Faisant partie de la dernière équipe des Verts ayant réussi à monter en L1, Mickaël Citony nous a livré ses impressions avant le match qui opposera ses deux anciens clubs lundi soir à Laval en clôture de la 11e journée de L2.
Que deviens-tu Mika ?
Je vis à Paris, j’ai une société de transport depuis sept ans, Prestige Cito. Je suis aussi éducateur avec les enfants de la DDASS. Je travaille dans la protection de l’enfance, je suis basé à Colombes. Ma boite de transport tourne toute seule, je n’ai pas à me plaindre. C’est du transport de personnes, je fais tout ce qui est VAN, Mercedes classe E, classe S. Tous les beaux véhicules en fait. Je suis tout seul dans la société et j’ai des chauffeurs. J’aurais bien aimé rester dans le foot, entraîner, malheureusement les portes sont un peu fermées. J’ai passé mes diplômes mais je n’ai pas eu d’opportunités dignes de ce nom.
Avant de vivre une belle aventure avec les Verts, tu as porté le maillot Tango.
Oui, j’avais besoin d’être prêté la saison 2001-2002 car je ne jouais pas avec le Stade Rennais en Ligue 1. A Laval, j’ai connu ma deuxième expérience en L2 après avoir découvert ce championnat avec l’AS Cannes. Au départ ça s’est très bien passé pour moi à Laval mais en milieu de saison j’ai eu des soucis avec l’entraîneur Victor Zvunka. Derrière, ça a été un peu plus compliqué, je n’ai plus trop joué.Je garde néanmoins de bons souvenirs de cette expérience en Mayenne.
J’ai bien aimé le peuple lavallois, le stade Francis Le Basser où les supporters faisaient pas mal de bruit. Laval, c’est un bon club de Ligue 2, avec des structures plus que correctes, un certain public aussi. C’est un club très intéressant, c’est sympa de voir les Tango en tête de la Ligue 2. 25 points pris sur 30, ce n’est pas rien ! Je ne sais pas si ce club va pouvoir conserver longtemps sa première place mais je pense que Laval peut espérer un de ces quatre jouer en Ligue 1.
A Laval, tu as joué aux côtés d’un ancien Vert !
Exact, Philippe Cuervo est d’ailleurs devenu un ami. On est resté en contacts depuis. Quand il a su qu’à mon tour j’allais avoir l’honneur de défendre ce mythique maillot vert, Philippe était très fier et très heureux pour moi. Il a été très marqué par ses années à l’ASSE, m’avait dit beaucoup de bien de ce club. J’ai pu voir de mes propres yeux cette ferveur stéphanoise. Philippe est un très bon ami. C’est un peu « mon grand » comme on dit ! Il a toujours été bienveillant avec moi, c’est quelqu’un que je respecte énormément ! On a bien rigolé ensemble à Laval.
Vous avez joué ensemble aux côtés de deux joueurs qui réussissent aujourd’hui dans l’élite en tant qu’entraîneurs…
Effectivement, on a joué avec Régis Le Bris et Franck Haise. Régis, je l’ai connu au Stade Rennais mais on s’est peu côtoyé car il est parti l’année après celle de mon arrivée là-bas. J’ai de très bons souvenirs de Franck mais je ne pensais pas qu’il aurait autant de talent au niveau du coaching. C’est beau ce qu’il fait à Lens, j’adore ! Les Sang et Or, c’est merveilleux ! Lens, Saint-Etienne, Marseille, ce sont les grands clubs populaires du foot français ! Je l’ai toujours dit et c’est toujours vrai maintenant : tant que tu n’as pas joué dans l’un de ces clubs, tu ne peux pas savoir.
Tu fais partie de la dernière équipe stéphanoise à être remontée en L1, ça va bientôt faire 20 ans. Quel est ton rapport à l’ASSE aujourd’hui ?
Saint-Etienne aura toujours une place à part dans mon cœur et je continue de suivre le club. J’ai gardé contact avec Fred Emile, qui est toujours à l’ASSE. J’ai gardé aussi des relations avec d’anciens joueurs, on a parfois l’occasion de se revoir et de faire des matches. Saint-Etienne, c’est ancré en moi pour la vie. C’est comme ça, c’est fini !
Tu penses que les protégés de Lolo vont connaître la joie de la montée que t’as vécu avec Anto ?
La saison dernière m’a fait penser à celle qui a précédé notre montée. Moi, quand je suis arrivé à Sainté, le club était dans une situation catastrophique, on était 20e au classement. Il y avait des matches en retard mais les supporters n’en pouvaient plus. C’était un gros, gros bordel ! Je me souviens que des supporters s’en étaient pris à la voiture d’Alex. Franchement, c’était très tendu. Mais on a fait six mois où on a commencé à tout cartonner, on a terminé 8e ou 9e au classement. L’année d’après, on a fini champion de France de D2.
Au début de l’hiver dernier, c’était la crise totale à Sainté et les Verts ont fait une très bonne fin de saison. L’ASSE a fini 8e. Je me dis que l’histoire se répète et j’espère qu’elle se répétera jusqu’au bout avec une montée à la clé. Je souhaite de tout cœur que l’effectif de cette saison parvienne à remettre le club où il doit être, à savoir dans l’élite. Il y a de la qualité dans ce groupe stéphanois. C’est dommage qu’on ait perdu Jean-Philippe Krasso. S’il était resté on aurait eu de très grandes chances de remonter. Mais même sans lui on a des arguments pour remonter.
En attaque, il y des joueurs de qualité qui ont d’autres profils : Sissoko, Charbonnier, Cafaro, Wadji qui est sur le point de revenir. Il y aussi de bons petits jeunes à Sainté comme Moueffek. C’est dommage, il est blessé de temps en temps mais quand il joue, je le trouve bon. Il faut aussi souligner que Sainté a un excellent gardien. C’est important quand tu veux monter d’avoir un gardien performant qui te fait gagner des points. Jérémie Janot a été un des artisans de notre montée. Larsonneur me fait un peu penser à Jérémie, je lui souhaite autant de succès et une aussi longue carrière.
Tu le sens comment ce Laval-Sainté de lundi ? Les Tango sont des leaders aussi solides que surprenants, ils restent sur une série de 9 victoires consécutives à Francis Le Basser.
Tu sais, l’année où on monte, on tape toutes les grosses équipes. Après on a commencé à s’installer dans le championnat et c’était magique, ça s’est mis à tourner tout seul. Ou pouvait changer untel ou mettre untel à la place, c’était pareil. Moi je pense que Sainté va commencer à imposer son jeu et vu la qualité qu’il y a dans ce groupe, je sens les Verts capables de faire quelque chose dans ce championnat et d’atteindre leur objectif. Je ne vois pas les Verts perdre à Francis Le Basser. Je vois un nul ou une victoire de Sainté.
On aura le plaisir de te voir à Geoffroy un de ces quatre ?
Oui, je compte y revenir cette saison. Je tiens vraiment à ce que mon fils connaisse l’ambiance du Chaudron. Il a vu des vidéos, on lui a parlé de la ferveur qui règne à Geoffroy, on lui a raconté mais il ne l’a pas encore vu de ses propres yeux. Le Chaudron, c’est tellement spécial, c’est tellement fort ! J’ai connu des ambiances particulièrement euphoriques. La demi-finale de Coupe de la Ligue contre Sochaux, le match du titre contre Châteauroux, c’était quelque chose ! J’en ai des frissons rien que d’en reparler.
J’ai eu la chance de connaître ces ambiances exceptionnelles. La saison d’après, il y a eu ce derby dans le Chaudron qu’on a failli gagner mais qu’on perd hélas 3-2. Là encore, quelle ambiance de malade !
Ce qui m’a vraiment impressionné la saison où on est monté, c’est que tous les stades étaient plein quand on débarquait. Ça m’a vraiment surpris. A chaque fois qu’on se déplaçait, on attirait les foules. Et nos supporters nous suivaient partout en France. Tu verras, à Le Basser le parcage sera encore plein à coup sûr !
Même quand les Verts jouent lundi et très loin de Sainté, même quand le club est mal classé et va à Niort, le parcage est blindé ! C'est extraordinaire. Je me souviens d’un match au stade Duvauchelle à Créteil. D’ordinaire il n’est jamais plein ce stade. Quand on a joué là-bas avec Sainté, je crois que nos supporters avaient pris les deux tribunes derrière les buts. Impressionnant. Impressionnant ! On était chez nous. On était à la maison chaque week-end en fait. On connait la chanson. « Dans tous les stades, on chantera, le chant des Stéphanois ! » A Geoffroy je ne t’en parle pas même pas…
Si, parle moizan comment dirait Alain !
L’apport du public stéphanois, ça n’a pas de prix ! Fred Antonetti l’a dit et c’est la vérité, le but du titre contre Châteauroux, ce sont les supporters qui nous l’on fait marquer. Je m’en souviens comme si c’était hier. Les 20 dernières minutes, on ne s’entendait pas, on était dans un climat d’euphorie totale. On voulait notre titre de champion de France. Anto nous avait dit : « champions de France ou monter en Ligue 1, dans votre palmarès ça n’a rien à voir ! Allez me chercher ce titre bon sang ! » Le public a emmené le ballon dans le but. Damien l’a parfaitement accompagné.
On en a encore reparlé récemment avec Hérita Ilunga au resto. Je lui ai dit : « tu te rappelles notre dernière demi-heure contre Châteauroux ? ». C’est le public qui nous a fait marquer en fait. Il a fait porter des ailes à Damien. Il nous sort cette reprise de volée acrobatique venue d’ailleurs. Venue d’ailleurs, venue d’ailleurs…. Venue du public en fait ! Alors que Damien n’avait jamais fait ce geste à l’entraînement, il nous délivre. Il a été récompensé, on a été récompensé et c’était mérité ! On ne va pas se mentir, on était au-dessus cette saison-là.
Dans ma carrière j’ai connu la Ligue 1, j’ai connu la Ligue 2, j’ai connu l’étranger. Ce que j’ai vécu à Sainté, c’est incomparable. Mes 2 années là-bas, c’est comme si j’avais fait 10 ans en Ligue 1. Hérita il m’a dit pareil. Pourtant après il a joué à West Ham, il a connu les ambiances de la Premier League. Mais ce n’est pas pareil. Sainté, c’est au-dessus ! En plus on était vraiment une famille, on avançait ensemble. On avait un super coach, on avait un objectif. On savait qu’on avait tous le potentiel pour atteindre cet objectif.
On avait des joueurs comme Hérita, Hognon, Hellebuyck, Sablé, Compan… Il a tout explosé, Lilian ! Et on avait de supers petits jeunes comme Bafé, Loïc. Tous les deux nous ont poussés, les cadres de l’équipe savaient qu’ils devaient être performants à chaque match car Antonetti étaient à deux doigts de donner plus de temps de jeu aux jeunes. Il connaissait leur fort potentiel. On a eu Carlos Kameni, il est arrivé en même temps que moi. Un super gardien. Mais comment tu voulais déloger Jérémie ? Les deux années que j’ai vécues aux côtés de Jérémie, c’était un monstre !
Quelle période magnifique on a connu à Sainté... Une superbe aventure sportive et humaine, vraiment riche en émotions. Ça restera gravé en nous. Tous les mecs qui ont participé à cette montée te diront la même chose. Même les plus jeunes, les Samy Houri, Serisay Barthélémy. Ils poussaient mais c’était compliqué car on était très forts ! Franchement, on était une vraie bonne équipe. Waouh ! Quand je jouais avec Hérita, on avait des automatismes, on se trouvait les yeux fermés. Tu pouvais mettre Fred Mendy, Nicolas Marin ou Mika Citony, ça tournait le truc !
Fred Antonetti nous disait : « En fait, il n’y a pas de titulaires les gars. Vous êtes tous titulaires et personne ne l’est vraiment. C’est la performance qui dicte mes choix. T’es performant, tu joues. T’es pas performant, tu sautes ! » Cela explique qu’on a fait une saison où on a tout explosé. Honnêtement, le seul truc qu’on n’a pas explosé c’est la Coupe de France. On s’est fait sortir dès les 32èmes de finale à Dijon aux tirs au but. A part ça, la saison était extraordinaire !
Merci à Mika pour sa disponibilité