Olaf wrote:
- Première partie (avant la chanson) : Le problème ne se situe pas dans le choix de ta voiture, il se situe dans l'incapacité de vivre sans dans certaines zones géographiques. Il y a 60 ans, ce n'était pas le cas. Attention, je ne veux pas dire que tout était forcément mieux il y a 60 ans (je ne le pense d'ailleurs pas). Seulement la société a changé de telle façon que les pékins qui pouvaient choisir de prendre leurs jambes, leur vélo, leur charrette ou leur voiture, aujourd'hui n'ont pas le choix.
Je pense que la voiture a été une formidable invention pour les ruraux. Le samedi matin dans ma bonne ville située au pied des Monts du Forez, il y a marché. On peut remarquer sur celui-ci un grand nombre de ruraux d'un certain âge qui rencontrent leurs connaissances de différents patelins et ils sont heureux comme tout de faire la causette. Avant cela on les repère assez facilement en voiture qui ne sont pas de grosses voitures mais des petites françaises, le plus souvent relativement récentes et en bon état. Ils ne font pas beaucoup de km mais je pense qu'ils ont plus de respect pour elle que moi pour ma toto. Pourquoi parce que c'est elle qui les relie à la "métropole" locale dans laquelle ils voient du monde, des commerces, des restaurants, de la vie. Je pense qu'ils aiment beaucoup leur village mais ils ont également ce besoin. Les villages changent, la désertification rurale, la population vieillissante, la fermeture des écoles, des services publics...
Alors il y a 60 ans ce n'était pas le cas, des jeunes restaient encore au village. S'ils n'y sont pas restés c'est de la faute de la société de consommation tu vas me dire. Un peu court et facile de lui faire porter l'entier chapeau. Je pense qu'il faut prendre en considération les changements d'aspirations des jeunes qui sont devenus plus exigeants et je ne leur jette pas la pierre. Déjà Murnau en 1927 évoquait dans L'Aurore l'opposition entre les lumières de la ville et la sombre campagne (Marat ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, j'attends le compte rendu
). Aujourd'hui on entend parler de villes en souffrance de médecins généralistes alors que dans d'autres ça pilule de médecins. On ne peut pas incriminer la société de consommation, on peut consommer dans ces deux villes, c'est bien qu'il y a autre chose.
Quand bien même on dit souvent que c'est l'absence de boulot mais les entrepreneurs trouveraient des intérêts financiers à s'installer à la campagne et s'ils ne le font pas c'est parce qu'ils ont peur de ne pas trouver les salariés qualifiés pour s'y développer. C'est un peu le diable qui se mord la queue mais au plus prêt du troufion c'est l'absence d'appétence pour la campagne. Alors si des personnes comme toi rêvent de campagne depuis un milieu urbain dense et voient dans la campagne une planche de salut pour l'humanité débarrassée de toute consommation un Jurassic park in vivo de soixante ans en arrière, j'attends de vous voir quitter le radeau et de commencer l'expérience.
Olaf wrote:Dépendance d'autant plus terrible qu'une voiture, si tu additionnes pour un individu, l'achat, l'entretien, les réparations, les carburants, les assurances, plus ce qu'il va payer au travers de ses impôts (les infrastructures (construction et entretien), les dégâts liés aux accidents, les conséquences néfastes de la pollution sur la santé publique, etc.), cela représente un gouffre à pognon énorme. Comment combler ce gouffre à pognon ? En bossant des heures et des heures. Et tu peux multiplier ce genre de raisonnement pour une bonne partie des produits de la société de consommation.
Cela me rappelle certains dimanche avec mon père on allait dans le fournil d'un boulanger à la campagne chercher le pain, il lui servait un canon de rouge dans un verre dans lequel on voyait à peine à travers. Il bossait dur, il travaillait comme il avait appris à l'ancienne et il aimait aussi ce petit moment de pause et on en venait toujours à parler de ses souvenirs de service militaire, c'était une des rares fois où il avait quitté le village.
Je pense que tu idéalises une société à l'ancienne car oui il faut bosser pour consommer, mais il a toujours fallu bosser pour vivre même lorsqu'il y avait moins de consommation. Alors les postes de dépenses n'étaient pas les mêmes et souvent il restait plus d'argent à transmettre à sa descendance car on pouvait économiser, mais pour quelle vie sans grand horizon.
Olaf wrote:Sauf qu’après avoir donné le plus clair (et le meilleur de ton temps) à bosser, tu n'as en général plus la lucidité ni l'envie nécessaires pour réfléchir : tu suis le plus grand nombre, et donc ce que te font avaler les marketeux, comme tu dis, qui disposent du plus grand moyen de propagande de tous les temps, l'écran (qui certes peut être utilisé à de louables buts, ce n'est qu'un outil après tout).
Résultat : restriction de liberté énorme, et appauvrissement de l'imaginaire, ce qui est peut-être encore plus triste.
Personnellement, je m'en fous d'avoir le choix de la marque de ma voiture. J'ai la chance de pouvoir m'en exonérer d'ailleurs, vivant en milieu urbain dense. Ce qui n'est pas le cas de mes parents, dont pas loin de 20% de leurs revenus modestes passent dans le financement de ce luxe imposé.
Se déplacer n'est pas un luxe imposé, avec un lieu pour dormir et de la nourriture cela me semble dans les attributs les plus essentiels de l'homme et cela a un coût. Tu peux t'en exonérer dans un milieu urbain dense et te contenter de louer une voiture à des moments ponctuels en fonction de tes besoins puisque les transports en commun sont nombreux. Par contre dans ta ville si on parle de Paris ou de sa banlieue le poste imposé par la location de ton appartement sera complètement disproportionné par rapport à celui de tes parents pour le même bien à la campagne. J'ai passé une année dans la charmante cité de Colombes et le loyer était déraisonnable pour un studio au simple usage de dortoir, équipé d'un chiotte turc et dans un état vieillot à cauchemarder, mais il n'y avait pas le choix ce sont les prix pratiqués. Je me suis vu Polanski dans le Locataire brrr le voisin était en cours de procédure d'expulsion drogue picole et bagarres, des état proche de la folie, un soir il a tapé à ma porte et voulait me donner une maquette de bateau
Olaf wrote:Mon propos n'est pourtant pas de jeter le bébé avec l'eau du bain comme tu dis ; seulement, ce n'est pas parce qu'un produit existe et qu'il se vend qu'il faut dire amen. La possession des choses ne remplacera jamais la libre disposition de son temps. Le temps est bien plus précieux que l'argent.
Et alors on va créer une commission dans le monde le plus merveilleux pour décider à la place des gens quels biens sont nécessaires à une vie éthique et quels biens sont superflus ? J'ai toujours la plus grande méfiance envers les gens qui veulent mon bien à l'insu de mon plein gré, y a un loup. C'est le début d'une forme de totalitarisme, d'ailleurs beaucoup de ces régimes ont commencé avec les meilleurs raisons du monde...
J'ai une chaine hifi qui coûte une blinde,
seuls des grammophones du Marquis seront produits.
Olaf wrote:- Sur le 2è partie (après la chanson) : c'est pas le golf en lui-même qui est caricaturé, mais le fait que le golf, en tant que produit de divertissement, soit devenu un passage obligé pour une certaine catégorie de population. Comme le foot, quoi, même si on parle pas forcément de la même catégorie de personnes
Tu vois cette chanson aurait pu se retrouver en Bo de Into the Wild. Le personnage ne propose rien mais décide seul de sortir de la société pour un retour à la vie sauvage, et malheureusement l'homme n'est plus préparé à affronter la vie sauvage et la nature reprend le dessus.
C'est romantique mais ça se termine mal.
Eduquer ses enfants différemment, vouloir jouer au plus malin, faire celui qui ne fait pas comme tous les autres moutons, c'est peut-être bon pour ces protest singers prêcheurs de la différence, qui ont des relations et de l'oseille et peuvent se retourner, mais pour la famille lambda c'est plutôt passe ton bac.
Mais j'aime la caricature il faut avoir de l'humour sur sa triste condition de laborieux
Je cause beaucoup films parce que c'est le générique de Weed qui nous a amené là