martien wrote:ForeverGreen wrote:martien wrote:alexioninho wrote:Premiers sondage en Espagne sortis des urnes.
Droite en tête mais impossibilité de construire un majorité tant ils sont isolés ...
Podemos second, devant Parti socialiste, et certainement très proches de pouvoir constituer ensemble une majorité de gouvernement, mais avec cette fois à sa tête le plus à gauche des deux.
Les prochains jours vont être passionnants.
Il n'y a rien à droite du PP en Espagne ? Pas de droite "populiste" façon FN comme partout en Europe ?
C'est un peu différent. Je ne connais pas parfaitement l'Espagne, mais les partis d'extrême-droite sont proche de l'héritage franquiste (la Phalange notamment), ça ne doit pas aider à ce qu'ils fassent de gros scores. D'autre part, le PP, c'est quand même très conservateur, sûrement un peu plus que les Républicains en France, une sorte d'intermédiaire en LR et le Fidesz hongrois, ce qui permet d'attirer un certain nombre de conservateurs qui votent extrême-droite partout ailleurs en Europe.
Oui, ça me parait assez juste. Le PP est effectivement plus conservateur que LR, mais cependant il n'est pas, à ma connaissance, nationaliste. Il me semble que c'est un parti plutôt libéral, qui ne refuse pas la mondialisation, qui n'est pas eurosceptique, et qui n'est pas extrême sur le plan de l'immigration. Or, c'est précisément sur ces questions que les Européens ont tendance à suivre de plus en plus les partis de droite populiste / nationaliste. D'où mon étonnement quant au fait que l'Espagne soit l'un des seuls pays d'Europe (voire le seul parmi ceux qui me viennent à l'esprit, mais je ne connais pas tout) à ne pas voir émerger un parti de ce type. Même en Suède les natios prennent une importance sérieuse, c'est dire.
Merci Alex pour ta réponse. Mais qu'est ce qui explique cette spécificité justement, selon toi ?
Ils semblent que les sondages se soient encore trompés. Le PP arrivent en tête mais sans majorité absolue. Le PSOE arrivent toujours second devant Podemos. Les deux ensembles n'ont pas de majorité absolue, et devraient faire alliance avec le partis nationalistes ce que le PSOE ne veut pas ...
le PP est effectivement libéral, europhile et modéré sur l'immigration. Il est par contre plus conservateur (et pas mal hypocrite) sur la moral et la religion.
Pourquoi il n'y a pas de partis d'extrême droite en Espagne ? C'est une question complexe, et les réponses sont multiples.
1) Une grande partie de la gauche et de la classe ouvrière a subi le franquisme politiquement et socialement ... Aucune envie de retourner à ces années en noir et blanc, de répression ... Aucune nostalgie. Impensable de nier la mémoire familiale à ce point ...
1) Le PP n'a pas fait une rupture de mémoire avec le franquisme ... Il ne l'a pas condamné, et beaucoup de ses membres sont des enfants ou petits enfants d'ancien dirigeants ou cadre franquistes .... Eux même ne veulent pas revenir à des temps antérieurs, mais ne les condamnent pas non plus ... Ils maintiennent une omerta sur la question qui a longtemps freiné la création de partis plus à droite ...
2) La société espagnole est profondément europhile. L'Europe est vue comme un progrès, une garantie dans un pays qui a souffert l'isolement pendant des décennies. On peut ne pas aimer l'Europe telle qu'elle est, mais on ne veut pas en sortir. Podemos ne veut pas sortir de l'Europe, ni de l'Euro ... Revenir a las Pesetas, je crois que personne ne peux l'imaginer. L'Europe est perçue comme un progrès. Une protection contre les propres démons du pays ... Les catalans par exemple renonceraient à une nation catalane pour une intégration européenne ...
3) la société espagnole souffre de la crise, mais elle reste profondément intégratrices et surtout conviviale, Bien sur, l'euphorie des années de Movida et de transition démocratique sont loin. Le pays est moins joyeux qu'autrefois, mais rien de comparable avec la désolation sociale, le champ de ruine social et humain qu'est devenue la France (ne le prenez pas mal), mais il n'y pas de cités et de quartiers interdit ... il y a des bars partout, les gens connaissent leur voisin, se parlent, gardent leurs enfants etc etc
4) c'est incroyable comme ce pays sans immigration extérieure a vécu comme changement en 30 ans, et est devenu cosmopolite en s'ouvrant au monde, à l'Amérique du sud, à l'Afrique , à l'Asie .. Avec la crise, on pouvait penser que tout aller exploser .... Et non, aucune explosion, tout le monde vit ensemble. Dans les villes ce sont les chinois qui achètent les vieux bars de quartier .. Ils ne changent rien, même pas la décoration, et les gens continuent d'y aller, à manger les mêmes tapas et à boire les même bières .... Il y a peu, je regardais le poster de l'équipe du Depor de l'époque de Rivaldo dans un bar ... Les chinois qui avaient acheté le bar à des émigrés galiciens, n'avaient pas osé changé le poster .... Dès fois que ça fasse partir les clients ....
5) La gauche, Podemos, et de multiples mouvements de base ont occupé le terrain ... La, il y a une réflexion à faire. En France, il y a l'obsession de l'ordre, de la centralisation, ... Tout est vertical, doit venir du haut et rentrer dans une case .... La société espagnole est plus latine, plus bordélique, moins ordonnées ... Pas de profils Sicences PO et ENA pour formater toutes les pensées.... La Maire de Barcelone est une activiste qui a défendu les gens contre les banques pour leur logement, celle de Madrid une ancienne juge... ... C'est intéressant comme Podemos, dont le noyau a aussi cet héritage centralisateur (certains ont été assesseurs de Chavez au Venezuela) doit apprendre à négocier avec les spécificités locales, régionales, à les intégrer jusque dans leurs contradictions, comme même au sein de ces organisations flexibles, les professionnels de la politique ou les tenants de l'ancienne gauche (ceux qui viennent du PCE par exemple) doivent apprendre à composer avec une société en mouvement, qui ne suit pas passivement ... Le summum est la CUP en Catalogne, ce mouvement totalement municipaliste, indépendantiste et quelque peu anarchisant, qui fait voter ses décisions importantes par ses militants (dont celle de voter l'investiture du gouvernement catalan) ....
Tout ces mouvements montrent et maintiennent uns solidarité sans faille avec les migrants. La Maire de Barcelone a ainsi revendiqué l'accueil de réfugiés syrien et dénoncé le gouvernement espagnol à Bruxelles ... Son avantage ? Personne ne peut l'accuser de ne pas être solidaire avec les siens et les souffrances des espagnols ...