Il a affronté les Verts à maintes reprises, surtout avec les Girondins mais aussi avec les Phocéens. Claude Puel est aujourd'hui son capitaine au Variétés Club de France managé par Jacques Vendroux. Il a eu sous ses ordres Wahbi Khazri et Wajdi Kechrida en équipe de Tunisie. Il nous a fait vibrer avec les Bleus aux côtés de Platoche notamment lors du sacre des Bleus à l'Euro. Alain Giresse s'est confié à Poteaux Carrés.
Joueur de champ ayant disputé le plus de matches (587) dans toute l’histoire de la Ligue 1, tu as très souvent joué contre les Verts dans ta carrière. Quelles images gardes-tu de ces confrontations ?
Je garde pas mal d’images de ces confrontations car certains matches ont été marquants dans ma carrière. Déjà, c’est contre Saint-Étienne que j’ai joué mon tout premier match à Bordeaux. C’était en octobre 1970. J’avais fait mes débuts en pro le match d’avant, à Nîmes. On avait fait match nul contre les Crocodiles, on a perdu 2-1 contre les Verts. L’ASSE avait une très grosse équipe, qui avait réalisé le doublé la saison précédente. C’est Salif Keita qui avait marqué les deux buts. C’était le joueur déterminant de la meilleure équipe française de l’époque.
Les Verts étaient les plus forts, ils étaient les meilleurs. Leur supériorité était évidente. Salif était impressionnant par sa technique et sa vitesse. Ses changements de rythme étaient déstabilisants et sa présence devant le but était précieuse pour son équipe. Ce n’était pas un avant-centre type, il jouait un petit peu décroché. Salif était vraiment un très grand joueur, un attaquant particulièrement talentueux. J’ai eu l’occasion de le retrouver quand j’étais le sélectionneur du Mali, de 2010 à 2012 car il est retourné vivre dans son pays.
Cette saison 1970-1971, les Verts étaient bien partis pour remporter le championnat pour la 5e année consécutive. Mais ton équipe a gagné 3-2 au match retour à Geoffroy-Guichard alors que les Verts menaient 2-0. C’est après cette rencontre que Roger Rocher a écarté Georges Carnus et Bernard Bosquier.
Oui, je me rappelle cet épisode. C’était une période trouble pour les Verts, ils ont connu des problèmes en fin de saison. Saint-Étienne a perdu ce titre, c’est Marseille qui a été sacré. C’est vrai que notre victoire là-bas a été un tournant négatif pour eux. Ils menaient pourtant 2-0, grâce à l’inévitable Salif mais aussi à Georges Bereta. Un joueur qui m’aura marqué lui aussi car il était capitaine quand j’ai honoré la première de mes 47 sélections en équipe de France. C’était en septembre 1974, on avait gagné 2-0 en Pologne contre une équipe qui avait fini deux mois plus tôt 3e de la Coupe du Monde. C’était un match particulier pour Georges, fils d’émigré polonais. Il faisait partie des meilleurs joueurs français. C’était un pur gaucher avec un centre de gravité très bas, très costaud. Il avait un très bon pied gauche. Il jouait surtout sur les côtés, il savait déborder et délivrer des ballons très exploitables pour les attaquants.
Tu as cité ton premier match contre les Verts, quelles autres confrontations avec l’ASSE te reviennent spontanément à l’esprit ?
Je me souviens en particulier d’un match qui pour nous les Girondins a été très important. C’était à la toute fin du mois de mars 1984. Alors qu’on était en tête avec 5 points d’avance à la trêve, on était mal reparti en seconde partie de saison. On s’était fait rattraper, on était au coude-à-coudes avec Monaco. Cela faisait un petit moment qu’on n’arrivait plus à gagner des matches. J’ai ouvert le score après un petit quart d’heure de jeu, Dieter Muller a mis le but du break dès la minute suivante. Il a réalisé un triplé ce jour-là. Ce 7-0 contre les Verts nous a permis de renouer avec le succès et au final on a été sacré champions au goal-average.
De son côté l’ASSE est descendue en deuxième division… Tu as donc été sacré en 1984 et en 1985 champion de France d’une équipe girondine entraînée par un illustre ancien de la maison verte.
Ah, Aimé Jacquet ! Un grand professionnel, qui avait beaucoup de minutie dans l’approche de notre préparation, de la présentation des matches. Aimé savait pertinemment et parfaitement nous gérer et nous apporter ce dont on avait besoin individuellement et collectivement. Il a su parfaitement manager la très belle équipe que nous avions à l’époque. Il est arrivé à en tirer le meilleur. On a vécu avec lui des années assez extraordinaires.
Le deuxième titre, en 1985, on avait gagné 25 matches et concédé seulement 4 défaites. Si on recale les victoires à 3 points, on avait fini avec un meilleur total que Lille cette année par exemple. C’était vraiment une période faste pour les Girondins. Il y avait vraiment une équipe, un ensemble. Ça fonctionnait à merveille entre le staff et les joueurs.
Tu évoquais le 7-0 que tu as collé à Sainté mais tu as pris quelques roustes face aux Verts.
C’est vrai qu’il m’est arrivé de m’incliner lourdement à Geoffroy-Guichard, à l’époque où les Verts étaient clairement au-dessus et intouchables. C’était la grande équipe des Verts. Les frères Revelli nous avaient fait mal. Patrick avait réalisé un quadruplé le jour on a pris 6. Deux ans plus tard, Hervé avait mis deux ou trois buts quand on a pris 5. C’était la saison où les Verts étaient allés en finale de Coupe d’Europe à Glasgow contre le Bayern.
C’était très compliqué pour tout le monde d’aller dans le Chaudron. On n’était pas encore le Bordeaux des années 80 et les Verts étaient au sommet donc forcément on était en grandes difficultés face à eux, on souffrait énormément. Cette saison 1975-1976, j’ai quand même marqué à l’aller comme au retour face à Saint-Etienne.
Tu avais déjà trompé Ivan Curkovic la saison précédente à Lescure, où tu avais inscrit l’unique but de la victoire des Girondins. La saison 1979-1980, t’as même réussi à lui mettre trois buts !
Exact. Au match aller, j’avais marqué un but dans le Chaudron et je crois qu’on avait fait match nul [3-3, ndp2]. Je me souviens surtout du match retour car j’avais réalisé un doublé et on avait mis 5 buts. Mais on n’en avait pas pris 5 buts la saison d’avant à Sainté ?
Vérification faite, vous en aviez bien pris 5 mais à la fin de la saison 1977-1978. Pas besoin de te rappeler que vous en avez pris 5 également la saison 1981-1982 alors que Sainté avait joué à 10 dès la 18e minute suite à l’expulsion de Gérard Janvion...
Tu aurais pu en effet te passer de ce rappel (rires). J’ai encore des souvenirs vivaces de nombreux matches entre Bordeaux et Saint-Etienne car c’était une affiche qui avait toujours une connotation un peu particulière. C’était lié aux années 1968-1969, quand les deux clubs se disputaient le titre. En 1969, on avait éliminé les Verts de la Coupe de France : on avait gagné 1-0 à l’aller à Geoffroy et au retour on avait fait 2-2.
Le club l’a rappelé récemment sur son site officiel, les Verts ont remporté leur dernier titre de champions de France il y a 40 ans. Cette saison-là, Sainté avait pourtant bien mal démarré sa saison, à cause de toi notamment…
C’est vrai que j’avais marqué à Bordeaux lors de la première journée, mais c’est surtout Bernard Lacombe qu’il faut mettre en avant car il avait réalisé un doublé. Les Verts avaient perdu 3-0 mais ils ont été sacrés lors de la dernière journée. Saint-Etienne avait gagné 2-1 grâce à un doublé de Michel Platini. On en a reparlé récemment.
C’est sous le maillot de l’OM que tu as inscrits ton 9e et dernier but contre Saint-Etienne. Tu t’en souviens ?
Tout à fait. C’était la dernière saison de ma carrière, 1987-1988. J’ai marqué le deuxième but, sur un coup franc obtenu par Jean-Pierre Papin.
Sur une légère faute de notre JPP, Jean-Philippe Primard !
Exact ! On avait mis 5 buts et on avait gagné au match retour à Geoffroy-Guichard.
1-0, but de Karl-Heinz Forster devant près de 45 000 spectateurs. La saison précédente, tu t’étais imposé sur le même score grâce à Patrick Cubaynes avec la même affluence. À l’issue de cette rencontre, tu avais évoqué « l’ambiance extraordinaire du stade Geoffroy-Guichard ». Tu kiffais GG, Gigi ?
J’aimais beaucoup jouer à Geoffroy-Guichard, une enceinte mythique, un vrai stade de football. Un stade à l’anglaise, avec des tribunes très proches de la pelouse. Ce n’est pas pour rien que ce stade a été surnommé le Chaudron. C’était très chaud, les supporters sont à fond derrière leur équipe. C’est tout un contexte. C’est très agréable de jouer un match de foot dans une ambiance aussi passionnée. À Geoffroy, tu ne joues pas dans le calme ou dans l’anonymat. Avec le Vélodrome, ça fait partie des grandes ambiances qu’on peut retrouver dans un stade. A défaut d'avoir porté le maillot vert, j'ai joué avec le soutien du public de Geoffroy-Guichard avec les Bleus lors de l'Euro. On avait battu la Yougoslavie 3-2 grâce à un triplé magistral de Michel Platini, le maître des lieux !
Jacky Bonnevay, qui jouait à l’époque avec toi à l’OM, avait lui aussi trouvé le public stéphanois « fantastique » lors de votre succès de mars 1987. Quels souvenirs gardes-tu de l’actuel entraîneur adjoint des Verts ?
Je garde le souvenir d’un garçon très sympathique, très à l’aise. Toujours de bonne humeur et en même temps très sérieux. C’était vraiment un coéquipier très appréciable. De temps en temps on a des petits échanges qui nous rappellent cette période marseillaise. On n’a joué ensemble qu’une seule saison car Jacky est parti au Havre en 1987. Quand bien même notre expérience commune a été asse brève, on a une relation amicale.
Depuis 20 mois, il travaille à l’ASSE aux côtés de Claude Puel, que tu as eu l’occasion de retrouver le week-end dernier à Colombey-les-Deux-Eglises.
Oui, on a joué ensemble pour inaugurer le stade Charles-de-Gaulle. C’était une belle journée, organisée de main de maître par Jacques Vendroux, manager général du Variétés Club de France. J’ai revu à cette occasion des anciens Verts avec qui j’ai joué en équipe de France, Michel Platini et Dominique Rocheteau. Claude Puel était le capitaine de l’équipe. C’est un camarade très sympathique, agréable. Claude aime avoir des échanges assez agréables et détendus, toujours dans la bonne humeur. C’est un bon vivant, on a des discussions très joyeuses.
Une image qui tranche avec l’image que le grand public a de lui.
Quand je côtoie Claude, ce n’est pas le personnage fermé qu’on voit au bord des terrains. Quand il coache il est dans son rôle, dans ses fonctions d’entraîneur où il met beaucoup d’engagement, de rigueur et de sérieux. Il y a le côté public et le côté privé des gens, il ne faut pas tout mélanger. Il ne va pas débarquer sur un terrain et faire le clown quand il exerce son métier d’entraîneur. Il est là pour driver l’équipe.
Il a réalisé un doublé et mis une passe décisive contre Colombey-les-Deux-Eglises. Penses-tu qu’il devrait se titulariser la saison prochaine à l’ASSE pour que le jeu offensif des Verts soit plus efficace ?
C’est de la taquinerie, ça ! (rires)
Même dans ces matches caritatifs, tu sens qu’il a toujours en lui ce côté compétiteur ?
Oui. Claude restera toujours un compétiteur. C’est une évidence, il a ça en lui. Cela fait partie du personnage, il a cette rage de vaincre. Et Claude garde la forme, il a encore une très bonne condition physique.
Quel regard portes-tu sur ce qu’il réalise à l’ASSE ?
Compte tenu du contexte, je trouve qu’il arrive pas trop mal à maintenir un peu le bateau. Il a débarqué dans un contexte assez compliqué, cette équipe était complètement à remettre en ordre. Avec des jeunes et des joueurs plus anciens, il fallait arriver à recréer un collectif. Je trouve qu’il a su progressivement le faire en préservant l’essentiel, que Saint-Etienne soit là. Il s’évertue à remettre cette équipe en ordre de marche pour que le collectif retrouve toutes ses vertus sur le plan technique et sur le plan mental.
Claude contribue au développement de jeunes joueurs, comme il a su le faire avec succès dans ses précédentes expériences. Son projet est aussi dicté par les moyens dont il dispose. Tu sais, tous les entraîneurs du monde aimeraient avoir tous les meilleurs joueurs du monde. Ce n’est pas le cas. Il y a des circonstances qui font qu’il doit composer avec la situation au sein du club. Claude ne se plaint pas de ça, il s’est mis au boulot et fait en sorte de faire au mieux avec l’effectif dont il dispose.
Dans cet effectif, il y a un certain Wahbi Khazri, que tu as eu sous tes ordres quand tu étais sélectionneur de l’équipe de Tunisie.
Exact, je l’ai eu notamment lors de la CAN 2019 en Egypte. On a fait un bon parcours, on a été éliminé aux tirs au but par le Sénégal en demi-finale. J’ai apprécié de travailler avec Wahbi. C’est un garçon qui a de l’expérience, de la maturité. Il me renvoyait des éléments pour me dire comment ça se passait en Tunisie, c’était intéressant pour moi. On entretenait de bonnes relations professionnelles. J’aime bien le personnage, il est franc et direct. C’est un joueur que tout entraîneur aime avoir, on peut échanger avec lui de façon très claire et très précise. C’est un gagneur, qui a cette capacité à percuter devant. J’apprécie aussi sa qualité de tirs, il met vraiment de très belles frappes.
J’ai eu Wahbi en sélection tunisienne lors de sa saison extraordinaire à Saint-Etienne. Il avait mis une quinzaine de buts cette saison-là et avait été l’un des principaux artisans de la qualification des Verts en Europa League. Après il a eu des petits problèmes de blessures qui l’ont un peu contrarié. Ce n’est pas un attaquant de pointe type mais c’est un attaquant généreux, qui n’hésite pas à réclamer les ballons, à proposer beaucoup de solutions à ses partenaires. Cette saison, il a fait beaucoup de bien aux Verts lors de la seconde partie du championnat. Il a inscrit des buts importants, à une époque où l’ASSE devait se battre pour le maintien. On l’a retrouvé à son meilleur niveau.
Chez les Aigles de Carthage, tu n’as pas eu que Wahbi, tu as également lancé Wajdi. Selon les médias tunisiens La Presse et Ettachkila, Kechrida va signer à l’ASSE. Peux-tu nous en dire plus sur ce joueur ?
C’est un joueur né à Nice, il a été formé là-bas avant de rejoindre l’Etoile du Sahel, dont il défend les couleurs depuis quelques années. C’est un défenseur qui doit maintenant avoir 25 ans. C’est un garçon très sérieux, techniquement habile. Wajdi est un très bon contre-attaquant. Il sait apporter le soutien sur le plan offensif. Il a le profil des latéraux qu’on aime bien maintenant. Évidemment, il faut qu’un latéral sache défendre, comme tout défenseur, mais on attend aussi d’un joueur évoluant à ce poste qu’il relance le jeu et prenne son couloir. Wajdi est habile de ce côté-là, il est très intéressant.
Son profil te fait penser à quel latéral plus connu du grand public ?
Je dirais Léo Dubois. Désolé, c’est un Lyonnais ! (rires)
Claude Puel t’a demandé des renseignements sur ce garçon ?
Non. On en aurait discuté à Colombey mais tu m’apprends que Saint-Etienne serait sur lui. Attention, entre ce que disent les médias et la réalité il y a parfois un monde. Dans cette période de mercato, il y a beaucoup de rumeurs, certaines sont fondées, d’autres non. On verra bien ce qu’il en est concernant Wajdi.
As-tu décelé chez ce garçon des points à parfaire dans son jeu ?
Il y a toujours besoin de progresser, c’est un garçon qui doit continuer de travailler pour s’affirmer à ce poste de latéral. Il le fait plutôt bien, mais il doit veiller à être juste dans ses choix, à monter à bon escient. Parfois il était enclin à monter sur des phases de jeu où il valait mieux qu’il reste derrière. Il me disait « coach ! », je lui disais « non, ne monte pas maintenant ». Il venait aux explications : « Je ne peux pas monter ? » Je lui répondais : « Je ne t’empêche pas, je ne t’ai pas dit que tu ne pouvais pas monter, je t’ai dit pas maintenant. » La nuance, elle est là. Il faut venir à propos. Un latéral qui va se présenter, qui va se proposer, il faut être sûr que le ballon lui arrive. Sinon, c’est un peu embêtant quand tu te retrouves avec un latéral qui a dézoné.
Parfois ce n’est pas le latéral dézonant qui est en cause mais le passeur. « Il lui a donné dans le zig alors qu'il est parti dans le zag » dirait Larqué. L’occasion de rappeler que c’est grâce à lui que tu as marqué ton but le plus célèbre lors de la tragédie de Séville. S’il ne crie pas à Didier Six « en retrait pour Giresse, en retrait pour Giresse ! », tu ne mets pas ce pion dont la célébration a très longtemps été au générique de Stade 2.
Il faut être sérieux quand même ! (rires) Je ne pense pas que Didier ait entendu Jean-Michel. Telle que l’action avait été mise en place, il fallait ressortir le ballon et j’étais le mieux passer pour finaliser ce mouvement collectif. Didier m’a parfaitement transmis le ballon, après c’était à moi d’en faire ce que j’en ai fait, cette frappe poteau rentrant.
Un but qui n’a pas suffi hélas. Mais deux ans après cette cruelle défaite contre l’Allemagne…
… élimination, pas défaite.
Tu as raison, soyons précis. Deux ans après cette cruelle élimination et quelques semaines après avoir remporté ton premier titre avec Bordeaux, tu as été sacré avec l’équipe de France l’Euro. Il y avait des similitudes entre les Bleus et les Girondins ?
Il y a des similitudes. En 1982, il y avait 6 Girondins et 6 Stéphanois aussi.
Six Verts en bleu, de quoi être nostalgique…
… et en 1984, on était encore trois ou quatre girondins. Il faut dire qu’on était la meilleure équipe entre 1982 et 1986. On avait le même mode de fonctionnement, le même type d’équipe, c’est-à-dire très consciencieuse et pétrie de qualités. On retrouvait ça en équipe de France, il y avait un fort collectif. Tout le monde était vraiment conditionné par le résultat de l’équipe. C’est ce qui a fait la force de cette génération en équipe de France.
Une superbe génération sublimée par un joueur d’exception, Michel Platini. Il est à ce jour le joueur qui a marqué le plus de buts à l’Euro. En une seule édition, il a claqué 9 pions. Cristiano Ronaldo en a mis autant mais en quatre éditions cumulées. Tu penses qu’il va dépasser Platoche ?
Non ! Je trouve ça très malhonnête de mettre dans le même classement ceux qui n’ont fait qu’une compétition et ceux qui en ont fait quatre ou cinq. C’est comme quand on dit que Miroslav Klose est le meilleur buteur en Coupe du Monde. OK il a mis 16 buts mais en 4 coupes du monde. Just Fontaine, en une seule édition, il a marqué 13 buts. Ce n’est pas du tout logique ! À ce moment-là il faut faire le coefficient but par nombre de matches. Je dis que pour le moment, la France peut se targuer d’avoir le meilleur buteur d’une Coupe du monde et le meilleur buteur d’un Euro. Et ce n’est pas demain que Just Fontaine et Michel seront battus !
ichel était un joueur extraordinaire, c’était un régal de jouer à ses côtés en équipe de France. C’était un joueur hors norme, il avait une dimension supérieure. Michel avait des capacités que les autres n’ont pas. Sa vision du jeu était exceptionnelle, il avait cette capacité d’orienter le jeu, de créer des situations et évidemment de finir. Son talent était incontestable.
Comme beaucoup d’observateurs, Platoche a considéré dans Ouest-France que la France est le grand favori du présent Euro. Tu partages son point de vue ?
Au jeu de désigner un favori, ce qui amuse tout le monde alors que ça ne présage pas d’une réalité, il est évident qu’on ne peut pas ne pas mettre la France. Elle est championne du monde en titre, elle a un très gros potentiel, ce n’est pas une équipe en fin de cycle. Elle compte de nombreux joueurs qui sont en plein épanouissement dans leur carrière. Le secteur offensif vient d’être amélioré avec le retour de Karim Benzema. Bien sûr que les Bleus font partie des favoris. Mais ça ne donne aucun avantage d’être favori.
La France démarre la compétition avec zéro point, comme les autres. Il faut être très pragmatique. Il n’y a qu’une seule réalité, celle du terrain. Tout ce que l’on peut raconter autour, ça n’apporte rien. Les Bleus sont tombés dans un groupe auquel peu d’équipes de France ont été confrontées en termes d’adversité. L’Allemagne et le Portugal sont deux équipes très solides. Il y a longtemps qu’on n’a pas eu un groupe aussi relevé dans une grande compétition internationale. Il faudra être prêt dès le premier match.
On espère que les Bleus battront ce mardi à Munich une équipe d’Allemagne qui ne t’a pas réussi en Coupe du Monde.
C’est tout le mal que je leur souhaite !
Merci à Gigi pour sa disponibilité