ForeverGreen wrote:@Martien
Sur le premier point, je serais tenté de dire que ça dépend du contexte, mais dès que la femme peut le ressentir comme lourd, c'est qu'une limite a été franchie. Aller dire à une femme à qui tu n'adresses pas la parole qu'elle est charmante sans rien d'autre avoir à lui dire, c'est sexiste pour moi, si ça vient naturellement au cours d'une discussion, ça ne l'est pas, pour répondre précisément à ton exemple.
Deux choses :
Premièrement, je suis en désaccord absolu avec l'idée qu'un comportement se définit uniquement par le ressenti de la "victime". Il y a des réalités objectives. Si un type pète un câble parce qu'il estime que tu lui as manqué de respect en le fixant, alors que tu avais juste le regard perdu dans tes pensées, ce n'est pas toi qui es en tort. Certaines personnes sont susceptibles voire complètement dingues, c'est un fait.
Deuxièmement, c'est une
évidence que je ne pensais pas à la situation d'un type qui sortirait ça à une inconnue sans jamais lui avoir adressé la parole avant. J'ai bien parlé de collègue, donc quelqu'un avec qui tu as un minimum de lien, et dans un certain contexte.
Après, excuse moi mais autant je peux comprendre qu'on soit gêné par les remarques bien lourdes ("wesh t'es bonne"), autant je trouve qu'un "je vous trouve charmante" avec un petit sourire ne mérite quand même pas une répression hystérique. Tu peux ne pas aimer et le faire comprendre à la personne, de là à parler de harcèlement...
Et franchement, beaucoup de "compliments" en lesquels consistent la drague sont d'une lourdeur terrifiante que je n'aimerais personnellement pas avoir à subir.
Je n'ai pas dit le contraire, il y a beaucoup de gros lourds qui me font honte en tant que mec. Les sifflements, ou les remarques grivoises sont un véritable manque de savoir vivre. Mais je te renvoie à mon analyse sur les causes de ce phénomène (notamment sur les schémas de séduction, qu'on est obligés de prendre en compte si on dénonce les comportements masculins).
Pas mal d'exemples montrent des cas de chefs d'entreprises, des hommes politiques, de stars du show-business user de ces méthodes.
C'est encore un autre problème, à mon sens. Je ne trouve pas qu'on puisse comparer un type socialement marginalisé qui va aux putes ou qui fait de la drague de rue parce qu'il ne connaît pas d'autres moyens d'aborder la gent féminine, et un puissant qui traite les femmes (et tout le monde d'ailleurs) comme de la merde parce qu'il se croit le roi du monde, par sentiment de supériorité. D'un côté on est dans le désespoir, de l'autre dans l'abus de pouvoir. La petite "racaille" de banlieue et Berlusconi ne sont pas guidés par les mêmes buts et les mêmes raisons.
Quant à la phrase précise "Et des bourgeoises viennent leur dire qu'ils sont dominants !", je crois que tu réponds toi même à l'illogisme en précisant qu'il existe de la nuance dans les rapports de domination. Lorsque le rapport est un rapport de classe, un rapport socio-économique, ils ne sont pas dominants, mais quand ce rapport devient, et c'est notamment le cas dans le cas du harcèlement de rue, celui d'un homme par rapport à une femme, ils deviennent les dominants, oui.
Je réfute ce point pour une raison simple. Si d'un côté tu as une jolie bourgeoise satisfaite sexuellement et affectivement, qui peut avoir n'importe quel homme, et de l'autre un prolo qui est doublement pénalisé dans les rapports de séduction (d'abord parce qu'il est un homme, ensuite parce que son statut social ne lui offre que de possibilités auprès des femmes), il n'est EN AUCUN CAS dominant par rapport aux femmes. Il est peut-être dominant dans le laps de temps où il harcèle la bourgeoise, mais c'est une illusion sporadique, car de manière générale sa vie est inférieure à la sienne en tout, et il ne la domine en rien !