Ancien capitaine manceau de Stéphane Diarra, l'ex-attaquant stéphanois Stephen Vincent nous présente le nouveau numéro 17 des Verts.
Comme Kader Bamba, Stéphane Diarra est un ailier qui a joué avec toi au Mans et qui bénéficie aujourd'hui de tes conseils patrimoniaux via ta société VS Invest's. C'est toi qui as négocié leurs prêts à Sainté ? Tu bosses à la cellule de recrutement de l'ASSE en fait ? Tu touches une prime à leur signature ?
Non, non, non ! (rires)
Plus sérieusement Stephen, comment nous présenterais-tu Stéphane ?
Avant de parler des qualités sportives de Stéphane, je tiens à souligner déjà que c’est un garçon bien éduqué. Il a une famille qui l’entoure et qui est quand même assez proche, qui prend bien soin de lui. Stéphane est aussi quelqu’un de très généreux. Il est important dans un vestiaire, il est rigolo et plutôt gentil. Je me souviens d’un déplacement à Boulogne-sur-Mer en National, je crois que c’était notre deuxième match de championnat. Le matin du match on fait une promenade en bord de mer. On était sept ou huit de l’équipe et d’un coup Stéphane nous lance un petit free-style de rap. Qu’est-ce qu’il nous a fait rire ! C’est un souvenir qui m’est resté.
Stéphane, c’est quelqu’un qui est toujours de bonne humeur, il a toujours le sourire. Il est très jovial n’est pas exubérant pour autant, ce n’est pas quelqu’un qui se la raconte. Je pense qu’il collera parfaitement à la mentalité stéphanoise. Il fait preuve de beaucoup de générosité et d’humilité. J’ai le souvenir d’un garçon qui débutait vraiment sa vie active dans le football quand il nous a rejoints. Lorsqu’ il est arrivé au Mans en 2018, il venait de la jeune équipe réserve du Stade Rennais. Chez nous, c’était sa première réelle expérience dans le football senior à un niveau semi-pro. J’ai apprécié l’apport de Stéphane. Il était très à l’écoute et en même temps plein d’insouciance.
Stéphane a fait une très belle saison avec nous en National. Il était prêté à l’époque par Rennes pour qu’il puisse s’aguerrir et avoir du temps de jeu dans un championnat plus relevé que le National 2. Grand bien lui en a pris parce que finalement ça s’est plutôt très bien passé. Il a été un des artisans de la montée. Lors du match de barrage pour accéder en L2 contre le Gazelec, il fait une passe dé sur le but de la montée à la 97e minute. En fait je fais un centre au 4e poteau, Stéphane reprend le ballon de la tête alors que ce n’était pas forcément son point fort et Mamadou Soro met un retourné acrobatique.
On peut dire que Stéphane a contribué grandement à la montée. Le président du Mans s’est dit qu’il avait une petite pépite avec lui. Stéphane était encore sous contrat deux ans avec Rennes. Je ne connais pas tous les dessous de la transaction, de son transfert définitif au Mans mais le fait est qu’il a signé chez nous et qu’on a été très heureux de poursuivre l’aventure avec lui en Ligue 2. Il a encore fait une belle saison. Malheureusement, à cause du Covid, on n’a pas pu jouer notre maintien à fond. Quand le championnat s’est définitivement arrêté alors qu’il restait 10 journées, on avait le même nombre de points que Niort. On avait une moins bonne différence de buts donc on est descendu…
Il n’en demeure pas moins que Stéphane venait de démontrer qu’il avait les qualités pour rejoindre l’élite. Même si ses stats n’étaient pas impressionnantes, il était vraiment fort en un contre un. C’est un joueur plutôt véloce. En un contre un, il arrive à faire des différences plutôt notables. Je n’ai pas été du tout surpris que des clubs se soient positionnés sur lui au sortir de ses deux belles saisons mancelles. Plusieurs clubs de L1 et de gros clubs de L2 le convoitaient et mais c’est finalement Lorient qui a eu la mainmise sur Stéphane.
Au Mans, il jouait à quel poste et dans quel schéma ?
On jouait dans un classique 4-4-2 et à 95% Stéphane était côté droit. Je pense que c’est son poste de prédilection car il arrive à rentrer intérieur. Malgré tout, je pense qu’il faut arriver à trouver des décalages pour le trouver. Il a joué une ou deux fois à gauche, et je le trouvais également performant de ce côté-là parce que je trouvais que dans le jeu sans ballon, notamment dans ses appels en profondeur, il était plus à l’aise à gauche. Après, ce n’est que mon avis perso. Par contre, balle au pied, quand il se retrouve à droite, il a plusieurs solutions. Il rentre assez souvent intérieur mais il arrive également à pousser le ballon côté droit, éliminer son joueur et centrer. Il a fait plusieurs passes décisives comme ça.
Tout bien pesé, je préfère malgré tout quand Stéphane joue à côté droit. Lui aussi d’ailleurs, pour échanger encore régulièrement avec lui, je sais qu’il a une vraie préférence pour ce côté-là. Après, il faudra voir à quel poste Laurent Batlles va l’utiliser à Saint-Etienne. On sait que le coach des Verts joue avec des pistons. Je pense que Stéphane est capable de jouer à ce poste-là. Stéphane n’est pas avare d’efforts, il arrive à les répéter tant sur le plan offensif que sur le plan défensif car c’est quelqu’un de généreux sur le terrain. Maintenant, le poste de piston, pour y avoir évolué, il n’est pas évident. On peut y laisser des plumes au niveau défensif. Pour moi sa caractéristique principale c’est quand même son apport offensif, sa capacité à déstabiliser les défenseurs adverses.
Je pense que Stéphane a la capacité de jouer ce rôle de piston. Il peut le faire, ça c’est une certitude. Maintenant il faut voir comment défensivement ça va se cheminer. Ce qu’il y a en fait, c’est que lorsque Stéphane a le ballon et arrive lancé, même s’il n’y a personne devant lui, ce n’est pas dérangeant, moi ça ne poserait pas de problème qu’il le fasse. Maintenant il faut voir défensivement comment la ligne de cinq peut se transformer au cas où Stéphane fait une accélération sur le côté car il faut bien que derrière quelqu’un compense. Je pense que la ligne de quatre peut le faire malgré tout. On verra comment va procéder Laurent Batlles, c’est lui qui aura les clés de tout ça.
Perso j’ai découvert ce rôle de piston un peu sur le tard. Ce n’est pas si évident de s’adapter à ce poste. La plus grande difficulté, c’est quand le ballon était à l’opposé défensivement. A titre d’exemple, il fallait que je resserre bien vers le défenseur central, le troisième, et il fallait faire attention à l’ailier ou au milieu offensif qui était dans le dos. Pour moi c’est l’une des plus grandes difficultés. On n’est pas forcément habitué quand on est de base un pur ailier, un milieu offensif excentré. Il faut se mettre de trois quarts, et derrière, il faut faire attention aussi. On est comme un latéral, sauf qu’il y quand même un troisième défenseur central qui vient nous aider.
Jouer piston, ce n’est pas simple, défensivement il faut avoir quand même une certaine culture tactique défensive, il faut beaucoup travailler ça à l’entraînement. Ce qui est loin d’être évident aussi à ce poste, c’est la répétition des efforts. Aujourd’hui, force est de constater que lorsqu’on est milieu offensif, il y a un latéral derrière, il y a une vraie couverture. Si on ne défend pas trop, bien entendu au niveau du bloc ça peut faire mal, mais ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus dérangeant.
Quand on est piston, il faut être en éveil bien plus que si on est milieu offensif. Au Mans, Stéphane a déjà occupé un petit peu ce rôle de piston. Je me souviens de deux ou trois matches où moi j’étais sur un côté, plutôt à gauche et Stéphane plutôt côté droit. Franchement, Stéphane s’en est bien tiré. Mais c’était plus en National qu’en Ligue 2 qu’il a parfois joué piston. En National, comme on avait plus souvent le ballon, forcément ça aide car on est plus offensifs, il y a moins de courses défensives malgré tout à faire. A l’époque en tout ça s’était très bien passé pour Stéphane.
Quel est son principal atout de footballeur ?
Pour moi, c’est clairement sa conduite de balle. Je me souviens d’entraînements en Ligue 2 où moi à la fin en vieillissant j’étais passé latéral. A l’entraînement, j’avais Stephen contre moi. Quand il arrive balle au pied face au défenseur, c’est assez difficile de lui prendre le ballon. Techniquement, Stéphane est à l’aise. Il a une conduite de balle très rapide. Sa grande force, c’est le un contre un. Il a cette capacité d’élimination que tout le monde n’a pas. Il a un style de jeu qui plaît, forcément ! Je me souviens qu’au Mans, c’était un peu le chouchou des supporters. Ils aimaient sa capacité à faire des différences. Pour bien connaître Stéphane, je sais qu’il est sensible aux supporters. C’est un joueur qui a besoin d’affection, que ce soit celle de son coach, celle de son vestiaire, celle du public. Stéphane a besoin de sentir qu’on lui donne de la confiance.
Avec de la confiance, il peut faire de très belles choses et j’ai hâte de voir ce que ça va donner à Sainté. Je pense que la ferveur qu’il y a là-bas va le galvaniser, pas l’inhiber. C’est même une certitude. Stéphane a besoin de ça. Je ne vais pas comparer le public manceau au public stéphanois mais je sais que ça lui faisait énormément de bien quand les supporters l’acclamaient au Mans. Avec ses petits crochets, il arrivait à faire lever les gens dans les tribunes. Je pense que Stéphane va se régaler dans l’incomparable ambiance du Chaudron. En plus il arrive à un âge - 24 ans – où il est un peu plus aguerri, un peu plus mûr. Je considère que le projet stéphanois est le bienvenu. Même s’il descend d’une division, Saint-Etienne reste Saint-Etienne.
Pour en avoir encore reparlé très récemment avec lui, ce club, c’est vraiment quelque chose ! Quand j’ai rediscuté avec lui de Sainté, les Verts venaient de perdre à Rodez. C’était leur deuxième défaite d’affilée. La victoire contre QRM fait énormément de bien. Il y a un vrai projet. Si Stéphane va au bout et arrive à monter avec Saint-Etienne… Très sincèrement, dans une carrière, ce sont vraiment des choses à vivre, encore plus dans ce club avec un tel public. Bien évidemment, je lui ai parlé de l’environnement stéphanois, des communes où il faut habiter. Je l’ai aiguillé un peu, je pense que ce serait bien qu’il trouve un pied à terre à l’Etrat. C’est pas mal, c’est calme, il sera vite au centre d’entraînement.
Tu l’as encouragé à signer à Sainté ?
Clairement ! Je lui ai donné un avis objectif. D’autres clubs étaient sur lui, que ce soit en L1, en L2 ou à l’étranger. Stéphane m’a demandé mon avis, je suppose qu’il a sondé d’autres personnes. C’est normal, avant de signer dans un club, avant d’arrêter ton choix, tu te renseignes, tu prends des informations. Moi je lui ai donné mon avis. Je lui ai surtout parlé du contexte stéphanois. L’ASSE, c’est un vrai club familial. Même s’il y a des enjeux financiers importants, on ne va pas se le cacher, c’est un club familial. Il y a des gens vrais. Les supporters stéphanois, pour moi c’est des gens vrais.
Je suis retourné à Sainté il y a pas longtemps car mon fils a fait un essai là-bas. J’ai recroisé de vieilles connaissances. Pour moi c’est une ville qui respire le football. Ce qui fait une vraie différence, c’est les supporters. T’es en L2, t’as démarré ta saison par deux défaites, tu reçois QRM, t’es en plein mois d’août et t’as plus de 24 000 supporters à Geoffroy qui mettent de l’ambiance pendant tout le match. Dans quel autre stade tu verrais ça ? Tous les joueurs passés par Saint-Etienne sont marqués par ce club, par ce Chaudron, par la ferveur et la fidélité des supporters. Si toutes les conditions sont réunies, Stéphane peut s’épanouir clairement là-bas.
En plus il y a Loïc Perrin, le directeur sportif, que je connais très bien. C’est une vraie bonne personne. Laurent Batlles, je ne le connais pas personnellement, mais de ce qu’il dégage, ça a l’air d’être également une personne entière et plutôt vraie. Je pense que ça peut aider pour l’épanouissement de Stéphane. J’espère qu’avec cet environnement stéphanois, Stéphane va encore progresser. Il est très fort en un contre un mais il est perfectible dans le dernier geste. Il en a conscience d’ailleurs, il pourrait faire mieux dans ce domaine, marquer plus de buts et faire davantage de passes décisives.
J’ai le sentiment que Stéphane arrive à maturité d’un point de vue mental. Ce n’est plus le jeune homme qui débute. Pour s’améliorer dans le dernier geste et avoir plus de stats, il faut avoir plus de temps de jeu. Il en a eu à Lorient mais pas énormément. Je pense que s’il en a davantage à Sainté, les statistiques vont suivre. Je sais pour en avoir discuté avec lui qu’il est déterminé à encore progresser là-dessus. Le foot est devenu un sport de stats et bien sûr tout le monde regarde le nombre de buts, le nombre de passes décisives. C’est normal qu’on regarde ça chez un joueur offensif. Après, il ne faut pas réduire un joueur à de telles stats.
Même au Mans Stéphane n’a pas marqué énormément. Il a quand même mis 8 buts en 2 saisons chez nous et il a fait aussi quelques passes décisives. Stéphane, c’est un joueur qui arrive à créer des décalages et je sais que les attaquants en profitent grandement. Stéphane, en tout cas au Mans, était le joueur le plus surveillé par les clubs adverses, qui connaissaient sa capacité à faire des différences. Ça ouvre des portes pour d’autres joueurs. Les défenseurs ont une attention particulière sur Stéphane, ça libère des brèches. Comme tout le monde, je regarde qui a marqué, qui a fait la passe dé. Mais il n’y a pas que ça. J’ai vu Stéphane faire un paquet de passes clés, d’avant-dernières passes. Je l’ai vu prendre part à bon nombre d’actions qui ont abouti.
Merci à Stephen pour sa disponibilité