NBA: Sarkozy félicite Parker
MVP des Finals NBA remportées sans coup férir par les Spurs de San Antonio, Tony Parker a reçu les félicitations du président de la République. "Vous êtes le symbole de la France qui gagne et des valeurs individuelles et collectives du sport, que je souhaite particulièrement défendre. Vos résultats font honneur aux filières de formation sportives françaises dont vous avez été l'élève", écrit Nicolas Sarkozy. "Au nom de la France, je vous dis toute ma fierté pour cette réussite exceptionnelle", conclut le chef de l'Etat.
Un jeu Parker
Désormais triple champion NBA avec les Spurs, double All-star, et, cette année donc, MVP des Finals, mais également sportif français le mieux payé et en passe de passer la bague au doigt à Eva Longoria, Tony Parker n'en finit plus d'accumuler les succès. A 25 ans, le Tricolore est ainsi devenu l'un des joueurs majeurs de la Ligue. Une consécration des plus logiques au vu de sa progression linéaire, son talent et son sérieux ne cessant de lui faire franchir les différents paliers à vitesse grand V.
Et dire qu'il y a une dizaine d'années Tony Parker enrageait à chaque victoire des Spurs... L'action se déroulait en Normandie. Les Spurs étaient composés de son jeune frère TJ et d'un ami venu faire le nombre tandis que Tony et Pierre, le benjamin de la fratrie Parker, se rêvaient sous l'uniforme des Bulls. Et TJ, meneur au PBR, d'expliquer: "Les parties se disputaient au meilleur des sept matches comme les finales NBA. C'était notre rêve de gosse. Et le plus cocasse est donc qu'il vit son rêve sous le maillot de l'équipe qu'il adorait battre quand il était plus jeune."
Ces joutes sur les playgrounds normands ne sont pas tout. Après avoir fait ses classes dans différents clubs de la région, TP est repéré lors d'un tournoi minimes et intègre l'Insep où il continue sa progression, terminant ainsi meilleur marqueur français de N1 malgré ses 16 ans avant de rejoindre le PSG. S'il s'acclimate très rapidement à la Pro A, Parker joue peu lors de sa première saison dans le club de la capitale puisque barré par Laurent Sciarra, le meneur titulaire. Il se console en remportant le titre de champion d'Europe avec la sélection juniors en Croatie, son meilleur souvenir jusqu'au triomphe de San Antonio face à New Jersey.
Sciarra parti sous d'autres cieux, sa deuxième année au PBR est bien plus accomplie et donne quelques idées aux scouts de la NBA. D'autant qu'ils ont tous en mémoire la magistrale prestation de TP lors du Nike Hoop Sumitt, une rencontre opposant les meilleurs lycéens américains à une équipe formée de la crème des espoirs du monde entier. Parker y représente la France et laisse parler son talent avec 20 points, 7 passes et 4 rebonds.
Bonne pioche pour les Spurs
Aussi est-il confiant lorsqu'il se présente à la draft en 2001, faisant fi du passage considéré généralement comme obligé dans les universités NCAA. Pourtant la soirée du 27 juin 2001 ne se passe pas exactement comme prévu puisqu ni Boston (21e), ni Orlando (22e) ne le sélectionnent. C'est finalement San Antonio qui jette son dévolu sur le meneur français en dernière position du premier tour.
Une nouvelle fois, les recruteurs des champions 99 ont eu le nez creux et le GM R.C. Buford a su se montrer persuasif après un premier workout complètement manqué par le prospect parisien peu avant la draft. Buford compile les plus grands faits d'arme de TP, notamment les meilleures actions du Nike Hoop Sumitt au cours duquel il avait dominé Darius Miles et Omar Cook, et force Gregg Popovich à regarder la cassette en lui assurant: "Tu en feras un titulaire après seulement dix matches. Il possède une maturité incroyable pour son âge." Un deuxième workout bien mieux appréhendé par TP finira de convaincre l'entraîneur texan.
Buford était en fait en dessous de la vérité puisque, malgré la présence d'Antonio Daniels et de Steve Smith dans l'effectif texan, Parker gagne ses galons de titulaire dès son cinquième match chez les Spurs et devient du même coup le plus jeune meneur dans le cinq de départ de l'histoire de la NBA. Sa progression n'a alors de cesse de s'accélérer. Après une première saison régulière bien maîtrisée et sanctionnée d'une apparition au rookie-game lors du All-star week-end, TP explose sur le devant de la scène lors des playoffs. Il y domine en effet la référence es-meneur Gary Payton et tourne à 16 points de moyenne contre 10 en saison régulière avant de se heurter, comme tous les Spurs, à l'implacable domination des Lakers.
Au sommet dès sa deuxième année
La deuxième année dans la grande ligue est celle de la confirmation et Parker ne manque pas la marche puisqu'il devient la seconde arme offensive de San Antonio et participe activement à la saison de rêve de la franchise texane. Ses statistiques sont à la hausse avec un séduisant 15 points-5 passes de moyenne et bien qu'irrégulières, ses prestations en playoffs ont fini d'impressionner les observateurs et le public. Au point de devenir l'un des héros des Finals face aux Nets et à leur vedette Jason Kidd, le duel du kid face à Kidd étant d'ailleurs monté en épingle par les médias américains. Et si l'ancien Parisien brille encore par son inconstance, au point d'assister du banc et en mode boudeur au sacre texan lors du dernier match, le Français n'en entre pas moins dans l'histoire du basket français en décrochant son premier titre NBA.
Et force est de reconnaître que l'intersaison qui suit le triomphe des Spurs est des plus mouvementées pour l'ancien pensionnaire de l'Insep. Non seulement dans les médias, Parker devenant l'attraction médiatique de l'été de ce côté-ci de l'Atlantique, sur les parquets, avec un Euro suédois au goût d'inachevé pour la nouvelle icône bleue, mais également en coulisses puisqu'il prend de plein fouet la volonté affichée de ses dirigeants d'attirer Jason Kidd, agent-libre, sous le soleil texan. Pour ce faire, l'encadrement de la franchise s'adonne à une véritable parade pré-nuptiale pour séduire le joueur des Nets: dîner chez Pop', tour de la ville commenté par Tim Duncan lui-même, rien n'est laissé au hasard. Si ce n'est la réaction d'un Parker forcément contrarié par le peu de confiance manifestée par le staff de San Antonio à son égard.
Et il faut toute l'habilité de Gregg Popovich pour faire oublier à l'ancien Parisien cette infidélité et repartir en campagne comme si de rien n'était. Ses statistiques ont beau stagner, les Spurs ont beau céder en playoffs face aux Lakers après, entre autres, un effondrement de leur Français, TP tutoyant en effet les sommets durant les deux premiers matches avant de toucher du doigt ses insuffisances au niveau de l'adresse extérieure, l'intransigeant entraîneur texan est définitivement convaincu par son meneur. Au point de prendre fait et cause pour lui au moment des négociations avec Peter Holt, le propriétaire de la franchise, au sujet de son nouveau contrat. Il lui aura fallu attendre la dernière minute, mais comme désiré, Parker décroche le jackpot avec un contrat de 66 millions de dollars sur six ans et devient ainsi le sportif français le mieux payé. De quoi lui mettre une sacrée pression au moment d'attaquer la saison 2004-05.
La reconnaissance de Pop'
Pour autant, le soutien du coach texan ne se dément jamais. Malgré un début de saison joué à l'envers, le Français déjouant à force de vouloir faire honneur à ce nouveau contrat, Parker réalise sa saison alors la plus accomplie dans la Ligue. Auteur de 16,6 points à 48,2% de réussite aux tirs et 6,1 passes de moyenne en saison régulière, il poursuit ainsi sa progression entamée depuis son arrivée dans le Texas. De quoi caresser du doigt une première sélection pour le All-Star Game. En vain. Aussi faut-il bien les bras de sa nouvelle dulcinée Eva Longoria, pour le consoler de cette déception, Manu Ginobili, son compère argentin, lui soufflant, à juste titre, le billet d'entrée au match des étoiles. Mais plus que ces statistiques flatteuses et sans faire allusion à son piètre 27% de réussite à longue distance et son 65% sur la ligne des lancers, c'est l'épanouissement de TP dans son rôle de meneur qui remplit d'aise Popovich.
Et tant pis si le Français a une nouvelle fois connu quelques trous noirs lors des playoffs 2005, entamant ainsi, face aux Sonics, la série en fanfare avant de baisser de pied. Tant pis s'il a éprouvé bien des difficultés face à un Chauncey Billups plus puissant. Ou s'il a dû le plus souvent s'effacer au profit de Ginobili dans la quête de ce nouveau titre NBA, le deuxième de sa carrière. Non content d'avoir globalement haussé le ton pour terminer avec 17,7 points de moyenne sur la phase finale et d'avoir fait preuve d'une défense dans la pure tradition texane, Parker a alors prouvé au staff de San Antonio qu'il était prêt à franchir un nouveau palier.
Et si l'encadrement de la franchise s'étoffe, durant l'été, avec l'arrivée de Chip Engelland, grand spécialiste de la mécanique du tir et missionné pour offrir une adresse extérieure consistante au meneur français, c'est bien à coups de pénétrations dévastatrices que TP devient une terreur des raquettes. A tel point que fort de ses 19 points de moyenne à près de 55% de réussite aux tirs, l'ancien Parisien, devenu première offensive des Spurs devant Duncan lui-même, est désormais reconnu comme le joueur le plus adroit de la Ligue et parmi les plus prolifiques près du cercle! De quoi bien mériter une première invitation pour le All-Star Game, qui le fait entrer un peu plus dans le gratin de la Ligue.
La consécration
Tony Parker: un troisième titre NBA, un premier de MVP des Finales, un mariage à venir...Tony Parker: un troisième titre NBA, un premier de MVP des Finales, un mariage à venir...
Hélas, si la saison est particulièrement réussie sur un plan personnel, ce en dépit d'un été encore chargé avec à la clé une médaille de bronze lors de l'Euro serbe, elle s'achèvera sur un couac pour les Spurs. Malgré son meilleur bilan, à l'Ouest, en saison régulière, San Antonio succombe en effet au septième match des demi-finales de Conférence face aux Mavs, et ce en dépit des 22 points de moyenne affichés par son meneur. La faute notamment à des douleurs récurrentes à la voûte plantaire qui ont handicapé Duncan.
Duncan rétabli tout comme Parker, blessé au doigt lors de la préparation aux Championnats du Monde, San Antonio pouvait évidemment nourrir quelques ambitions au coup d'envoi de la saison. A juste titre donc, car après un début d'exercice difficile, Popovich mettant en exergue à maintes reprises les errances défensives de ses troupes, les Texans trouvaient la bonne carburation après l'hiver en s'appuyant sur son chef d'orchestre tricolore, de nouveau convié au bal des étoiles cette année et à 18,6 points de moyenne en saison régulière.
Et 2007 restera donc l'année de tous les bonheurs puisqu'avant de convoler en justes noces avec Eva Longoria, TP a donc ajouté une troisième bague de champions à sa collection et, cerise sur le gâteau, la récompense de MVP des Finales. Profitant à plein de sa vitesse face à des défenseurs approximatifs, mais s'appuyant également sur une inhabituelle adresse à longue distance, avec ainsi un 4 sur 7 à trois points, Parker y a en effet affiché une impressionnante moyenne de près de 25 points par match à 57% d'adresses ! Du grand art qui méritait les félicitations de tous. De Duncan: «Il nous a portés tout au long de la série. Ça a été le joueur le plus constant et il a su nous faire profiter de son efficacité.» à Popovich : "Il était le joueur clé de la série car c'est son agressivité qui devait donnée le ton. Et il a parfaitement réussi sa mission, prenant du coup confiance dans les autres secteurs du jeu comme le tir extérieur." Du rêve à la réalité...
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