Content d'attaquer sa nouvelle saison à Geoffroy-Guichard ce dimanche à 15h00, le capitaine lorientais s'est confié à Poteaux Carrés.
Alors Papy, heureux de démarrer la saison à Geoffroy ?
Très heureux ! C’est toujours un vrai plaisir de jouer à Geoffroy-Guichard. Geoffroy, c'est LE stade. C’est une date très importante pour moi. Dès que le calendrier sort, c’est une date que je regarde. On commence par ce match-là, j’espère qu’il y aura plus de monde que l’année dernière. Le fait que les jauges soient un peu levées, ça fait du bien. J’ai l’espoir que les gens seront heureux de retourner au stade. J’espère qu’il y aura une belle ambiance, même si j’ai vu que les Green ne seront pas là. Je ne sais pas si les Magic vont prendre la même décision.
Tu déplores cette position des Green ?
En tant qu’acteur du jeu sur le terrain et par rapport à mon ancienneté, à tout ce que j’ai vécu à Sainté, c’est sûr que j’aurais préféré que les deux kops soient présents ce dimanche et que la rencontre se joue quasiment à guichets fermés. Maintenant, je respecte aussi les positions que prennent les uns et les autres. Chacun a sa liberté de pensée, d’expression. En tout cas je me réjouis de revenir dans ce stade dans des conditions plus optimales que l’an passé où il y avait à peine plus de 3 000 personnes. Ça sonnait un peu creux dans un stade comme celui-là !
Tu regrettes de revenir à Sainté si tôt dans la saison ? T’aurais préféré retourner plus tard à Geoffroy, avec la perspective d’avoir un stade plus rempli qu’il ne le sera dimanche ?
Ouais mais en fait, c’est tellement bizarre ce qu’on vit actuellement qu’on ne peut pas écarter le fait que les autorités réintroduisissent des jauges. Si ça se trouve dans deux ou trois mois t’auras à nouveau des restrictions. C’est tellement aléatoire que c’est difficile de se projeter. J’ai envie de te dire qu’il faut profiter du moment présent. Actuellement, il n’y a plus de jauge. C’est sûr que le pass sanitaire ou le test négatif est obligatoire pour entrer au stade. Ça va en freiner certains, c’est une évidence. Mais c’est tellement particulier qu’il faut vivre avec son époque.
Si le pass sanitaire est obligatoire pour assister à un match, il faut se plier aux règles. Je ne suis pas déçu de démarrer d’entrée par ce match à Geoffroy et je ne me dis pas « peut-être que dans 6 mois il n’y aurait plus eu aucune contrainte et on aurait pu jouer devant 42 000 spectateurs ». Ce n’est pas ma façon de voir les choses. Il faut prendre ce qu’il y a à prendre. Et qui sait, peut-être que le destin fera qu’on retournera à Geoffroy plus tard dans la saison en Coupe de France…
Quoi qu’il en soit, connaissant un petit peu les Stéphanois, je me dis qu’ils doivent avoir tellement hâte de revenir à Geoffroy qu’il vont faire le maximum pour retourner au stade. Ça fait un bail qu’il n’y pas eu un match sans jauge dans le Chaudron. Il y a pas mal de supporters stéphanois qui sont impatients de pouvoir chanter, encourager leur équipe. J'ai vu que plus de 10 000 d'entre eux sont déjà abonnés pour cette nouvelle saison. C’est pour ça que m’attends à une affluence sympa et à une bonne ambiance ce dimanche.
La prolongation de ton contrat à Lorient a tardé à être officialisée. C’est lié au fait que tu voulais insérer une clause comme quoi les Merlus te conservaient tant que tu n’auras pas rejoué devant plus de 30 000 spectateurs à Geoffroy ?
En fait je voulais même fixer cette clause à 50 000 spectateurs minimum mais ils n’ont pas voulu ! (Rires) Plus sérieusement, j’ai fait une bonne deuxième partie de saison, on a réussi quelque chose d’assez énorme avec ces 30 points en phase retour. Moi dans ma tête je voulais une prolongation de deux ans, je ne trouvais pas ça déconnant. Le club ne voulait qu’un an.
Il a fallu à un moment donné qu’on trouve un terrain d’entente et que je fasse le pas pour comprendre un peu qu’actuellement ce n’est pas forcément le foot d’il y a quatre ou cinq ans. C’est aussi une conjoncture un peu particulière. Je ne suis plus un joueur bankable. À vrai dire je ne l’ai jamais été alors imagine aujourd’hui ! (rires) Ce n’est pas à 34 ans que je vais ramener des sous au FC Lorient.
Tu n’as plus trop de valeur financière mais tu restes un joueur valeureux et hyper précieux. Tu as été reconduit dans ton rôle de capitaine cette saison. Quelles que soit les couleurs que tu défends, tu ne lâches rien. Tu es une sorte de « chien Pélissier » ?
(Rires) Je pense avoir certaines valeurs sur le terrain et en dehors. En tout cas j’essaye toujours de donner le maximum. C’est ce que j’ai toujours fait pour les trois maillots que j’ai défendus, Rennes, Sainté et Lorient. Je pense que j’ai pu démontrer que j’étais toujours compétitif et utile au groupe même si j’ai connu une dernière saison en dents de scie.
J’avais bien démarré la saison contre Strasbourg et j’avais enchaîné par une bonne prestation à Geoffroy-Guichard. Après c’est vrai que j’ai été moins performant, je suis sorti de l’équipe pendant un mois et demi. Je suis revenu petit à petit, j’ai fait de bonnes entrées en jeu et j’ai affiché ma volonté de ne rien lâcher et de montrer que j’avais mon rôle à jouer dans cette équipe.
Quand le coach m’a remis titulaire, j’ai été performant. J’ai fait une bonne entrée en jeu lors du match retour contre Sainté, on a inversé la tendance. Après je n’ai plus quitté l’équipe et j’ai vraiment fait des très bons matches. Je pense que c’est pour ça que le coach m’a prolongé d’un an et m’a maintenu dans mon rôle de capitaine. On est deux en fait car il y a le vice-capitaine Lolo Abergel. Il y a d’autres cadres importants dans cette équipe, des anciens de la maison comme Vincent le Goff et Jérémy Morel, qui a eu une grosse carrière. Ces joueurs ont de la bouteille et jouent un rôle important dans le groupe.
On a vraiment un super groupe, les jeunes sont vraiment top. Ils sont vraiment à l’écoute. Forcément, ils ont leur mentalité de jeunes mais il y beaucoup de respect. Je pense que cette très bonne entente au sein du groupe fait qu’on a su inverser la tendance la saison dernière. On n’avait que 12 points à la trêve, on était très mal embarqués. Des groupes moins unis que le nôtre se seraient sans doute disloqués dans une telle situation. On a su faire front ensemble et remonter la pente. Notre maintien est une belle réussite collective comme je les aime.
Cette saison, c’est Mahdi Camara qui portera le brassard stéphanois. Quand tu as quitté le club, il avait 19 ans et n’avait pas encore été appelé dans le groupe pro en compétition officielle.
C’est vrai mais j’ai le souvenir que Mahdi s’entraînait déjà avec nous. Pas tout le temps mais quand même assez régulièrement. Je me souviens également qu’après ma grosse blessure au mollet, j’avais joué un ou deux matches en réserve et il avait joué. Même si je n’allais pas trop voir les matches de jeunes à Sainté car je préférais m’occuper de ma famille et me poser un peu à la maison, on parlait déjà pas mal de Mahdi en jeunes comme quoi c’était vraiment un bon joueur. Je vois qu’il a beaucoup de volume, d’abattage, une grosse mentalité. Mahdi c’est un mec qui envoie, qui impulse. Ça ne m’étonne pas de le retrouver aujourd’hui capitaine des Verts.
À partir du moment où tu as ces vertus-là, surtout dans une équipe très très jeune comme celle de Sainté. Mahdi n’a que 23 ans, c’est jeune, mais il a plus d’expérience que de nombreux joueurs de cet effectif. Tu sais que ce gars-là ne va jamais tricher et donnera toujours le maximum. En termes d’envie, d’agressivité, de don de soi, tu sais que ce gars va donner sa vie pour toi. C’est important d’avoir des joueurs comme ça. S’il en est là aujourd’hui, c’est qu’il a vraiment un bon niveau.
Je trouve qu’il vient de faire une grosse saison. Je pense que ça lui donne encore plus de crédit et de confiance pour jouer un rôle encore plus important dans l’équipe, compte tenu également des départs de certains cadres. Plusieurs joueurs expérimentés sont partis, Mahdi est un jeune cadre mis en avant par son coach. Vu de l’extérieur, on sent que c’est un joueur important dans le dispositif de Claude Puel. Je pense qu’il colle vraiment à la mentalité de l’entraîneur.
Les Merlus sont invaincus cet été, les Verts ont perdu leurs trois derniers matches de préparation. Anecdotique ou pas ?
C’est complètement anecdotique. On a joué dans des ambiances en rien comparables à ce que l’on connaît en L1. Dans des stades de clubs non professionnels, devant 500 à 1000 personnes. En aucun cas des matches de préparation ne reflètent la vérité du championnat. Encore plus dans un stade comme Geoffroy-Guichard. S’ils décident de faire un peu de bruit, ça va changer la donne. Complètement. On s’attend à un match où l’équipe de Sainté va avoir vraiment de l’énergie avec l’appui du public.
Nous, il va falloir qu’on rivalise avec nos armes, qu’on leur fasse mal tant qu’on peut. En tout cas les matches de préparation ne sont pas révélateurs. Ça donne de la confiance à l’équipe et aux joueurs, mais ça s’arrête là. Il faut tellement plus d’ingrédients pour gagner un match de L1... Ce dimanche, tout est remis à zéro, la prépa ne comptera pas du tout ! On s’attend à un match très intense.
Vous aviez l’antépénultième défense la saison dernière or vous n’avez pris que 3 pions cet été. Vous avez particulièrement mis l’accent sur ce secteur à l’intersaison ?
Pas plus que ça. Tu viens de souligner qu’on a fini avec la 18e défense mais on a un peu connu deux saisons en une. On a pris énormément de buts en première partie de saison, c’est vrai. Mais moins en seconde. Je crois qu’on a encaissé dix buts de moins. Notre bilan défensif de la deuxième partie de saison n’est pas fantastique mais correct. Nettement plus positif que lors de la phase aller en tout cas !
À côté de ça, il ne t’a pas échappé qu’on a connu deux systèmes différents en défense. Je pense que le 3-5-2 nous a stabilisés défensivement, on a pris beaucoup moins de buts dans ce schéma-là. Si on prend uniquement les matches où a joué uniquement à 3 défenseurs, on n’a pas pris beaucoup de buts. Je me souviens qu’on a pris quelques volées en janvier quand on jouait encore à 4 : on en a pris 5 contre Monaco mais aussi 2 contre Bordeaux et contre Dijon.
Tout ça pour te dire qu’on n’a pas forcément la volonté de jouer un peu plus bas ou de bétonner pour ne pas encaisser mais par contre on a davantage de confiance par rapport à ce que l’on a pu faire lors de la seconde partie de saison. L’idée, et ça vaut pour tous les secteurs de jeu, c’est vraiment de poursuivre sur notre lancée. La préparation estivale est dans la continuité de ce que l’on a fait les quatre derniers mois, à partir de février. On veut surfer sur cette dynamique, avec un jeu un peu plus porté vers l’avant, un peu plus de maîtrise dans le jeu, un peu plus de possession.
On a de meilleures connexions et ce système a permis à beaucoup de joueurs de mettre leurs qualités en valeur plus que leurs défauts. On a vraiment trouvé un système qui correspond à beaucoup de joueurs dans l’équipe. Les changements que le coach a pu opérer nous ont fait du bien. On essaie d’entretenir ça, de développer ça. Notre effectif n’a quasiment pas bougé à l’intersaison, on n’a pas changé la moitié de l’équipe lors du mercato.
Les Verts non plus ! Le FC Lorient et l’ASSE ont un autre point commun : leur joueur de 1987 a été prolongé d’une saison. On a évoqué ta prolongation tout à l’heure, que t’inspire celle de Romain ?
Je suis super heureux pour lui et pour Sainté. Quand il m’a appelé pour me dire qu’il prolongeait, j’ai été un peu surpris. On s’était eu plusieurs fois auparavant depuis l’intersaison et je pensais un peu comme tout le monde qu’il allait partir. J’ai senti que Romain était heureux de son choix, il m’a dit qu’il avait pris la meilleure décision. Pour avoir vu pas mal de matches de Sainté encore la saison dernière – pour Rom, Jess et Kev mais aussi parce que l’ASSE est mon ancien club et que j’ai toujours aimé ce club-là – j’ai trouvé qu’il y avait des différences quand Rom jouait ou pas. Et je ne te dis pas ça parce que c’est mon pote, hein ! Rom apporte un vrai plus dans la créativité, dans le jeu offensif. Quand il est là, je trouve qu’il apporte énormément de liant entre le milieu et l’attaque. Je pense donc que sa prolongation est une très bonne nouvelle pour le club.
Sa prolongation a été encore plus tardive que la tienne car tu as essayé de le recruter à Lorient ?
S’il y avait eu une opportunité pour qu’il nous rejoigne, j’aurais été très heureux de l’accueillir et rejouer avec lui. Mais à ma connaissance ça n’a pas été à l’ordre du jour cet été. Mais je ne te cache pas que l’été dernier il y a eu quelques échanges. J’avais eu des discussions avec les responsables de Lorient, je leur avais dit : « si vous cherchez quelqu’un devant, j’ai un pote qui est chaud patate, c’est un super joueur ». Ça avait retenu l’attention, forcément, parce que tout le monde connaît ses qualités et sa capacité à être souvent décisif.
Cette saison, c’est différent, car on joue maintenant à deux devant, et qu’on a déjà pas mal de bons attaquants chez nous. Ce n’est pas forcément le profil de Romain qui était recherché cet été. Notre club recrute en fonction des besoins qu’il a, il n’est pas dans une optique d’empiler les joueurs. Cet été Rom était courtisé par d’autres clubs de l’élite mais il m’a dit qu’il était super content d’avoir signé pour une année supplémentaire à Sainté. Il m’a dit qu’il a eu une longue discussion avec l’entraîneur, qu’il lui fait confiance.
Rom a vraiment le sentiment d’avoir pris la bonne décision, il se sent bien à Sainté, sa famille aussi. A 34 ans, tu as ta réflexion personnelle par rapport au club, par rapport à ce que tu veux faire. Et tu réfléchis aussi en tenant compte de tes proches. La décision de Rom est aussi bien sportive que familiale, il a pris en compte tous les paramètres pour faire en sorte que sa femme et ses enfants s’y retrouvent aussi.
Quand je suis parti à Lorient, des gens m’ont dit « t’es un grand malade, qu’est que tu signes dans un club de L2 alors qu’il y a trois mois tu affrontais Manchester United ? » Mais en fait je ne regrette pas du tout mon choix. Je pense que Rom a pris en compte l’avis de sa famille avant de se décider. Une décision de prolongation ou de départ, on la prend en intégrant plusieurs facteurs : le contexte familial, l’endroit propice ou pas pour redémarrer de zéro…
Perso, après mes six premiers mois à Rennes, j’ai eu l’OM au téléphone mais je n’étais pas prêt du tout à aller à Marseille. J’avais 20 ans et l’OM est un club qui pour moi faisait plus peur qu’autre chose pour moi qui n’était qu’au début de ma carrière, par rapport à la mentalité et à pas mal de choses. Je ne connais pas Marseille mais vu de l‘extérieur, c’est un club un peu spécial, avec beaucoup de pression. Ça ne m’attirait pas, j’étais bien dans mon petit cocon à Rennes. Je n’étais pas prêt à aller là-bas.
À l’époque j’étais déjà en couple mais je n’avais pas d’enfants. Quand ensuite tu fondes une famille, tu l’intègre nécessairement dans tes réflexions avant de prendre une décision, tu dois te préoccuper de la scolarité des enfants. Certes, il y a le contrat, il y a l’argent, on ne va pas se le cacher, mais il y a aussi un environnement extérieur, un environnement de club. Rom, il est bien à l’ASSE, il connaît par cœur la ville. Même s’il n’a pas fait la préparation, Rom va arriver là dans son jardin.
Un jardin où on a envie de le voir planter deux fois ce dimanche, comme la saison dernière contre ton équipe.
J’espère pas ! Je lui souhaite bien sûr de faire une très bonne saison mais il serait bien avisé de la démarrer seulement le week-end suivant ! Il faudra bien sûr se méfier de lui ce dimanche. Le connaissant fort bien, je sais qu’il aura une envie énorme. Il va retrouver son public, il va retrouver son jardin, il va être super motivé. De notre côté, il faudra qu’on ait beaucoup d’arguments, beaucoup d’ingrédients pour le contrer lui et pour contrer les autres car il y a d’autres joueurs dangereux dans cet effectif stéphanois.
Selon RMC, sa prolongation de contrat est assortie d’une clause de reconversion en tant qu’entraîneur des attaquants. Lorient va-t-il créer pour toi un poste d’entraîneur des milieux ou des joueurs à cheveux blancs ?
Non ! (rires) Tu vois, en fait je voulais deux ans de contrat, je n’en ai eu qu’un. Derrière quand on a commencé à parler un peu de reconversion, j’ai toujours la problématique d’être trop vieux pour signer deux ans et trop jeune pour parler de reconversion (rires). Mais ce qui est bien ici c’est le discours en tête en tête avec le club. L’idée c’est de faire le maximum, les meilleures performances possibles et que l’équipe se maintienne. Dans ce cas, on se remettra autour de la table la saison prochaine. J’ai envie de dire, « tant que ça se passera comme ça, on fera comme ça. » Et e jour où je serai cramé, je dirai «merci pour tout ». J’espère qu’ils me diront merci.
Si jamais il y a des perspectives de reconversion au club, oui, forcément, ça m’intéresse parce que c’est un milieu que je connais, un milieu que j’adore. Je baigne dedans depuis maintenant 20 ans. Le mot reconversion ça te fait toujours un peu peur, si tu restes dans un environnement que tu maîtrises un petit peu, c’est toujours plus facile de rebondir. Je ne me vois pas sur le terrain sur du pur sportif. Je m’entends très bien avec pas mal de partenaires, on se voit parfois en dehors, on mange ensemble.
Faire le lien entre le côté partenaires, sponsors et le côté sportif, c’est quelque chose qui me plairait. Mais est-ce que c’est un poste qui existe, je ne sais pas. Est-ce que je pourrais demander à ce que le FC Lorient en crée un, je ne sais pas (rires). À un moment donné il faut penser un peu à pousser les portes mais je réfléchis davantage à ce qui va se passer demain sans le football. Car je n’ai aucune assurance de rester dans ce milieu-là.
Le FC Lorient est un club aujourd’hui structuré, qui fonctionne bien. Ils ne vont pas créer un poste juste pour créer un poste où me mettre à la place de quelqu’un qui fait très bien son boulot. Franchement, je me focalise plutôt actuellement sur ma nouvelle saison de footballeur. Je sors d’une bonne seconde partie de saison. Je ne sais pas comment va se passer celle-là mais en tout cas je n’ai pas prévu de raccrocher les crampons et la seule chose à laquelle je pense actuellement, c’est Geoffroy !
Si tu vas y recroiser ce dimanche notre Gai Luron, tu ny retrouveras pas KMP.
J’ai vu en effet que l’ASSE ne l’a pas conservé. Kévin, c’est un super coéquipier, j’ai adoré joué à ses côtés. C’est un très bon joueur, avec un énorme volume, qui ne rechigne jamais. C’est un coéquipier en or. Il a un don de soi pour l’équipe qui force vraiment mon admiration. Tu sais, ce n’est pas tout le temps que les joueurs offensifs ont cette qualité. Parfois ils rechignent ou quand il y a un mauvais ballon, ils font un peu la gueule car ils le voulaient ici et pas là…. Rien de tel avec Kev. Lui, c’est vraiment le mec qui va s’arracher, qui va t’encourager, qui va venir t’aider quand il faut. Quand t’as un mec comme ça à côté de toi, tu peux voyager. J’espère vraiment qu’il va retrouver un projet.
Ce joueur, parfois critiqué pour son manque de stats (19 pions et 9 passes décisives en 208 matches sous le maillot vert), laissera de bons souvenirs au peuple vert.
C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup de stats mais il a tellement d’autres qualités ! C’est un milieu « à l’ancienne », habitué à jouer en 4-4-2 quand il était à Lorient. Un milieu sur le côté dans le 4-4-2 de Gourcuff c’est quelqu’un qui doit beaucoup travailler. Quand après tu te retrouves à jouer à Sainté dans un 4-3-3 et que tu dois scorer, ce n’est pas évident. Kev était habitué à se replier du côté de son latéral ou à venir chercher les ballons un petit peu bas à Lorient. Quand après on te demande de jouer un peu numéro 10 ou de se retrouver dans la surface pour accompagner, ce sont d’autres caractéristiques.
Mais je pense que les supporters ont appris à regarder ses matches, à le connaître. Ils se sont rendus compte que Kev était pleinement dans ce que les Stéphanois aiment. Un soldat du club avec de belles valeurs. Et tu connais beaucoup de joueurs qui ont eu le droit à leur chanson à Geoffroy ? « Allez allez oh oh, allez allez oh oh, ne jamais oublier, ce soir on va gagner, grâce à Monnet-Paquet ! » C’est énorme. Alors que je me rappelle qu’à un moment donné, il était sifflé quand il rentrait ou sortait du terrain. Il a réussi à inverser la tendance. Il a une force de caractère impressionnante, il l’a notamment montré car il a su revenir après s’être fait deux fois les croisés.
Dimanche, tu ne retrouveras pas non plus Jessy Moulin.
Jessy, c’était vraiment le joueur dans le groupe qui faisait que le groupe allait vraiment vivre super bien ensemble. Il mettait du liant avec tout le monde. C’était un mec qui avait tout le temps la banane alors que ce n’est pas facile d’avoir ce rôle de doublure. Sur le terrain, c’était une bûche. Au niveau du travail, c’était un truc de dingue. Que ce soit avant, pendant ou après l’entraînement, ce mec ne s’arrêtait jamais. Il a été derrière un monument pendant un très long moment. Quand t’es derrière la Ruff’, t’as pas trop la place pour jouer. Quand il a commencé à jouer, il a été très, très bon.
Moi ça m’a un peu fait chier quand j’ai vu qu’il s’est blessé et quand j'entendais que Sainté allait peut-être repartir avec le jeune. Maintenant, c’est vrai qu’Etienne Green a été très bon. Mais quand même, j’ai trouvé que Jess à un moment donné, dans l’intensité et la volonté, il avait quand même porté l’équipe quand ça n’allait pas bien. Il était toujours là. Après, ça fait partie du jeu.
Je suis content qu’il ait trouvé un projet de moyen terme car il n’avait plus qu’un an de contrat. Signer un contrat de deux ans à 35 ans et demi, c’est top. Il va retrouver un entraîneur qu’il connaît bien et qu’il apprécie beaucoup, Lolo Batlles. Je pense qu’il va amener toute sa joie de vivre, son expérience. Il va forcément booster le numéro un. Le connaissant, il va bûcher comme un malade et du coup il ne faudra pas que Gauthier Gallon s’endorme. Je pense que Lolo l’a pris pour ça.
Jessy, dans le vestiaire, c’est un clown, il fait rire tout le temps. Quand ça va mal, c’est tellement important d’avoir un joueur comme ça… Jessy met de la joie, de la bonne humeur, de la vie. C’est tout bénef ! J’estime que c’est une grosse perte pour Sainté. Les Verts ont perdu Kev et aussi Mathieu Debuchy, eux aussi des cadres très professionnels et exemplaires jamais avares d’efforts. Après, ce sont des choix de club, il faut les respecter.
Ton avis sur Etienne Green ?
Je ne le connaissais pas. Apparemment il ne jouait pas trop chez les jeunes. Sur ce que j’ai vu, c’est un gardien très intéressant. C’est rare d’être propulsé aussi vite en numéro un mais il a enchaîné tellement de gros matches que je comprends que le club lui fasse confiance. C’est rare de voir des gardiens aussi jeunes titulaires en L1, dans ce foot un peu bizarre ce gardien peut rapporter gros au club.
On espère tous qu’il va démarrer cette nouvelle saison par une clean-sheet !
Moi je ne l’espère pas ! (rires)
T’attendais-tu à voir les Verts galérer à ce point la saison dernière, au point de n’avoir validé leur maintien qu’à l’avant-dernière journée ?
Pas au début. Quand on les a joués lors de la deuxième journée, je les avais trouvés vraiment très bons. Je les avais également trouvé excellents à Marseille. Au sortir de cette victoire au Vélodrome, je me suis dit : « waouh, ils ont franchement une super équipe. » Je les voyais facilement dans les 8 premiers et capables de se mêler à la lutte pour l’Europe. Et puis après… ben voilà quoi, ils ont été pris dans une spirale négative. Nous on a connu ça aussi. T’enchaînes les défaites, tu ne t’en sors pas ou tu mets du temps pour t’en sortir.
Pourtant, je ne les ai jamais trouvés amorphes ou complètement à la ramasse. Même si c’était vraiment pas ça en termes de résultats, j’ai toujours trouvé les matches des Verts plutôt consistants. Les Stéphanois n’ont jamais dérogé à leurs principes, ils ont continué de jouer. Mais à un moment donné, j’avais très peur pour nous et je me disais qu’eux pouvaient être aussi à la lutte avec nous. Après leur défaite au Moustoir, ils n’étaient pas au mieux et à la trêve internationale avant Pâques, ils n’avaient plus énormément de marge sur le 18e.
Penses-tu que les Verts vivront une saison plus sereine cette saison ? Après tout, les Verts ont su surmonter les difficultés, les jeunes ont emmagasiné du temps de jeu et le groupe est quasi inchangé. Les joueurs sont censés avoir plus d’automatismes cette saison.
La stabilité a quand même du bon. Après, je ne sais franchement pas comment les Verts travaillent au quotidien donc je ne peux pas juger. Je pense qu’aujourd’hui il va y avoir les très gros, les trois-quatre voire cinq car Marseille a très bien recruté. T’as donc Marseille, Lyon, Monaco, Lille, Paris.
Il va y avoir quelques outsiders mais ça va être très dur d’aller chercher les gros même si je vois bien Rennes titiller ce big five. Il y a un paquet d’équipes qui clairement n’ont qu’un seul objectif : continuer à être en Ligue 1 l’année prochaine. Sans se voiler la face, je pense que 10 à 12 équipes seront concernées.
Après, c’est toujours la même chose, tu peux avoir une ou deux équipes surprises qui démarrent bien, arrivent à enchaîner, valident leur maintien assez tôt dans la saison et se découvrent d’autres objectifs. Mais à la base, pour une douzaine d’équipes, il y aura des hauts et des bas et il faudra faire en sorte de laisser trois équipes derrière soi.
On dit que l’Abi ne fait pas Lemoine. Charles récupère moins de ballons que toi mais marque un peu plus quand même. Pas assez toutefois aux yeux des supporters stéphanois qui rêvent toujours de voir débarquer un buteur. À quelles conditions accepterais-tu de nous prêter voire de nous céder Terem Moffi ?
Je crois que ça va pas être possible ! (rires) On a en énormément besoin. C’est vraiment un jour de fou, un top joueur. En plus de ça c’est un mec en or. Pour nos objectifs de club, il est essentiel dans notre dispositif, dans notre quête de maintien. On compte sur lui pour nous aider à surfer sur notre dynamique. Terem a eu un rôle majeur dans notre maintien, il a été énorme. Ses 14 buts nous ont fait beaucoup de bien. Je comprends que ce joueur vous intéresse, tu peux toujours tenter ta chance auprès de mon président mais je pense qu’il va te mettre un stop direct ! (rires).
À défaut de lâcher Terem Moffi, tu peux au moins nous promettre que c’est toi qui tireras les coups francs ce dimanche et pas Armand Laurienté ?
Désolé, là-encore je ne peux pas donner une suite favorable à ta demande ! (rires) S’il est sur le terrain, ce sera lui qui les tirera et on lui donne le droit de refaire ce qu’il a fait contre les Verts au Moustoir ou contre les Canaris à la Beaujoire. S’il n’est pas sur le terrain, il faudrait vraiment qu’il y a beaucoup d’absents pour que je prenne les coups francs ! (rires) Je peux te dire que d’ici-là je ne serai plus joueur pro. Peut-être que je prendrai les coups francs quand je serai en R1 ou en R2 mais pas en Ligue 1 ! (rires)
Un p’tit prono pour dimanche ?
Non, pas de prono. On sait ce qu’on veut faire en ce début de championnat. On veut faire le maximum avec beaucoup d’envie, de détermination. On veut continuer de joueur comme on a pu le faire les quatre derniers mois de la saison passée. On veut prendre un maximum de plaisir avec cette équipe et performer pour avoir la banane. On sait que ce sera un gros match à Sainté. Je pense que ça va donner lieu à un match sympathique.
Merci à Fabien pour sa disponibilité