Désolé, j’ai beau essayer, je n’arrive pas à dire du mal des collègues… Une fois de plus, on va tâcher d’illustrer une action très importante de ce Monaco – Saint-Etienne, avec Oswaldo à la palette ! Bonus Track : si les Blancs ne savent pas sauter, Bouba ne sait pas tomber…
Merci à Oswaldo pour les illustrations et la vidéo.

82ème minute, 1-1, corner monégasque. Le Steph serre les fesses mais se détend en même temps que Janot. Du poing, Spiderman dégage sur la tête d’un monégasque à gauche qui se troue et remet plein axe sur Payet. 4 secondes plus tard, le supporter stéphanois ne le sait pas encore, mais il va hurler de rage ! Ça se passe ici (http://www.dailymotion.com/user/oswaldododo/video/xamkwy_monacoasse-lanalyse-de-pitch_sport), mais pas tout à fait de commentaires !

Après un une-deux très rapide, le Réunionnais file à toutes jambes plein axe. On note qu’Alonso est déjà à ses basques dès avant le rond central. En soutien, Payet a trois joueurs : Ilan juste derrière lui, Bergessio à sa droite en train de déposer le latéral monégasque en vitesse pure et surtout Landrin, le plus en pointe, côté gauche.

L’instant critique : Payet est en train d’être repris et le défenseur central ne s’est pas livré. En passant le ballon à gauche, ce dernier peut probablement intervenir sur Landrin qui est désormais HJ. Dommage que Dim ne regarde pas à droite, sinon, ça va à Dame !

Alonso vient de proprement démonter l’ailier stéphanois qui a eu juste le temps de glisser le ballon à Landrin. Il n’y a plus aucun défenseur monégasque et Landrin va marquer… sauf que Pascal Vileo siffle et semble couper l’avantage aux Stéphanois. Colère !

Immédiatement, l’arbitre explique pourquoi il a sifflé la faute et n’a pas laissé l’avantage en désignant à plusieurs reprises son arbitre assistant. Les caméras de Foot+ ne montreront pas ce dernier. A-t-il prévenu son central par le drapeau ou l’oreillette ? Je pense qu’il a levé son drapeau et « bippé » pour avertir Pascal Vileo puis qu’il l’a baissé après le coup de sifflet, quand il a vu que le central était revenu à la première faute.
Que dit la règle ? On a coutume de dire que le hors-jeu « prime sur tout ». C’est le cas s’il y a simultanéité de faute. Par exemple, tirer le maillot d’un joueur en position de hors-jeu qui joue le ballon ne pourra être sanctionné d’un Coup Franc Direct : la position de hors-jeu était antérieure à la faute (Il sera par contre tout à fait possible de sanctionner d’un carton le fautif).
Ici, la situation est un poil différente : Landrin, jusqu’à la passe de Payet et en position de hors-jeu « non sanctionnable » et la faute du Monégasque intervient avant cette passe. Il est donc tout à fait impossible d’appliquer l’avantage ici : on se doute qu’un avantage ne tient pas si celui qui en profite commet lui-même une infraction. D’ailleurs, le ralenti confirmera quelques minutes plus tard la décision des arbitres.
Ce qui est intéressant sur staxion, c’est l’attitude de l’arbitre vis-à-vis des joueurs stéphanois qui peuvent, on le comprend, se sentir victimes d’une injustice. Je trouve qu’il fait preuve d’une certaine pédagogie, dans ses gestes.

Restait une question, quelle est la couleur du carton pour Alonso ? Pour ma part, je répondrais « orange » car c’est typiquement le genre d’action qui est à l’entière interprétation de l’arbitre.
Comme le rappelle Guy Roux dans le direct, la notion de « dernier défenseur » n’est pas toujours pertinente, la règle dit d’ailleurs « anéantir une occasion manifeste de but d’un adversaire en commettant sur lui une des dix fautes sanctionnables d’un CFD ou penalty ». En bref, il peut arriver que celui qui commet la faute est bien le défenseur le plus rapproché de sa ligne de but et qu’il ne soit pas exclu (par exemple si, en dribblant, l’attaquant s’excentre totalement, au point de ne plus être en position directe de marquer) ou, au contraire, qu’on doive exclure un défenseur qui n’est pas le plus rapproché (si un de ses partenaires est à l’opposé, plus proche de sa ligne, mais complètement incapable d’intervenir).

Reprenons le fil des événements et la chaine des questions que doit se poser l’arbitre.
1) Y’a-t-il une faute passible d’un CFD ? Clairement oui.Alonso commence par accrocher l’épaule de Payet qui poursuit, et finit par le pousser assez fortement. Le Stéphanois n’amplifie même pas sa chute, puisqu’en tombant, il continue à jouer le ballon. C’est un acte d’antijeu caractérisé.
2) Y’a-t-il une occasion manifeste de but ? Oui et non et je m’explique.Non, Payet n’a pas une occasion manifeste de but. Face à lui, il lui reste un défenseur à passer avant qu’on rentre dans le cadre de « l’occasion de but manifeste ». Si Alonso pousse Dim’ alors qu’il est en train de dribbler cet autre adversaire, ça se discute, mais là, la faute intervient avant ce duel. Alors, éventuellement, c’est Landrin qui a cette occasion manifeste de but, grâce à la passe de Payet. Dans certains cas, commettre une faute sur le passeur « décisif » peut être en soi suffisant à justifier une exclusion. Un cas doublement impossible ici, Landrin étant hors-jeu, on l’a vu et, même sans l’être, l’avantage aurait été appliqué.

En définitive, je pense que j’aurais aussi mis un jaune sur ce cas, mais un rouge n’aurait pas pour autant été un scandale, en particulier si la faute avait été commise un quart de poil plus tard. D’où la couleur « orange » donnée plus haut.

Bonus track :

Un peu avant, Sanogo semble être balancé dans la surface alors qu’il s’apprêtait à disputer le ballon au gardien monégasque.


 

Là encore, une belle réponse de Normand : il peut y avoir penalty… ou pas. Clairement, il y a « un petit quelque chose ».
Je vois cependant deux éléments en particulier qui donnent du crédit à la décision de Pascal Vileo. Primo, la charge du Monégasque est de l’épaule et non du bras. Certes, il charge un peu le Stéphanois dans le dos et n’est pas tout à fait à distance de jouer le ballon, mais je pense que cette charge est insuffisamment marquée pour justifier un péno. Après, le problème est assez complexe, je suis sûr qu’on aura l’occasion de parler de la charge à un autre moment.
Secundo, surtout, Bouba tombe complètement à contre-temps. Franchement, c’est un signe fort, en général, pour l’arbitre. Même à vitesse réelle, la chute de Sanogo ne fait pas naturelle : il tombe quand il est sûr de ne plus pouvoir jouer le ballon (pas sûr qu’il l’ait eu de toute façon, Ruffier sortant bien). On est dans la fameuse « amplification » de faute.