Couramiaud Poitevin wrote:Fourina wrote:Désolé de casser l'ambiance.
Je ne pense pas être le seul à être dans ce cas... si je suis pour Saint-Etienne c'est que je suis d'ici, que j'y habite et que mon père était aussi de la région et supporter des Verts. La poésie et la pensée s'arrête là pour moi. C'est moche à dire, mais si j'étais né chez les sacs à merde qui nous servent de voisins, logiquement je serais pour l'ol.
Je te suis tout à fait, c'est pourquoi je ne comprends pas cet antagonisme entre supporters de deux clubs différents : ils sont parfaitement symétrique, les propos haineux qu'on peut lire même sur ce forum sont parfaitement artificiels puisque le supporter d'en face est le reflet de nous même. On voit bien que cette détestation et cette castagne est animée par les mêmes facteurs qui provoquaient autrefois des mini guerres entre jeunes de deux villages voisins : ça tient du rite de passage, de l'affirmation de sa propre virilité...
Mais c'est sur les mêmes mécanismes que certains jouent pour provoquer des guerres et amener des jeunes à risquer leur vie et celle des autres. Le foot est-il un progrès en sublimant ces instinct sous la forme du jeu, une soupape sociale ou on laisse les personnes exprimer leur haine de façon dérisoire pour ne pas être plus dangereux ailleurs (l'opium du peuple), ou un terreau dangereux ou certains se préparent à d'autres violence ?
Pour ce qui est des Lyonnais, un énervement légitime est du au fait que le football, c'est de façon un peu historique désormais le porte-drapeau de tout le Forez, avec ses vallées, ses plaines, ses monts, son identité faite de ruralité et d'industrie, une petite région méconnue du reste de la France.
Et voilà que Lyon, la métropole si proche , qui a déjà tout, se pique de venir nous concurrencer sur ce qui nous a fait connaitre au niveau national. C'est un peu moche, mais c'est presque inévitable, vu l'importance mondiale du football. En tout cas, c'est énervant.
Je te suis en partie aussi le Couramiaud du Poitou. Je pense que pour beaucoup cette quasi-haine est plus fort qu'eux. Je ne l'explique pas chez moi, même par des explications rationnelles historiques et actuelles, qui ne devraient pas déclencher tant de rejets, en tout cas pas à ce point
.
Pour l'histoire puisqu'on on reparle : le Comté de Forez s'est totalement détaché de l'ancien
pagi lyonnais et donc de son autorité au XIIe siècle,
pagi qu'on pourrait d'ailleurs lui-même qualifier d'héritier des antiques terres ségusiaves, le peuple gaulois qui s'étendait plus ou moins sur la Loire actuelle et une bonne partie du Rhône (jusqu'à la rivière de la Saône).
Petit comté, le Forez est joint malgré lui à la Généralité de lyon peu après sa réunion au domaine royal au XVIe siècle, mais ce n'est pas pour autant que les Foréziens souhaitent maintenir cette "union" à l'époque révolutionnaire. Il suffit de lire les cahiers de doléance de l'époque pour comprendre que globalement, mais je n'ai fait aucune statistique bien sûr, la plupart des paroisses étaient contre cette unification qui était autrement plus centralisatrice que sous l'Ancien Régime.
Par contre Saint-Etienne n'était pas forcément contre, puisque la bourgeoisie locale domine et jalouse la vieille Montbrison monarchiste qui possède encore tous les pouvoirs alors qu'elle n'est plus depuis longtemps la principale ville de la province. Et Saint-Etienne est mieux connecté à lyon qu'à Montbrison, un gros point pour le commerce et les échanges. Aucun intérêt alors pour Saint-Etienne de se retrouver dans un département dont elle ne serait de toutes façons pas la Préfecture, du moins à court terme.
Néanmoins je ne pense pas dire de bêtises en affirmant que si le département de Rhône-et-Loire a été scindé en deux, c'est d'abord pour punir et affaiblir lyon qui s'est soulevé contre la Révolution. Montbrison a été aussi contre-révolutionnaire, et Saint-Etienne dans une moindre mesure (et tardivement), mais ça ne rentre que peu en jeu je pense. D'ailleurs cette scission de ce département éphémère bénéficie à l'ancienne province finalement, et Montbrison récupère son rang de capitale locale peu après que Feurs l'ait obtenu (on y coupait les têtes).
Aujourd'hui, ce sont les coupes budgétaires et la volonté de toujours tout centraliser, plus au niveau de l'Etat mais au niveau régional aujourd'hui, qui m'agace LEGEREMENT. Et puis il y a cette métropolisation qui se joue partout dans le monde, qui fait que les grandes villes captent les énergies de l'espace proche alentours. Et je nous vois difficilement lutter contre: soit on s'éloigne de lyon, soit on s'en rapproche (non merci). Mais se situer entre les deux comme on le fait actuellement, je n'en vois pas l'utilité.
