Jean-Claude Giuntini, qui a fait jouer 39 matches à Nathanaël Mbuku dans les équipes de France de jeunes (9 en U16, 19 en U17 et 11 en U18), nous livre ses impressions sur le nouvel attaquant stéphanois.


"Nathanaël est devenu petit à petit l’un des joueurs de base de cette génération des 2002. Il s’est illustré à l’Euro et à la Coupe du monde en alliant à la fois son sens du jeu en équipe et ses qualités de finition. Il a souvent été décisif, que ce soit par des passes ou par des buts. J’ai beaucoup aimé aussi son état d’esprit. C’était vraiment très agréable de coacher un tel garçon. Il a de bonnes valeurs.

Dans son registre, sur le côté, c’est un garçon déjà qui courait beaucoup, il avait cette capacité à percuter, à provoquer balle au pied. A l’époque il était un peu démuni physiquement. Mais il compensait en montrant beaucoup d’agressivité, beaucoup d’engagement. Il avait une bonne frappe de balle, une bonne vision du jeu. Il avait cette capacité à faire du jeu combiné avec des joueurs proches.

Je l’ai utilisé à plusieurs postes, tantôt sur le côté gauche, tantôt sur le côté droit où il pouvait rentrer avec son pied gauche. Il pouvait parfois jouer au poste de deuxième attaquant. C’était un attaquant assez polyvalent en fait et il avait une bonne VMA, un bon volume de courses. C’était un garçon qui pouvait répéter les courses à haute intensité. Il manquait un peu de puissance pour pouvoir éliminer facilement et avait du mal sur les ballons dans le dos, mais pour le reste il était très intéressant, notamment en termes de vitesse gestuelle, de vitesse technique.

Quand on a terminé sur le podium en Coupe du Monde, il a fini deuxième meilleur buteur, il avait marqué cinq buts : trois contre l'Australie, un en quart de finale contre l’Espagne et un lors de la demi-finale qu’on a perdue 3-2 contre le Brésil. Il avait aussi réalisé six mois auparavant un bon championnat d’Europe, il avait notamment marqué un but contre les Pays-Bas. On s’était hissé dans le dernier carré, après avoir battu la République Tchèque en quart avant de s’incliner contre l’Italie en demi.

J’ai suivi son parcours au Stade de Reims. Il a fait ses premières apparitions en pro dès l’âge de 17 ans, il a ensuite fait deux saisons à plus de 30 matches en L1 sous les ordres de David Guion et d’Oscar Garcia. Après j’ai vu que son nom a disparu des compositions d’équipes pour X raisons, il n’a dû jouer qu’une demi-heure quand Will Still a repris l’équipe rémoise. Nathanaël est alors parti tenter sa chance à l’étranger mais il n’a quasiment pas joué depuis un an à Augsbourg.

Il me semblait que ce type de joueur était particulièrement recherché sur ce mercato. Il a une belle patte gauche, il a cette capacité à développer du jeu sur tout le couloir. Il a un profil intéressant. Je pense que c’est une bonne décision de venir à Saint-Etienne pour se relancer. Il a moins marqué en pro que dans les différentes sélections de jeunes en é quipe de France [21 buts en 53 matches sous le maillot bleu, 6 en 80 matches de Ligue 1, ndp2]. C’est peut-être dû à son manque de puissance.

Nathanel doit continuer de progresser dans ce domaine. C’est un jeune joueur, il n'a que 21 ans. A mon avis, il a encore une belle marge de progression. En gagnant de la puissance, il gagnera en confiance et en efficacité. Qu’il profite à l’AS Saint-Etienne où il va être suivi de près. Je pense que c’est une bonne chose pour Nathanaël de rejoindre ce club-là, qui manquait de joueurs de son profil. Je pense que ça peut le galvaniser et le faire monter d’un cran sur le plan mental."

Merci à Jean-Claude pour sa disponibilité