On a regardé pour vous le style de jeu du prochain adversaire des Verts, le Nîmes Olympique...
Alors qu'ils restaient sur 14 défaites en 17 matchs, les Nîmois se sont réveillés à partir de mi-février, enchainant une bonne série de 7 matchs, avec seulement 1 défaite, 2 nuls et pas moins de 4 victoires. Lors des deux derniers matchs, les Crocodiles ont fait match nul contre Montpellier et ont gagné à Lille - si la physionomie de ces matchs a été différente, il y a plusieurs éléments communs dans le style de jeu. Voici quelques exemples...
Des milieux qui sortent
C'est une équipe qui évolue dans un 4-1-4-1 assez classique, avec Cubas en sentinelle derrière deux relayeurs, Ripart et probablement Deaux, vu que Fomba sera suspendu contre l'ASSE :
Les deux ailiers sont Ferhat à gauche et Eliasson à droite et même s'ils sont des joueurs offensifs, ils ont un rôle défensif important aussi. En effet, même si les Nîmois proposent un bloc équipe serré et plutôt bas, ils l'animent d'une manière assez inhabituelle : les deux relayeurs sortent souvent de leur ligne pour presser les milieux adverses. Si dans l'image ci-dessus l'alignement est presque parfait, trois secondes plus tard...
... un des milieux sort au pressing, pendant que les deux excentrés reculent un peu. Ils seront ainsi mieux placés pour donner un coup de main entre les lignes, vu que la sentinelle ne sera plus "protégée" par les coéquipiers devant.
Pour mieux comprendre, voici un autre exemple, 5 minutes plus tard dans le même match contre Lille :
Bloc équipe en 4-1-4-1, très bas et resserré, avec ces deux excentrés un peu plus bas que les axiaux, des axiaux qu'on trouve 6 secondes plus tard bien remontés...
... et comme deux Lillois se placent dans ces espaces désertés et la sentinelle se trouve en infériorité numérique à cet endroit, l'ailier gauche resserre dans l'axe pour aider.
Lors du match précédent, contre Montpellier, Nîmes a employé la même stratégie défensive et dans cet exemple en début de match on peut observer une faille :
Bloc bas et compact, un milieu axial sort sur son adversaire direct, les deux excentrés resserrent dans l'axe et donc les couloirs sont libres, le latéral droit montpelliérain se retrouvant tout seul...
Présents sur les deuxièmes ballons
Si on regarde le jeu nîmois avec le ballon, la première chose qui saute aux yeux c'est l'utilisation des longs ballons - Nîmes est l'équipe de Ligue 1 qui en utilise le plus, 17% de leurs passes dans un match étant longues (et 45% d'entre elles sont réussies). A titre de comparaison, seulement 12% des passes stéphanoises dans un match sont longues (avec à peu près la même réussite).
Mais ces longs ballons font partie d'une vraie animation offensive pour les Nîmois. C'est rarement le gardien qui en utilise, ils préfèrent remonter le ballon un peu - sans aller jusqu''à la ligne médiane - et seulement ensuite chercher l'avant-centre ou un des ailiers. Le but n'est pas forcément qu'ils récupèrent le ballon, mais d'être présents ensuite à la retombée :
Dans cet exemple en début de match contre Montpellier, le ballon à destination de l'avant-centre est repoussé de la tête par un défenseur et quand il arrive dans les pieds d'un milieu montpelliérain, pas moins de quatre nîmois se jettent dessus pour le récupérer. Dans cet exemple ils y arrivent et décalent ensuite l'ailier gauche qui voit sa frappe détournée en corner - une bonne conclusion de ce contre-pressing très efficace.
Des combinaisons à gauche
Ça serait très réducteur de décrire le jeu nîmois comme seulement des longues passes suivies d'un pressing sur les deuxièmes ballons. Nîmes est aussi capable de construire et proposer des belles séquences de passes, notamment à gauche, où Ferhat est leur vrai maître à jouer. Par exemple, contre Montpellier :
Le milieu relayeur gauche décroche pour offrir une possibilité de passe à son défenseur, l'ailier libère le couloir et offre ainsi une solution vers l'avant et c'est le latéral gauche qui monte qui est trouvé au bout d'une séquence de trois passes à une touche de balle.
Ou bien contre Lille, pour le but de la victoire nîmoise, juste avant la fin de la première période, avec toujours le duo latéral-ailier dans le couloir gauche :
Absolument aucun décalage créé, la défense est en place, mais l'échange de passes et les déplacements fonctionnent très bien et l'ailier peut lancer ensuite l'avant-centre dans la surface (enfin, le milieu relayeur Ripart placé en avant-centre sur cette séquence).
Contres avec des appels rentrants
Si les Nîmois utilisent pas mal les longs ballons, mais sont tout à fait capables de proposer de belles séquences de passes, ils excellent surtout dans un autre aspects, les contres. Lors du match contre Montpellier, la possession a été partagée (47% pour Nîmes) jusqu'à l'ouverture du score nîmoise - leur possession est ensuite chuté à 21%. Contre Lille - une équipe plus forte qui était en plus derrière au score - elle a été de 27%. Bref, les Crocodiles aiment laisser le ballon à leurs adversaires et procéder ensuite en contre - avec là aussi une petite particularité :
Dans cet exemple contre Montpellier, un long ballon adverse est dégagé par un défenseur nîmois et récupéré par ses coéquipiers au milieu. Un relayeur monte balle au pied et les deux ailiers sont à la même hauteur que lui. Quelques secondes plus tard...
... l'ailier gauche, parti excentré, rentre sa course vers l'axe où il est trouvé par la passe en profondeur. Il trouve ensuite l'avant-centre dans la surface, qui marque. Contre Lille, une situation similaire, avec un ballon dégagé de la tête par un défenseur et c'est l'ailier gauche qui monte balle au pied :
Son coéquipier du côté opposé est à la même hauteur et se projette vite, rentrant lui aussi dans l'axe, pour être au rendez-vous de la passe en profondeur qui continue l'action :
Il décale l'avant-centre dans la surface, qui marque. Des contres très similaires, avec cette capacité de remonter le terrain balle au pied, un appel d'un joueur excentré vers l'axe pour une passe en profondeur et toujours l'avant-centre à la conclusion.
Les corners
Finalement, comme le match peut tenir sur un coup pied arrêté, regardons de plus près la défense nîmoise sur corners. C'est une défense mixte qui est proposée :
6 Nîmois sont au marquage individuel : 1 sur l'adversaire qui gêne le gardien, 2 sur la ligne de 5m50, 3 au point de penalty. Mais il y a 3 autres sans adversaire directe, en zone, tous au premier poteau (un collé au montant et deux autres un peu sortis).
Il faut donc que les centres arrivent à passer cette zone au premier poteau, comme les Montpelliérains ont réussi à le faire plus tard dans ce match :
Toujours la même défense, avec 7 Nîmois en marquage individuel + celui sur la ligne + les deux au premier poteau dans les 5m50. Mais le ballon passe au dessus de ces derniers et retombe juste derrière eux, où un des défenseurs ne suit pas son adversaire direct, qui marque.
Deuxième match et deuxième but encaissé sur corner, avec une défense légèrement changée et pas pour le mieux, avec une grosse erreur de marquage :
Toujours 3 Nîmois sans adversaire direct, celui collé au poteau et deux autres dans les 5m50 - mais seulement un au premier poteau, l'autre plus dans l'axe. 6 Nîmois au marquage individuel.... mais contre 7 Lillois, dans le groupe le plus reculé il y a un adversaire libre. Et il est bien trouvé par le centre, ce qui permet à Lille d'égaliser.
Conclusions
Voici donc des différents aspects du jeu du prochain adversaire des Verts. Un bloc équipe en 4-1-4-1, bas compact, mais avec des milieux axiaux qui sortent du bloc pour harceler leurs adversaires, les espacent dans leur dos étant parfois compensés par les ailiers (qui abandonnent les côtés). Une équipe qui utilise pas mal de longs ballons, suivis d'un gros contre-pressing pour récupérer de nouveau la possession dans le camp adverse. Mais une équipe aussi capable de belles séquences notamment dans le couloir gauche. Ils préfèrent néanmoins le jeu en contre, souvent déclenché par une remontée avec le ballon avant une passe en profondeur, dans la course d'un ailier qui rentre dans l'axe.Finalement, les Nîmois ne défendent pas forcément bien sur corner, mais il faut réussir à passer le premier poteau, où ils placent beaucoup de joueurs en zone.
Si les Verts doivent faire le jeu, la clé sera dans la maîtrise, dans la capacité de déjouer les sorties des milieux de leur bloc équipe et exploiter les espaces créés dans leur dos ou dans les couloirs. Mais aussi, à la perte du ballon, d'empêcher la remontée du terrain balle au pied ou couper la passe en profondeur. Si c'est Nîmes qui fait le jeu, la clé sera dans la bagarre au milieu sur les deuxièmes ballons, mais aussi dans le couloir droit stéphanois.