L'entraîneur guingampais Stéphane Dumont s'est confié à Poteaux Carrés avant de défier les Verts à Geoffroy-Guichard ce mardi soir lors de la 17e journée de L2.
Tu viens de perdre à la maison sur le plus petit des scores contre le Paris FC. Sainté a vécu ça un mois avant toi et a enchaîné par une défaite 5-2 à l’extérieur. Tu peux en faire de même ce mardi soir s’il te plaît ?
(Rires) Je ne l’espère pas ! C’est vrai qu’on vient de perdre un match mais on sortait d’une série de 9 matches sans défaite en comptant notre qualification pour le 8e tour de Coupe de France. C’est toujours frustrant de voir une série d’invincibilité s’arrêter mais ça fait partie d’une saison, à nous de rebondir.
Il y a 7 mois, Sainté a battu Guingamp 3-2 dans le Chaudron. Cette saison, l’ASSE est la seule équipe à ne pas avoir réussi à marquer 3 buts lors d’un même match de championnat. Rassure-nous, c’est pour demain ?
Décidément, tu veux vraiment notre perte ! (rires) Je ne l’espère pas. J’ai un bon souvenir du match en lui-même mais un mauvais du scénario car on avait mené deux fois au score mais on a pris deux buts dans les dernières minutes [par Mathieu Cafaro et Ibrahima Wadji, ndp2]. Ça avait été un match alerte, plaisant à regarder certainement mais ça s’était soldé par une défaite donc je ne veux pas ça.
Ton équipe semble plus solide cette saison que les deux saisons précédentes… Guingamp a la deuxième défense du championnat, derrière Laval et juste devant Sainté.
On a beaucoup travaillé là-dessus. Les années précédentes, on était très joueurs, très scolaires, très agréables mais avec beaucoup d’erreurs individuelles, beaucoup de pertes dans des zones identifiées, on subissait beaucoup de transitions. Cette saison, on est certainement beaucoup plus structurés, beaucoup mieux organisés. Surtout, les joueurs ont pris conscience qu’il fallait prendre autant de plaisir et mettre autant d’abnégation à protéger son but qu’attaquer le but adverse. Il a fallu vraiment faire ancrer ça dans les têtes. C’est un socle important sur lequel on peut s’appuyer.
Plus globalement, tu es content de l’équilibre général de ton équipe ou tu vois encore des axes d’amélioration ?
Je suis plutôt satisfait mais il y a bien sûr des axes d’amélioration. Dans certains moments du match, on doit être plus juste. Il y a des scénarios qu’on doit être capable de mieux gérer.
Sainté reste sur une très mauvaise série de 4 défaites d’affilée. Tu t’attends à quel type d’adversité ce mardi ?
Je m’attends à une forte adversité. Sainté reste un adversaire de qualité même s’il est actuellement sur une dynamique compliquée. Malgré ses 4 défaites d’affilée, l’ASSE reste évidemment dans la course à la montée comme beaucoup d’autres équipes. Les Verts ont des joueurs de qualité, c’est une certitude. Malgré tout, ils sortent d’une défaite à l’extérieur et ils nous affrontent dans le Chaudron. On sait à quel point ça va pousser. Les Verts vont vouloir gagner à tout prix. Il va falloir qu’on soit froids et lucides, qu’on puisse gérer des bons tempos de match. On s’attend à un match très difficile, forcément. On est à Geoffroy-Guichard !
Tu connais ce stade pour y avoir joué plusieurs fois. T’avais même marqué un but.
Oui, c’était la saison avant celle de notre doublé coupe-championnat donc la saison 2009-2010. Ça reste un grand souvenir car ce n’est pas rien de marquer dans ce stade mythique. On a tous été supporters des Verts ou nos parents l’ont été, c’est générationnel. Dans le Chaudron, j’ai un peu tout connu : la victoire, le nul, la défaite. Mais au-delà des résultats, j’y ai toujours vécu de bons moments car il y a une magnifique ambiance.
Tu te souviens précisément de pion claqué dans le Chaudron le 6 mars 2010 ?
Oui, bien sûr ! Tu sais, des buts, je n'en ai pas marqués tant que ça dans ma carrière. Ce jour-là j’ai marqué de la tête sur corner. C’était Jérémie Janot dans les buts. J’ai souvenir qu’il faisait très froid. En même temps, ça peut arriver quand tu joues en hiver à Geoffroy ! (rires) J’avais égalisé face à une belle équipe de Saint-Etienne. Il y avait en face des joueurs comme Blaise Matuidi, Dimitri Payet, Loïc Perrin… Ce mardi, si on pouvait marquer aussi de la tête sur corner ça me plairait bien.
J’avais la vidéo de ton but mais je l’ai perdue…
Mince, je ne pourrai pas montrer ça à mes joueurs dans la causerie d’avant-match du coup ! (rires)
Attends, le potonaute Danish vient de nous retrouver la vidéo de ton but en fait !
Lors de ce match, tu avais été remplacé par un certain Pierre-Emerick Aubameyang ? Tu t’attendais à le voir faire une aussi grosse carrière ?
Ah je ne me souvenais pas qu’Aubame m’avait remplacé lors de cette rencontre ! Il avait déjà des qualités, de là à dire qu’il ferait une telle carrière internationale en passant par des clubs comme Dortmund, Arsenal, Barcelone, Chelsea… Mais Pierre-Emerick avait déjà des grosses qualités de vitesse. C’était un travailleur qui avait malgré tout le sens du but. On sentait qu’il était à polir. Ça a été un plaisir de le côtoyer. Humainement, c’était vraiment un plaisir.
Tu as évolué avec beaucoup d’anciens Verts au LOSC. Tu as notamment réussi le doublé championnat-Coupe de France avec deux joueurs formés chez les Dogues comme toi.
Et oui ! Mathieu Debuchy et Yohan Cabaye ! Ils sont un petit peu plus jeunes que moi mais on a fait notre formation ensemble, on a fait notre cursus ensemble. On s’est côtoyé par famille interposée toute notre jeunesse. On est issu du cru. On prend encore un plaisir immense à se revoir, à s’appeler. On était trois joueurs formés au club champions de France en 2011. C’est quelque chose qui reste entre nous et on en parle souvent. Je suis forcément attaché à vie à ces personnes-là !
La saison de votre sacre 2010-2011, tu avais remplacé Yohan en fin de match…
Oui, je m’en souviens bien. C’était un moment important de la saison. Derrière, il n’y avait plus que 3 journées à jouer. On avait gagné 2-1, on avait fait un grand pas vers le titre de champions. Je me souviens même qu’on avait fait la une de L’Equipe le lendemain. Rio Mavuba avait marqué le but victorieux d’une frappe lointaine sur une passe d’Eden Hazard. Je me souviens qu’Eden avait été applaudi par les supporters stéphanois lorsqu’il avait été remplacé dans le temps additionnel. Eden avait encore été éblouissant lors de ce match. Je mesure la chance que j’ai eue de jouer avec de très grands joueurs.
Remporter un succès aussi précieux dans une telle ambiance... C’était très agréable ! C’est toujours un vrai plaisir de venir à Geoffroy-Guichard. C’était vrai quand j’étais sur le terrain et ça l’est encore maintenant que j’entraîne. Je ressens ce plaisir aussi chez mes joueurs, ça reste un moment particulier pour eux de venir dans le Chaudron. Dans l’effectif, j’ai de jeunes joueurs qui ont déjà goûté à cette ambiance il y a sept mois. Ça leur a fait une belle expérience et ils ont hâte de revivre ça. Pour tout joueur qui se respecte, venir jouer à Geoffroy est toujours un évènement, un moment sympathique.
Lolo Batlles a annoncé ce lundi en conférence de presse que Gautier Larsonneur sera très probablement de retour sur le terrain. Les Verts n’ont plus perdu depuis la 2e journée avec Larso dans les cages. C’est un facteur qui peut changer l’approche de ce match ?
C’est plutôt du côté de chez vous que ça peut jouer. De notre côté, ça n’a pas forcément une forte influence sur la façon dont on aborde les choses. Après, j’espère que ça n’aura pas une incidence négative sur notre résultat.
Sans faire injure à Etienne Green, l’équipe est bien plus performante avec Larso que sans Larso. Tu ne penses pas que le retour de Larsonneur peut rebooster les Verts ?
Peut-être que ça sera le cas. On verra. En ce qui nous concerne ça n’impacte pas fondamentalement notre préparation de la rencontre. Y a d’autres choses à évoquer, surtout dans cette période de matches rapprochés. Après, Larsonneur reste bien sûr un très, très bon gardien, c’est évident !
Tu viens d’évoquer cette période de matches rapprochés. Comment as-tu préparé ce déplacement à Sainté ? T’as juste le temps de faire de la récupération ?
Oui, c’est exactement ça. Après notre match de samedi soir contre le Paris FC, on a fait de la récupération dimanche matin. On s’est retrouvé ce lundi, on a débriefé. On s’est entraîné l’après-midi. Pour être sincère, sous des trombes d’eau !
C’est suffisamment rare en Bretagne pour être noté !
(Rires) En tout cas on prépare ça de manière classique. On s’entraîne toute l’année pour pouvoir jouer un enchaînement de matches tous les trois jours. C’est plutôt agréable, on est des compétiteurs. Mais oui, forcément on axe notre travail sur de la récupération, encore plus à ces périodes-là où il fait sombre, il commence à faire froid. Il faut être très vigilant sur le corps. On se déplacera le matin du match.
Quelles sont vos ambitions cette saison ?
Les ambitions, c’est de s’accrocher et d’être à la bagarre à 10 journées de la fin. Il faut qu’à ce stade-là de la saison on soit toujours dans la possibilité de jouer quelque chose.
Pour espérer jouer le maintien, l’idéal serait que tu perdes à Geoffroy ce mardi, non ?
Toi, quand t'as une idée en tête... (rires) Quand je dis jouer quelque chose, tu l'auras compris, je ne parlais pas forcément du maintien. Je pense à quelque chose de plus sympathique. On reste sur deux saisons qu’on a finies à chaque fois à la 6e place en marquant plus de 50 buts par saison. C’étaient deux saisons vraiment très intéressantes donc on se dit qu’on a encore envie de franchir une étape supplémentaire. Maintenant, on sait très bien que ce n’est pas facile car il y a du monde. A l’heure où on se parle on est 6e, il y a malgré tout une certaine continuité. On véhicule l’image d’une équipe plutôt très agréable et c’est quelque chose que j’apprécie.
Tu te décrirais comment comme entraîneur ?
Je suis quelqu’un d’assez simple, déjà. C’est une certitude. Après, j’ai toujours la volonté qu’on puisse aller vers l’avant. C’est un moteur essentiel. J’aime qu’on puisse utiliser les couloirs de bonne manière. C’est vraiment quelque chose qui m’importe. Et surtout, qu’on ait une équipe structurée et qui me correspond, c’est-à-dire avec des valeurs de simplicité. Je veux que mon équipe puisse s’identifier à ça, ressembler à ça. Je pense que c’est le cas, c’est quelque chose d’important.
Ton expérience d’adjoint de David Guion à Reims a également été importante ?
Bien sûr ! Ma première saison passée aux côtés de David, en 2017-2018, on a fini champion de Ligue 2 en décrochant de nombreux records. On a fini la saison avec 88 points, 28 victoires, 74 buts marqués et 24 encaissés. Pour une première saison en tant qu’adjoint, j’ai été gâté. J’ai ensuite vécu deux saisons très enrichissantes en Ligue 1, toujours en tant qu’adjoint de David avant de devenir entraîneur principal à Guingamp en 2021.
Mais il y a eu d’autres étapes importantes qui ont jalonné mon parcours, qui m’ont construit. Juste après ma carrière de joueur, j’ai entraîné pendant 3 ans les U19 du LOSC. Ça a été une période très importante pour moi, ça m’a permis de mettre en place des choses, de pouvoir faire des expérimentations. Ma carrière de joueur me sert car ça ne fait pas si longtemps que ça que j’ai raccroché les crampons. On est encore frais, on a un panel et une identité qu’on a envie de laisser en tant qu’entraîneur. Je me suis construit à travers ce que je ressentais mais en allant aussi piocher un peu à droite et gauche au gré de mes expériences, de mes rencontres, de mes échanges, de mes réflexions. Tu sais, j’aime profondément ce métier, c’est passionnant et vachement enrichissant.
Tu as également passé le BEPF. Dans ta promo, il y avait notamment Franck Haise, Alexandre Dujeux mais aussi un garçon qu’on connaît bien à Sainté : Julien Sablé.
Exact, on était de la même promotion. Je profite de notre entretien pour embrasser Julien ! Cette année de BEPF a été très intéressante, hyper riche en échanges. J’ai eu la chance de vivre une belle saison à ce moment-là. J’ai particulièrement apprécie le stage que j’ai fait aux Glasgow Rangers.
Revenons à notre L2 pour clore notre entretien. Quelles équipes vois-tu finir aux deux premières places synonymes d’accession directe à l’élite ?
Sincèrement, sans faire de langue de bois, c’est vraiment dur de détacher des équipes. Comment dire… Auxerre est une vraie belle équipe parce qu’elle est dynamique et a un gros potentiel offensif. Cette équipe a plusieurs éléments de grande qualité qui jouaient en Ligue 1 la saison dernière. L’AJA est capable de marquer énormément de buts, c’est quelque chose d’important et de très agréable. J’apprécie beaucoup d’équipes. Grenoble notamment.
Mais pour regarder un peu toutes les équipes, je trouve honnêtement que tout le monde a des forces. Je mets évidemment Sainté dans le lot. Les Verts ont perdu leurs quatre derniers matches mais malgré ça ils sont là, ils ont le même nombre de points que nous. Quand tu vois le potentiel des joueurs stéphanois, le travail de Laurent Batlles et de son staff, le Chaudron, la ferveur, tu te dis forcément que l’ASSE a plein d’atouts. Ça reste une très belle équipe du championnat.
Merci à Stéphane pour sa disponibilité