Bon je devais répondre au questionnaire et me couvrir de ridicule puisque je lis beaucoup moins que les précédents contributeurs, deux ou trois livres par an au sens stricto sensu de littéraire.
Sinon des ouvrages illustrés de peinture, de musique, de photographie, de cinéma muet, d'architecture, de pin up des années 60 ... pourraient gonfler mes statistiques.
Mais si Marat ne revient pas, et bien je ne réponds pas non plus
Et puis non, les chers disparus doivent continuer de vivre à travers notre souvenir, alors on va faire comme s'il était encore parmi nous et peut-être un jour reviendra-t-il ?
Je lui ai dit que l'on se ressemblait trop et qu'il n'y aurait aucun intérêt à passer nos vacances ensemble. Je me suis trompé car si nous avons en commun un sens plus pragmatique qu'idéaliste, je suis nettement plus sensuel qu'intellectuel, pragmatique sensuel, je suis (j'essaye de me comprendre
)
Je suis assez détaché de la politique et de tout ce qui rattache aux contingences de la société, la recherche du savoir n'est pas du tout ma quête même si j'aime beaucoup lire des personnes intelligentes et apprendre d'elles. Ma préférence va vers l'indiscible, le non intelligible, j'aime par dessus tout l'image et le son.
J'aime beaucoup la poésie car c'est la forme littéraire la plus proche, la plus dématérialisée. Même si bien entendu la construction est savante et que l'on peut rechercher la compréhension derrière les seuls sons. A titre d'exemple déjà cité par d'autres ici, j'ai lu "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire dans ma jeunesse sans aucun recul sur la compréhension, sans aucune analyse des poèmes, et j'ai adoré. Plus tard je me suis attaché à comprendre le sens derrière les mots et tout le merveilleux est qu'ils correspondaient à ce que la musique des vers m'avait déjà amené.
Mon dernier livre lu c'était l'été dernier pendant les vacances, "Mailman" de J.Robert Lennon.
En descriptif succinct de l'objet :
La couverture est du Kraftpack de 308 grammes imprimé en offset, puis durement cogné. Comme s'il n'avait pas déjà assez souffert. Le papier intérieur est du Lac 2000 blue white de 80 grammes, main de I,3. Les polices utilisées sont du Linotype Adobe Garamond (en majorité) et du Vendetta (en minorité). L'ouvrage mesure 140 mm de largeur sur 195 mm de hauteur et possède un dos de 35 mm. Et n'oubliez pas Mailman lit votre courrier. Edition Monsieur Toussaint Louverture.
Des artisans avec une telle passion et compréhension de leur auteur, je ne peux que laisser la liseuse à la fenêtre de chez Vermeer
Chaque journée d'Alfred Lippincott commence par le même rituel. Il croque vingt grains de riz brun en réfléchissant, yeux clos, à ses erreurs de la veille. Après, seulement, il est prêt à se lever. Un modèle de santé physique et mentale, Alfred ? Un sage dont imiter le mode de vie ? Pas vraiment. Quand on fait sa connaissance, en juin 2000, ce facteur (« mailman », en anglais) est sur le point de basculer dans « le chaos total » – professionnel, médical et personnel. Au point qu'il ne va plus du tout avoir le temps, au petit matin, de gober son riz. Et ce ne sont pas ses faux pas du jour précédent qu'il va revisiter, mais ceux de toute son existence. Ceux qui l'ont mené, là, à 57 ans, au bord du désastre. Ceux qui font de lui un antihéros inoubliable et de Mailman, de l'Américain J. Robert Lennon, ce roman tragiquement drôle, d'une noirceur joyeuse, l'un des plus marquants de ce début d'année.
Si ce facteur prend son travail à coeur au point de s'appeler lui-même Mailman, s'il a ressenti dès l'adolescence « une attirance incontrôlée pour le pouvoir irréversible du système postal », Alfred aurait pourtant du mal à réclamer le titre d'employé du mois. Son vice : subtiliser, ouvrir et lire en douce le courrier des habitants de Nestor, sa ville, le photocopier quand il en vaut la peine, avant de le recacheter et de leur déposer enfin. Lettres d'amour,...
http://www.lemonde.fr/livres/article/20 ... EXThZDx.99
Je voulais taper en extrait la scène de comptage des moutons pour s'endormir mais je ne trouve plus la page en question, je tombe sur d'autres extraits sur ce joli blog de lily :
https://lilyetseslivres.com/2014/02/25/ ... rt-lennon/
« C’est la grande occupation de toute existence, déplacer les choses sans cesse, car l’univers est rempli de matière qui meurt si elle ne bouge pas. Qui vit tant qu’elle se meut. Et puisque la vie existe, puisque le but de la vie est de continuer à vivre, et puisque l’essence de la vie réside dans le mouvement, alors il faut bouger. Tout comme le courrier, n’est-ce pas ? Chaque particule, chaque force, chaque émotion ; chaque pensée, chaque objet, chaque impulsion a une destination bien définie. Chaque donnée possède un objectif : la phéromone trouve son récepteur, le chien déterre son os, la phrase cherche son point final – et tout est comme le courrier. L’amour se trouve dans la molécule que la langue transmet à l’autre langue, il est dans l’onde de choc qui relie la langue au cerveau ; il est dans les grandes forces de l’univers, la quête effrénée des planètes pour leurs lunes et des étoiles pour leurs planètes ; il est dans le papier à lettre rose et parfumé, dans la main tendue, dans la tarte aux myrtilles. Tout se résume au courrier, tout se résume au facteur. »
J'adore ce style mêlant la réflexion à l'absurde, la démesure au dérisoire, le grand au petit, les verts aux vilains heu non
, un bouquin très rock'n'roll et sensuel