Laurent Roussey a accepté de répondre aux questions des potonautes. Dans ce premier volet de l'entretien, il replonge dans ses vertes années de joueur et d'entraîneur.
Quand tu étais jeune joueur, tu as eu la chance de côtoyer la mythique équipe de 1976. Quels souvenirs gardes-tu de cette période ? (Vordox)
L'être humain a cette faculté de ne se souvenir que des bonnes choses. Mais c'est une période dont je me souviens très peu. C'est d’ailleurs ce qui me frustre aujourd'hui. J'en ai, bien sûr, mais j'étais tellement jeune à l'époque et je vivais ça tellement naturellement que, maintenant, ça ne me donne pas forcément de frissons. Comme si je m'étais un peu brûlé les ailes. Des décennies après, c'est vrai que je garde des bons souvenirs en termes de jeu, de buts et de trophées mais, dans son ensemble, cette période est passée trop vite et je n'arrive pas à en garder très profondément une émotion qui me fait vibrer.
Platini te traitait comment ? (Vordox)
J'étais déjà à l'ASSE quand Michel est arrivé. Pour nous, c'était quelque chose d'extraordinaire de le voir arriver. Avec lui, nous avons obtenu un titre de champion de France ! J'en retiens surtout deux aspects. En premier lieu, il m'a appris ce qu'était réellement un attaquant, que l'important c'était de marquer des buts car, à l'arrivée, quoi qu'on puisse faire, le bilan final serait : combien de buts et de passes décisives ? J'ai toujours retenu cette leçon et c'est ce que j'enseigne aujourd'hui à Hugo. Le second aspect porte sur son rôle de coéquipier. Un attaquant, celui qui est mis en valeur, a des qualités devant le but mais il a aussi un partenaire qui lui donne le bon ballon au bon moment. Michel, c'était avant tout cela : le joueur capable dans la passe courte, dans la passe longue, de te mettre le ballon dans le sens du jeu, dans le sens du but, dans le sens de ta course. Pour ces raisons, il était pour beaucoup dans ta propre réussite.
Avec du recul, Platoche président de l'UEFA, c'était prévisible ? (Vordox)
Pas forcément. Michel, à son arrivée à l’ASSE, venait avec un statut de meilleur joueur français mais sa vie était calme. Et je le dis avec beaucoup de certitudes car la famille Platini m'avait pris sous son aile, pendant deux années. Il était très casanier, il bougeait peu, même pour acheter une paire de chaussures. C'est surtout Christelle, sa femme, qui se déplaçait. Il n'avait pas cette approche qu'il a dans ses fonctions actuelles, d'aller vers les autres, de voir leur problèmes, d'essayer de les résoudre ou d'être dans la communication permanente. Ce n'est pas le Michel joueur que j'ai connu.
Considères-tu Roger Rocher comme le meilleur président de club rencontré ? Une anecdote sur le personnage ? (Vordox)
J'étais tellement jeune, c'est allé tellement vite, que je n'ai pas d'anecdotes précises. C'était quelqu'un de respectable et il en imposait quand il arrivait avec sa pipe dans le vestiaire. C'était monsieur Rocher ! C'est lui qui a fait démarrer l'histoire de l'ASSE. Bien sûr, du coup, qu'il est très important. D'un club comme tous les autres, il en a fait un club mythique. Grâce à lui, aujourd'hui, des décennies après son décès, Saint-Etienne est toujours dans le cœur des français avec cette nostalgie-là.
Arrivait-il à Larios et Platoche de prendre la douche côte à côte ? Comme as-tu vécu leur différend ? (Vordox)
J’ai mal vécu cette période. Les conséquences de cette affaire stéphanoise font que le club s'est désagrégé et a touché le fond. Oui, c'était pénible, pour l'avoir vécu de l'intérieur. C'est moins vrai aujourd'hui qu'à notre époque, la dimension collective du football était une notion majeure. A l'intérieur du groupe, on sentait bien qu'il y avait des pour, des contre, aussi bien chez les joueurs que chez les dirigeants. C'est ce qui a fait aussi que le club a explosé. Pour le jeune homme que j'étais, c'était dur à vivre. Quand je suis arrivé à Sainté, l'ASSE était devenue ma deuxième famille. Je pensais y vivre sereinement le plus longtemps possible. Quand cette affaire a éclaté, j'ai vécu ça comme un divorce. Personnellement ça m'a fait mal.
Un mot sur l'affaire de la caisse noire ? (la buse)
Les deux affaires sont liées. L'affaire de la caisse noire est sortie car c'était une rivalité de personnes qui se sont déchirées par rapport à leurs positions entre Michel et Jean-François. Sans cette histoire-là, le club n'aurait pas connu cette affaire de caisse noire.
Quel joueur t'a pris sous ton aile à ton arrivée à tes débuts à Sainté ? (Vordox)
J'ai eu la chance d'être intégré par les vice-champions d'Europe. Difficile de n'en citer qu'un ! j'étais le petit jeune qui arrivait. J'avais une relation forte avec Osvaldo, avec Christian, Gérard, Jacquot, Ivan... Ils me donnaient tous des conseils. Ces garçons-là m'ont vraiment fait penser que je rentrais dans une famille.
Quand tu étais jeune, tu avais une idole ? (Lopez & Supersub)
Comme tout garçon de six ou sept ans, oui ! Je placardais mes murs de posters de joueurs de l'époque. Les plus connus, c'étaient Cruyff, Beckenbauer, Muller...
A ce jour tu restes le plus jeune buteur de l'histoire de Ligue 1 avec ce but à Monaco le 21 avril 1978 J'étais présent dans les tribunes du vieux stade Louis II ce jour-la ! Penses-tu que ce record sera battu un jour ? (Lopez & Supersub)
On sait bien qu'il ne faut jamais dire jamais, mais ça paraît difficile. Aujourd'hui, le football va plus vite et est devenu un combat. Il faut avoir la stature physique pour jouer à ce niveau-là. Des joueurs n'étaient pas loin du record ces derniers temps, maintenant le battre... Ça fait 30 ans que ça dure ! Après, tout est fait pour être battu, certes. Mais est-ce que l'adolescent de quinze ans et demi, seize ans ans va pouvoir se développer et jouer ? Après, au-delà du fait d'avoir marqué si jeune, ce qui était agréable dans ce métier que je voulais faire, c'est que j'étais titulaire en cette fin de saison et que j'ai fait les huit derniers matches du championnat. Je ne rentrais pas en fin de rencontre, j'étais dans cette certitude que j'avais fait le bon choix. J'étais titulaire dans cette équipe qui était vice-championne d'Europe, et ça représentait autre chose que d'avoir marqué ce but à 16 ans et 3 mois.
Tu as débuté avec Laurent Paganelli, est-ce que tu envies sa carrière médiatique ? (Greenwood)
Non je ne l'envie pas ! Il est bien à son poste. On s'est côtoyé après mes déboires d'entraîneur où j'ai intégré l'équipe de Canal + des consultants. Ça me plaisait bien aussi. Pour diverses raisons, on m'a demandé d'arrêter. Laurent est bien à sa place, ça lui va bien et je sais qu'il est très heureux dans cette fonction-là, car à cette époque on se voyait souvent.
As-tu gardé contact avec lui ? (Julot)
Je ne suis plus en contact avec lui. Aujourd'hui, je n'ai pas le contact facile, c'est ma personnalité même si je suis très heureux quand je vois des gens que j'ai côtoyés ou qui ont croisé ma route. C'est peut-être un tort, mais je ne suis pas un homme de réseau.
Tu as commencé une carrière de joueur très tôt et au très haut niveau à l'ASSE, tu as eu une grave blessure et cette carrière a finalement été courte et surement décevante. Avec le recul, ne pense-tu pas qu'on t'en a demandé trop et trop tôt, pour dire les choses qu'on t'ait un peu grillé ? (la buse)
C'est toujours facile de le dire après. Ce qui était évident, c'est que très jeune j'ai voulu être professionnel. Très jeune, aussi, on a décelé chez moi des aptitudes et j'ai signé dans le meilleur club français, puis intégré l'équipe professionnelle. Pour moi, même si c'est allé très vite, c'était quelque chose de normal. Si j'avais été accompagné, comme aujourd'hui ça se pratique, d'un agent ou d'une personnalité différente, c'eût été différent. Par exemple, au moment de ma blessure, j'étais titulaire avec l'ASSE et j'avais reçu une pré-sélection pour l'équipe de France junior qui n'avait pas lieu d'être par rapport au niveau auquel j'évoluais. L'accumulation de fatigue a provoqué la blessure. Le seul regret, c'est cette sélection que je n'aurais jamais dû accepter.
As-tu des regrets dans ta carrière de joueur ? (la buse)
Le regret c'est cette blessure. Mais j'ai fait ce que j'aimais. Beaucoup de gens me disent que je n'ai pas pu aller au bout de ce que j'espérais mais j'ai quand même été International A, champion de France. J'ai vécu aussi des finales de coupes, des matches européens. Certes, dans un laps de temps très réduit. Mais certains, en dix ans de carrière, ne connaissent jamais ça ! Bien sûr, sur la durée, je suis un peu frustré de ne pas être allé au bout de ce que tout le monde pensait. Mais il ne faut pas vivre avec des regrets.
Comment as-tu ressenti la pression populaire à Sainté, d'abord en joueur puis en entraîneur ? (Sempre Sainté)
Jeune joueur, j'évoluais dans l'équipe vice-championne d'Europe. Les joueurs qui la composaient formaient une famille et m'ont fait découvrir l'aspect collectif du foot, l'amitié, le partage donc c'est vraiment quelque chose de fort. La notoriété qu'a le club aujourd'hui vient de là, bien qu'il ne faille pas oublier les générations précédentes, celles de Snella et Batteux. Mais celle que j'ai côtoyée a vraiment dynamisé, sur la scène nationale et internationale, la popularité du club. Pour moi, Sainté devrait être le Manchester United français car c’est un club extraordinaire. Il l'est mais, avec ce qui s'est passé, on a effectué une sorte de retour en arrière. Côté supporters, on reste dans le registre d'un amour passionnel pour le plus grand nombre. Ça se transmet de génération en génération, je m'en suis rendu compte en revenant trente ans après en tant qu'entraîneur. Ce club est fabuleux ! Sainté doit continuer à faire rêver les gens. L'ASSE a vocation à être un grand club européen et doit retrouver ces joies-là car ça fait partie de son identité.
Peux-tu nous remémorer les circonstances de ton retour au club en tant qu'entraîneur-adjoint d'Ivan Hasek à l'été 2006 ? (Poteau Gauche)
Je crois qu’aujourd’hui, la vérité, nous ne sommes que quelques-uns à la connaître. Je ne sais pas si elle est bonne à dire parce que, de cette vérité-là, découlent tous les problèmes que j’ai pu rencontrer par la suite. A l’époque, j’étais adjoint de Claude Puel à Lille, on venait de se qualifier pour la Champion’s League. J’ai été contacté par Luis Fernandez, qui m’a demandé si je voulais l’accompagner à l’ASSE. Il faut savoir qu'en disant "oui", je quittais quelque chose d’acquis avec un ami. Mais le fait de parler de l’ASSE, ça a remué beaucoup de choses chez moi. J’avais l’impression de ne pas être allé au bout avec ce club-là. Donc, quand Luis m’a fait cette proposition avec l’idée, derrière, de devenir n°1 après lui… J’y ai vu l’occasion de pouvoir revenir dans un club qui me correspondait et pour lequel j’avais vraiment une passion.
Tu étais proche de Luis avant qu'il te sollicite ? (Poteau droit)
On se connaissait. Mais sachant tout ce qui s'est passé après, je pense que c'était une porte d'accès pour Luis. Les dirigeants lui ont fait penser qu’avec moi sa candidature pourrait être acceptée. Or, ce n’est pas ce qui s’est passé. Je ne vais pas rentrer dans les détails. Peut-être qu’un jour la vérité sortira parce que tout ce qui est lié après est rattaché certainement à cet épisode. J'avais donné mon accord pour venir avec Luis.
La Pravda avait fait état de fortes dissensions dans le vestiaire vert lors de cette saison 2006-2007. Un clan Roussey (Sablé, Dernis, Landrin, Moussilou, Perquis) contre un clan Hasek (Camara, Hognon, Janot). Info ou intox ? (Poteau droit)
Je ne peux pas confirmer ça. Mais j’ai compris beaucoup de choses à ce moment-là, sur le fonctionnement du club, sur les pions qu’avaient certains, sur les mécanismes des relations avec la presse. Je sais qu’on a écrit que j’avais savonné la planche d’Ivan Hasek, que j’avais les dents qui rayaient le parquet. On a ensuite raconté beaucoup de choses sur moi quand j'ai entraîné l'équipe. Mais un jour la vérité sortira. Et elle sortira de ma bouche.
Qu’est-ce qui t’empêche de dire la vérité aujourd’hui ? (Poteau gauche)
C’est parce qu’il y a des gens qui sont toujours au club. Aujourd’hui, je crois qu’on écoute les gens qui sont en position de force. Je ne le suis pas donc je me tais… Si un jour ça doit être dit, c'est un combat qui doit être gagné. Pour en revenir à Ivan, je pense avoir été d’une loyauté sans faille. Je le lui ai dit quand il y a avait toutes ces rumeurs qui couraient, on a mangé ensemble. Ivan a certainement souffert aussi de ce contexte stéphanois très particulier à l’époque. Franchement, il y a beaucoup de choses à dire, du duo avorté avec Luis Fernandez jusqu’à mon départ.
Dans son bouquin "Vert de rage", Jean-Michel Larqué a écrit : "Laurent Roussey n'a rien fait pour conforter Ivan Hasek à sa place. Il ne s'est pas montré très solidaire. Il n'a pas joué son rôle de numéro 2, de complice. Il est resté parce que la situation l'arrangeait. Mais Laurent Roussey était en surrégime. Je crois que c'est un métier qui rend fou." Un commentaire ? (Aloisio)
C’est ce que je disais plus tôt. Ceux qui ont le pouvoir aujourd'hui se permettent des choses. Pendant ma période d’entraîneur à la tête de l’ASSE, j’ai dû le croiser une fois et encore. Il sait beaucoup de choses sur moi sans me connaître. J’ai au moins cette chance-là, de ne pas juger les gens quand je ne les connais pas. Il faut savoir quelles relations il a avec certains et ce qu’il est prêt à faire pour, avec sa position dominante dans les médias. Il a usé et peut être abusé de sa position.
Jean-Mimi avait dérapé en traitant ton adjoint de « pipe » (Poteau gauche)
Prêter cas à ce qu’il s’est dit et fait avec cet homme-là… S’il a envie et que ça lui a fait plaisir… Je laisse Jean-Michel Larqué à ses propos, à sa rancœur et à sa frustration. Tout ce qu’il a pu dire, ça ne me concerne pas. Quand je me vois dans la glace, je sais qui je suis, quelles sont mes valeurs et ce que je représente.
Tu es resté en contact avec Luc Sonor ? (Poteau droit)
Je suis en contact permanent. C’est un homme avec beaucoup de qualités. On s’est connu à Créteil, il est un homme de parole. Il a été injustement agressé verbalement. Ce qui m’intéresse, c’est la valeur des gens que je côtoie au quotidien et je sais les juger avec mes propres jugements de valeur.
Salut Laurent, que dit-on quand on veut tuer son chien ? (Diablo)
On dit qu'il a la rage. Tu veux me faire commenter cette phrase que j'ai sortie à Strasbourg ? Je pourrais avoir des propos désobligeants. Tout ce qui a été dit l’a été par des gens qui ont le pouvoir, qui sont écoutés et qui sont lus. Quand vous n’avez pas ce pouvoir, vous vous taisez et vous encaissez, vous le prenez dans votre figure. Mais peut-être que demain, le pouvoir sera dans les mains d’autres personnes, et que je ferai partie de ces gens qui auront la capacité de s’exprimer et de revenir sur ces évènements-là.
Comment analyses-tu de la saison 2008-2009, marqué par un joli parcours européen mais aussi par de mauvais résultats en championnat ? (Super Friteuse, Lopez & Supersub, )
Avant ça on va quand même revenir sur la saison précédente qui a bien marché, non ? Si je te ressors tous les articles à charge qui sont sortis à l'époque, ça fait peur ! Mais à l'arrivée, on termine à la cinquième place et on revient en coupe d’Europe, 26 ans après. On oublie qu’on avait Bafé Gomis, parmi les meilleurs buteurs, qu’on avait la meilleure défense d’Europe à domicile avec quatre buts encaissés seulement. Les gens qui avaient le pouvoir de le dire ne l’ont pas mis en avant ! Heureusement il m'arrive de croiser des supporters qui sont reconnaissants par rapport à tout ça. Moi je retiens que j'avais un groupe extraordinaire et j'ai d'ailleurs gardé de bonnes affinités avec la plupart des joueurs qui le composaient. Avant d’évoquer ma deuxième saison, il faut d’abord que je revienne sur l’amour que j’ai pour ce club. Pas comme certains l’ont… Chez moi ça remonte à loin, à 30 ans en arrière quand j'étais joueur ! Aller en coupe d’Europe était une fierté pour moi ! Et surtout de la jouer, comme j’avais eu l’occasion de le faire, avec cette passion qui régnait dans ce stade. Aujourd’hui, quand on voit la manière dont la coupe d’Europe est considérée… Il y a beaucoup d’interrogations sur le fait que certains entraîneurs ne veulent pas la jouer parce que ça fatigue les joueurs etc. J’ai toujours en tête cette anecdote : lors d’un match à Tel-Aviv, Guy Roux m’interpelle et me dit « vous n’avez pas peur que ça vous pénalise pour le championnat ?... » Mais Sainté, c’est un club européen ! Effectivement, on était sur quatre victoires et dès la deuxième, on était qualifié. Mon grand regret est de ne pas être allé plus loin dans cette compétition. En ce qui concerne le championnat, il n’y avait rien de catastrophique. On a voulu que ce le soit pour les raisons que j’évoquais plus tôt… Dans les faits, sportivement, on avait battu Monaco, le PSG… OK on était sur 5 défaites d’affilées. Mais des mauvaises séries, ça existe dans le football et d’autant plus quand vous avez l’ambition de sortir des poules en coupe d’Europe parce que, je le répète, la vocation de Saint-Etienne, c’est d’être européen ! Pour moi, c’était plus important que le championnat, à ce moment précis de la saison.
Cette vision des choses était partagée par toutes les composantes du club ? (Poteau droit)
Je ne posais même pas la question ! C’était moi, Laurent Roussey, ancien joueur et entraîneur de l’ASSE… Il n’était pas question de galvauder cette compétition. Je vais prendre un exemple. Sur le début de saison, on a Dabo, Payet, Matuidi. Tous les trois sont internationaux espoirs. Ils sont en pleine qualification, ce sont des gamins qui jouent tous les trois jours ! Il y a des priorités qui ont été les miennes et qui ont fait, qu’en championnat, on a connu une méforme. Mais, à Nantes, par exemple, j’aurais pu faire jouer Blaise, il n’était pas blessé. Mais il sortait de 4 ou 5 matches en 15 jours et j’ai donc changé. SI j’avais pensé seulement à ma propre situation, j’aurai peut-être agi différemment. Si j’avais pensé à ma carrière, je n’aurai peut-être pas joué la coupe d’Europe, comme beaucoup de gens le font aujourd’hui. J’aurai mis l’équipe bis à Tel-Aviv, contre les Norvégiens, les Danois et on ne serait pas passé en coupe d’Europe. Peut-être qu’en championnat, on aurait été mieux classé ! Mais ce n’est pas dans ma nature. Je suis un Stéphanois, je suis passionné par ce club et, je le répète, c’est un club à vocation européenne ! Personne n’aurait pu m’imposer de faire autrement. Même la direction, si elle m’avait dit de faire l’impasse dessus. Mais on s’est servi de ça pour m’éjecter.
Il y a d'autres facteurs qui expliquent les difficultés de cette saison, le départ de Feindouno pour le Qatar en septembre par exemple… (Poteau Gauche)
L’histoire se fait à travers des événements, il y en a eu beaucoup. Ils ont plutôt joué en ma défaveur. C’est sûr que le départ de Pascal n'a pas arrangé les choses. On sait la relation que ça représentait avec Bafé Gomis et les autres en termes d’animation offensive et d’efficacité. Autre fait marquant : quand on part en stage et qu’il y a la crise par rapport aux primes de coupe d’Europe, c’est grave aussi ! Peut-être que, à ce moment-là, la seule personne qui était mon seul soutien à l’intérieur du club, Roland Romeyer, m’a un peu délaissé aussi.
J'aimerais ton opinion sur le reportage vidéo à charge commis par Balbir, et commandé par Caïazzo, à l'automne 2007, celui qui commentait un match à Lens où tu avais fait un remplacement d'un défenseur central (Nivaldo), et qui présentait ça comme "une erreur de débutant"). As-tu compris aussi tôt dans la saison que Nanard ferait tout ce qui était en son pouvoir pour nuire à l'équipe ? (osvaldopiazzolla). Pressentais-tu que ton expérience d'entraîneur stéphanois allait tourner court ? (Poteau droit)
Je pourrais dire beaucoup, beaucoup de choses, désagréables pour certains, je ne vais pas rentrer dans ce jeu-là. Mais je vais être franc, le jour où on perd le premier match de championnat contre Sochaux, avec Ivan Hasek à la tête… Le lendemain, j'ai su que j'avais été trompé. En disant cela, je me base sur des faits, sur ce qui s'est passé après. Je ne peux pas en dire plus car aujourd'hui je ne suis pas en position de force. Le lendemain de notre match contre Sochaux, j'ai proposé ma démission. Je ne l'avais jamais dit mais les gens concernés sauront de quoi je parle. Dès le départ, j'avais un sentiment que les dés étaient un peu pipés...
Bernard Caiazzo est une énigme pour nous. Qu’en penses-tu ? Quelles sont tes relations aujourd'hui avec lui ? (envert94)
(Long long silence de Lolo)
Sur une radio, Bernard Caïazzo avait déclaré "Roussey est le futur Wenger des Verts, ce sera un très grand entraineur". On connait la suite. Une remarque ? (Nanard)
Non. Ce sont des mots.
Avec le recul, as-tu des regrets dans tes choix d'entraîneur, ton management, ta communication ? (Tom) Des supporters ont gardé l'image d'un Laurent Roussey un peu suffisant, pas très versé dans l'autocritique ? (José)
Des erreurs, tout le monde en fait. Après, reste à savoir comment on traite tes erreurs. Je pense qu'elles ont été traitées d'une manière où elles ont été conditionnées. L'image que certains ont de moi, c'est ce qu'on a voulu faire croire, en permanence. Quand on veut tuer quelqu'un, on trouve toujours des choses. Aujourd'hui, sincèrement, on dit d'un tel : « C'est un grand communicant », mais c'est quoi un grand communicant ? C'est simplement que les journalistes tournent tout ce qu'il va dire du bon côté. Soyons clairs, c'est ça. Alors on va dire que je n'étais pas un bon communicant, je n'étais pas un bon client pour certains. Est-ce qu'aujourd'hui, c'est une tare ? On m'a reproché, à l'époque d'avoir mis l'équipe dans une bulle : huit ans après, quand je vois Chelsea, on parle de bulle. Comme par hasard… ou alors j'étais novateur peut-être ! Cela me fait sourire. Si avec moi, il y avait eu des gens qui avaient voulu que je passe pour le meilleur entraîneur et le plus communicant, je serais passé pour le meilleur entraîneur. Cela n'a pas été le cas. Aujourd'hui, le directeur de la communication, Philippe Lyonnet, est le même qu'à mon époque. Est-ce qu'on parle de la même chose qu'à mon époque ? De bunkerisation ? Non. C'est bizarre, tu ne trouves pas ?
Ce n'est pas toi qui avais décidé de bunkeriser le centre d'entraînement de l'Etrat au point d'en interdire l'accès à Robert Herbin ? (Aloisio)
Quand je suis arrivé ici, j'ai invité Robert Herbin à manger à l'Etrat, au restaurant « La Pause » pour lui expliquer comment allait se passer la saison. Donc qu'est-ce qu'on vient me dire ? Robert Herbin, je le respecte pour l’entraîneur qu'il a été et qui m'a formé. Qu'on ne me dise pas que j'avais un avis contraire sur Robert Herbin.
Tu le respectes comme entraîneur. Mais comme chroniqueur ? Il ne t'avait pas épargné dans la rubrique qu'il tient toujours dans un célèbre quotidien régional…(José)
Ses chroniques, je pense que ce n'est pas lui qui les fait. En tout cas j'ai ouï dire qu'il ne les faisait pas toutes. Ce qui tendrait à prouver que d'autres les font à sa place et qu'elles sont peut-être orientées.
Tu vises La Tribune - Le Progrès ? (Aloisio)
Je ne vise personne : ce sont des faits qu'on me rapporte. Il suffit d'écouter, et j'écoute, sans porter de jugement.
Contrairement à tes adjoints de l'époque, tu n'as pas pu trouver un arrangement à l'amiable avec l'ASSE suite à ton licenciement. Pourquoi ? (Manu63)
J'ai gagné aux prud’hommes, en appel et en cassation aussi. Il s'agissait de respecter un engagement qui avait été pris. Un choix peut être fait, mais la moindre des choses est de donner ce qui est dû. Comme ce n'était pas le cas, il a fallu que je me batte pour faire valoir mes droits. C'est tout
Tu as des relations particulières avec Féfé. Enrages-tu de savoir qu'il ne fait pas tout pour exploiter son talent ou retiens-tu plutôt le plaisir d'avoir travaillé avec un artiste, un joueur au-dessus des autres ? (envert94)
Pascal, je l'ai connu à Saint-Étienne, je l'ai fait venir à Sion, je l'ai fait venir à Lausanne. J'aurais voulu le faire revenir à Sion, lors de mon dernier contrat. Il y a 15 jours, on était ensemble, à une terrasse à Saint-Étienne. J'ai beaucoup de considération pour lui, c'est un virtuose du ballon. C'est quelqu'un, qui dans un vestiaire, notamment pour de jeunes joueurs, s'investissait pleinement. Tu n'as pas souvent l'occasion d'avoir une relation avec ce type de joueur, fantasque mais tellement talentueux.
Est-ce le joueur qui t'a le plus impressionné dans ta carrière d'entraîneur ? (Dr Makaveli)
Des talentueux, il y en a eu d'autres bien sûr, mais je dirais que lui, c'est tellement dans sa nature, que ça en fait un être à part.
A ton époque d'entraîneur, le club était un vrai panier de crabes, comme dirait Omar. Quelles étaient tes relations avec Da Fonseca ? On t'a imposé des joueurs que tu ne souhaitais pas mais la donne a changé au sein du club, aucun recrutement ne se fait sans l'aval de Galette. (Poteau droit)
Le fonctionnement d'aujourd'hui n'est pas le même que celui que j'ai connu. Aujourd’hui, il y a d'autres hommes qui accompagnent Galtier et qui ont peut-être aussi un pouvoir différent du celui que j'avais. A l'époque, j'étais un petit peu "seul ".
As-tu des nouvelles de Sébastien Grax ? Ce joueur qu'on t'avait imposé t'avait accusé de l'avoir traité d'imposteur du football (José)
Je ne l’ai jamais traité d’imposteur du football. Les mots ont de la valeur, on n’a pas le droit de dire n’importe quoi. C’était un garçon, je l’ai exprimé, que je ne souhaitais pas parce que toutes mes informations me disaient que c’était un joueur qui était plutôt sur la fin que sur le début. Physiquement il n’était plus en capacité par rapport à notre attente. Voilà, après, moi, vous savez, le garçon… Il y a l’homme que je ne connais pas du tout et sur lequel je ne porterai pas de jugement, et puis il y a la valeur du joueur ou effectivement j’avais des informations … Bon, les dirigeants ont voulu le faire signer, la suite a prouvé que je n'avais pas tort. N'oublions pas qu'il y avait de gros problèmes de gouvernance au sein du club à cette époque-là, je suis hélas très bien placé pour le savoir.
C'est pour ça que tu portais si souvent ce fameux pull gris torsadé Lacoste ? En arborant ce crocodile, tu voulais monter qu'à l'époque le club était un marigot ? (Greenpeace, Aloisio)
Fouilla, tu vas un peu loin là ! (rires) C'est peut-être par superstition que je portais ce pull gris torsadé, je sais que ça a fait souvent parler.
Christophe Galtier a offert sa doudoune au Musée des Verts. Est-ce que tu as prévu de donner ce fameux pull au Musée des Verts ? (Aloisio)
Écoute, je ne sais pas. Pour l'instant, on ne m'a jamais proposé quoi que ce soit par rapport à mon passé de joueur ou mon passé d'entraîneur…
Tu n'as pas eu d'invitation au Musée des Verts ou, récemment au match contre la pauvreté ? Es-tu toujours ostracisé ou bien, les années passant, la donne a changé et les relations se sont pacifiées, réchauffées avec tes contempteurs de l'époque (Platoche, Poteau gauche)
Non, aujourd'hui, il n'y a plus de relation…
Merci à Laurent pour sa disponibilité et à Nar et Stéphanois pour la retranscription.