C'est ainsi que Denis Bouanga a décrit le premier 0-0 des Verts cette saison, un résultat qui finalement satisfait tous les acteurs, mais pas forcément les spectateurs...


Dans son analyse après-match, Claude Puel a mieux choisi ses mots, même si le message n'est pas différent : "je n’apprécie pas spécialement ce genre de match, uniquement fait de duels, de dégagements et de deuxièmes ballons. (...) Montpellier est une équipe très difficile à jouer, sans fioriture, qui ne fait pas de relance et qui met le ballon devant". En effet, il est difficile de produire du jeu contre ce genre d'adversaire. Et ça devient quasiment impossible quand de très nombreux titulaires sont indisponibles et les entrants en cours de match fêtent leur premier match en pro...

Voici le déroulement de ce triste spectacle.

 

1MT : Quel onze de départ ?

 
Le staff stéphanois aurait pu aligner un mélange d'expérience et de jeunesse dans un 4-4-2 assez offensif :


Debuchy-Saliba-Fofana-Silva en défense, avec une paire de milieux récupérateurs M'Vila-Cabaye, deux excentrés Hamouma et Khazri et deux avant-centres, Beric et Abi. Bref, une équipe capable de déstabiliser n'importe quelle défense du championnat.

A l'exception de M'Vila, apte pour le banc de touche, mais pas pour entrer en jeu, tous ces joueurs n'étaient pas disponibles contre Montpellier. Les Verts ont donc proposé une défense à 3 (Moukoudi-Perrin-Kolo), deux pistons (Honorat et Trauco), deux milieux récupérateurs (Youssouf-Camara) et un trio offensif formé de Boudebouz, Bouanga et Nordin :


Un 3-4-3 désormais classique pour Puel, et même si les Montpelliérains ont aussi proposé une défense à 3/5, leur système de jeu est différent. Il n'y a que deux attaquants, mais il y a 3 milieux, un triangle en pointe basse qui densifie le centre du terrain.

C'est donc par les côtés qu'il fallait essayer de passer, mais les duels en 1-contre-1 entre les pistons ont été généralement gagnés par les visiteurs... à moins que les Stéphanois n'y rajoutent un deuxième (parfois même un troisième) joueur dans le couloir, pour créer un décalage, comme dans les exemples suivants.


Le premier commence à la 34e, avec une touche des Verts dans leur propre moitié :


Le ballon circule en défense, de droite à gauche, jusqu'à Trauco. Il joue dans l'axe avec Mahdi Camara, qui combine avec Zaydou Youssouf...


... et le ballon arrive de nouveau à Kolo. Il faut bien remarquer le positionnement de Nordin et Bouanga sur cette action, le dernier étant avant-centre et le premier plus excentré à gauche, en retrait. Mais quand Kolo monte balle au pied...


... Bouanga décroche et Nordin se projette plus haut. La défense à 5 de Montpellier n'a aucun problème pour couvrir, un central sort sur Bouanga, un autre couvre Nordin et le piston vient fermer sur Trauco. Kolo joue donc avec Camara, qui porte le ballon vers l'autre côté, devant les milieux adverses. Mais il fait demi-tour et...


... redonne à Kolodziejczak. Bouanga et Nordin échangent de nouveau, le dernier est suivi par un défenseur. Boudebouz se trouve aussi entre les lignes, mais derrière un rideau très serré des milieux montpelliérains. Kolo peut donc monter balle au pied sans avoir un adversaire devant lui. Et le surnombre est créé de ce côté :


Nordin et Bouanga permutent de nouveau et le défenseur central a du mal à se positionner, entre arrêter la montée de Kolo et suivre l'appel de Bouanga dans son dos. Il arrive néanmoins à intercepter la passe qui cherchait l'attaquant stéphanois et la défense peut se dégager :


Quelques passes courtes et le ballon est mis sur le côté, d'où un long ballon en profondeur est envoyé à destination des deux attaquants :


Ce qui est dangereux, les Verts ne sont plus que deux derrière, et pas les plus rapides. Perrin suit l'attaquant, Moukoudi le suivait aussi avant que Ruffier l'appelle pour couvrir dans la surface, mais le centre n'arrive pas, le capitaine stéphanois arrivant à repousser en corner. Sur le coup de pied qui suit, Bouanga part de ses 30 mètres balle au pied et, au terme d'une belle course, il lance Nordin qui voit son tir repoussé sur les montants par le gardien adverse. C'était la plus grosse occasion de la première période pour les Verts, qui ont eu du mal sinon à s'approcher du but adverse.

2MT : Encore plus loin du but adverse

 
A l'heure de jeu, Boudebouz a laissé sa place au jeune Bilal Benkhedim, qui a fait sa première apparition pour l'ASSE cette saison :




Ça a été un changement poste pour poste, même si le jeune stéphanois a proposé des solutions à ses coéquipiers bien plus souvent. Comme par exemple à la 74e, quand une attaque est construite à partir de la défense :


Après un échange Perrin-Camara, le ballon circule via Moukoudi sur le côté droit, jusqu'à Nordin. Le 352 de Montpellier avec un triangle pointe basse au milieu est bien visible sur cette image, tout comme le positionnement particulier des trois offensifs stéphanois. Benkhedim est assez bas, comme un 3e milieu, pendant que Bouanga et Nordin sont très excentrés, comme de vrais ailiers.



Ça permet donc d'avoir plus de joueurs dans un couloir, ce qui attire la défense d'un côté...


... avant d'envoyer le ballon de l'autre. Après un jeu à trois avec Youssouf, Honorat dédouble à droite, mais Nordin repique vers l'axe. Et via Benkhedim et Camara, le ballon arrive jusqu'à Trauco. Comme Bouanga s'était replacé dans l'axe, c'est du 1-contre-1 dans le couloir gauche...


... mais pas tout à fait, parce que Trauco est aidé par Benkhedim et Camara. Le premier fait un très bon appel, il reçoit le ballon, avant de jouer en arrière pour Camara, mais le centre de ce dernier est capté par le gardien. Ce petit ballon touché dans le coin de la surface par Benkhedim n'est pas anodin : c'est en effet la première fois en 2MT qu'un offensif stéphanois touche le ballon dans la surface adverse !


Pire, il a fallu attendre la toute fin du temp réglementaire pour voir de nouveau un ballon joué par les Verts dans la surface de Montpellier. Voici l'action, qui commence de la défense :


Les Stéphanois évoluent plutôt dans un 3-5-2 maintenant, Benkhedim étant souvent au niveau de Camara et Youssouf, laissant comme attaquants Nordin et l'invité surprise de Claude Puel, le jeune Indjai Correia Edmilson. Le ballon circule jusqu'à la droite de la défense...


... puis à gauche, où il est remonté jusqu'à Trauco. La défense adverse à 5 est en place et les 3 milieux suivent bien les 3 stéphanois. Trauco combine avec un coéquipier ...


... et, sans spoiler, il se retrouvera à la conclusion de l'action 30 secondes plus tard. Mais entre temps, le ballon sera touché par 6 de ses coéquipiers, tous âgés entre 18 et 21 ans. D'abord par les milieux, de Benkhedim à Camara, via Youssouf.


La défense est en place, les trois milieux, bien serrés, bloquent les passes dans l'axe, alors Camara décale à droite, avec Moukoudi. Et les appels de Benkhedim et Youssouf, ouvrent le centre du terrain :


Ils sont suivis par les milieux adverses et Camara fait un appel dans l'espace ainsi libéré. Il est trouvé par la passe de Moukoudi et lance en première intention dans le dos du piston gauche adverse Benkhedim, qui avait continué son appel. Et qui élimine un défenseur central avant de lever la tête...


... et de centrer en retrait. Nordin rate son tir, Edmilson rate son contrôle, mais le ballon arrive dans la course de Trauco, lancé, qui ne cadre pas sa frappe.



Conclusions


A la fin du match, Frank Honorat résumait très bien ce résultat : "vu le nombre de blessés que l'on a, l'intensité mise par Montpellier, cela devenait compliqué pour nous au fil de ce match assez physique. C'est donc un bon point de pris". Les Verts continuent donc leur très belle série, avec 10 matchs consécutifs sans défaite toutes compétitions confondues. Par contre, il faut espérer le retour rapide de certains blessés pour amener de la fraîcheur et offrir plus de choix au staff technique. Parce que ce match n'était que le premier d'une infernale série de 9 matchs tous les 3 jours, mais aussi parce que lors de la prochaine rencontre, européenne, un match nul risque d'être synonyme d'une défaite...