Ancien capitaine des U19 stéphanois, le défenseur duchérois Joris Mendy s'est confié à Poteaux Carrés avant de recevoir son club formateur ce dimanche à 13h45 en 32e de finale de Coupe de France.
Joris, comment as-tu réagi lors du tirage au sort des 32es de finale de Coupe de France ?
J’étais très content. Avec Axel Kacou on regardait le tirage. Dès qu’on a vu qu’on tombait contre Sainté, on a sauté de joie. C’est le tirage rêvé pour nous. On a passé cinq ans à l’ASSE. Ce sera forcément un match particulier pour nous.
Que gardes-tu de ton expérience stéphanoise ?
Je ne garde que de bons souvenirs de ce club et je suis fier d’y avoir été formé même si bien sûr je ferai tout pour le battre ce dimanche car aujourd'hui je défends les couleurs de Lyon la Duchère. L’ASSE, c’est un grand club. Plusieurs autres centres de formation étaient sur moi mais j’ai porté mon choix sur Sainté car ce club m’avait vraiment marqué : l’ambiance, le contexte, le côté familial… Je me suis tout de suite senti bien là-bas, dès que j’y ai fait un essai. Plusieurs clubs m’avaient fait des propositions : Monaco, Bordeaux, Caen. J’étais même parti à l’Atlético Madrid. Mais Saint-Etienne, c’était vraiment à part.
Je me souviens que c’était l’époque d’Alain Blachon. Il m’avait parlé dans son bureau et son discours m’avait marqué. Ce qui a joué aussi, c’est que je connaissais déjà Bafé Gomis et Josuha Guilavogui avant de devenir vert. Je suis né à La Seyne-sur-Mer comme Bafé, Josuha est né juste à côté à Ollioules. Tous les trois on a joué à Toulon quand on était petits. Ce sont des grands frères, ils m’avaient conseillé de signer à l’ASSE. Forcément, ça a influé sur mon choix.
J’avais 15 ans quand j’ai intégré le centre de formation des Verts l’été 2012. J’ai incorporé de suite l’équipe des U17 nationaux, on a été sacré champion de France cette saison-là. C’est assurément l’un de mes plus beaux souvenirs à l’ASSE si ce n’est le plus beau. Gagner un titre national avec Saint-Etienne, même en jeunes, c’est un moment très fort. En plus on a gagné avec mes frérots : Jonathan Bamba, Nathan Dekoké, Allan Saint-Maximin. On était vraiment solidaire, ça nous a fait très plaisir de gagner. C’est un souvenir qui restera tout le temps.
On avait vraiment une bonne équipe, il y avait aussi Alexandre Assaf et Eliott Gattier, qui avait mis un triplé en finale contre Guingamp. On s’entendait tous bien dans ce groupe champion de France U17. Je suis resté très proche de Jonathan et Allan, tous les jours ou presque on s’appelle. Cet été j’étais en vacances avec Jonathan. Avec Nathan aussi on a gardé beaucoup de liens forts. Au-delà des matches et des résultats, c’est ce que je retiens notamment de mon passage à Saint-Etienne : j’y ai noué des amitiés durables. De ma génération, j’ai aussi des contacts réguliers avec Yahya Nadrani, qui joue titulaire à Seraing en L1 belge.
Quel joueur t’a le plus impressionné à Sainté ?
Dans ma génération, c’est Allan. Il m’a vraiment impressionné par ses dribbles, sa puissance, son insouciance aussi. Alexandre Assaf également avait un potentiel énorme, c’est dommage qu’il n’ait pas percé. Quand je m’entraînais avec les pros, Loïc Perrin m’a impressionné. Son professionnalisme m’a beaucoup marqué, c’est vraiment quelqu’un de remarquable, d’exemplaire. Max Alain Gradel également dans un autre registre m’avait fait une très forte impression. Je ne savais pas que dos au jeu il savait garder le ballon, vu son gabarit ça m’avait marqué. J’aimais son intelligence de jeu, sa qualité de dribble.
Kurt Zouma aussi, c'était quelque chose ! Il a su s’imposer très vite en pro alors qu’il était très jeune. Il dégageait une puissance assez impressionnante. Jonathan Bamba aussi, c’était vraiment fort. Je ne suis pas surpris de le voir réussir. Je me réjouis qu’il ait été champion de France de L1 et je suis son premier supporter en Ligue des Champions. Jo, chaque année il avait une marge de progression. Franchement, c’est un joueur complet, qui s’adapte à l’équipe. Jo est un joueur d’équipe. Il s’adapte bien à ses partenaires. J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer avec lui.
Tu as évoqué tout à l’heure le titre de champion de France U17. Quels autres bons souvenirs gardes-tu de tes vertes années ?
La montée en National 2 à l’issue de la saison 2013-2014. Lors de la dernière journée du championnat, on était mené 2-1 par Bourges à Aimé Jacquet à vingt minutes de la fin. Mais Allan Saint-Maximin a réalisé un doublé victorieux en quelques minutes, du coup on avait fini premier juste devant Clermont et Andrézieux. On avait un groupe qui vivait bien. Je garde aussi un bon souvenir de la saison 2015-2016. J’étais capitaine de l’équipe des U19 nationaux, on avait terminé en tête d’un groupe du sud comme d’habitude très relevé devant Monaco, Marseille, Montpellier, Toulouse, Nice. On a donc joué les plays-offs mais on a perdu lourdement en demi-finale. Le PSG nous a battus 4-0. Je me souviens qu’Odsonne Edouard avait mis un doublé, je crois que Jean-Kévin Augustin avait marqué aussi.
Quel est ton plus mauvais souvenir sous le maillot vert ?
Notre élimination contre l’OL à Gerland en 8e de finale de Coupe Gambardella la saison 2014-2015. Rayan Souici avait raté un penalty en début de match mais Hugo Roussey avait ouvert le score quelques minutes avant la mi- temps. On a fait le break en début de seconde période grâce à un penalty d’Allan. Mais l’OL a réduit le score sur un penalty discutable, la main de Cazim Suljic était involontaire. On se fait rejoindre à la 90e et la séance de tirs au but nous a été fatale. Leur gardien avait fait plusieurs arrêts mais il n’était pas sur sa ligne, il était vraiment avancé. Ah, ce match, c’est vraiment mon pire souvenir ! On en a reparlé récemment avec Jonathan.
Après ta première saison verte ponctuée d’un titre de champion de France U17, tu as été surclassé. Tu as intégré le groupe de la réserve et tu jouais soit avec elle, soit en U19 nationaux. Tu t’es ensuite entraîné avec les pros. À l’époque, tu étais pressenti pour devenir pro mais tu n’auras pas réussi à franchir ce dernier palier. Qu’est-ce qui t’a manqué ?
Peut-être que je me suis un peu trop reposé sur mes acquis et que n’ai pas fait tout le travail en plus que j’accomplis actuellement. J’aurais peut-être dû bosser davantage. Ce qui m’a probablement manqué, c’est d’être pro au quotidien, avec toute l’exigence que ça implique. Je n’ai peut-être pas su mettre tous les atouts de mon côté pour me démarquer.
Après, à l’époque où j’étais au club, c’était un peu dur de décrocher un contrat pro. Ce n’est pas comme ces deux ou trois dernières années, où de très nombreux jeunes ont signé un contrat pro. Quand j’étais à Sainté, l’équipe première jouait les premiers rôles, avait gagné la Coupe de la Ligue, enchaînait les saisons en Europa League. C’était très compliqué d’intégrer ce groupe, dans le vestiaire des pros il y avait beaucoup de grandes personnes. Moi j’étais jeune et un peu timide quand je les côtoyais. C’est ce qui m’a manqué, m’affirmer un peu plus.
Quels sont les formateurs stéphanois qui t’auront le plus marqué ?
Lionel Vaillant et Gilles Rodriguez m’ont particulièrement marqué, forcément ! C’était ma première saison à l'ASSE, et c’est avec ces deux très bons formateurs qu’on a remporté ce titre de champions de France U17. Jean-Philippe Primard aussi m’a beaucoup apporté. Il m’a fait énormément confiance, il m’a mis capitaine. Je vois qu’il est toujours au club et qu’il continue de faire du bon boulot, avec les U15 désormais.
Après avoir quitté Sainté, tu as joué une saison en N3 avec Montmorillon avant de défendre pendant trois ans les couleurs des Merlus. Comment as-tu atterri il y a deux mois ?
J’avais signé pro à Lorient. Les Merlus m’ont proposé de prolonger encore un an pro si je voulais. Mais comme je jouais avec la réserve, je voulais partir pour jouer au niveau au-dessus. J’ai eu des pistes dont une avancée qui a capoté au tout dernier moment. Le directeur sportif de Lyon La Duchère m’a contacté, m’a exposé son projet et j’ai signé là-bas car il ne fallait pas que je perde de temps, la saison était déjà bien entamé. Je suis arrivé en octobre, après une dizaine de journées de championnat. Mais j’ai été très vite intégré, l’entraîneur et les joueurs m’ont mis à l’aise. J’ai été très bien accueilli.
Malgré le fait que t’aies été formé à Sainté ?
Oui, ils ne m’ont pas parlé de mon passé stéphanois. J’ai signé à La Duchère, hein, pas à l’OL ! Ce n’est pas la même chose. Mais c’est vrai que je perçois cette rivalité entre Lyon et Saint-Étienne à l’approche de ce 32e de finale de Coupe de France. Quand je me balade dans les magasins avec ma veste de Lyon La Duchère, on me dit « dimanche il va falloir gagner, il faut éliminer Saint-Étienne. » Ce n’est pas le vrai derby mais je sens quand même qu’il y a une rivalité entre les deux villes. Ce match de Coupe, ce n’est pas juste le petit qui reçoit le gros. Il y a une dimension en plus du fait que c’est Sainté en face.
Dans quel état d’esprit abordes-tu cette rencontre ?
Avec enthousiasme. On prépare bien cette rencontre avec le groupe, ça fait quand même quelque chose de rencontrer Saint-Étienne ! Mais il ne faut pas penser qu’à ça et jouer le match avant l’heure. Bien sûr, j’ai envie d’être performant contre mon club formateur. Je n’ai pas signé pro à Sainté mais j’aborde cette rencontre sans aucun esprit de revanche, sans rancune. Je prends ce match comme une expérience positive, ce sera l’occasion pour mes coéquipiers comme pour moi de nous jauger face à une équipe de Ligue 1.
C’est plaisant de jouer une telle affiche et personnellement je suis content de revoir à cette occasion des amis, des anciens coéquipiers. J’ai joué avec Mahdi Camara et Arnaud Nordin à Sainté. D’ailleurs je me souviens qu’on avait perdu ensemble au premier tour de la Gambardella la saison 2015-2016 contre Lyon La Duchère ! C’était sur le synthétique du stade de la Sauvegarde, où s’est déroulé le week-end dernier le match de la réserve entre les deux clubs. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de monde et qu’on s’était fait secouer. On était allé là-bas un peu en dilettante et on avait perdu aux tirs au but alors qu’on menait 2-1 et qu’ils avaient joué le dernier quart d’heure à dix.
C’est dommage car on avait une bonne équipe, c’est d’ailleurs cette saison là qu’on a fini premiers de notre groupe en championnat U19. On avait vraiment fait une belle saison avec des bons joueurs comme Mahdi et Arnaud mais aussi Ronaël, Kenny, Yahya, Dylan Chambost, Léo Pétrot. Devant on avait des joueurs comme Hugo Roussey et Benjamin Aulagnier. Et bien sûr en défense il y avait mon cousin William Gomis qui est décédé.
Son assassinat a été un vrai choc pour tout le club mais aussi pour toi car vous étiez très proches.
J’avais déjà quitté l’ASSE quand William a été tué mais je continuais de le voir très souvent. Il ne se passe pas une semaine sans que je pense à lui. D’ailleurs ce dimanche pour le match contre Sainté je prendrai son maillot et je le mettrai sur le banc avec moi. Sa mère, c’est comme ma mère, on s’écrit tout le temps. C’est la famille. William, c’est comme si c’était mon frère alors que c’est un cousin éloigné.
Vous avez fait une prépa particulière pour ce match de Coupe où vous avez préparé ça comme un match lambda de National 2 ?
On se prépare sans se mettre de pression tout en sachant que ce sera un match inoubliable car ce n’est pas tous les jours qu’un club amateur affronte un club de l’élite. Forcément, c’est un évènement d’affronter Saint-Étienne, surtout que c’est un grand club. On prépare ce match à fond, on est concentré et on reste lucide. Même si les Verts sont mal en point en Ligue 1, ça reste une équipe de haut niveau avec de très bons joueurs. En plus ils viennent de changer d’entraîneur et auront à cœur de rebondir. Maintenant, on sait que tout peut arriver en Coupe de France. Il arrive de temps en temps que des petites équipes arrivent à renverser des grandes équipes. La saison dernière, j’étais sur le banc de Lorient quand on a affronté Le Puy. On est passé à la trappe contre ce club de N2 alors que quelques semaines auparavant on avait battu le PSG et Sainté. On sait que tout peut se passer en Coupe de France, sur un match tout est possible. C’est ça qui est beau dans cette compétition !
Ce match est aussi l’occasion de vous montrer et pour certains d’entre vous d’espérer retrouver le monde pro. T’as cette ambition ?
Oui, quand me lève le matin, j’ai toujours des ambitions. C’est ancré en moi. On sait que le foot, ça va vite dans les deux sens. Demain je peux me retrouver au chômage comme sur un terrain de Ligue 1. On sait que la Coupe peut permettre à des joueurs de se mettre en exergue et ensuite de signer pro. On l’a vu d’ailleurs avec Jean-Philippe Krasso. Il est passé par le centre de formation de Lorient, il n’a pas pu percer là-bas, il a rebondi dans le foot amateur, a brillé en Coupe de France avec Épinal, une équipe de N2, et aujourd’hui il joue chez les Verts. On peut aussi prendre l’exemple de Léo Pétrot, qui jouait à mes côtés quand on a remporté le championnat de France U17. Il n’a pas pu percer en pro chez les Verts, il a ensuite joué à Andrézieux et aujourd’hui il joue en Ligue 1 avec Lorient. L’important c’est de ne pas lâcher, de croire en soi pour saisir les opportunités qui se présenteraient.
Peux-tu nous présenter ton équipe de La Duchère ?
On a une équipe intéressante, chaque joueur a une histoire. Je considère qu’on a de très bons joueurs, certains ont déjà un vécu dans le monde professionnel. Notre gardien Axel Kacou bien sûr, qui a joué avec Tours en Ligue 2. En défense centrale, notre capitaine Sohny Sefil est passé par Auxerre. Il a d’ailleurs joué en Ligue 2 avec l’AJA et il a aussi évolué en Angleterre à Oldham. Au milieu on a Youssouf N’Diaye, qui a évolué en L2 avec Bourg-en-Bresse. En attaque, on a même un joueur qui a joué en Ligue des Champions avec le Standard de Liège, Yannis Mbombo. Il a pas mal bourlingué et connu la Ligue 2, à Auxerre et à Sochaux.
Par ailleurs, on a plusieurs joueurs passé comme moi par un centre de formation. Je pense notamment à notre défenseur Bryan Ngwabije, qui a été formé à l’Olympique Lyonnais. Il a joué avec la réserve de Guingamp avant de rejoindre La Duchère et la saison d’avant il avait joué avec Andrézieux. C’est lui avait marqué de la tête face à Steve Mandanda le premier but de la victoire contre l’OM à Geoffroy-Guichard. En défense on a le jeune Cyril Khetir, qui a été formé à l’Olympique de Marseille.
Franchement, on a vraiment des joueurs de qualité, il y a du niveau. Après, on sait très bien qu’on va se mesurer à une équipe de Ligue 1, qui évolue trois échelons au-dessus de nous. Les Verts sont des professionnels et compte plusieurs joueurs d’expérience. Il faut les respecter, respecter cette hiérarchie tout en essayant de la bousculer le temps d’un match. Sainté a des joueurs comme Wahbi Khazri, Ryad Boudebouz. Ce sont quand même des vrais joueurs. Même le reste.
Dans ton équipe, quel joueur verrais-tu jouer dans l’élite et porter pourquoi pas le maillot vert ?
Mansour Belarbi est un joueur que j’aime beaucoup, je pense qu’il a le potentiel. C’est un joueur de ma génération, un 1997. Il a joué en Belgique à Seraing et à Martigues. Je le trouve vraiment fort. C’est un gaucher qui voit le jeu avant tout le monde. Techniquement il est vraiment très à l’aise, il est propre. Il a une palette assez élevée. C’est un milieu de terrain polyvalent. Il peut jouer numéro 8, numéro 10, sur un côté. C’est ce que je trouve étonnant, quel que soit le poste où il évolue, il performe.
Axel Kacou est titulaire en championnat mais c’est sa jeune doublure qui a joué les précédents tours en Coupe de France. En sera-t-il de même ce week-end et que peux-tu nous dire sur ce dernier ?
Je ne peux pas te dire quel gardien sera titulaire contre Sainté. Pierre Popp est un gardien né en 2000. Je crois qu’en jeunes il a joué avec Saint-Priest et qu’il a joué en U19 à Bourg-Péronnas. C’est un gardien de grande taille avec un bon jeu au pied, ce qui est souvent le cas des gardiens modernes de maintenant. Comme il est jeune, il a encore une marge de progression mais c’est un bon joueur.
Axel Kacou représente quoi pour toi ?
Déjà à Saint-Étienne, on s’appréciait. Comme il m’était arrivé d’être surclassé avec les 1995, j’avais été amené à jouer avec lui à l’ASSE en U19. Quand nos chemins se sont séparés, on est toujours resté en contact. Il a participé aussi à ma venue ici, c’est sa troisième saison à La Duchère. Axel, c’est comme Jonathan et Allan, c’est mon frérot ! On est toujours ensemble. Il a un fils comme moi. On mange toujours ensemble avec sa femme, ma femme, son fils, mon fils. Côté humain, c’est vraiment quelqu’un que je porte dans mon cœur. Et je considère que c’est l’un des meilleurs gardiens avec lesquels j’ai joué. Il joué comme moi en équipe de France U16, il joué plus tard avec la Côte d’Ivoire Espoirs et a fait des bancs avec les A des Éléphants. Axel a performé en Ligue 2. Il a du caractère et du charisme, c’est un gardien complet.
Dimanche, avec quel joueur stéphanois aimerais-tu échanger ton maillot ?
Avec mes anciens coéquipiers, Mickaël Nadé, Mahdi Camara ou Arnaud Nordin. C’est pareil, on a des liens très forts, surtout avec Mickaël et Mahdi. Si je pouvais avoir les trois maillots, ce serait bien ! Tous les trois sont des bons gars. Quand je jouais avec Mahdi, j’étais capitaine et lui était au milieu. C’était un soldat. Pour être déter’, on avait besoin de joueurs comme lui. Mickaël est lui aussi un guerrier, c’est un chef dans la défense. Nordin apporte de la vitesse, de la percussion, ses dribbles aussi. Je pense que ce sont des joueurs à fort potentiel et qu’ils ne sont pas encore allés au bout de ce qu’ils peuvent faire.
Tu l’as souligné à eux reprises depuis le début de notre entretien, Saint-Étienne est un grand club. Mais il est aujourd’hui lanterne rouge de Ligue 1. Ça t’inspire quoi ?
Franchement, ça m’étonne de voir que les Verts sont derniers. On ne les a jamais connus à cette place-là à ce stade de la saison. C’est surprenant, presque choquant. C’est vrai que c’est la troisième saison de suite que les Verts galèrent en championnat, mais là c’est encore plus marqué que les deux exercices précédents. Je ne m’attendais pas du tout à ce que les Verts ne comptent que 12 points après 18 journées. Cette saison on parle vraiment de la Ligue 2, ça fait peur. Mais moi j’ai confiance. Je pense que les choses vont changer avec l’arrivée de Pascal Dupraz. Sainté est certes dernier mais pas complètement largué. Il reste 20 journées, ça laisse vraiment le temps de se refaire.
En tout cas, j’espère de tout cœur que les Verts vont se maintenir car c’est un club qui ne mérite pas de descendre en Ligue 2. Ça ferait vraiment mal quand on connaît la ferveur des supporters. J’ai toujours aimé la passion qu’il y autour de ce club. Les supporters sont passionnés, ils se mouillent pour le club. L’ASSE est mon club formateur, je l’ai dans mon cœur. Mon regret est de n’avoir pas joué dans le Chaudron. C’était un rêve, c’est vraiment un regret.
Mais t’as quand même connu quelques belles ambiances avec les jeunes.
Carrément ! Pas mal de supporters des Verts s’intéressent aux équipes du centre de formation et nous encourageaient, notamment lors des derbies. À Saint-Étienne, quand je commençais un match, je ressentais un truc, c’était bizarre et difficile à expliquer. Tu sens que tu n’es pas dans n’importe quel club, quoi ! On avait les vertus du club, c’était ancré en nous. Inconsciemment, y’a quelque chose qui se passe. Je pense qu’il y a très peu de clubs où tu ressens ça. Quand t’as l’honneur de porter ce maillot vert, t’as envie de tout donner pour le club.
Je me souviens des derbys que j’ai joué. Même en jeunes, on sent que c’est tendu, que c’est vraiment un match à part, avec un parfum vraiment particulier. Je me rappelle avoir gagné les deux premiers derbys que j’ai joués avec les U19, à Aimé Jacquet et sur le terrain numéro 10 de la Plaine des Jeux de Gerland.
Il y avait toujours plus de monde quand on affrontait l’OL que lorsqu’on affrontait d’autres équipes. Un derby, c’est spécial. On en parle avec mon coéquipier de La Duchère Bryan Ngwabije, qui a joué à l’OL. Il ressent le même truc que moi je ressentais à Sainté. Quand je défendais le maillot vert, on ne va pas le cacher, on ne pouvait pas se les voir les Lyonnais ! Et c’était réciproque. Y’a vraiment une très forte rivalité entre les deux clubs.
Joris, sais-tu que Balmont réussit à Saint-Etienne en Coupe ?
Ah non, je ne savais pas. Les Verts ont déjà joué là-bas ?
Non, je faisais allusion au vilain Florent Balmont, qui avait tiré sur le poteau de Stéphane Ruffier lors d’une mythique séance de tirs au but !
Ah OK ! (rires) Je ne pense pas que ce soit en référence à cette demi-finale de Coupe de la Ligue qu’on joue au stade de Balmont ! (rires)
Ton prono pour ce match ?
Franchement, c’est difficile de pronostiquer un résultat. En Coupe de France, ça peut basculer des deux côtés. Il y aura de très bons joueurs en face mais on a déjà vu des petits poucets passer. Je souhaiterais gagner 1-0 avec un but de ma part !
Fouilla, ça doit être coté à 6942 contre 1 ! Mais bon, je ne serais même pas surpris que ça se produise tant le sort semble s’acharner contre nous cette saison. Sans te faire offense, et même si tu as d’autres qualités, tu as marqué quand même très peu de buts dans ta carrière, que ce soit en équipe de jeunes ou en seniors.
C’est pas faux mais j’avais quand même marqué le but de la victoire en N3 avec Saint-Étienne sur le terrain de Dives-Cabourg. C’était en 2017, à l’époque où Laurent Batlles entraînait l’équipe.
Et avec Lorient j’ai mis un top but la saison passée en N2 contre Vannes, une frappe du gauche en lucarne.
Celui que t’as mis avec les Merlus contre Oissel, t’as bien été aidé par le gardien adverse par contre.
Ouais, il a voulu faire marcher mes stats ! (rires)
On espère que Stefan Bajic n’aura pas cette volonté dimanche.
Moi je ne serais pas contre (Rires)
Merci à Joris pour sa disponibilité