Les Verts ont continué leur belle série de huit matchs sans défaite avec un match nul et vierge, à domicile contre Ajaccio.


Il n'y a pas de débat, le visage affiché par les protégés de Laurent Batlles entre les deux trêves internationales a été celui d'une solidité défensive. Cinq matchs et quatre clean sheets, le seul but encaissé étant dans le temps additionnel à Caen, quand la victoire était déjà acquise. Cette préoccupation pour la défense vient avec un prix, l'animation offensive n'est plus une priorité. Les Stéphanois ont néanmoins réussi à marquer et s'imposer, mais pas lors du dernier match de la série, qui a vu s'opposer deux équipes qui ont cherché - et réussi - à ne pas prendre de but avant tout.
 
Pour mieux comprendre comment les deux équipes ont cherché à museler leur adversaire, voici quelques exemples. Le premier commence à la 12e minute avec une possession corse :
 
 
On voit bien les 4 défenseurs d'Ajaccio, attendus par les 3 offensifs stéphanois, qui ne les attaquent pas. Ainsi que deux milieux centraux pris en marquage individuel par Bouchouari et Fomba...
 
 
... tout comme le troisième, suivi par Tardieu. Les 3 milieux verts suivent leurs adversaires directs, mais la tâche est difficile pour Bouchouari, car la sentinelle corse se décale à gauche de sa défense. Un défenseur central monte, échange avec un milieu, et envoie ensuite le ballon là-bas :
 
 
Bouchouari monte haut pour le chercher, Tardieu suit aussi son adversaire. Comme Sissoko ne fait aucun pressing, les Corses combinent encore dans la défense...
 
 
... et le milieu adverse peut tranquillement préparer son jeu en profondeur.
 
Le même positionnement à gauche de la défense pour le milieu défensif a pu être observé à des nombreuses reprises, mettant en difficulté le marquage individuel que les Stéphanois avaient préparé au milieu. Par exemple, à la 23e :
 
 
On peut bien voir le (4)-3-3 des Verts avec un triangle pointe basse au milieu, mais les adversaires directs, les trois milieux adverses, ne sont pas dans la zone. Il n'y a toujours pas de pressing fait sur les défenseurs corses, alors un d'entre eux monte avec le ballon...
 
 
... avant de s'appuyer sur un des milieux et ensuite redonner le ballon à la défense. Fomba et Tardieu ont chacun pris un des milieux, Bouchouari n'a pas d'adversaire direct, c'est plutôt Sissoko qui se place dans la zone de la sentinelle adverse, excentrée. Mais il reste relativement loin :
 
 
Finalement, comme côté Ajaccio le latéral gauche et le milieu défensif ont échangé leurs places, les Verts se retrouvent en 3-contre-3 au milieu :
 
 
Par contre, une incompréhension entre Tardieu et Fomba fait que ce dernier ce retrouve avec deux adversaires dans son dos. Attiré par le milieu, il permet à la sentinelle adverse de trouver le latéral entre les lignes avec une passe lobée, sans conséquence pour la suite.
 
 
Les Verts ont donc cherché à bloquer le milieu adverse et ainsi toute construction adverse - la solution envisagée par Ajaccio a été d'excentrer la sentinelle en latéral gauche, tout comme Gasset le faisait avec M'Vila. De nos jours l'approche a été différente :
 
 
A la 14e minute, une construction stéphanoise permet de voir qu'Ajaccio a proposé exactement la même chose au milieu pour empêcher les Verts de développer le jeu. Tardieu, Bouchouari et Fomba ont chacun été pris en marquage individuel par leur adversaires directs :
 
 
Donc les Verts ont été obligés de passer principalement par les côtés, lançant les deus ailiers en 1-contre-1 dans les couloirs. Dans cet exemple ça a bien marché, Cafaro a éliminé son adversaire direct, mais Sissoko a été trop court pour reprendre son centre.
 
 
 
Pour faire simple, les deux équipes ont plutôt bien réussi à museler les construction adverses. C'est donc sans surprise que le match s'est fini sur un score nul et vierge. Même si un changement tactique stéphanois peu après l'heure de jeu a modifié un peu la donne - Chambost est entré en "10", les Verts ont proposé un triangle pointe haute au milieu, avec un joueur entre les lignes adverses. Par contre, ça n'a pas duré longtemps, seulement 7 minutes. Vu la profondeur du banc au poste d'ailier, pour la troisième fois consécutive Chambost se retrouve excentré dans un couloir pendant que le rôle de meneur de jeu est pris par Lobry, qui est bien moins à l'aise à ce poste. A Troyes, Chambost a joué 14 minutes à l'aile gauche, avec Bouchouari (5') et ensuite Lobry en "10". Contre Concarneau, après 15 minutes en "10", Chambost est passé à l'aile droite (Bentayg à gauche) et Lobry en "10" pour les 3 dernières minutes. Finalement, contre Ajaccio, les 18 dernières minutes ont été jouées avec Chambost à gauche et Lobry en "10". 
 
 
 

Conclusions

 
Si en théorie un 0-0 à domicile sans proposer grande chose offensivement n'est pas un si bon résultat, c'est quand-même satisfaisant de pouvoir continuer la série d'invincibilité et des clean sheets, ainsi que prendre 13 points sur 15 sur ce bloc de matchs. Surtout en prenant en compte la situation fin août. Comme on l'a vu lors de la précédente trêve, le staff stéphanois est capable de prendre du recul, analyser ce qui ne va pas et changer en conséquence. Et les déclarations d'après match sont très explicites, notamment un "on ne doit pas se contenter de ça, car à un moment donné ça ne passera pas" après Concarneau. Tout comme l'analyse des profils à sa disposition, entre les latéraux plutôt défensifs et le manque de profondeur du banc aux ailes. Bref, on peut légitiment attendre un visage différent des Verts après cette trêve, surtout que le prochain bloc de matchs, jusqu'à la Coupe de France mi-novembre, verra les protégés de Laurent Batlles s'opposer aux trois premiers du championnat...