Ancien capitaine de l'ASSE, le valeureux Brestois Mahdi Camara s'est confié à Poteaux Carrés avant de défier pour la première fois de sa carrière son club formateur, ce samedi à 17h00 au Stade Francis Le Blé.


Tu connais la formule : "La Bretagne, ça vous gagne". Tu es conquis voire Conquet par ta région d’adoption, toi le natif du Sud qui es devenu un homme à Sainté ?

La Bretagne, c’est quand même très différent du Sud. Mais j’ai vraiment appris à aimer cette région. Il y a de beaux endroits, les côtes du Finistère sont magnifiques. Bon, le temps est parfois compliqué mais je me plais ici. Je me suis même mis à la pêche avec quelques coéquipiers. Romain Del Castillo pêche pas mal, un jour on en a parlé dans le vestiaire et on est deux ou trois à avoir décidé de s’y mettre. J’aime bien, c’est cool de pouvoir couper du foot en allant pêcher. Bon, je suis très nul par contre (rires), je n’ai pas eu beaucoup de poissons. On part de la plage du Moulin Blanc. Parfois on va au Conquet.

Un endroit que connaît très bien ton capitaine Brendan Chardonnet mais aussi Gautier Larsonneur. Toi aussi tu vis là-bas ?

Non, je vis à Guipavas. C’est pratique car je suis à 10 minutes du stade, à 10 minutes du centre d’entraînement et je suis très proche de l’aéroport aussi. J’aime bien Brest, c’est grand mais pas trop non plus. Je suis proche de tout. J’aime bien la région.

As-tu goûté les spécialités bretonnes ? Tu t’es mis aux galettes, aux crêpes et au kouign amann ?

Oui, j’ai tout goûté. J’aime bien les galettes et les crêpes. Par contre le kouign-amann, je n’ai goûté ça qu’une fois, je suis moins fan.

Ce n’est pas assez diététique pour toi ?

Disons que c'est un peu lourd, ce n’est pas ce que je mange avant les matches (rires)

Moi, si. C’est peut-être pour ça que je suis dans les tribunes et pas sur le terrain tu me diras… Rhaa, qu’est-ce que c’est bon. God Save The Kouign ! Rassure-moi, t'es pas allergique au beurre ?

Non, t'inquiète ! (rIres) Le beurre demi-sel, je trouve ça bon. En Bretagne, ils en mettent tout le temps. J’en mangeais déjà un petit peu avant, un petit peu plus maintenant. Ici, c’est une institution ! (rires)

Tu t’apprêtes à retrouver une autre institution tout aussi savoureuse ce samedi. Dans quel état d’esprit est-tu avant d’affronter l’ASSE ?

Franchement, j’aborde ça de façon plutôt cool. Déjà, c’est top de retrouver Sainté dans l’élite. Je suis très reconnaissant envers l’ASSE, c’est un club que je respecte beaucoup et auquel je suis encore pas mal attaché. Je suis très heureux que les Verts aient réussi à monter. C’est sûr que ce sera un match particulier pour moi mais je vais essayer de l’aborder comme les autres matches. Je ne vais pas me mettre une pression de plus, il faut prendre cette rencontre comme elle vient. J’espère faire un bon match.

On sait que tu as suivi avec attention le parcours des Verts la saison passée. Dans un entretien publié le 26 mai dernier, Arnaud Nordin nous avait révélé un sms que tu lui avais transmis juste avant le play-off contre Rodez quand tu as appris qu’il était à Geoffroy. "Supporte les bien, de tout cœur avec Saint-Etienne. Allez les Verts !".

Je n’ai pas pu me rendre au stade mais j’ai bien sûr suivi à distance le parcours des Verts. J’ai regardé pas mal de leurs matches à la télé. Ça a été une bonne saison. Une bonne seconde partie de saison avec un super dénouement. Les Verts ont su enclencher la vitesse supérieure, faire une magnifique série et ensuite se relever de leur défaite à Quevilly. Le prêt d’Irvin Cardona a fait beaucoup de bien. J’ai évidemment suivi les matches de barrage contre Metz devant ma télé, c'était stressant mais au final j’étais super content.

Quand on t’avait interviewé le 3 janvier sur Irvin à son arrivée chez les Verts, tu nous en avais dit le plus grand bien. "Je pense que ce sera un super joueur pour Saint-Etienne. Irvin est capable de mettre des buts spectaculaires. C’est un joueur entreprenant, il tente beaucoup de choses. Je pense vraiment que ça peut être une super recrue. Irvin a une bonne finition, il a les deux pieds. Il est rapide et il a une très, très bonne frappe. C’est un joueur qui se démène, qui se procure pas mal d’occasions. J’espère que ça va bien marcher pour Irvin et qu’il va aider les Verts à faire une grosse seconde moitié de saison." Parfois nos recrues ne confirment pas sur le terrain les propos laudateurs tenus par les anciens Verts. Mais alors là...

Mon espoir était fondé, je ne t’avais pas menti ! (rires) Franchement, il a été un des grands artisans de la montée je trouve. C’est super ce qu’il a fait ! Je pense que tous les supporters stéphanois ont kiffé ce joueur, le personnage. Il a mis de nombreux buts et je pense que son but victorieux contre Bordeaux restera dans les mémoires. Un geste de très grande classe. Je ne connais pas beaucoup de joueurs capables de te sortir un truc comme ça ! Irvin a parfois des coups de génie.

 
Tu ne retrouveras pas Irvin samedi hélas car il est parti à l’Espanyol Barcelone. Mais tu auras le plaisir de retrouver plusieurs vieilles connaissances à l’occasion de ce match de la 3e journée à Francis Le Blé...

Oui, ça va être cool. Après, l’équipe stéphanoise a pas mal changé par rapport à mon époque. Il ne reste plus que deux ou trois anciens coéquipiers dans cette équipe. Le doc, les kinés et l’intendant sont toujours là pas contre. J’ai hâte de les retrouver car c’étaient des personnes en or au quotidien. Ça me fera plaisir de les revoir.

Peux-tu nous dire quelques mots de tes anciens coéquipiers qui font partie actuellement de l’effectif de l’ASSE ?

Avec plaisir ! On va commencer par Aïmen Moueffek. C’est un super joueur et j’ai toujours vu qu’il avait un bon potentiel. Il continue à progresser, il prend de plus en plus d’ampleur. J’ai vu qu’en ce début de saison il était blessé, je ne sais pas s’il sera dans le groupe stéphanois samedi. J’espère qu’il est remis et qu’il sera épargné par les blessures dans le futur car il en a eues plusieurs au centre de formation. Moi je l’aime beaucoup, il a d’énormes qualités. Il a cette grinta naturelle. Techniquement, il est quand même au-dessus de pas mal de joueurs. Il arrive à se projeter vers l’avant, via des courses ou balle au pied. C’est un atout hyper précieux. Je trouve ça top qu’il ait prolongé à Sainté, comme Mickaël Nadé d’ailleurs.

Micka a prouvé qu’il avait un très gros mental. Il sort d’une grosse saison alors qu’il n’était pas trop dans les petits papiers au début de saison. Il s’est imposé ensuite comme titulaire. Quand on a fait appel à lui, il a su répondre présent. Micka, on le connaît, physiquement, c’est un monstre. C’est vraiment pas facile de se le coltiner. Et je trouve qu’il a pas mal progressé techniquement. Ce n’est que du plus. J’ai vu qu’il était sur le banc en ce début de saison, le coach stéphanois ayant opté pour une charnière Batubinsika-Abdelhamid. Mais je suis convaincu que Micka saura répondre présent si on fait appel à lui.

Je n’oublie pas non plus mon Léo ! Il était blessé mais j'ai vu qu'il a joué avec la réserve le week-end dernier, il sera sans doute là samedi du coup ! Léo Pétrot, je le connais depuis les U17. On a aussi joué en U19 et en réserve ensemble. Léo, c’est un soldat. Il peut jouer à plusieurs postes, à gauche ou dans l’axe. Il a un super pied gauche. Il a un super état d’esprit lui aussi. Comme Aïmen et Micka, Léo sort d’une belle saison. Alors qu’il était diminué physiquement, il a su s’arracher pour aider les Verts à retrouver leur vraie place, dans l’élite. C’est Léo qui réduit le score lors du barrage retour à Metz, sur une passe d’Aïmen d’ailleurs. Sur un corner de Dylan Chambost, un autre pur produit du centre de formation de l’ASSE. Lui aussi a fait une bien belle saison avant de partir pour une nouvelle aventure en MLS…



Dans la nouvelle génération verte, un jeune joueur de 18 ans fait des débuts prometteurs en Ligue 1. Je suppose que Mathis Amougou est à ton goût !

J’en avais pas mal entendu parler mais je ne l’avais pas trop vu jouer avant cet été. J’ai regardé les deux premiers matches de la saison des Verts. Franchement, il m’a vachement surpris. Ce jeune a vraiment beaucoup de qualités. Il ne se cache pas, il n’a pas peur de tenter, il se projette vers l’avant. Il a souvent cette intention de jouer vers l’avant, c’est une super qualité. Il m’a impressionné sur ces deux premiers matches. On sent qu’il a du talent, qu’il a vraiment quelque chose. Pour son âge, c’est prometteur ce qu’il a montré à Monaco et contre Le Havre.

Dans le football, ça va très vite. Il y a 2 ou 3 mois, tu envoyais Brest en Ligue des Champions et dans la foulée l’ASSE retrouvait l’élite. Las, après la fête, les défaites... Et si c’était plus qu’un simple retard à l’allumage pour les 2 clubs ? Le match de samedi opposera-t-il 2 concurrents pour le maintien ? Ces 2 premières journées sont-elles annonciatrices d’une saison très difficile pour les 2 clubs ?

C’est sûr que ce n’est pas l’entame idéale. En tout cas, en ce qui nous concerne, on est conscient qu’on peut faire mieux, on travaille en ce sens. Mais il faut garder la tête froide et ne pas s’alarmer. On n’est qu’au tout début de la saison, on a joué 2 matches, il en reste 32. Mais c’est sûr qu’on a à cœur de décrocher sans trop tarder notre première victoire, on va tout faire pour prendre les 3 points contre Sainté. On aimerait se mettre en marche.

Comment expliques-tu que ton équipe ait démarré sa saison par 2 revers ?

Je pense qu’il faut que l’on retrouve cette identité qu’on avait, qu’on redevienne une équipe dure à jouer. Il faut qu’on soit un peu plus solide collectivement. On a un peu perdu ça sur les deux premiers matches, même si je pense que sur le premier match, on est quand même puni assez durement. Les Marseillais ont 5 tirs cadrés et mettent 5 buts. Mais on a essayé de mettre de l’intensité. A Lens, le match était un peu plus mauvais de notre part, surtout en première période. Mais on a un groupe de travailleurs, on est conscient de nos qualités et de nos défauts. On travaille à remédier à ça.

A votre décharge, deux de vos meilleurs joueurs, Lilian Brassier et Steve Mounié, ont quitté le club et votre latéral gauche Kenny Lala s’est fait une grave blessure. Par ailleurs, un joueur important ne s’est toujours pas remis de sa blessure au péroné : Pierre Lees-Melou. Brest est en PLS sans PLM ?

(Rires) Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que Pierre est un joueur incroyable. Il était d’ailleurs dans l’équipe type de la Ligue 1 la saison dernière. Pour le moment il est blessé mais on espère le revoir le plus vite possible pour qu’il nous aide à passer ce moment. On sait qu’à Brest, c’est le collectif avant tout. On attend avec impatience d’avoir tout le monde.

A l’issue de votre défaite à Lens, Eric Roy a déploré que beaucoup de joueurs n’étaient pas au niveau de leur saison dernière. Il ne te visait pas car tu es le meilleur joueur brestois de ce début de saison selon Le Télégramme et Ouest-France. Mais tu comprends l’agacement de ton coach ?

Oui, on en a parlé entre joueurs et aussi avec le staff. On doit tous se remettre en question et se remettre dans le coup. On repart d’une feuille vierge. Le foot est une éternelle remise en question. La saison dernière était très belle, historique pour le club, mais c’est du passé. Une nouvelle saison a démarré, ce sera une autre histoire, une saison certainement plus difficile. On sait qu’à la base on est une équipe qui joue le maintien. On en est tous conscients. Il faut tourner la page et se concentrer sur les échéances à venir, à commencer par la réception de Sainté.

Mahdi, non seulement tu es le meilleur joueur du Stade Brestois cette saison mais en plus tu es le meilleur buteur de ton équipe. Tu as d’ailleurs marqué à toi tout seul plus de buts que tous les joueurs stéphanois réunis cette saison !

Faut que j’en profite alors car ça ne va pas durer ! (rires)

T’as claqué 10 pions en 70 matches officiels avec Brest, alors que t’avais scoré 9 fois en 105 rencontres en pro avec l’ASSE. Non seulement tu scores davantage pour les Bretons que lors de tes vertes années mais en plus tu mets de plus jolis buts. Tu travailles particulièrement la finition au Stade Brestois ?

C’est effectivement un domaine dans lequel j’ai pas mal progressé. Je travaillais déjà ça à Saint-Etienne avec Claude Puel. Je fais de plus en en plus de travail spécifique devant le but. Après les entraînements, il y a un adjoint, Bruno Grougi, qui met ça en place. C’est un ancien milieu offensif, il me donne beaucoup de conseils, il m’incite à tenter ma chance. Ça me réussit plutôt bien. Je pense que j’ai une bonne technique de tir et pour l’instant ça va au fond. Mais il me reste encore pas mal de progrès à faire. En match, je frappe au feeling. La répétition des frappes que tu fais à l’entraînement t’aide un peu parce que ça va tellement vite en match avec la pression, les joueurs autour... Je pense que ma réussite sur les tirs en match, c’est le résultat de ce que je bosse à l’entraînement avec le staff.

Quel est ton plus beau but sous le maillot vert ? Et pour le Stade Brestois ?

Sous le maillot brestois, je dirais celui que j’ai mis contre Toulouse le 19 mai dernier. Non seulement il est beau mais il est symbolique, c’est le premier des 3 buts de notre victoire 3-0 à Toulouse, un succès qui nous permet de finir 3e de L1 donc qualifiés en Ligue des Champions. Il a forcément une saveur particulière, je ne pourrai jamais oublier.

 

Je n’ai pas mis de très beaux buts pour Sainté. Ce qui est marrant, c’est que j’ai mis le tiers de mes 9 buts stéphanois contre… Brest ! J’avais en effet réduit le score à Francis Le Blé lors d’un match qu’on avait perdu assez largement.



Effectivement, on avait perdu 4-1. C’est un certain Olivier Dall’Oglio qui entraînait Brest à l’époque. Tu avais trompé Gautier Larsonneur - je t’interdis d’en refaire de même samedi ! – mais Franck Honorat et Irvin Cardona (entre autres) avaient trompé Jessy Moulin.

Oui, je m’en souviens. Et c’est aussi contre Brest que j’ai réussi un doublé. Cette fois-ci c’était à Geoffroy-Guichard. On avait gagné 2-1, c’est Denis Bouanga qui m’avait fait les deux passes décisives.

Mais si je ne devais retenir qu’un but de mes années à l’ASSE, je mentionnerais le tout premier. C’était contre Oleksandria, en League Europa. J’avais 20 ou 21 ans. Marquer en Coupe d’Europe pour mon club formateur, ça reste un moment très fort pour moi, ça a un peu lancé ma carrière.



Est-ce que tu peux nous promettre que tu ne marqueras pas ce samedi !

Non, je ne vous promets rien ! (rires) Je ferai tout pour gagner ce match. Si je peux marquer pour aider le Stade Brestois à l’emporter, tant mieux ! Mais comme je t’ai dit, après le match je redeviens le premier supporter de Sainté et j’espère que les Verts enchaîneront les bons résultats après la trêve internationale.

Tu ne vas quand même pas tromper Gautier Larsonneur pour son grand retour à Brest, devant sa famille et tous ses proches ?

J’ai beaucoup de respect pour ce gardien qui a été lui aussi l’un des grands artisans de la montée des Verts en L1. Mais si j’ai l’opportunité de lui marquer un but, j’essaierai de la saisir. Si d’aventure ça devait se produire, je ne célèbrerai pas le but. J’ai trop de respect pour l’ASSE, j’y ai passé tellement de belles années... Samedi, ce sera un adversaire. Comme contre n’importe quel adversaire, je vais tout donner pour gagner. Mais hors de question d’écorner le respect et l’amour que j’ai pour mon club formateur. Si je marque contre les Verts, je ne serai pas démonstratif, ça restera à l'intérieur.

As-tu le sentiment d’avoir franchi un palier depuis que tu as rejoint Brest ou considères-tu que tu as sensiblement le même niveau qu’à Sainté ?

Je ne suis pas forcément le même joueur que je ne l’étais à Sainté. Quelque part, c’est normal. Je pense que je suis un joueur qui progresse au fil des années. Quand j’ai quitté les Verts pour Brest, je venais tout juste d’avoir 24 ans. J’ai aujourd’hui deux années de plus. Deux saisons supplémentaires en Ligue 1 de surcroît. Je crois que je viens d’atteindre la barre des 150 matches dans l’élite [85 matches de L1 avec l’ASSE, 65 avec le Stade Brestois, ndp2]. Tous les coaches que j’ai eus, que ce soit à Sainté ou à Brest, m’ont aidé à progresser.

Je pense que je suis un meilleur joueur aujourd’hui que lorsque j’étais à Sainté. Mais j’estime que j’avais déjà un bon niveau quand je défendais les couleurs de l’ASSE, avec des hauts et des bas bien sûr, avec mes qualités et mes défauts. Mais après ce sera pareil, je pense que dans 2 ans je serai meilleur que je ne le suis aujourd’hui. Je suis quelqu’un qui travaille beaucoup, qui veut toujours progresser. Je considère qu’à 26 ans j’ai encore une marge de progression. Je trouve que techniquement je me suis amélioré à Brest mais que je peux encore mieux faire.

A Brest, je joue à un poste qui est un peu plus « box to box » qu’à Saint-Etienne. A l’ASSE, j’étais un peu plus devant la défense et je récupérais des ballons. Là, je pense que je me projette un peu plus, le staff me demande de me projeter pas mal dans la surface. C’est pour ça aussi que je marque plus de buts. A Sainté, j’ai joué à beaucoup de postes différents : arrière droit, défenseur central, milieu. A Brest je me suis implanté au milieu de terrain à un poste que je répète chaque week-end. Je pense que ça m’aide à progresser.

Je joue milieu excentré droit dans un 4-3-3. C’est le dispositif qu’on utilise le plus. Un 4-3-3 avec une pointe basse et deux relayeurs. C’est à droite que j’évolue le plus souvent. Dans certaines séquences tu peux avoir l’impression que je joue carrément ailier droit car j’évolue sur le côté de Romain Del Castillo, un joueur fin techniquement qui aime bien aussi rentrer dans l’axe. Il nous arrive donc de permuter pour faire un peu chier l’adversaire. On a pas mal d’automatismes avec Romain sur ce côté, on s’entend plutôt bien.

Il arrive ponctuellement que le coach Eric Roy mette un autre dispositif tactique en place. On l’a vu à Toulouse. Là-bas on avait joué avec Hugo Magnetti en pointe basse du losange, Kamory Doumbia en pointe haute, Mathias Pereira Lage côté gauche et moi côté droit. Contre Paris aussi on avait joué en losange, avec plus de densité au milieu. Le staff sait s’adapter, même si on aime imposer notre patte. On peut réserver une petite surprise aux Stéphanois ! (rires) On ne sait pas, on verra !

A moins que vous réserviez ces surprises à vos adversaires en Ligue des champions. Le tirage a lieu ce jeudi. Sur quels adversaires aimerais-tu tomber ?

On en a parlé un petit entre joueurs, tu t’en doutes. Perso j’aimerais un déplacement en Angleterre. C’est un championnat que j’aime beaucoup, j’ai envie de goûter cette ambiance. J’aimerais bien jouer contre Liverpool à Anfield où aller à Londres pour défier Arsenal. Ce serait cool aussi de tomber contre l’Inter ou le Milan AC. San Siro, ça fait toujours rêver. Après, on ne fera pas la fine bouche si on tombe contre Manchester City, le Real, le Bayern ou le Barça ! (rires)

Ce qui serait sympa aussi, c’est de jouer contre le Dinamo Zagreb pour retrouver Ronaël Pierre-Gabriel, on a fait nos armes ensemble à Sainté, on est de la même génération 1998. Tomber sur le Red Bull Salzbourg pour retrouver Lucas Gourna, je ne dirais pas non ! Comme il y a Willo à Arsenal, y’a peut-être moyen de se faire un groupe de Ligue des Champions « made in Sainté », ce serait top ! » (rires) En tout cas je trouve ça bien qu’on soit plusieurs joueurs issus du centre de formation de l’ASSE à participer à la plus prestigieuse des compétitions européennes !

Le gros bémol en ce qui nous concerne au Stade Brestois c’est qu’on ne pourra pas recevoir nos adversaires européens à Francis Le Blé car le stade n’est pas aux normes de l’UEFA. Du coup on va devoir jouer au Roudourou.

Quitte à devoir jouer ailleurs qu’à Brest, t’aurais pas préféré jouer la C1 à Geoffroy-Guichard ? Tu n'as pas suggéré ça en interne ?

Ah, moi je n’aurais pas dit non mais je n’ai pas suggéré cette piste (rires). Geoffroy, ça fait un peu loin de Brest quand même, ça aurait été compliqué pour nos supporters. Mais si les supporters stéphanois étaient venus se greffer pour supporter Brest comme ils supportent leur équipe d’habitude, ça aurait été un gros plus pour nous. Mais on compte sur nos supporters pour venir au Roudourou. Bien sûr ils sont déçus comme nous que de telles affiches ne puissent pas se dérouler à Francis Le Blé. Pour la ville aussi c’est dommage que la fête se déporte à Guingamp.

C’est une vraie déception, on aurait tellement aimé jouer à Francis Le Blé ! C’est notre stade, on y est très attaché. La saison passée, je crois qu’on a perdu qu’un seul match chez nous, contre Paris. Ah non, j’oubliais qu’on s’est incliné contre Monaco. Au final, on n’aura perdu à domicile que contre les deux seules équipes qui ont fini devant nous. Ça montre bien que ce n’est pas facile de venir gagner à Francis Le Blé. C’est un stade particulier, assez petit et plutôt chaud, on sent le soutien du public. Ça fait du bruit avec les ultras notamment. On espère que nous supporters mettront la même ambiance au Roudourou. On aura besoin d'eux pour faire des exploits.

Quelles sont vos ambitions en Ligue des Champions ?

Franchement, on n’en a pas trop parlé. Bien sûr, on attend tous le tirage pour connaître nos futurs adversaires et les belles affiches que cette compétition va nous offrir mais pour le reste, on est vraiment comme la saison dernière, on prend vraiment match par match. Là, on ne pense qu’à Saint-Etienne depuis le début de la semaine. La Ligue des Champions, on y pensera quand ça va arriver. La priorité, c’est le championnat. Il a commencé et mal commencé, on a 0 point après 2 journées. On se concentre sur la réception de l’ASSE. On parle bien plus du match contre les Verts que du tirage au sort.

Cette petite musique de la Ligue des Champions, quand est-ce qu’on aura la chance de l’entendre dans le Chaudron ? Dès la saison prochaine, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, quand on sera 6 pieds sous terre ?

Non, non, elle va arriver, en tout cas je l’espère. Les supporters des Verts méritent les plus belles affiches et de vivre la Ligue des Champions. Bien sûr, je ne sais pas quand ça arrivera, mais je sais que l’ambiance sera magique là-bas.

Mahdi, ta valeur a triplé depuis que Brest t’a acheté pour 3 M€. Si l’on se fie à Transfermarkt, tu es désormais le 3e joueur le plus bankable du Stade Brestois derrière Romain Faivre (15 M€) et Bradley Loko (12 M€). Selon ce site, tu vaux actuellement 10 M€, comme tes coéquipiers Pierre-Lees Melou et Romain Del Castillo. Le mercato n’est pas fini et on sait qu’il s’emballe souvent les deux derniers jours. Vu tes qualités, on ne peut pas exclure qu’un club de Premier League par exemple tente de t’acheter. Si c’est le cas, tu réagiras comment ?

Moi je veux jouer contre Saint-Etienne, c’est mort ! (rires) Après, on ne sait pas. Il est vrai que la Premier League est un championnat qui m’a toujours fait rêver depuis que je suis jeune. C’est un objectif aussi dans ma carrière. Mais présentement je suis focus sur ce que j’ai. Et ce que j’ai, en ce moment, c’est un club qui croit en moi, qui est le Stade Brestois. On a une super saison à vivre ensemble avec tous les potes, tous les coéquipiers et le staff. Je pense surtout à ça.

Tu as eu des sollicitations cet été ?

Quand tu fais une bonne saison, avec de bons résultats, on te voit différemment, tout le monde a des sollicitations. Ce sont des trucs qui arrivent dans le foot.

Il arrive aussi dans le foot qu’on se fasse éclater à domicile. A ce propos, la dernière fois que t’as affronté une équipe entraînée par Olivier Dall’Oglio, ton premier match sous le maillot brestois s’était soldé par un 0-7 à Francis Le Blé. Tu penses que ça peut se reproduire samedi ?

Houlà, tu ravives un bien mauvais souvenir ! Je venais de quitter Sainté sur un 0-6 contre le Havre, et j’avais pris en effet un 0-7 contre Montpellier pour mon premier match avec Brest. On va dire que ce n’était pas la meilleure période de ma vie de footballeur ! (rires) Dans le football, on ne sait jamais ce qui peut se passer, mais je ne pense pas que je revivrai une défaite aussi lourd à la maison. En tout cas je ferai tout pour gagner ce match contre Sainté. Je suis un compétiteur et j’espère que samedi sur le coup de 19h00 on aura nos trois premiers points de la saison en poche.

Merci à Mahdi pour sa disponibilité