Buteur et vainqueur à l'occasion de son retour à Geoffroy-Guichard, Henri Saivet revient pour nous sur le match d'avant-hier. C'est l'occasion pour le capitaine palois de rendre un vibrant hommage aux supporters stéphanois !
Près de 48 heures après ta victoire à Geoffroy-Guichard, quelle analyse à froid fais-tu de ce mach ?
Maintenant qu’on a pu voir des images et revisionner un peu le match, je considère que notre victoire n’est pas imméritée. On ne l’a pas volée vu le nombre de situations qu’on a eues. On a concédé l’ouverture du score assez rapidement mais on savait qu’on avait les qualités pour revenir. On s’attendait à un match compliqué mais on savait qu’il fallait être patient, ne pas abdiquer quel que soit le score. A la mi-temps, en étant mené 1-0, on s’est dit qu’il y avait vraiment la place de revenir. Il y a de la qualité dans notre groupe, et cette saison on a réussi à marquer contre quasiment toutes les équipes.
On savait que le fait de concéder l’ouverture du score n’allait rien changer à notre plan de jeu. Notre ambition, c’était de venir gagner à Sainté. On l’a fait. Le but de Charbonnier ne nous a pas plombés, au contraire ça nous a laissés dans le match. On s’est un peu plus concentré, on s’est un peu plus encouragé. On a pu faire quelques phases de jeu intéressantes, on a bien fini la première période avant de renverser le match en seconde. C’était l’ambition d’une petite équipe, le Pau FC, qui venait chez l’ogre stéphanois.
Sainté n’avait hélas rien d’un ogre ce week-end et n’a d’ailleurs pas mangé grand monde cette saison. Mais les Verts ont concédé l’égalisation sur un penalty discutable, non ? Le centre de Sessi d’Almeida est dévié par Victor Lobry avant d’atterrir sur le bras de l’infortuné Léo Pétrot.
Bien sûr, on peut toujours discuter. Tu sais, les règles elles changent tout le temps sur ces situations-là. Il faut être en phase avec les règles mais elles sont mouvantes, c’est pas évident. L’arbitre a sifflé penalty. C’est un centre, si le ballon n’est pas dévié, on ne sait pas sur qui ça peut retomber. Et du coup, cette main-là, peut-être que… En fait, je ne connais pas vraiment les règles dans ces situations-là, c’est toujours sujet à discussion. L’arbitre a sifflé péno, il nous est arrivé d’en concéder sur des actions similaires. Cette fois-ci c’était à notre avantage, tant mieux pour nous !
Cinq minutes avant de transformer ce péno, tu as raté un face-à-face avec Etienne Green. Tu t’en veux ou c’est le gardien qui a bien joué le coup ?
C’est Etienne Green qui a bien joué le coup, il a sorti une belle parade. Il faut dire aussi que Dennis Appiah est revenu sur moi en taclant. Le fait qu’il tacle m’oblige à mettre un ballon parfait. Si le défenseur ne tacle pas, j’aurais pu un peu plus ajuster ma frappe. Mais là, je voulais éviter que Dennis touche le ballon. Au départ de l’action, je suis tout seul, bien démarqué. Mais le défenseur arrive vite en tacle glissé. Je veux éviter son tacle, je ne mets pas le ballon hors de portée du ballon stéphanois. Mais il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, Etienne a su faire l’arrêt qu’il fallait, bravo à lui !
Tu ne lui as laissé aucune chance sur le penalty. Etienne est pourtant à l’aise dans cet exercice, il avait d’ailleurs arrêté un péno lors de son premier match en pro. Quand tu tires un penalty, tu te fies uniquement à ton instinct ou tu te bases sur les comportements des gardiens étudiés à la vidéo ?
Les deux. Aujourd’hui on a un outil qui nous permet un peu de voir où les gardiens plongent, quelles sont leurs qualités, leurs défauts. On a aussi nos propres gardiens qui nous donnent des conseils sur les gardiens adverses qu’ils ont affrontés et étudiés. Ils se connaissent un peu tous dans la confrérie des gardiens. « Ce gardien-là, il aime bien plonger de ce côté-là, il fait ça dans les sorties, etc. » Il y a régulièrement des échanges à ce sujet entre nous. J’ai fait abstraction du duel qu’il a remporté cinq minutes avant car il faut toujours penser à l’action d’après, en l’occurrence le penalty. Il faut avoir de la concentration et se montrer sûr de ce qu’on veut faire. Etienne est parti du bon côté mais il ne pouvait pas avoir le ballon, j’ai tiré fort, presque dans la lucarne.
Tu as aussi été au départ de l’action qui a conduit au but victorieux de ton équipe.
C’est vrai que j’ai fait une ouverture pour Johann Obiang, et c’est sur son centre dégagé par Léo Pétrot que Sessi d’Almeida a marqué d’une belle reprise de volée. Je suis très content pour lui. Je l’avais vu à l’entraînement, il a une sacrée frappe de balle. On l’encourage toujours à tirer car c’est vraiment une arme chez lui. Depuis le début de saison, il n’était pas en réussite ou pas en bonne position. Pour l’anecdote, c’était son anniversaire dans la semaine et j’avais mis une vidéo de lui quand il avait mis un but pareil avec sa célébration. Ça avait fait rire tout le monde et là comme par hasard il nous met le même but avec la même célébration. Tu dois pouvoir retrouver ça, Sessi avait marqué d’une belle reprise de volée avec Valenciennes à Grenoble.
Effectivement, sacrée frappe !
Je suis content pour Sessi car c’est un joueur qui ne triche pas. Il donne tout sur le terrain, il est prêt à y laisser son cœur. On est tous heureux pour lui car c’est une belle personne, à l’image du groupe. Il nous offre la victoire dans ce stade mythique de Geoffroy-Guichard. Il s’en souviendra longtemps. Il a été le grand artisan de notre succès car sur notre premier but, c’est lui qui fait le centre qui donne lieu à un penalty. Sessi est impliqué sur nos deux buts, il était devant la défense. Sur un centre, il réussit ce geste parfait en dehors de la surface. Franchement, honneur à lui ! Il a été présent dans la zone où il fallait il ça nous permet de ramener trois points.
Vous avez pris le dessus après la pause. T’as été surpris de voir les Verts autant à la peine face à vous lors du second acte ?
Surpris, non. Saint-Etienne est peut-être une équipe qui en ce moment doute. Nous, forcément, on était à l’affut. On est en place, on est bien en ce moment. On a bien étudié cette équipe stéphanoise, le staff a encore fait du bon boulot sur la préparation de ce match. Quand on a vu la compo de l’ASSE, on savait qu’ils allaient soit jouer en losange, soit qu’ils aimaient mettre des joueurs vraiment à l’intérieur. Pour ne rien te cacher, on a été un peu déstabilisé au début, on a mis un peu de temps à faire la différence à ce niveau-là. Mais au fur et à mesure que le match avançait, on savait que la différence allait se faire sur les côtés. On savait qu’il fallait passer sur les côtés pour les mettre en difficulté car ils avaient mis beaucoup de monde dans l’axe.
Effectivement, les Verts ont laissé beaucoup d’espace sur les flancs et vous ne vous êtes pas fait prier pour vous engouffrer dedans… Si l’ASSE a encore déçu ce week-end, as-tu relevé des éléments intéressants dans la prestation stéphanoise ?
J’ai trouvé que l’association d’Ibrahim Sissoko et Gaëtan Charbonnier était intéressante. Ça nous a un peu déstabilisés. Ce sont deux grands gabarits. On n’a pas l’habitude de voir deux grands joueurs, deux buteurs sur le terrain en même temps. En général il n’y en a qu’un et on fait entrer l’autre en fin de match. Je trouve que Charbo en tant que bon numéro 10 qui peut jouer attaquant, pivot, qui décroche dans les bonnes zones, ça nous a mis un peu en difficulté. Son association avec Sissoko était une bonne chose. Franchement, c’est vraiment pas mal ! A chaque fois que Charbo décroche, t’as un central qui doit le suivre et derrière il y a eu des situations, à chaque fois Sissoko partait. Leur association nous a perturbés. Il y a eu plein de situations appui-remise-troisième, appui-remise-troisième, et ça, forcément, ça pèse !
J’ai trouvé aussi qu’il y a eu beaucoup de bons mouvements au milieu de terrain de Saint-Etienne, en première mi-temps surtout. C’est pour ça qu’on a eu du mal. Ils mettaient beaucoup de monde au milieu de terrain, ils étaient toujours en supériorité en première période. A chaque fois, même quand on allait presser haut, on avait les excentrés qui étaient toujours dans notre dos. Par moment on faisait un très bon pressing mais il était cassé par une passe de Tardieu, Bouchouari, Moueffek. Ils ont réussi à trouver beaucoup de bonnes situations comme ça.
L’entrejeu stéphanois a fait je trouve une très bonne première période. Aïmen Moueffek notamment a fait un gros match, il est d’ailleurs fortement impliqué sur l’ouverture du score des Verts, il a monté beaucoup de hargne et de puissance sur cette action conclue par Gaëtan Charbonnier. Mais comme on avait bien étudié cette équipe stéphanoise, on savait que sur les côtés on n’allait pas avoir beaucoup de un contre un à gérer comme on a l’habitude d’avoir. Du coup on a essayé en seconde période de mettre du monde dans l’axe pour contrecarrer le surnombre qu’on avait subi en première mi-temps. C’est grâce à notre changement de système qu’on a réussi cette bonne seconde période.
Au retour des vestiaires, on a joué avec une pointe basse et deux numéro 8 avancés pour éviter d’avoir des joueurs dans notre dos qui soient libres comme en première mi-temps. Le fait d’avoir cette pointe basse et les 8 un peu plus haut nous a permis d’attirer les joueurs de Saint-Etienne et de jouer plus facilement sur les côtés. On a réajusté les choses, il fallait laisser les joueurs devant nous et pas derrière nous ou dans les intervalles. A partir du moment où a réussi à le faire, comme les Verts ont mis beaucoup de joueurs au cœur du jeu, on a fermé l’axe. Les Verts ont moins eu la possibilité de s’exprimer dans l’axe ou s’ils le faisaient c’était appui-remise. Ils avaient la balle mais ils n’avançaient pas donc ça ne nous dérangeait pas.
Quand vous avez pris l’avantage, les Verts n’ont pas réussi à revenir malgré les encouragements incessants de leurs supporters.
Ah, le public stéphanois… Pour moi, c’est la meilleure ambiance de France, et de loin ! Peut-être avec Marseille et Lens. Quand tu vois la ferveur qu’il y a dans ce Chaudron ! Certains de mes coéquipiers ont été impressionnés et surpris. Petite anecdote : un joueur est venu me dire : « le penalty, j’aimerais bien le tirer ». Bon, je ne peux pas dévoiler qui c’est ! (rires) Je lui ai dit : « Il n’y a pas de problème, tu peux tirer ! » Au final, j’ai tiré, c’est ce qui avait été convenu avant le match. Mais avec ce qu’il s’est passé hier, les énormes sifflets au moment du penalty, le joueur m’a dit ensuite : «ils m’ont percé les tympans, je n’aurais pas pu tirer le penalty à ce moment-là ».
Il connaissait un peu l’ambiance du Chaudron mais il ne l’avait jamais ressentie à ce point. Il n’y a rien à dire, c’est un public fantastique ! Bon, j’ai quand même réussi à faire abstraction des sifflets du Kop Nord pour mettre le penalty. Moi j’ai eu la chance de jouer devant ce public stéphanois toute une saison mais mon regret, c’est de ne pas avoir marqué dans le Chaudron sous le maillot vert. Le seul but que j’ai mis pour l’ASSE, c’était lors d’une victoire à Caen. Mais j’avais déjà marqué à Geoffroy-Guichard avec Bordeaux. C’était sur un coup franc, le mur s’était un peu délité et j’avais égalisé dans le temps additionnel en trompant Stéphane Ruffier.
Je m'en souviens bien, ma télé a failli y rester tellement ça m'a fait enrager. Tu portais déjà le brassard de ton équipe à l’époque. Tu es un capitaine heureux au Pau FC ?
Oui, on a la chance d’avoir un bon groupe. Un bon groupe, on le voit par les gens qui rentrent. Cela fait plusieurs fois depuis le début de saison que les entrants font la différence. Sessi d’Almeida est impliqué sur les deux buts, Khalid Boutaïb fait une bonne rentrée, pareil pour Charles Boli, Yonis Njo et Antoine Batisse. Aujourd’hui on a des joueurs qui jouent un peu moins, mais on essaie entre nous de se challenger.
On se dit : « c’est le coach qui fait les choix, nous, il faut qu’on reste ensemble, qu’on s’encourage, qu’on se donne de la force les uns et les autres. » Quelqu’un a un problème avec le coach ? Qu’il le voie avec le coach mais il ne faut pas que ça se transfère sur notre entente, sur l’alchimie du groupe. Ceux qui commencent le match, ils donnent tout. Ceux qui rentrent font souvent la différence. Le groupe vit bien, ce n’est pas qu’une formule. C’est une réalité et c’est plaisant. On va continuer de faire des performances et on va continuer de travailler pour que tout le monde puisse tirer le maximum de ses capacités.
Le Pau FC s’est maintenu dans la douleur la dernière saison après un premier tiers de championnat prometteur. Suite au départ de Didier Tholot, pas mal de monde s’attendait à voir ton club dans la zone rouge ou flirte avec à ce stade de la saison. Non seulement vous avez avec 9 points d’avance sur le premier relégable actuellement, mais vous grimperez de la 8e à la 5e place si vous gagnez demain soir au Roudourou votre match en retard contre Concarneau. Ambitionnez-vous désormais de jouer la montée ?
Notre ambition, c’est de ne se fixer aucune limite. On ne sait pas jusqu’où on peut aller. La saison dernière, avant la trêve Coupe du Monde, on était aussi bien classé. On a connu une seconde partie de saison compliquée, on a joué le maintien sur la dernière journée. Aujourd’hui, on sait par où on est passé. On sait ce qu’on veut. On va essayer de travailler pour obtenir le maintien le plus rapidement possible. On veut aller chatouiller les équipes de devant. On a envie de jouer les trouble-fêtes.
On ne sait pas ce que ce groupe est capable de faire. Il y a encore des joueurs qui ne jouent pas beaucoup mais qui sont très bons et peuvent se révéler à un moment donné. On aura besoin d’eux. On a un joueur ici d’expérience comme Tino Costa. Il est dans une préparation, il va venir, ça va nous faire énormément de bien car il a beaucoup de qualités. C’est un international argentin, il a joué à Montpellier et dans des grands clubs comme Valence et la Fiorentina. Ce mec-là, quand il va arriver, je pense qu’on va gagner en qualité au niveau de l’effectif.
Que peux-tu nous dire sur Louis Mouton, qui n’a pas pu affronter l’ASSE samedi dans le cadre de son prêt au Pau FC ?
C’est un jeune joueur que j’aime bien. C’est un garçon qui est à l’écoute, qui aime bien jouer, qui n’a pas peur de jouer. Je pense qu’il a besoin d’une saison pour s’affirmer encore plus, pour moins douter, moins calculer, pour se lâcher et se dire qu’il a vraiment les qualités pour jouer à Sainté. Je trouve que c’est vraiment un très bon joueur. Je m’entends bien avec Louis, on est assez proches. On discute beaucoup, on rigole souvent. On parle souvent de Sainté, tout ça. C’est un très bon joueur qui a juste besoin de s’aguerrir un peu, de jouer régulièrement, d’engranger de l’expérience.
Je pense qu’à son retour à Sainté – je l’espère pour lui en tout cas – il reviendra avec un statut différent. Louis est très apprécié à Pau, c’est un vrai joueur de ballon. Il est très collectif mais il est aussi capable de marquer des buts aussi. Il y a huit jours il nous a qualifiés pour le 8e tour de la Coupe de France en mettant une super frappe.
Comme tout jeune joueur, il a encore des axes de progression. C’est un joueur qui aime tellement le jeu que parfois il est un peu pris par ça, par le fait de vouloir tout le temps jouer. Par moment, il pourrait moins jouer. Mais bon, c’est difficile d’en vouloir à quelqu’un qui est joueur, qui veut toujours jouer et impliquer les autres. On va l’encourager, on va tout faire pour qu’il continue de progresser, pour qu’il fasse une bonne saison, comme ça il reviendra à Sainté avec beaucoup plus d’expérience et il pourra rendre de fiers services aux Verts.
Beaucoup de supporters stéphanois sont très pessimistes quant aux chances stéphanoises de retrouver l’élite en fin de saison. Considères-tu que Sainté reste un candidat crédible à la montée ?
Oui car les Verts sont loin d'être largués et je trouve quand même qu’ils ont beaucoup d’absents, ça ira mieux quand des joueurs importants reviendront. Avant-hier, une nouvelle fois Larsonneur et Batubinsika n’étaient pas là, Wadji non plus. Des joueurs comme Diarra manquaient également à l'appel. Larso, c’est l’un des meilleurs gardiens du championnat si ce n’est le meilleur, son retour va forcément aider l’équipe, même si Etienne Green a fait un bon match contre nous. Quand leur infirmerie sera un peu moins remplie, les Verts seront mieux. Je pense que Sainté peut bien remonter, la seconde partie de saison sera très importante, comme celle de la saison dernière.
Après, savoir à quelle place finira Sainté, est-ce que les Verts finiront dans les deux premiers, aux places 3 à 5 voire hors du top 5, c’est très difficile à dire. Ce championnat est très compliqué à pronostiquer. Tout le monde peut battre tout le monde. Tout le monde voyait Auxerre marcher sur la Ligue 2 mais actuellement les Auxerrois marquent un peu le pas et ne sont plus sur le podium. Ce sont les équipes qui vont pouvoir faire le plus de séries qui vont pouvoir monter.
Le Stade Lavallois est bien parti, beaucoup les voyaient fléchir mais ils sont toujours de solides leaders. C’est une équipe qui va peut-être créer la surprise et tenir alors que de base on ne la voyait pas jouer les premiers rôles, sachant que les Tango se sont sauvés à l’ultime minute de la dernière journée. Nous aussi on s’est maintenu la dernière journée et après 15 journées on est dans la première partie de tableau.
Toutes les équipes ont de la qualité dans ce championnat, à l’image de Concarneau qu’on va affronter demain soir et qui joue vraiment bien au ballon. C’est un promu qui évolue dans un contexte pas évident, qui ne peut pas jouer de matches dans son stade mais qui se débrouille très bien. Toutes les équipes de L2 proposent quelque chose d’intéressant, il suffit d’un manque de concentration pour se faire accrocher ou batte par ses équipes-là.
Merci à Henrri pour sa disponibilité