Revenu dans le Chaudron jeudi soir pour encourager ses anciens coéquipiers champions de France U17 Léo Pétrot et Dylan Chambost, Eliott Gattier s'est confié à Poteaux Carrés.


Dis-moi Eliott, ça fait un bail qu’on ne t’avait pas vu dans le Chaudron ?

En effet, ça faisait près de 10 ans que je n’étais pas retourné à Geoffroy-Guichard. Je suis revenu dans le Chaudron car ça me tenait vraiment à cœur d’encourager Léo Pétrot et Dylan Chambost. Léo c’est un ami. Et avec Dylan, on s’échange régulièrement des nouvelles.  Je ne regrette pas d’être venu. C’était un super moment. Je suis très fier de mes deux anciens coéquipiers. Les voir performer dans un match si important, dans un Chaudron si chaud… Ah, l'ambiance de Geoffroy-Guichard... Celle qui m’a le plus marqué, j’étais tout jeune, c’était avant que j’entre au centre de formation. C’était un 8e de finale de Coupe UEFA comme on disait à l’époque contre le Werder de Brême. Jeudi contre Metz, dans un autre contexte, il y avait encore une ambiance incroyable. Et voir un de mes meilleurs potes sur la pelouse, ça décuple mes sentiments.

Il est comment Léo en dehors des terrains ?

Il est dans la vie comme il est sur le terrain. C’est quelqu’un d’hyper généreux, il est dans le don de soi. Il pense aux autres avant de penser à lui. Je pourrais dire la même chose de Dylan. Ils méritent vraiment la place qu’ils ont aujourd’hui. Ils n’ont jamais rien lâché. Ça a vraiment été en dents de scie. Moi j’ai vécu à peu près la même chose sauf que moi je n’ai pas su remonter. Je salue vraiment le travail de Léo et Dylan, leur résilience, leur ténacité. Ils n’ont jamais abandonné. Le football, c’est un monde et un milieu très compliqués. Moi je leur tire mon chapeau et je suis extrêmement fier d’eux. C’était vraiment hyper plaisant pour moi de les voir jouer contre Metz. Je suis content aussi pour Mickaël Nadé, que je connais moins même si on s’est un peu côtoyé. Ça fait plaisir.

T’as suivi de près la saison des Verts ?

Pas vraiment. Je boude un petit peu le football. J’ai donné beaucoup d’énergie au football. Le verre était plein, j’avais vraiment besoin de faire autre chose. J’ai la chance d’avoir une passion, la musique. Certaines personnes qui n’ont pas de passion autre que le ballon rond, quand il n’y a plus le foot, ça devient compliqué… J’ai vécu des choses extraordinaires dans le foot mais j’ai éprouvé le besoin impérieux de me réaliser ailleurs. Je me réconcilie un peu avec le foot en suivant les copains qui jouent en France ou à l’étranger. Pour le reste j’ai bien coupé avec le foot, je n’ai plus touché un ballon depuis le Covid. J’ai arrêté pour de bon. Ma décision est ferme, définitive et irrévocable ! (rires) Vraiment. Je ne suis plus mordu comme j’ai pu l’être. Comme je l’ai dit à un pote, le foot pour moi, c’est un peu comme une ex. Tu l’as aimée, c’est cool, mais t’as plus forcément envie d’entendre parler d’elle.

OK, j’ai compris. On va en rester là alors car je voulais parler un peu ballon.

Nan, t’en vas pas José ! (rires) Notre échange est cool car là j’exprime la fierté pour mes potes. Malgré tout, j’ai fait partie à ma petite échelle de l’histoire de ce club. Je n’ai pas joué en équipe première hormis en amical, m’ai j’ai apporté un petit truc à ce club. C’est une belle fierté quand même d’avoir gagné ce titre de champion de France U17 et d’avoir mis un triplé en finale. Parce qu’après tout, même si l’ASSE a un centre de formation réputé, le club n’a pas remporté 36 000 titres nationaux dans les compétions de jeunes. Mais voilà, moi j’ai vécu un peu ce que vivent des personnes qui ont fait le même boulot routinier pendant 15 ou 20 ans, qui ont la crise de la quarantaine et veulent faire autre chose. Moi c’est un peu ça que j’ai connu avec le foot. Je suis le foot aujourd’hui que pour mes potes en fait.

T’as des anecdotes racontables sur Léo et Dylan ?

Je pourrais te raconter tellement d’anecdotes sur Léo… Le truc, c’est qu’il y en a qui ne sont pas forcément racontables, je ne pense pas que Léo ait envie que je les rende publiques ! (rires) Avec Léo, on se connaît depuis tellement longtemps ! On vient un peu du même patelin. En benjamins, on a joué une finale de Coupe de la Haute-Loire l’un contre l’autre. Il jouait pour Monistrol et moi je défendais les couleurs de Saint-Germain Blavozy. Comme tu peux le voir, on est vraiment tout bébé sur la photo.

Je reconnais Léo en bas à gauche. Mais toi t'es où ?

Je suis le plus grand des joueurs debout. J'étais grand pour mon âge à l'époque mais j'ai terminé ma croissance à 1m76, je suis tout petit ! Dès qu’on s’est retrouvé à l’ASSE Léo et moi, on a été potes très vite, on a vécu plein de bons moments. Quant à Dylan, comme je le lui ai dit après le match contre Metz, je n’oublie pas que la saison du titre en U17 il a marqué plein de buts importants lors de la saison régulière. Il n’a pas joué les matches de play-offs car les 96 comme Jo Bamba ainsi que le 97 Allan Saint-Maximin redescendaient. J’ai dit à Dylan : « Tu as participé au titre et te voir aujourd’hui à ce niveau ça ne m’étonne pas du tout vu le talent que tu as et le travail que tu as fourni. » Dylan, franchement, c’est un super mec.

Léo et Dylan, ce sont des mecs du terroir. Je trouve ça trop bien. C’est super intéressant pour le club. Quand j’étais au centre et c’est encore vrai maintenant je crois, le club avait tendance à miser beaucoup sur les jeunes de la région parisienne. Bon, c’est bien que ces jeunes-là aient eu une chance de s’exprimer. Mika vient de là-bas et avant lui des garçons comme Jonathan Bamba, Allan Saint-Maximin sont issus de clubs franciliens. C’est top qu’ils aient pu s’exprimer en pro sous les couleurs de l’AS Saint-Etienne.

Mais pour les jeunes qui sont nés ou qui grandissent près de Sainté, qui sont originaires de la Loire ou de départements limitrophes comme la Haute-Loire, c’est une fierté de voir Léo et Dylan s’imposer en équipe première sous le maillot vert. Leur parcours est admirable je trouve car à la base le club ne comptait pas trop sur eux au plus haut niveau, ils n’ont pas été conservés. Ils ont dû quitter le club, Léo est même redescendu dans le monde amateur à Andrézieux, avant de revenir à l’ASSE après avoir su saisir sa chance à Lorient. L’histoire est super belle. C’est l’occasion de rappeler d’ailleurs que c’est le coach Batlles qui les a fait revenir tous les deux. Je lui en suis reconnaissant. Il a dû quitter le club il y a près de 6 mois maintenant, c’est le football…

T’as suivi de près la saison des Verts ?

Non, j’ai suivi de loin la saison. Je regarde quand même les résumés. Les seuls matches que j’ai regardés en entier, c’est la victoire à Valenciennes et la défaite à Quevilly. A Valenciennes, les Verts ont facilement et rapidement plié le match grâce à Sissoko et Cardona. Le match de la dernière journée contre QRM par contre, c’était un peu la dégringolade. Je pense que c’était surtout une question de mental, à mon avis ce match n’a pas été assez bien préparé. Quand tu vois le match que les Verts ont sorti contre Metz, tu te dis que les Verts devraient déjà être en Ligue 1.

Cardona est une super bonne pioche, il a été l’un des principaux artisans de la belle seconde partie de saison des Verts. Dans un registre différent, j’ai bien aimé Sissoko contre Metz. Dans le don de soi, il est hyper précieux. OK, il a pas mal de défauts balle au pied, mais c’est le genre de mec que t’es vraiment content d’avoir dans ton équipe. Il court, il pèse sur les défenses, il marque des buts… Celui contre Metz était assez technique pour le coup, pas mal ce ballon piqué ! Sissoko a un profil hyper intéressant qui permet à Cardona et à Cafaro de s’exprimer sur les côtés.

Cafaro, je l’ai trouvé très bon contre Metz, c’est d’ailleurs lui qui a fait les deux passes décisives. Il a mis de très bons ballons à Sissoko et à Cardona. Contre Metz, j’ai trouvé Cardona très discret, presqu’invisible. Mais au final il met un but importantissime, le but de la victoire. Il fait un super appel sur cette action et montre une nouvelle fois qu’il sent bien les coups et a un très bon jeu de tête. Mais je l’ai trouvé très fatigué. On en a discuté en tribune avec d’autres copains de Léo. J’ai trouvé que Cardona était le joueur le plus fatigué des Verts sur ce match-là.

Aïmen Moueffek aussi a tout donné et a dû céder sa place. Il abat un gros boulot dans l’ombre, il est très important ce jeune-là. Lui c’est un pur Stéphanois, comme Dylan il est issu de l’école de foot de l’ASSE. Aïmen je ne te l’ai pas cité tout à l’heure car autant j’ai côtoyé un peu Mickaël Nadé qui était un 99 surclassé, autant je suis trop trop vieux pour avoir joué avec des 2001 hélas (rires). Mais j’ai l’impression que Moueffek fait une grosse saison. Cette équipe a de la gueule et tu sens qu’il y a une âme. C’est pour ça qu’il y a du monde au stade. Cette équipe donne envie de l’encourager.

Je suis assez optimiste quant à l’issue de ce barrage. J’ai trouvé que cette équipe de Metz était très faible, j’avais l’impression que c’était Saint-Etienne l’équipe de Ligue 1. Après, on ne sait jamais ce qui peut se passer dans le foot. Si Metz marque vite, bénéficie de faits de jeu favorables... Si Sainté joue comme à l’aller, je pense que c’est plié. Les Verts étaient vraiment au-dessus des Grenats jeudi soir et pourtant il a suffi d’un corner pour que Metz égalise. C’est pour ça qu’il faut quand même se méfier.

Juste avant ce match, les U17 joueront à Amiens en demi-finale. T’as un mot à leur faire passer, toi qui as été sacré champion de France avec Léo et Dylan ?

Je leur transmets mes encouragements, je leur souhaite d’aller au bout, de vivre ce qu’on a vécu il y a 11 ans. C’est une super expérience de vie, une aventure qui lie les joueurs à tout jamais. Je suppose que dans cette génération actuelle il y aura quelques joueurs qui iront loin. Dans notre équipe, il y avait Allan qui a joué en Premier League et Jo qui a été champion de France de L1 et qui joue désormais en Liga avec le Celta Vigo. On est resté proches grâce à ces moments forts qu’on a vécus en U17. On s’est régalé, même avec les coaches. J’ai eu l’occasion de revoir Lionel Vaillant, Gilles Rodriguez. On a créé quelque chose. Je souhaite aux jeunes de Fred Dugand de vivre cette expérience à fond, d’en profiter. On sait bien que dans le foot il y a peu de joueurs qui arrivent à aller en haut. Je souhaite aux jeunes Verts de tout donner contre Amiens pour atteindre la finale et la gagner.  Allez les U17 !

Dans mon équipe de l’époque, on est resté tous proches car notre titre de champions de France U17 nous lie à vie. Lors du barrage aller contre Metz, j’ai croisé au stade Nathan Dekoké, on a parlé de ça direct. Il m’a appelé « le triple buteur », on s’est un peu vanné. Quand Jo Bamba a été sacré champion de France de L1 avec le LOSC, il m’a dit mot pour mot : « Je n’oublie pas que le premier titre que j’ai gagné, c’était avec toi, c’était avec cette super équipe. » Je vois encore beaucoup Guillaume Dauphin, qui n’est plus dans le foot. J’ai encore des contacts avec Alexis Guendouz, Clément Cabaton, Joris Mendy, Cazim Suljic qui vient de signer à Nancy… Je pourrais te citer toute l’équipe, je m’en souviens comme si c’était hier. Je vois encore beaucoup Alex Assaf. C’est inoubliable ce qu’on a vécu. Pourtant c’est un « petit titre », c’est un titre de U17, pas un titre en pro. Mais ça reste gravé à vie, ça a créé un lien indéfectible entre nous.

Merci à Eliott pour sa disponibilité