réca wrote:bfb2 wrote:
Un autre point, c'est le rôle de la famille de l'artiste dans la promotion de son oeuvre. On trouve des familles entières qui vivent sur l'oeuvre de leur parent. Là aussi, c'est leur droit, à la rigueur c'est même plutôt une bonne gache de vivre sur le travail des autres. Mais des fois, on sent qu'il y a une forme de surmédiatisation du talent de l'artiste (toujours dans le but de gagner sa vie avec). Alors que l'artiste produisait dans sa cave, doutait, vendait mal, y'a toute une littérature explicative faite par la famille après la mort de l'artiste, avec exagération de la qualité de cette oeuvre. Ce qui m'a bien montré ça dernièrement, c'est une exposition sur Giacometti faite au musée de Grenoble. Giacometti a fait des sculptures assez morbides, avec des personnages très filiformes, tout en longueur, fait dans une sorte de fer qui semble cassant. Une fois qu'on a compri qu'il voulait exprimer la fragilité de la vie, une forme de peur de la mort, on y passe 5 minutes et on passe à autre chose. Pour son talent supposé, je veux bien, mais toute sa vie, il l'a passé à reproduire ces mêmes personnages filiformes, avec des variations infirmes, si ce n'est que ces personnages etaient petits, seuls ou plusieurs, immobiles, en mouvement, en cage. Pour moi, le talent est quand même limité, pour un artiste qui fait toujours la même chose et la décline avec des modifications infimes. Mais à côté de cette exposition vite barbante et répétitive, on trouvait tout une scénographie explicative, du texte d'explication à n'en plus finir, des interviews de lui, des vidéos d'explication sur la restauration de son oeuvre, etc... Pourquoi tout ce foin ? Parce que ça se vend très bien, des centaines de milliers d'euros pour la moindre sculpture Giacometti (quand c'est pas des millions). Donc la famille de Giacometti a très bien fait son boulot de promotion de son parent et a tout intérêt de continuer à faire le foin qu'elle fait, elle gagne beaucoup d'argent en le faisant. Et comme le nom de Giacometti est connu, des collectionneurs ont intérêt à acheter aussi. Donc le truc dans son ensembe, C'est plus une question d'argent que de talent. De l'argent que touche la famille et que n'a pas touché l'artiste, parce que si Giacometti avait touché de son vivant l'argent que touche sa famille quand elle vend une seule de ses sculptures, il aurait utilisé cet argent pour voyager ou visiter des prostituées d'Asie, au lieu de faire des personnages filiformes dans une cave.
N'as tu pas pensé que la notion de série est à prendre en compte, cette production quasi industrielle, cela ne t'évoque rien à l'époque moderne ? Ces "personnages très filiformes, tout en longueur, fait dans une sorte de fer qui semble cassant" sont sa marque (c'est un peu barbare je l'avoue), mais ces variations de taille ne sont pas anodine, jamais.
Un exemple, Giacometti se fait commander une sculpture qui sera apposée sur le parvis du Seagram Building, immense immeuble conçu par Mies Van der Rohe, monstre de l'architecture moderne.
Et bien le jours de la livraison de la sculpture, il descend de l'avion avec simplement une valise contenant l'oeuvre, qui ne fait que quelques centimètres de haut. Cette sculpture se doit d'être disposé en pleine face du Seagram Building, les commanditaires n'ont pas compris (enfin ca, je sais pas, j'imagine).
Mais alors qu'est ce que cela veut dire, il réussit avec une sculpture à questionner le rapport entre la taille et la monumentalité, qu'est ce qui est le plus monumentale entre sa sculpture et le Seagram ? La relation entre les deux éléments est également à prendre en compte, ne se sublime t'il pas l'un et l'autre ?
Et enfin, en créant se personnage tout petit en face d'un bulding, quel est le rapport entre New York et l'homme.
C'est tout un flux de questions, de remarques de l'artiste sur le monde qui l'entoure qui naissent dans cette expression minimaliste.