Ancien milieu de terrain des Verts et des Sang et Or, Pape Sarr s'est confié à Poteaux Carrés avant le match qui opposera ses deux anciens clubs dans le Chaudron ce samedi à 17h00.


Pape, peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Sainté ?

Je suis arrivé à Saint-Étienne en novembre 1993. Je n’avais pas encore 16 ans. J’étais tout jeune, j’étais venu des faire des tests. C’est Christian Larièpe qui m’avait fait venir. Il m’avait repéré en venant voir des tournois au Sénégal. À l’époque j’étais tellement jeune que je ne jouais pas dans des clubs du championnat. Je jouais dans une équipe de mon quartier de Dakar, à Liberté 6. Il a discuté avec mon entraîneur et m’a proposé de venir faire un essai à l’ASSE. Élie Baup s’occupait du centre de formation et a validé ma venue. Je venais direct du Sénégal et j’ai été saisi par le froid en arrivant. Bien sûr, je n’avais jamais vu la neige ! (rires) Le premier entraînement, je me suis dit que je n’allais pas sortir, que j’allais rester au chaud. Mais voilà, finalement je suis sorti.

Et je suis sûr que tu ne le regrettes pas !

Ah ça non, ça valait le coup ! J’ai fait les entraînements, j’étais tellement content… J’ai fait deux semaines de tests à Saint-Etienne et je suis retourné au Sénégal. J’avais tellement envie de revenir ! Quand le club m’a rappelé pour me dire qu’il me prenait, j’étais fou de joie ! Je suis revenu au mois de mars 1994 et je me suis acclimaté vite fait au centre de formation. J’étais tout le temps en chambre avec Willy Sagnol, Jérémie Janot, etc.. J’ai démarré avec les U17 chapeautés par Christian Larièpe, qui m’a bien fait progresser.

L’année d’après j’ai repris avec la réserve qui était entraînée par Alain Blachon. On avait une belle équipe en CN2 avec Jérémie, Willy, Lulu Mettomo, Romain Revelli, Sylvain Flauto… Il y avait Fabien Boudarène aussi. Bibi ! C’est là que ça a commencé à devenir sérieux car c’est après avoir joué avec la réserve que Pierre Mankowski, entraîneur de l’équipe première, m’a repéré et m’a fait monter avec les pros, avec Willy Sagnol et Jérémie Janot. On n’avait qu’une envie, nous les jeunes, c’était de jouer en équipe première, il fallait faire les quinze matches pour jouer en pro.

Tu as fait tes débuts en pro en 1996, le club venait tout juste de descendre en D2.

Oui, j’ai fait mes débuts en pro comme titulaire dès la première journée à Troyes. On avait fait match nul 2-2, buts de Christophe Lagrange et Samba Ndiaye. il y avait d’autres bons joueurs, Jean-Philippe Delpech par exemple qui était resté. Mais on a vécu une saison compliquée, on a fini 17e. On en bavé, comme la saison d’après, mais j’ai eu beaucoup de temps de jeu et j’en ai profité pour marquer mon premier but en pro, à Mulhouse de la tête grâce à un corner de Dominique Aulanier.



Ça m’a fait mal quand j’ai appris par Patrick Guillou et Lionel Potillon que Dominique Aulanier était décédé. C'était un bon joueur et quelqu'un d'attachant. J’ai été triste aussi d’apprendre que Fabrice Lepaul n’a pas survécu à un accident de voiture. Voir partir si tôt d’anciens coéquipiers… Bibiche c’était un super mec, je me souviens qu'il mangeait tout le temps au centre avec Steph Santini, Lionel Potillon.

Tu te souviens de ton premier but dans le Chaudron ?

Bien sûr ! J’ai marqué devant le Kop Nord lors d’une victoire contre Niort. J’ai profité d’un tir de Didier Timothée repoussé par le gardien adverse pour ouvrir le score du pied gauche en angle fermé, avec l’aide du poteau je crois. Didier avait fait un super match, il avait mis un doublé. Mais c’est Augustine Simo qui avait marqué le plus beau but de la rencontre d’un enchaînement contrôle de la poitrine frappe sous la barre. C’est un super souvenir ce match et j’étais trop content de marquer à Geoffroy-Guichard ! Tu sais à quel point j'adore ce stade et ce public...



Mais on a encore galéré cette saison-là, j’ai d’ailleurs eu peur que le club descende en National. Ça ne s’est pas joué à grand-chose. Le coach Mankowski nous rappelait à chaque fois qu’un club comme Saint-Étienne ne devait pas descendre mais on l’a échappé belle. Je me souviens que tout s’est joué lors de la dernière journée. On jouait à Lille. J’ai égalisé [il a lobé (mais pas Samuel) Aubry (mais pas Martine), ndp2] mais on a perdu 2-1. Heureusement les autres résultats ont été favorables donc on s’est maintenu. Quel soulagement ! On a frôlé le pire, c’était chaud ! Pour nous les jeunes formés au club, ça aurait été terrible d’être associé à une relégation en 3e division.



Après avoir frôle le pire, vous avez connu le bonheur de la montée dès la saison suivante.

Ah, quelle saison, quel groupe ! La saison du renouveau. Robert Nouzaret est arrivé, il nous a motivés, nous a donné confiance. Il a fait venir des joueurs expérimentés comme Kader Ferhaoui, Nestor Subiat, Gilles Leclerc. D’autres bons joueurs comme Patrick Revelles et Marc Zanotti. Robert a su aussi donner leur chance à des jeunes comme Bertrand Fayolle et Adrien Ponsard. La mayonnaise a bien pris avec le reste du groupe. Personne ne nous attendait car on sortait de deux saisons plus que compliquées mais on a réalisé une superbe saison.

Tu as peut-être marqué cette saison-là ton plus beau but sous le maillot vert. Tu t’en souviens ?

Absolument pas ! (rires) Tu peux me rafraîchir la mémoire ?

C’était à Nice. T’as récupéré le ballon dans notre moitié de terrain, t’as fait une chevauchée à la Osvaldo avant de déclencher une frappe lointaine du gauche sous la barre.


C’est dingue, j’en avais aucun souvenir ! Comment j’ai pu oublier ce but ? En plus il nous avait donné la victoire. C’était chaud au stade du Ray !

Cette saison-là, t’as aussi marqué sur un terrain enneigé contre Nîmes à Geoffroy une passe de Marc Zanotti !



Ah celui-là pour le coup je m’en souviens ! J’ai marqué un autre but à Geoffroy, le match de la montée contre Ajaccio. J’avais ouvert le score de la tête sur corner. Je me souviens surtout de la liesse qui a suivi la rencontre. La communion avec les supporters qui ont envahi le terrain, les scènes de joie dans les vestiaires. La fête qu’il y a eu dans la soirée dans tout Saint-Étienne. C’était magnifique ! Y’a plein d’images qui me reviennent.



Cette saison-là, on était vraiment porté par notre public. Il y a eu des affluences incroyables pour la Ligue 2. Je me souviens d’une semaine où on a joué trois matches en huit jours dans le Chaudron, à chaque fois le stade était plein. C’est incroyable cette ferveur. C’est les Verts, hein ! Les gens vibrent pour le foot.

Cette saison-là, vous avez aussi attiré plus de 48 000 spectateurs au Stade de France pour une victoire de 2-1. Grâce à ton remarquable jeu de tête, t’as permis à Lulu Mettomo de marquer un but resté dans toutes les mémoires !



Sa reprise de volée était fantastique. Ah là, là, ça me donne des frissons de revoir ça, Saint-Étienne est toujours dans mon cœur ! Ce match a été un moment fort de cette saison inoubliable, même si hélas Jérôme Alonzo s’est cassé la cheville [suite à une charge de Ted Agasson]. Je me souviens que c’est Patrick Revelles qui l’avait suppléé dans les buts. C’était assez dingue de jouer un match de D2 au Stade de France, là même où les Bleus avait été sacrés champions du monde quelques mois plus tôt. Je me souviens qu’Alain Bompard et Gérard Soler nous avaient chaudement félicités après le match.

Sainté a fait un retour en fanfare dans l’élite, en pratiquant un jeu spectaculaire.

Il faut dire que club a recruté des joueurs offensifs de talent. Alex et José bien sûr, mais aussi Steph Pédron et Tchiressoua Guel. Notre jeu était tourné vers l’attaque, on s’est régalé et nos supporters aussi je pense ! (rires) Même à l’extérieur, on était très entreprenants et l’on a montré dès le début de saison, à Monaco lors du premier match mais aussi à Marseille. J’ai adoré nos matches contre l’OM, je m’en souviens particulièrement.

Ah nous aussi, Pape ! Ton égalisation au Vélodrome le 15 août 1999 reste dans toutes les mémoires.

J’ai toujours plaisir à le revoir. C’est Pat Guillou qui fait une longue touche côté droit, je reprends le ballon d’un retourné et on arrache l’égalisation 3-3. Il était dingue ce match, les deux équipes se rendaient coup pour coup. Trois fois on a été mené au score mais à chaque fois on a su revenir. Il n’y avait pas de temps mort dans ce match. Chaque équipe s’est procurée beaucoup d’occasions, ça aurait pu finir à 6-6 ! (rires)



Au match retour il y a encore eu 6 buts et les ils étaient bien mieux répartis car on a gagné 5-1 ! (rires) C’était incroyable, magnifique ! Alex avait mis un quadruplé et Lionel avait aussi marqué un but de la tête sur corner. Le Chaudron était en ébullition ! On a littéralement écrasé les Marseillais alors qu’il y avait quand même de bons joueurs en face comme Sébastien Perez, Robert Pirès ou encore Christophe Dugarry.



L’OM nous réussissait particulièrement à cette époque-là car on début de la saison suivante, on a encore battu Marseille 3-0 chez nous. Sur l’ouverture du score, il y avait eu une jolie combinaison côté droit entre Steph et Kvarme qui m’avait délivré un super centre, j’avais juste eu à couper au premier poteau pour la mettre au fond. Alex avait mis les deux autres buts. Il avait refait la panthère ! (rires)



15 jours plus tard tu avais encore marqué à Geoffroy-Guichard, contre Bordeaux.



Ah oui, je m’en souviens. J’avais marqué d’une frappe du droit au ras du poteau d’Ulrich Ramé devant le Kop Sud. Il y avait une très belle ambiance et plein de monde dans le stade alors qu’on était en plein mois d’août.

Alex est le joueur le plus fort que t’aies connu à Sainté ?

Il était très doué mais je n’ai pas envie de ressortir une seule individualité. C’est tout le groupe qu’il faut saluer. Mais c’est vrai qu’avec Steph, José et Alex, ça jouait tellement bien ! On était dans un 4-4-2 facile. Julien et moi au milieu, on se régalait. On pratiquait un jeu hyper spectaculaire. Ça attaquait à fond, ça défendait à fond, on ne s’ennuyait pas quand Saint-Etienne jouait. Tout le temps il y avait des buts. Souvent pour nous mais on en prenait aussi. Notamment contre Sedan qui était notre bête noire. Ils nous ont battus chez eux comme chez nous.

On a en mémoire ce match chez eux où tu avais pourtant ouvert le score. José avait mis le but du break mais on avait perdu 3-2 !



Cette saison n’en a pas moins été magnifique et ponctuée d’une 6e place qualificative pour l’Intertoto. Mais Robert Nouzaret n’a pas souhaité jouer cette compétition. As-u le regret de ne jamais avoir joué en Coupe d’Europe avec Sainté ?

C’est vrai que ça fait un peu mal, j’aurais adoré jouer la Coupe d’Europe avec les Verts ! Après, on a respecté le choix du coach. Il nous a dit qu’on n’avait pas l’effectif pour jouer sur tous les tableaux. Nous on voulait jouer l’Intertoto. Tous les joueurs le voulaient, surtout Patrick Guillou ! (rires) Mais Robert nous a expliqué que ce n’était pas possible.

À défaut de jouer en Coupe d’Europe, t’auras joué en amical à Geoffroy-Guichard contre trois cadors européens avec les Verts.

C’est vrai ! L’été juste après la remontée on avait fait match nul contre l’Arsenal d’Arsène Wenger. En face il y avait des joueurs comme Patrick Vieira, Manu Petit, Ljunberg, Kanu… Dans la foulée on a battu l’Inter de Milan de Laurent Blanc, Panucci, Pilrlo, Vieiri… L’été suivant, on avait mis 5 buts à l’Ajax. Je me demande si je n’avais pas marqué d’ailleurs.

Je te confirme. Le troisième, de la tête, sur un coup franc de Steph Pédron.



José et Panov avaient chacun mis un doublé, Alex avait fait une bonne entrée. Tous les signaux étaient au vert, on espérait vivre une grande saison. Elle aura été un long calvaire, ponctuée par une descente en L2…

Comme tout le monde, j’ai mal vécu cette saison. Elle a été plombée en bonne partie par cette affaire des faux passeports. Et il y a eu des choix qui n'ont pas été très concluants. On n’a pas compris pourquoi Robert Nouzaret est parti au bout de 8 ou 9 journées de championnat. Ensuite on a eu John Toshack. Il ne parlait pas français et ne comprenait pas comment on jouait, c’était compliqué. Il est parti vite fait pendant la trêve hivernale. Rudi et Jean-Guy ont repris l’équipe. On a essayé de se sauver mais moralement on n’était pas bien. Il y a pourtant des matches où on a mené au score. Je pense notamment au match nul qu’on a fait à la maison contre Strasbourg et à notre défaite à Monaco alors qu’on menait 3-1.

Tu avais d’ailleurs donné l’avantage aux Verts contre Strasbourg de la tête sur un centre de Patrice Carteron.



Le dernier match de cette triste saison, ton dernier sous le maillot vert, tu as ouvert le score à Geoffroy suite à une combinaison entre José et Alex.



Mais après ce 2-2 concédé face à Guingamp, les Verts ont été relégués. C'est triste quand on y repense : t’auras commencé ton aventure en pro après la descente du club et t’auras bouclé ton aventure en vert par une descente !

Écoute, c’est le destin qui est comme ça ! C’est triste que cette saison 2000-2001 se soit achevée par une relégation car on avait vraiment une équipe à même de jouer le haut de tableau plusieurs années. C’est le football, parfois il n’y a rien qui tourne en ta faveur, t’as l’impression que tous les éléments se liguent contre toi. Bien sûr ça n'excuse pas tout mais l'affaire des passeports et le retrait de points qui a suivi nous ont fait très mal.

Tu as alors quitté l’ASSE pour le RC Lens. Peux-tu revenir sur les dessous de ce départ ?

Tu sais, si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais sans doute fait toute ma carrière à Sainté, comme l’a fait Loïc ! Je voulais rester pour aider le club à remonter mais l’ASSE avait des difficultés financières. Le club a souhaité que je parte. Mon agent Pape Diouf a alors commencé à chercher un nouveau club. Lyon, Bordeaux et Lens me convoitaient, j’ai décidé d’aller à Lens car ça ressemble un peu à Sainté, il y a ce côté populaire et familial. Je crois que les supporters stéphanois m’en auraient voulu d’aller à Lyon ! (rires)

Dès ton premier match officiel avec les Sang et Or, tu as d'ailleurs marqué contre les vilains en trompant un de tes anciens coéquipiers.

C'était lors de la première journée, à Bollaert. El Hadji Diouf me met un super centre, j'ai mis une grosse tête pour tromper Grégory. On avait gagné 2-0, ça avait bien lancé notre saison.



On a longtemps fait la course en tête, on avait huit points d'avance à dix journées de la fin mais on a un peu déconné. On a perdu à Lyon lors de la dernière journée donc c'est l'OL qui a été sacré.

Les saisons d’après, ton temps de jeu s’est réduit comme peau de chagrin dans l’Artois et ta carrière a décliné. On s’attendait à te voir t’imposer dans des clubs ambitieux de l’élite vu toutes les qualités que tu avais affichées sous le maillot vert.

C’est vrai que ma carrière aurait peut-être pu être différente. Parfois il faut penser à faire des choix sportifs plutôt que de faire des choix financiers. C’est ça le problème. Quand tu te retrouves dans un club où l’entraîneur ne t’a pas demandé et ne compte pas trop sur toi, ça devient compliqué. C’est ce qui s’est passé. À Lens, je faisais mes matches les rares fois où on faisait appel à moi. Je m’entraînais bien mais à chaque fois on me préférait d’autres joueurs, tout simplement. Je suis quand même resté 4 ans à Lens car j’espérais que la roue allait tourner. Chaque année, on me disait « je compte sur toi. » Mais mon temps de jeu n’évoluait pas.

Encore aujourd’hui je n’ai pas compris ce qui s’est passé. Si c’était à refaire, je ne le referais pas, je resterais à Saint-Etienne. Les Verts, ça reste mes plus belles années. Le temps de jeu que j’ai eu à Lens a été en deçà de mes attentes. Certes, il y avait de la concurrence à mon poste, des internationaux comme Seydou Keita, qui a joué ensuite plusieurs saisons au Barça. Il y avait aussi Charles-Edouard Corridon. Ils étaient forts mais je n’ai pas compris pourquoi je n’ai pas eu davantage ma chance. Je voulais tellement montrer à Lens ce que j’avais montré à Saint-Étienne…

Tu auras joué ton dernier match dans l’élite à seulement 27 ans lors de la saison 2004/2005. Joël Müller, qui ne t’avait pas joué de la saison, t’a fait entrer à la 87e à Sochaux alors qu’il y avait 1-1 à Bonal. Et c’est toi qui as marqué le but de la victoire à la 93e contre la bande à Bibi !

Et oui, que veux-tu... Ensuite j’ai été prêté en L2 espagnole, à Alavès. Là-bas j’ai joué titulaire, on a fini promu en Liga. Alavès voulait me garder coûte que coûte mais n’avait pas beaucoup d’argent. Lens voulait s’y retrouver financièrement donc mon transfert n’a pas pu se faire. C’est dommage, j’aurais aimé jouer en Liga. Lens m’a demandé de rester en me laissant entendre que j’aurais peut-être des opportunités de jouer. Je leur ai dit que j’avais besoin de jouer, quitte à jouer un échelon plus bas, plutôt que de rester à Lens toucher un salaire sans jouer. Du coup je suis parti jouer en Ligue 2 d’abord à Istres puis à Brest. Hélas je n’ai pas réussi à retrouver mon vrai niveau, celui que j’avais à Saint-Etienne. J’ai eu des petites blessures pas méchantes mais embêtantes.

Tu as fini ta carrière à 31 ans en National, au Paris FC.

Oui, j’ai joué deux saisons là-bas. C’est Jean-Guy Wallemme qui m’a fait venir. On fait de belles choses là-bas. Je me souviens qu’on avait gagné en Coupe de France au Stadium contre Toulouse qui jouait à l’époque en Ligue 1. J’avais mis le but de la victoire d’une jolie frappe. J’avais retrouvé à cette occasion Elie Baup qui entraînait à l’époque le TFC. Il voulait coûte que coûte me prendre, mais finalement ça a changé, il a quitté Toulouse pour Nantes à la fin de cette saison. Et quand les blessures ont commencé à arriver, je me suis dit que c’était le moment de dire stop. J’ai donc arrêté.

Quand tu fais le bilan de la carrière, c’est la fierté et la satisfaction qui prédominent où t’as un peu goût d’inachevé par rapport à tes qualités ?

Tu sais, je garde toujours le positif. Je suis vraiment content de tout ce que j’ai fait à Sainté, là où tout a commencé. J’aurais peut-être pu faire une plus grande carrière mais c’est comme ça, j’ai fait le maximum. Grâce à mes performances à l’ASSE, j’ai été convoqué en équipe du Sénégal. J’ai fait deux CAN, en 2000 et en 2002. Ma première CAN, au Nigéria, j’ai marqué un des buts de la victoire contre le Burkina Faso en match de poule. Le Nigéria nous a éliminés 2-1 en quart de finale en ayant marqué les deux buts en toute fin de match. Les Super Eagles sont allés jusqu’en finale, qu’ils ont perdue aux tirs au but face au Cameroun de Lucien Mettomo.

En 2002, on a pris notre revanche sur le Nigéria en demi-finale mais je me suis fait expulser. Je n’ai pas joué la finale, qu’on a perdue aux tirs au but contre les Lions Indomptables. Mais cette année-là j’ai aussi été de l’aventure de la Coupe du Monde qui a eu lieu en Corée du Sud et au Japon. On a battu d’entrée la France qui était championne du monde et championne d’Europe en titre. Je n’ai pas pris part à ce match mais j’ai joué le deuxième match de poule contre le Danemark. J’ai hélas dû céder ma place à la mi-temps car j’ai ressenti une petite douleur. On est allé jusqu’en quart de finale, la Turquie nous a sortis en inscrivant un but en or pendant la prolongation.

Sur ta fiche Wikipedia, il est indiqué que tu es passé par Valence et à Noisy-le-Sec après avoir quitté le Paris FC. On a mené l’enquête dans le 26 et dans le 93, personne ne se souvient de t’avoir vu dans ces clubs. Qu’en est-il ?

Je ne sais pas pourquoi ils ont mis ça sur ma fiche Wikipedia. Je ne suis jamais allé à Valence ni à Noisy-le-Sec. Tu sais, parfois les gens mettent des trucs bizarres sur internet ! (rires) ) En fait, j’ai rejoué un peu mais juste pour le plaisir, en équipe vétérans, à Saint-Laurent-Blangy, un village juste à côté d’Arras donc proche de Lens. C’est en effet là-bas que je suis revenu vivre après mon expérience parisienne. Autant je garde des souvenirs mitigés de mon passage au RC Lens, autant j’aime beaucoup la région, la mentalité des gens là-bas. Comme j’y avais encore ma maison, j’ai pris du plaisir à retourner vivre dans la région lensoise.

En fait, même quand j’étais à Paris, j’allais souvent à Lens. À Saint-Laurent Blangy, j’ai entraîné des jeunes jusqu’à U14/U15 de 2011 à 2014. Cette expérience m’a plu. J’ai essayé de rester dans le foot mais c’est un peu compliqué car pour avoir les diplômes, il faut avoir un certain niveau d’école. Je continue donc de gérer mes petites affaires à côté. Il y a des mois je suis allé en Chine faire mes affaires avec des amis, tout simplement. Je gère aussi les affaires ici.

Tu fais des affaires dans quel domaine ?

Dans le business.

Merci pour cette précision. Mais c’est quoi ton business ?

Je préfère garder ça pour moi ! (rires)

En attendant que tu rachètes l’ASSE avec des fonds chinois, évoquons le match de ce samedi. Ton cœur sera vert ou sang et or ?

Je serai stéphanois d’autant plus que les Verts ont plus besoin de points que les Sang et Or. J’aimerais que l’ASSE arrive à se sortir de cette situation très compliquée. C’est mon cœur qui parle, je veux une victoire de Saint-Étienne. S’ils gagnent, les Verts recolleront sans doute à quelques équipes qui se battent aussi pour le maintien. Il faut absolument que Sainté remonte au classement, ça me fait de la peine de voir que les Verts sont lanterne rouge.

Quel est ton lien aujourd’hui avec l’ASSE ? Te considères-tu comme un supporter des Verts ?

Oui, je suis toujours supporter des Verts. Je dois beaucoup à l’ASSE. J’y ai été formé, je suis resté plus de sept ans au club. C’est bien sûr le club qui m’a le plus marqué. Je continue de suivre les Verts. Parfois je vais voir des matches. Cette saison par exemple je suis allé voir le derby à l’invitation de Lionel Potillon. Les Verts ont fait un bon match, leur égalisation à la fin sur le penalty de Wahbi Khazri était vraiment méritée.

Tout ce que je souhaite, c’est que cette équipe arrive à se sauver. Cette équipe compte trop peu de points actuellement mais je l’ai vue faire de bons matches quand même cette saison. Le match aller contre Lens par exemple. À Bollaert, je trouve que les Verts ont bien joué alors que Lens a une belle équipe poussée par 40 000 supporters. Contre Paris, Sainté a fait une super première mi-temps mais l’expulsion de Kolo a hélas changé la donne de ce match. Tout n’est pas à jeter dans cette équipe, loin s’en faut ! J’ai envie de rester positif car c’est dans ma nature.

Maintenant, j’ai conscience qu’il y a une réalité comptable. L’ASSE n’a que 12 points, il faudra faire une bien meilleure seconde partie de saison pour se sauver. Je trouve que cette équipe joue bien par séquences mais on la sent quand même un peu vulnérable et elle manque d’efficacité. Je la trouve un peu jeune, j’estime qu’elle manque d’expérience. Il y a des jeunes qui courent, qui se défoncent, qui font tout mais en Ligue 1 il faut avoir des joueurs d’expérience. De ce que je vois, le groupe ne lâche pas et continue de se battre. C’est indispensable pour s’en sortir.

Quels joueurs te plaisent particulièrement dans cet effectif stéphanois ?

Il y a de très bons footballeur dans cette équipe comme Wahbi Khazri et Romain Hamouma. Bon, c’est vrai qu’actuellement Khazri est à la CAN et que Hamouma a été blessé souvent la première partie de saison mais quand ils vont revenir je pense qu’ils auront un rôle important à jouer. En tout cas moi je vois que tous les joueurs stéphanois mouillent le maillot, on ne peut pas leur reprocher un manque d’implication. Cette équipe manque de confiance, une bonne série lui ferait un bien fou.

Il faudrait aussi que les Stéphanois soient plus malins. En Ligue 1 il ne suffit pas d’être physique. Je trouve que les Verts manquent parfois un peu de vice. Ça manque un peu de roublardise dans cette équipe. Il faut dire qu’il y a pas mal de jeunes. C’est toujours sympathique de voir des joueurs formés au club qui arrivent à s’imposer en équipe première.

Je pense qu’Arnaud Nordin peut faire encore plus, il a des qualités d’explosivité incroyables. Mahdi Camara, c’est pas mal mais on sent que ces joueurs ont encore besoin de mûrir et d’être encore mieux épaulés. Ils se forgent dans la difficulté, ce n’est jamais facile de se battre pour le maintien surtout dans un club comme Saint-Étienne qui à la base n’est pas programmé pour ça.

Tu penses que les Verts vont se sauver ?

J'y crois car le championnat est loin d’être fini ! Quatre ou cinq points à remonter en 19 matches, ça peut se faire, c’est rien ! Il faudrait qu’on arrive à faire une série. Six victoires, comme l’a fait Brest cette saison, ça me semble quasi impossible. Mais gagner ne serait-ce que deux ou trois matches d’affilée, ça donnerait déjà un sacré bol d’air.

Pour se donner le plus de chances d’y arriver, il faut arriver à trouver d’autres renforts lors de ce mercato hivernal. J’aimerais qu’on recrute un joueur à chaque ligne. Un défenseur expérimenté, un bon milieu de terrain, un attaquant et quelqu’un côté droit aussi.

Je connais un bon défenseur qui joue en banlieue. Il est encore un peu tendre pour faire partie d’un commando pour un maintien en Ligue 1. Je crois que tu le connais très bien.

Ah oui, c’est qui ?

C’est ton fils Mamadou.

(Rires)

Il a mal tourné ton fils, non ? Qu’est-ce qu’il fout à Lyon ?

Je ne sais pas ! (Rires) Moi j’aurais bien aimé qu’il commence à Sainté. Je voulais qu’il passe des tests à L’Etrat mais apparemment il n’y avait pas de place. Il est donc venu faire des tests à Lyon et c’est l’OL qui l’a pris. J’avais demandé à Juju quand il était au centre de formation de l'ASSE s’il y avait des possibilités mais il m’avait répondu que le club n’avait pas prévu de faire de test à ce moment-là. J’ai vu quelqu’un à Lyon, il m’a dit que l’OL faisait souvent des tests. Mamadou a passé des tests concluants là-bas, ils l’ont engagé dans la foulée en U14.

Être un ancien joueur emblématique de l’ASSE et avoir un fils qui joue à l’OL, tu vis ça comment Pape ?

Tu me connais, je vis ça tranquillement, avec philosophie. Ça n’enlève rien à l’amour que j’ai pour Saint-Etienne. L’OL, c’est le grand rival de l’ASSE mais c’est aussi un très bon club qui a un bon centre de formation, comme à Sainté. Partout où j’irai, je ne supporterai que Saint-Etienne. Mais il se trouve que c’est l’OL qui a engagé Mamadou. C’est comme ça.

Mamadou fait son petit bonhomme de chemin. Né en 2005, il a été promu capitaine de l’équipe de France U17 en octobre dernier lors d’un match des éliminatoires de l’Euro contre la Moldavie. Et il était titulaire dans la défense des vilains qui a éliminé le tenant du titre stéphanois de la Coupe Gambardella il y a un mois…

Je n’étais pas à l’Etrat mais j’ai suivi le match à la télé. Il a gagné, je suis content pour lui, mais faire ses débuts en Gambardella à Sainté et éliminer les Verts, ce n’est pas normal ! (rires)

Qui sait, peut-être que tu vas remettre Mamadou dans le droit chemin et qu'il portera le maillot vert. On été ravi de te revoir sous ce maillot à l’occasion d’un match amical le 4 septembre dernier à Cavaillon contre une équipe de PACA.



J’ai pris beaucoup de plaisir à rejouer dans cette équipe d’anciens Verts pour ce match amical. Il y avait Alain Bompard et son fils Alexandre, Robert Nouzaret et plein d’anciens coéquipiers stéphanois comme Patrick Guillou, Lionel Potillon, Stéphane Pédron, Gilles Leclerc, Nestor Subiat, Patrick Revelles, Bertrand Fayolle, Marc Zanotti et j'en oublie... On est tous restés en contacts, on a un groupe What’s App très actif, on s’envoie des messages. On a vécu des moments forts ensemble. Les Verts, on ne peut pas les comparer avec d’autres clubs.

Peut-on comparer les supporters stéphanois et les supporters lensois ?

On va dire que les Lensois sont plus tranquilles. Les Stéphanois, dans le Chaudron, tu sens la chair de poule. Direct. Direct ! Le Chaudron, c’est magnifique. Bollaert, c’est bien aussi. Tu ressens aussi qu’il y a un public fervent mais pour moi c’est moins fort que Sainté. Sainté, c’est sans équivalent en France. Ça rentre dans le corps, ça monte vite et fort !

 

Merci à Pape pour sa disponibilité