Coach du GF38 que les Stéphanois affrontent lundi soir, Vincent Hognon est revenu avec Poteaux-Carrés sur ce match contre son ancien club. Il a également parlé de ses cinq saisons en Vert ponctuées d'un titre de champion de Ligue 2.
Vincent, dans quel état d'esprit tu es à quelques jours de jouer ce match retour face à Sainté ?
On est plutôt tranquille vu qu'on réalise une très bonne saison, eu égard à nos moyens. On sait l'objectif qu'on veut atteindre, on est dans la progression donc ça va bien !
Tu t'attends à un match ouvert, spectaculaire, comme à l'aller ?
Je m'attends déjà à un match difficile ! Saint-Etienne n'est pas dans la même catégorie que nous, niveau club, équipe, budget ... c'est de très loin différent ! Mais on a une bonne équipe aussi, on occupe une belle place au classement [la 6e, ndp2] qu'on veut garder voire améliorer. On sait que Sainté est dans les premiers de la phase retour, invaincu depuis 9 matchs avec une excellente attaque. Je sais quel va être le niveau exigé pour nous pour réaliser un résultat.
Comment avais-tu vécu le retour à Geoffroy à l'aller, avec le retour des supporters qui étaient privés de stade les quatre premières rencontres à domicile ?
J'avais vécu ça plutôt tranquillement puisque je l'avais connu avec Metz en L1. Donc je n'étais pas trop surpris. J'étais content que ce soit avec du public, même si pour nous ça a été une difficulté supplémentaire parce qu'on a senti le retour des supporters (sourire)
Ce qui n'a pas trop paralysé votre équipe vu le début de match !
Ouais, c'est vrai qu'on avait réussi à marquer très vite mais ça avait poussé fort, particulièrement en 2e période en attaquant face au Kop Nord. Après l'égalisation, je me souviens que ça a donné beaucoup de voix !
Les équipes changent, mais le public (bruyant) reste ! Tu l'as connu il y a 20 ans à Sainté ! Tu peux nous rappeler le contexte de ton arrivée dans le Forez en 2002 ?
J'étais en fin de contrat à Nancy, c'était la première fois que je quittais mon club formateur. J'ai eu plusieurs propositions mais j'ai choisi Sainté. J'avais envie de retrouver la Ligue 1 et surtout sur la durée. Avec les Verts, je savais que si on remontait, il y avait un projet qui était autre que le maintien. Puis, Saint-Etienne représentait quelque chose pour moi. Mon papa est fan de l'époque des anciens Verts, et puis c'était le second club en France de Michel Platini ... pour un Nancéen comme moi, ça représente pas mal de choses !
Ta première saison en 2002-2003 ressemble un peu à la saison actuelle des Verts avec un début timide, une position de relégable à l'hiver ...
(Il coupe) Oui mais on avait 3 matchs de retard il me semble ! Mais c'est vrai que ça a été difficile en termes de résultats. Personnellement j'avais fait une bonne saison, j'avais marqué quelques buts. Mon adaptation était bonne mais les résultats ont mis du temps à venir. Il y avait des manques.
La fin de saison est meilleure puisque vous terminez par une série de 7 victoires, 8 nuls pour seulement 2 défaites après l'affreuse déroute de Gueugnon à domicile (0-3.
Oui c'est normal, il a fallu assimiler les principes d'un nouvel entraîneur [Frédéric Antonetti, ndp2] même s'il était arrivé quelques mois avant le début de cette saison 2002-2003. Tout simplement, il faut que les choses prennent, que les choses se fassent, que les liens se tissent, que les réflexes naissent ... ça peut prendre quelques mois. On a réussi à créer une dynamique, ce qui n'est pas simple à enclencher. Après, à Sainté,les dynamiques sont accentuées. Quand c'est difficile, eh bien c'est encore plus difficile ! Mais quand ça va bien, et bien ça va encore mieux parce que ça pousse très fort dans les tribunes !
Rétrospectivement, c'est cette fin de saison 2003 qui a posé les bases de la remontée la saison suivante ?
Oui, mais sur cette première saison, on sentait que ce n'était pas normal d'avoir ces résultats car il y avait de la qualité dans notre effectif. Ensuite, on a renforcé le groupe avec des garçons comme Hérita Ilunga, Nicolas Marin ... même s'il n'y avait pas beaucoup de moyens. Mais clairement, les bases avaient été posées dès la fin de saison en 2003. Ces joueurs en plus ont fait la différence.
Et tes buts aussi ont fait la différence ! Cinq buts et tous décisifs car ça fait cinq victoires au bout !
Oui, merci de le dire (rires) ! C'est vrai que même si j'étais défenseur, je marquais quelques buts, et ils ont souvent été importants. J'en était super heureux. Bon, je pense que les coups de pied arrêtés étaient plutôt bien tirés aussi ! J'ai eu des années exceptionnelles à Sainté. A chaque fois, j'ai eu la chance de faire de très belles saisons.
Parmi tes buts, il y en a certains qui te restent un peu plus en tête que d'autres ?
Oh, ils sont tous importants à leur façon. Mais je dirai que mon premier but à Geoffroy-Guichard contre Istres. C'était mon premier match à la maison, j'avais la main dans le plâtre ! J'étais super heureux !
Et j'ai un souvenir particulier du but contre Caen l'année de la montée. Pour la première fois, ma fille était au stade et puis c'était un match contre un concurrent direct donc c'était un but important !
Est-ce que tu te souviens de ton but face à Niort cette même saison ?
Ah oui ! Il était pas mal celui-là (rires) ! J'ai du mal à le retrouver, ça fait longtemps que je ne l'ai pas revu !
Eh bien le voilà grâce au travail d'ASSE Memories !
Ah c'est super ! Ca m'arrange parce que j'en ai mis quelques uns, mais je ne les ai pas tous conservés (rires) !
Et quel but, on dirait que tu as inspiré Damien Bridonneau pour son but à la 38e journée face à Châteauroux !
Ahah, un petit peu ! Il avait mis un fort joli but pour nous offrir le titre. C'était un souvenir exceptionnel avec un stade en fusion. Après, je ne sais pas s'il s'est inspiré de ce but, mais en tout cas il était bien inspiré tout court !
Encore un défenseur qui marque, c'est important d'avoir ce dépassement de fonction quand on joue dans cette position ? On le voit pas trop cette saison à Sainté ...
Il y a quand même Anthony Briançon qui est capable de marquer et je te rappelle qu'il a marqué au match aller, je n'ai pas oublié (rires) ! Mais oui, c'est important que les défenseurs marquent. Les coups de pied arrêtés c'est presque un tiers des buts dans une saison. Sainté y est cette saison grâce aux pénaltys. Mais ça fait la différence que ce soit collectivement ou individuellement. Un défenseur qui marque, l'entraîneur le laisse sur le terrain.
On continue la séquence souvenirs avec le titre de L2 donc, et la charnière parfaite que tu as formé ensuite avec Papus Camara en L1 ...
Oui on avait une charnière très complémentaire. Papus c'est un mec adorable. On avait des groupes très sains, pas pollués par l'argent, on était une bande de copains. Quand t'as Papus à côté de toi, ça ne peut que bien se passer, c'est un super joueur et on se complétait très bien.
Tu as des regrets sur ces 3 saisons en L1 avec Sainté ? Peut-être celui de ne pas être allé un peu plus haut, notamment ta dernière saison qui avait bien démarré avec le duo Ilan - Piquionne ?
On avait fait une belle première partie, mais ce n'était pas la saison la plus aboutie en terme de jeu. On avait des joueurs de qualité et on aurait pu faire mieux mais au niveau du staff, c'était pas la meilleure année.
Pour toi la dernière en Vert, tu voulais prolonger l'aventure ?
Il me restait un an de contrat. Laurent Roussey ne comptait plus sur moi, il a le droit de faire ses choix. Je ne voulais pas rester sans jouer, donc soit on me prolongeait, soit on partait sur un projet de reconversion dont on avait parlé ... mais ce n'est pas venu donc j'ai eu l'opportunité de partir. C'était une bonne chose de finir sur le terrain comme je l'ai fait à Nice.
Avec des retrouvailles avec Fred Antonetti !
Quand vous donnez satisfaction à votre entraîneur, il a envie de vous reprendre. C'était un bon choix, j'ai joué même si j'ai commencé à vieillir (rires) ! Et à un moment, il a fallu s'arrêter. J'ai malgré tout vécu deux belles saisons à Nice avec les copains Julien (Sablé), Alaeddine (Yahia) et David (Hellebuyck). David, j'ai failli l'oublier aussi dans l'équipe qui nous a fait remonter, il a été important ! Donc oui, j'ai retrouvé beaucoup d'anciens Verts. Des bons mecs, un peu à l'ancienne ! Des gars que je revois toujours avec plaisir !
On termine par un petit mot sur ta fin de saison avec Grenoble, vous êtes sur une belle place au classement mais pour aller titiller la montée ça va être un peu dur ?
On a le 16e budget ! On surperforme par rapport aux attentes du début de saison. On fait de belles choses, on veut rester haut, ça passe par des victoires. On va avoir deux matchs de gala avec Sainté et Bordeaux, deux matchs à la TV, c'est rare pour nous ! On est moins souvent choisis que les Verts qui font beaucoup d'audience. Ca met le club en valeur, le projet qu'on porte. On essaie de se développer. Il faut du temps. La saison prochaine, on va sûrement avoir la poule de L2 la plus relevée ! Quatre clubs de L1 vont arriver, il restera des clubs comme Sainté, Caen, peut-être Dijon, Paris FC. Parmi Metz, Bordeaux et Sochaux, il va en rester probablement deux. Ca s'annonce très difficile, ça sera pas de la L1 mais on va avoir des clubs qui connaissent bien ce championnat ! Et il y aura encore quatre descentes ! Il faudra faire preuve d'humilité.
Merci à Vincent pour sa disponibilité !