Ancien milieu de terrain de l'ASSE (de 1991 à 1993) et ex-entraîneur des U17 stéphanois (de janvier 2018 à juin 2019), Christophe Chaintreuil nous parle d'Olivier Dall'Oglio et des Verts.
"Je connais bien Olivier, on a joué trois ou quatre saisons ensemble à Alès. Olivier, déjà, c’était un bon joueur de football. Je garde l’image d’un garçon très correct, très respectueux. C’était un défenseur dans l’âme, un latéral de formation très dur sur l’homme. Il mettait beaucoup d’engagement mais toujours dans les règles de l’art. Olivier était un coéquipier apprécié, humble et sérieux. C’est ce qu’il dégage encore aujourd’hui en tant qu’entraîneur même s’il a dû se mettre une petite carapace car être coach aujourd’hui en L1 ou en L2, c’est devenu un métier très compliqué. Olivier était très carré, très honnête. Il est resté je pense droit dans ses bottes partout où il est passé. Il essaye de rester sur une ligne de conduite.
Olivier, c’est quelqu’un de très simple à vivre, très simple à côtoyer. On se voyait aussi un peu en dehors des terrains. Alès était un club très familial. Le football a évolué donc je pense que ça l’est de moins en moins. On était un petit club avec des bons résultats. Comme pas mal de joueurs, on était issus du Gard. Olivier est natif d’Alès, moi de Bagnols-sur-Cèze. Il y avait aussi Gilles Leclerc, qui est né à Nîmes. Alès, c’était un club très simple, très sain. On avait une bonne mentalité, on ne se prenait pas la tête. On jouait, on prenait du plaisir à jouer ensemble à ce niveau-là, en professionnel.
On jouait en D2, on a d’ailleurs eu l’occasion de disputer plusieurs matches de championnat contre Saint-Etienne. On n’a pas réussi à battre les Verts, qui sont remontés en 1986. La saison d’après, on a vécu avec Olivier une belle aventure en Coupe de France. Notre parcours s’est achevé en demi-finale. On est tombé sur les Girondins qui étaient entraînés à l’époque par Aimé Jacquet. Les Bordelais ont d’ailleurs fait le doublé cette saison-là. Ils nous ont éliminés sans nous battre car on a fait 2-2 à l’aller à Pibarot et 0-0 au retour à Lescure.
Olivier était un garçon pas très expansif, plutôt réservé. C’est quelqu’un de très réfléchi, il observe beaucoup. Aujourd’hui, dans le métier qu’il fait, il est resté là-dedans. Olivier, ce n’est pas quelqu’un de volubile, il ne laisse pas transparaître grand-chose. Même si de temps en temps ça doit bouillir et que parfois ça doit exploser. Olivier était déjà comme ça. Il pouvait être dur sur le terrain mais je n’ai pas le souvenir d’un quelconque problème avec lui, que ce soit avec des coéquipiers ou avec un coach. Olivier faisait ce qu’il avait à faire et disait ce qu’il avait à dire. Ça restait toujours dans les clous.
Avant de devenir un entraîneur professionnel expérimenté, Olivier a eu une solide expérience de formateur, notamment au Nîmes Olympique dont il a dirigé le centre plusieurs années. Moi aussi plus récemment mais moins longtemps. Je suis arrivé dans un contexte différent, avec un président différent on va dire… [Rani Assaf, qui a décidé de saborder le centre de formation nîmois, entraînant le départ de Christophe, ndp2] Je suis admiratif de la carrière que fait Olivier. Il a su monter étape par étape, se faire connaître par la qualité de son travail. Je pense que c’était une erreur de Nîmes de ne pas le mettre entraineur des pros. Ils ont fait d’autres choix qui leur ont plus ou moins bien réussi.
Olivier a su rebondir ailleurs, faire ses armes à Dijon. Il a été récompensé en ayant de bons résultats notamment au DFCO et ailleurs. On sait très bien que dans la vie d’un entraîneur, on perd trois matches et tout est remis en cause. Olivier a été viré une ou deux fois mais il y’a très peu d’entraîneurs qui ne se sont jamais fait virer. Même des très grands entraîneurs ont connu ça. Il y a une part de réussite, une histoire de contexte, il faut être au bon moment au bon endroit. Il faut saluer le travail d’Olivier, il a fait un bon bout de chemin. Ses équipes ont souvent été flamboyantes.
J’espère qu’Olivier va redorer un peu le blason de Saint-Etienne. Après, les coaches quels qu’ils soient ne sont pas des magiciens non plus, ils n’arrivent pas avec une baguette magique. Mais c’est sûr qu’Olivier va amener un autre discours, un autre regard. Les joueurs comme souvent vont se remobiliser dans un premier temps. Après, selon l’effectif et les discussions qu’il aura eues concernant le mercato, on verra ce qu’il sera en mesure de faire ou pas.
Le club est en transition, ça fait un bail qu’il doit être vendu. Ça fait tellement longtemps qu’on se demande s’il est vraiment à vendre. Il y a toute une chape de plomb mais je sais qu’Olivier va s’investir à fond. Il est issu de la formation, il est passé par là aussi, il s’appuiera aussi sur des jeunes joueurs. Après, quand on est dans des crises de résultats, ce ne sont pas les jeunes qui vont te sortir de là. Il peut y avoir à dose homéopathique des bonnes pioches chez les jeunes, mais c’est plutôt aux anciens de montrer autre chose et se mettre à leur niveau.
On ne sait jamais ce qu’il peut se passer, ça va tellement vite dans ce championnat. Les Verts avaient enchaîné des résultats qui faisaient penser à tout le monde que ça y est, c’était parti. Un mois et demi après, boum, tu perds cinq matches de suite en L2 et en plus tu te faire sortir de la Coupe à la maison par un club qui évolue un niveau plus bas que toi. C’est très fragile mais parfois il ne faut pas grand-chose pour que ça reparte. J’espère qu’Olivier va pouvoir ramener ce pas grand-chose pour faire basculer positivement la saison des Verts.
Je regarde pas mal la Ligue 2. Il faut reconnaître que ces derniers temps notamment, c’est pas terrible du côté de Sainté. Les contenus posent question, c’était déjà le cas d'ailleurs sur certains matches que les Verts avaient remportés laborieusement. Il y a quand même certains joueurs qui ont un niveau intéressant. Après, il y a des choix de recrutement, des choix d’effectif… C’est toujours facile de critiquer après. Au départ on prend des joueurs, on pense que ça va le faire et ça ne se passe pas toujours comme on l’espérait. Et parfois le joueur qui déçoit flambe ailleurs.
Saint-Etienne peut toujours compter sur un public nombreux, tant mieux. Mais il y a des joueurs qui peuvent jouer devant 3 000 ou 4 000 spectateurs mais peuvent avoir du mal à jouer devant 20 000 ou 25 000 spectateurs. C’est tout un contexte. Il y a le poids de l’histoire aussi. Il y a plein de choses qui fond que l’ASSE est un club particulier. Frédéric Antonetti en a parlé récemment sur Canal, il a dit que par contre c’est un club sensationnel. Il a dit qu’il ne reviendra pas à l’ASSE, il ne veut plus avoir affaire à Caïazzo.
On sait que Sainté ça reste un club qui peut s’enflammer à la moindre étincelle. C’est tout le mal qu’on souhaite à Olivier, que ça reparte. Anto l’a dit, les clubs historiques ne meurent jamais. Des clubs comme l’ASSE et Bastia traversent parfois des périodes compliquées avant de repointer le bout de leur nez. Mais quand on est supporters de ces clubs-là, ça paraît très long voire interminable. Je sens bien que c'est particulièrement pénible à vivre pour les fans des Verts.
Heureusement l’ASSE a un centre de formation performant, qui arrive à sortir régulièrement quelques bons jeunes. Certains essayent de tirer leur épingle du jeu. Mais ce n’est pas non plus la solution miracle. A un moment donné, il faut que les mecs un peu plus matures prennent leurs responsabilités et soient à leur niveau. Ce n’est pas vraiment le cas actuellement. On voit qu’il y a des défaillances.
Défensivement, on a pensé à un moment que ça allait mieux mais c’est redevenu compliqué. Quand on construit une saison, on met d’abord les fondations. Aujourd’hui les fondations de Sainté sont un peu fissurées. L’ASSE a aussi des difficultés sur le plan offensif. Il faut que les Verts se bougent un peu les fesses. Parfois on n’a pas le sentiment que Sainté joue avec l’intensité requise. Si chacun met 10 ou 15% de plus, ça peut changer la donne car il y a quand même des joueurs de qualité dans cet effectif stéphanois.
Le changement de coach va peut-être amener des joueurs à se remettre en question. Ça peut être ça les premiers temps. Olivier va certainement remobiliser tout le monde. Les joueurs qui étaient moins concernés ou se sentaient un peu mis de côté vont se remettre dans le coup. Ceux qui se sentaient un peu intouchables vont sans doute se bouger. Ça va donner de l’énergie à tout le groupe. Deux ou trois renforts au mercato, ça ne pourrait que faire du bien. Olivier l’a dit, même si les Verts sont actuellement un peu distancés, ils n’ont pas fait une croix sur la montée.
Le championnat est encore long, les Verts ont prouvé cette saison qu’ils avaient su faire une belle série, battre des bonnes équipes, notamment les deux premières actuellement au classement. Les Verts enchaînent les défaites depuis plus d’un mois, j’espère qu’ils ne vont plus trop tarder à retrouver un peu de confiance. On a envie de les voir se lâcher un peu, donner le meilleur d’eux-mêmes. Peut-être qu’avec Laurent ça bloquait un petit peu et que ça va se débloquer avec Olivier. C’est tout le mal que je souhaite au coach et au club.
On aimerait tous voir les Verts plus haut. Ce club ne me laisse pas insensible, forcément. J’ai joué à l’ASSE, j’y ai entraîné les U17. Je n’ai plus trop de contacts avec les joueurs que j’ai eus. Je les suis bien sûr mais j’ai juste gardé quelques liens avec Louis Mouton, un joueur que j’appréciais beaucoup. Il n’a pas eu sa chance cette saison à l’ASSE mais je suis très content de le voir réussir à Pau. Qui aurait cru d’ailleurs que ce club serait 4e à ce stade de la saison et que Sainté serait 8e, 5 points derrière ? Maintenant, il reste 21 journées à disputer. Il peut se passer encore tellement de choses... Pourquoi pas une remontée de l'ASSE ?
Merci à Christophe pour sa disponibilité