tous trois prêtés pour qu’ils s’aguerrissent. Est-ce dû au fait que ces jeunes sont encore trop tendres ? Qu’en penses-tu ?
Je pense que c’est une politique de club, ça se joue entre le directoire et l’entraîneur des pros. Je considère qu’on a quand même eu la chance à Saint-Etienne d’avoir eu Claude Puel et Laurent Batlles aussi même si c’est peut-être un peu moins vrai en ce moment. Ils ont mis en avant la formation et ont permis à des jeunes d’éclore. Cela dépend du rapport entre l’entraîneur des pros et le centre de formation. Il y a des entraîneurs qui veulent des joueurs confirmés, il y en a d’autres qui n’ont pas peur de mettre des jeunes.
Je n’ai pas discuté récemment avec lui mais apparemment Laurent veut des joueurs expérimentés. Il a l’ambition de monter. Il y a des périodes où quand on est entraîneur pro, on peut se permettre de faire jouer des jeunes car même s’ils loupent un peu le match ce n’est pas très grave. Peut-être que Laurent est dans une phase où il considère qu’il ne peut pas trop se le permettre. Il faut partir dans l’idée qu’il faut former des joueurs, dans l’idéal pour le club où on est, en l’occurrence Saint-Etienne. Et si ça ne se fait pas, pour que les jeunes puissent s’épanouir dans d’autres clubs.
En quatre ans, tu as eu beaucoup de joueurs sous tes ordres. Parmi eux, lesquels t’auront le plus marqué ou surpris, que ce soit par leur qualités sportives ou leur personnalité, leurs qualités humaines ?
J’ai eu de très, très bons rapports avec Louis Mouton. On est toujours en contact d’ailleurs. On avait vraiment des relations sympas et saines, franches. C’est assez rare qu’un « gamin » - ce n’est plus un gamin - soit aussi franc et direct avec un coach. Ça j’ai apprécié, Louis m’aura beaucoup marqué. C’est un joueur accrocheur, il a une très bonne technique de pied. Il a bon volume de jeu. Il manque de vitesse mais c’est un vrai joueur de foot, il aime ça. C’est un garçon à l’écoute. Je trouve qu’il analyse très bien ses performances et celles de l’équipe.
Lucas Gourna m’a marqué autrement même si je ne l’ai pas eu très longtemps car il est vite monté. Sa personnalité m’a marqué, sa maturité notamment. Il était en avance sur tous les autres. Il a appris beaucoup de choses plus vite que les autres. Ce n’est pas pour rien qu’il a joué si tôt avec les pros et qu’il s’est imposé en équipe première. Ce n’est pas pour rien qu’il joue la Ligue des Champions avec Salzbourg et qu’il a fait ses débuts en équipe de France Espoirs.
Karim Cissé également m’a marqué pour ses qualités de footballeur. Il a vraiment quelque chose ce petit, et il l’a montré très, très vite. Sa percussion, sa vitesse et sa puissance sur ses premiers enchaînements, c'est remarquable. Malheureusement, administrativement ça a été compliqué. Il n’était pas en règle donc il ne pouvait pas jouer les championnats nationaux. Je l’ai eu à l’entraînement et pour les matches amicaux.
Karim a vraiment de grosses qualités mais c’est un joueur qu’il faut recadrer. Au niveau de l’éducation, c’était un peu compliqué. Il a fallu le recadrer, le reprendre assez souvent. C’est ce qu’a fait aussi Razik, qui l’a eu plus longtemps. J’espère que Karim va bien se mettre dedans et que ça va bien se passer avec les professionnels. Ça a l’air en tout cas mais on espère qu’il enchaîne. Il a fait quelques apparitions cet été mais cet automne il a disparu du groupe. J’ai vu qu’il a réussi ses débuts réussis avec la Guinée, il a fait une passe décisive. C’est un gamin qui a un très gros potentiel.
Je suis content aussi pour Saidou Sow, qui a été cette semaine son capitaine en équipe de Guinée. Quand je suis arrivé, certains joueurs comme Saidou étaient au placard mais ils ont réussi à se remettre dedans. On les a aidés, on a réussi à les faire signer pro. Saidou a traversé des moments difficiles, ça m’ennuie qu’il ne joue pas du tout à Strasbourg. Saidou, c’est un joueur que j’apprécie. J’ai adoré aussi la gentillesse d’Ahmed Sidibé. J’ai bien aimé également les petits jeunes de Sainté Abdé et Maé [Abderraouf Guechi et Maedine Makhloufi, ndp2]. Franchement, le relationnel avec les trois gros quarts des joueurs était vraiment plaisant.
J’avais également une très bonne relation avec Baka [Abdoulaye Bakayoko, ndp2]. Je crois que c’est le joueur le plus puissant que j’aie jamais eu. Il a aussi une de ses détentes… J’ai eu sa version des faits sur son prêt au Puy. Avec les rapports qu’on avait, j’ai tendance à le croire. Il ne faut pas tout lui mettre sur le dos. Baka, ce n’est pas un gamin qui met le bordel. C’est pas ça du tout. Après, il est beaucoup dans l’affectif. Il ne faut pas aller trop loin non plus, je ne pense pas que tout ce qui a été dit était entièrement de sa faute. C’est dommage qu’on ne lui ait pas donné sa chance et qu’il soit parti au Qatar. C’est clairement un gâchis. Demain, je prends un club en L2, Baka je le prends direct. J’avais des relations particulières avec lui. Je sais comment le prendre, je sais ce qu’il faut attendre de lui. Il n’a pas une super technique mais il a beaucoup d’autres choses. Au moins pour la Ligue 2, il avait largement sa place.
Tu as évoqué tout à l’heure Louis et Karim mais tu as beaucoup d’autres jeunes joueurs professionnels actuellement sous contrat avec l’ASSE à commencer par Maxence Rivera.
Ça ne se passait pas super bien pour Maxence avant que j’arrive mais ça n’a rien à voir avec le fait que ça se soit mieux passé après. J’avais entendu qu’il y avait eu quelques soucis mais c’est un garçon qui a eu l’intelligence de changer. Il a changé de mentalité. Il s’est mis au travail, il s’est mis à écouter ce qu’on lui disait. Le début de saison la première année que j’ai eu les U19 stéphanois, Maxence était au-dessus. Largement au-dessus ! Il faisait des différences, il faisait des top matches mais il s’est blessé assez sérieusement à la cheville, tout seul. On ne l’a pas revu pratiquement de toute la saison. C’est un garçon attachant, bosseur, qui a bien fait de se remettre en question. Il percute dans le couloir, son prêt au Puy a été bénéfique. Il a fait de bons matches de préparation mais n’a fait que deux ou trois apparitions cette saison. J’espère qu’il va pouvoir jouer, car ne faire que des bancs…
Tu as eu également sous tes ordres Antoine Gauthier, qui a fait ses débuts en pro la saison passée lors de l’écrasante victoire des Verts contre Bastia. Cette saison, il n’a fait qu’une apparition éclair à Annecy.
Antoine est un garçon attachant qui me fait un peu penser à Maxence, qui a deux ans de plus que lui. Au début Antoine était assez renfermé et ensuite il a changé. Il a évolué, il a mûri, il s’est mis au boulot un peu plus. Il a vraiment fait de belles performances, je trouve qu’il a réalisé de bonnes saisons. Il a fait une progression vraiment constante. Il a ce pied qui est assez intéressant. Il a du volume, il donne tout. Je trouve qu’Antoine colle bien à l’identité stéphanoise. Il bosse, il y va, il a beaucoup de caractère. Il a hélas été gêné par des blessures, en particulier la saison dernière avec ses problèmes au dos. Il va falloir qu’il enchaîne un peu. C’est un joueur intéressant, je pense qu’il faudrait le prêter pour qu’il ait du temps de jeu. En tout cas c’est un joueur à suivre.
A défaut d’avoir prêté Antoine, l’ASSE a prêté deux attaquants à des clubs luxembourgeois : Mathys Saban et Yanis Lhery.
Oui, j’ai vu ça. Mathys, je le qualifierais de joueur de coup. C’est le joueur même chez les jeunes dans des matches un peu serrés qu’on laissait sur le terrain. Parfois on ne le voyait pratiquement pas, il ne faisait pas grand-chose mais sur un coup, il te sortait une action décisive, un but qui venait un peu d’ailleurs. C’est un joueur un peu atypique. C’est un peu difficile de le faire jouer, surtout en professionnel où on en demande encore plus. Il faut que Mathys évolue, c’est bien qu’il soit prêté. Il faut qu’il devienne plus constant et plus décisif mais ça reste un joueur intéressant.
Yanis, je le trouve très, très bon dans les appels. Il est chiant avec les défenseurs et parfois un peu avec les entraîneurs (rires). Il faut qu’il enchaîne. Yanis doit se montrer plus efficace. Il arrive à voir de bonnes situations, il parvient à se procurer beaucoup d’occasions car ses appels sont tranchants et justes. Mais devant le but il doit vraiment se montrer plus clinique et performant.
Ayman Aiki a joué 7 matches de L2 en début de saison dernière et depuis il n’a plus été appelé en équipe première. Quels souvenirs gardes-tu de ce garçon ?
Avec les U19, Ayman était largement au-dessus du lot. Il marquait quasiment à tous les matches. Que ce soit contre les « petites équipes » du championnat ou contre les gros, il se mettait en évidence et arrivait très régulièrement à faire la différence. Je pense que ça lui a fait beaucoup de mal de monter si vite en pro. On ne lui a pas rendu service, Ayman n’était pas prêt. Ça l’a ralenti, ça lui a mis un coup d’arrêt. Il a eu du mal à s’en remettre. Je trouve qu’il est revenu un peu dans le coup en fin de saison dernière, on a commencé à le retrouver.
Ayman est un joueur intéressant, à suivre, mais il faut peut-être y aller un peu plus doucement. Le cas d’Ayman n’est pas un cas isolé, dans tous les clubs il arrive qu’on lance des joueurs en pro de façon prématurée. Les parents, les agents, certains entraîneurs veulent aller beaucoup trop vite. On est là aussi pour les protéger. Sur ce cas-là… Ça fait toujours plaisir qu’il soit avec les pros, on ne va pas se le cacher, mais ça ne lui a pas rendu service.
Il évolue sous les ordres de Razik Nedder aux côtés de Cheikh Fall, qui a fait ses débuts en pro en juin dernier contre Valenciennes mais n’a pas encore été utilisé par Laurent Batlles cette saison.
Cheikh, c’est un joueur adorable. Je l’aime beaucoup. C’est quelqu’un de très respectueux, bosseur. Quand il est arrivé, il a fait trois ou quatre matches avec les U19. Il n’est pas resté car ce n’était pas son niveau, il était au-dessus du lot. Ça a été un plaisir de travailler avec un garçon comme Cheikh. Au niveau du respect, il n’y a pas mieux ! Il a une excellente mentalité, donne tout pour l’équipe. Il est très intéressant. C’est une bonne trouvaille.
Jebryl Sahraoui a signé son premier contrat pro en tout début d’année mais n’a pas encore été appelé dans le groupe pro. Que penses-tu de ce milieu de terrain ?
Jebryl est un joueur intelligent, il sent bien le jeu. Je trouve qu’il a une très bonne technique. Comme Louis Mouton, il est un petit peu lent. Jebryl a eu une bonne progression, hélas entravée par une blessure. Il ne faut pas aller trop vite avec lui, le laisser progresser à son rythme. C’est un vrai joueur de football. Comme c’est par ailleurs un garçon réfléchi, je ne suis pas trop inquiet pour lui.
L’ASSE a un Jebryl mais aussi un Jibril. S’il n’a pas encore signé pro, Othman est un international U20 tunisien qui a fait 3 apparitions en équipe première la saison dernière.
J’ai vu qu’il s’est blessé au genou cet été, j’espère qu’il reviendra en pleine forme. Jibril, c’est un peu le même style que Yanis Lhery. C’est un pur attaquant qui aime le but, qui vit pour ça. Mais il faut qu’il soit encore plus efficace. Son ratio buts marqués / nombre d’occasions n’est pas suffisant. Jibril a un bon pied droit mais il faut qu’il s’améliore sur son pied gauche. Jibril doit se montrer encore plus exigeant devant le but, peut-être un petit peu plus calme.
Jean-Luc, mine de rien, on vient d’égrener pas mal de noms. Ces contacts avec les jeunes joueurs, chacun ayant son caractère et ses qualités de joueur, ça ne te manque pas ?
La relation avec les joueurs me manque. C’est en bonne partie pour ça que je fais ce métier-là. Oui, ça me manque, c’est ce que j’aime.
Que deviens-tu depuis que t’as quitté Sainté ?
J’ai retrouvé ma famille, ma maison. Je suis reparti vivre à Bordeaux.
Ah, je croyais que le Pays Dogon, c’était au Mali !
(Rires) Je sais qu’il y a des Dogon au Mali mais mon pays, c’est Bordeaux.
T’as eu des sollicitations ? Quels sont tes projets ?
J’ai eu des petites touches avec des centres de formation mais ça n’a pas pu se faire. Je suis les matches, je commence à aller voir des rencontres sur la région, des matches de championnat U19 ou même de National. J’attends, ça va peut-être bouger car il y a beaucoup de descentes cette année. Je suis à l’écoute, je me donne encore jusqu’à l’été prochain pour voir si je peux trouver un centre intéressant. Je ne suis pas fermé au fait d’être adjoint en pro, j’ai eu des discussions avec plusieurs personnes. Épauler quelqu’un avec lequel ça passerait bien, ça pourrait m’intéresser. Ou je reste dans les centres, ce qui était ma priorité pour l’instant, ou je deviens entraîneur principal d’un club de N2 ou de N3. Mais si j’ai l’opportunité d’être adjoint chez les pros, je pense que je tenterai l’aventure.
Merci à Jean-Luc pour sa disponibilité