Sainté est à part, qui oserait le contester ?
Alors que la France du foot s’avance sans entrain vers la reprise du championnat après la parenthèse enchanteresse des JO, façon petit village, nous résistons en refusant de sortir du bain d’euphorie dans lequel nous paressons depuis le 2 juin.
Double petit pont, frappe du droit, Ibra nous a envoyé au ciel, nous indiquant gentiment le chemin, doigt pointé bien droit. Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe et volupté.
Pour le calme en revanche, le peuple vert a mis un bon coup de balai à Joachim : le Chaudron a fait péter ses scores d’abonnement et la ferveur née au printemps donne à ODO et sa troupe un bel élan pour relever le défi du (bon) maintien.
Mais puisque l’euphorie ne peut tenir lieu de stratégie ou de projet, il faut bien à un moment reprendre ses esprits, et envisager les moyens de faire de l’an 1 de cette nouvelle ère une belle première pierre.
En ce sens, prolonger Moueffek et Nadé au sein d’un club dont ils sont les enfants, au-delà du romantisme de l’affaire, relève d’un pragmatisme certain, tant le bison et le roc ont été des piliers de notre remontada. Les voir rester constitue en outre un premier indice de l’évolution du club capable, enfin, de conserver ses meilleurs jeunes. En la matière on attendra, avant de se réjouir totalement, de voir comment se dessine l’avenir des très prometteurs Amougou et N’Guessan, mais le peu qu’on a compris de la stratégie de Gazidis incite plutôt à l’optimisme s’agissant de la jeunesse verte.
Au rayon piliers, ODO n’a poliment pas regretté le départ définitif de Cardona, pourtant atout offensif et fournisseur d’émotion n°1 des derniers mois, mais qui doute qu’il n’en pense pas moins ? Sa non-venue, malgré son faible prix et les garanties sportives qu’il représentait (automatismes avec le groupe, entente avec le coach, connaissance du championnat) reste une énigme, et on espère vivement que les perfs d’Old, Davitashvili et cie nous couperont vite l’envie de la résoudre.
Alors que tout démarre déjà, malgré un nombre de recrues à faire pâlir Le Havre ou Montpellier, les Verts vont fêter leur retrouvailles avec la Ligue 1 avec une équipe … de Ligue 2. Le mercato n’est certes pas fini, mais au-delà des pousses vertes et des jeunes trouvailles exotiques, le seul Abdelhamid peine à combler le besoin évident de cadres aguerris à la Ligue 1.
Si la data est notre nouveau dada, il serait bon de se rappeler qu’une équipe de foot qui veut voyager loin se bâtit sur une colonne vertébrale digne de ce nom, avec des joueurs solides aux postes de gardien, défense centrale, demi-défensif et avant-centre.
Réflexion d’ancêtre peut-être, de mastre grisonnant sûrement, qui se rappelle les remontées d’antan, les promesses folles de l’été 99 où au-delà du miracle de Goïas, l’équipe du Nouz judicieusement renforcée par Wallemme, Kvarme et Pédron avait fini par décrocher une belle sixième place.
Idem à l’été 2004, quand Féfé avait fait grève de l’entraînement à Bordeaux pour rejoindre Baup, les Verts, et des petits nouveaux qui s’appelaient Camara, Zokora et Piquionne. Pour une 6ème place encore en mai 2005…
C’était le temps du bon sens, des joueurs aux CV établis, des filières courtes, et des risques mesurés. Le temps de l’intertoto et de Canal+ tout puissant.
On peut trouver ça ringard, on peut aussi imaginer que le succès viendra d’un compromis idéal entre le foot à la data et le foot à la papa.
On peut enfin se rassurer en se disant qu’il reste quelques jours pour terminer nos cahiers de vacances, réviser les basiques d’un passage réussi en classe supérieure, et enfin doter ODO d’un 3, d’un 6, d’un 9, pour qu’il puisse du tac au tac répondre au défi du 3x6 !