Dans un match indigent, les Verts ont rendu une copie presque aussi pourrie que la pelouse de Chaban.
Comment réaliser une prestation aussi faible après le succès probant de la semaine passée ? Galette ne doit pas cesser de se poser cette question. Essayons d'identifier quelques pistes.
Les équipes
A Saint-Etienne, la seule surprise concerne les latéraux : Ghoulam, ménagé, reste sur le banc. Brison retrouve donc le côté gauche, tandis que Clerc fait son retour de blessure. Après sa prestation solide contre Lille, le milieu à trois Clément/Cohade/Lemoine est reconduit, de même que la ligne d'attaque.
En face, Gillot fait avec les moyens du bord. Il arrive pourtant à aligner une équipe présentable - même si le banc fait un peu peur. Heureusement pour lui, les titulaires vont se montrer suffisamment à la hauteur.
Les deux piliers de la gagne
Bordeaux va bâtir son succès grâce à un pragmatisme efficace :
A/ La prise en compte des conditions climatiques
En trois mots : pelouse pourrie et gorgée d'eau, pluie fournie, vent fort. Dès le départ, il est clair que ces paramètres vont façonner la rencontre, et pas pour en faire un festival de prouesses techniques. Les girondins vont exploiter à fond la situation : en première mi-temps, le vent favorable va littéralement les porter et leur permettre d'exercer une pression sans relâche sur l'arrière-garde stéphanoise. Il faut dire qu'en face, la possibilité d'une relance longue pour le pivot Brandao, outil habituel pour faire remonter le bloc, est réduite à néant.
A la mi-temps, coup de pouce du destin : le vent s'affaiblit, et est nettement moins handicapant pour les locaux qu'il ne l'avait été pour les visiteurs. Mais il reste le pré, dans un état catastrophique. Là encore, la bande à Gillot sait tourner cet état de fait à son avantage en pressant les stéphanois partout sur le terrain. La seule façon, ou presque, pour se tirer d'un pressing haut et bien mené réside dans la qualité technique, et le redoublement de passes : impossible sur un tel marécage. Bingo pour Bordeaux, et tant pis pour Sainté, qui n'a pas osé le faire lors de la première période.
B/ La bataille du milieu
Bordeaux fait un choix qui pose toujours beaucoup de problème aux stéphanois lorsqu'ils évoluent en 4-3-3 : le marquage individuel de la sentinelle. C'est Sertic qui s'y colle ; et force est de constater qu'il a gagné son duel face à Jérémy Clément. Ce dernier, littéralement entravé, n'a que très peu participé à la relance, et n'a pas eu de latitude pour assumer son office de boucheur de trous. On notera d'ailleurs qu'en première mi-temps, les temps forts stéphanois (autour de la 25', et entre la 35' et la 40') correspondent à des moments où Sertic n'arrive pas à placer Clément sous l'éteignoir...
Au fil du match, le milieu bordelais va pivoter, pour se stabiliser définitivement en configuration 4-3-3 avec sentinelle, après le passage des Verts en 4-4-2 suite à la sortie de Clément (56'). La gestion du score s'en est trouvée grandement facilitée. Et voilà comment Bordeaux nous l'a fait à l'envers avec nos propres armes...
Inquiétantes insuffisances, chance déficiente
La finesse bordelaise ne suffit pas à expliquer la piètre qualité du match des stéphanois. Le rendement très inférieur de la relance par rapport à l'habitude peut certes s'expliquer largement par les conditions climatiques, même si le nombre d'erreurs techniques questionne. En revanche, les mauvais choix quasi-systématiques des Verts - et notamment des deux ailiers - dans les trente derniers mètres interpellent. Sauf éclair isolé, l'animation offensive stéphanoise aura frôlé le chaos pendant 80 minutes.
En fait, et c'est l'une des rares satisfactions de la soirée : les trois entrants (Mollo, Erding et Corgnet) ont apporté de la hargne et du mouvement et ont conduit - enfin ! - l'équipe à un niveau de jeu plus présentable dans les dix dernières minutes du jeu.
En effet, malgré tous les constats opérés ci-dessus, on peut avoir beaucoup de regrets quant au scénario du match. Malgré sa domination, Bordeaux n'a pas eu vraiment d'occasion franche, et réalise le fantasme de Jean-Claude Dusse en plantant le bâton sur deux malentendus. Le pire, c'est que le premier arrive en plein pendant les cinq seules minutes de facture correcte des Verts en première mi-temps. Quant au second, au retour des vestiaires, il a assommé les stéphanois qui mettront plus d'un quart d'heure avant de réagir.
Et c'est là que la malchance s'en mêle définitivement. Erding marque un but valable à la 80', refusé pour un hors-jeu inexistant - un mauvais jugement de l'arbitre assistant, qui a cru à tort que Brandao avait gagné son duel aérien sur Sané. Voilà les Verts privés d'une fin de match un peu palpitante, et qui sait, d'un nul arraché sur le fil. La tête de Corgnet sortie du bout des doigts par Carrasso (87') aurait pu également nous offrir un peu de suspens : peine perdue. Une vaine attaque-défense émaillée de coups de pieds arrêtés conclut cette triste rencontre sans accoucher de quoi que ce soit.