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Retour sur le combat d'un meneur qui aura connu le meilleur et le pire, sur le pré comme en dehors...
Olivier Baudry voit le jour le 12 juin 1973, à Vannes, dans le Morbihan. Ancien international Espoirs (que le grand Raymond Domenech préfère alors d'ailleurs à Zinedine Zidane), Olivier démarre sa carrière professionnelle en 1991 au FC Sochaux, son club formateur où il effectue l'essentiel de sa carrière professionnelle.
Considéré comme un solide joueur de L1, milieu offensif technique mais plus passeur que buteur, Baudry est prêté en 2001 à Lausanne, en Suisse. Convaincu par ses prestations sur les bords du Lac Léman, notamment en Coupe de l'UEFA, le nouveau directeur sportif des Verts, Christian Larièpe, tient alors à faire de lui le dépositaire du jeu de la nouvelle ASSE.
Baudry sous le maillot sochalien en 1994 (photo l'Équipe)
En effet, l'ASSE vient de tomber en D2 suite à la rocambolesque affaire des faux passeports et à une saison 2000-01 catastrophique. Guel et Pédron partis, les Verts sont à la recherche d’un milieu de terrain capable de tirer l’équipe vers le haut et de ramener le club en D1. Technique et volontaire, Baudry, lui, souhaite confirmer dans le Forez les espoirs qu'avait fait naître son jeune talent: "Olivier est un meneur atypique du fait de sa grande taille", explique alors Alain Michel, l'éphémère entraîneur de l'époque. "Il doit s'imposer dans un rôle de relayeur en mettant la qualité de son jeu de tête au niveau de celle de son jeu au pied"
Pouvant évoluer en n°10 comme dans un rôle de relayeur mais également en pivot d'attaque, le Vannetais doit être un pion essentiel de l’équipe.
Hélas, cette saison 2001-02 sera à marquer d'une pierre noire pour Baudry. Outre ses soucis familiaux (décès de son père), il ne réussit pas à s'imposer comme le meneur de jeu attendu. Il est titulaire lors des 7 premières journées de championnat mais ses belles ouvertures ne sont que rarement exploitées correctement par Rodrigao et Kuzba, les attaquants censés animer la ligne d'attaque et son jeu se liquéfie peu à peu.
Olivier Baudry lors d'un match amical de préparation à la saison 2001-02
A partir de l'automne, on ne le revoit presque plus sous le maillot vert et ses apparitions se font aussi rares que la neige en été: il ne joue en tout et pour tout que 348 minutes durant la saison, en 10 matches pour 5 titularisations seulement.
Sans surprise, il est alors placé sur la liste des transferts à l'été 2002. Personne n'en veut. Alors Baudry reste. Mais il ne joue... aucun match pro. Il n'est même pas convoqué pour la photo officielle !
Son ancien coéquipier à Lausanne, l'ancien Vert Cédric Horjak dira de lui: "Olivier Baudry, j’avoue que ça reste un peu un mystère pour moi. Je peux vous assurer qu’à Lausanne, il était super fort, c’était vraiment un bon milieu de terrain, doté d’une bonne vision du jeu et d’une bonne technique. C’est bizarre que ce joueur doué n’ait pas réussi la suite de sa carrière. Je sais que ses premières prestations sous le maillot vert ont été moyennes, et je pense qu’il a été pris en grippe par une partie du public car Olivier a un style un peu nonchalant. Le public stéphanois n’en voudra jamais à un joueur moyen qui va au charbon. En revanche, il peut être très dur quand il a l’impression qu’un joueur est nonchalant, qu’il ne mouille pas assez le maillot. C’est dommage pour Olivier, d’autant plus qu’humainement, c’est un super gars !"
Au final, il n'aura disputé que 10 matches sous le maillot Vert (9 en L2, 1 en Coupe de la Ligue). Un échec retentissant pour celui qui devait être le meneur de jeu de la nouvelle ASSE.
Son seul but associé à l'ASSE restera donc le superbe coup-franc inscrit... contre les Verts en 1994 !
Olivier Baudry du temps de sa splendeur (Sochaux-ASSE 1994)
En juillet 2003, après avoir trouvé un accord avec l'ASSE qui doit alléger sa masse salariale, il quitte les Verts alors qu'il lui reste encore une année de contrat. Il signe en décembre dans le club de Belfort (CFA2) puis joue une saison en DH avec Giro Lepuix (2004-05). A l'été 2005, il rejoint le SR Delémont (D3 Suisse) qu'il aide à faire remonter en Challenge League, la D2 helvète.
Baudry sous le maillot du SR Delémont (D2 suisse) en 2011
Malheureusement, sa carrière sportive s'arrête brutalement en février 2012 lorsque Olivier apprend à 38 ans qu'il souffre d'un cancer du pancréas, l'une des variantes les plus expéditives de cette terrible maladie.
Le capitaine et néo-entraîneur adjoint du SR Délémont subit alors une opération en juin de la même année puis une chimiothérapie qui lui permettent après un an de combat de vaincre ce fléau pourtant réputé pour son taux de mortalité: "Dans ces moments-là, on est censé s’imaginer que tout s’effondre autour de vous. Mais pas moi. Quand la fille qui a pratiqué l’échographie m’a averti qu’il y avait quelque chose, comme une masse, je lui ai répondu: 'Super, maintenant on sait, et on va pouvoir traiter'. Je suis entré en mode combat. (...) Je me suis dit: "Moi, il ne m’aura pas". Mon passé de joueur m’a aidé. J’ai pris ce qui m’arrivait comme un match qu’il fallait à tout prix gagner. Pourtant, je sais que seuls 5 à 10% des cancers de ce style peuvent être vaincus. Mais fort heureusement, la tumeur ne s’est pas accrochée à un mauvais endroit de mon pancréas"
La carrière d'Olivier Baudry en un clin d'oeil
Miraculé, Olivier Baudry décide alors en avril 2014 de revenir sur le pré, ou plus précisément sur le bord du pré: le FC Sochaux lui offre de prendre en charge la préformation à compter de la saison 2014-15 puis le nomme chargé de développement et de la performance à l'été 2016.
Il n'aura malheureusement pas l'occasion de profiter longtemps de cette reconversion: à 44 ans, la maladie le rattrape et ne lui laisse cette fois aucune chance: elle a raison de lui le 1er octobre 2017.
Paix à ton âme, Olivier, nous aurions aimé n'ajouter cette seconde date sur ta biographie qu'après de longues années...