La plus large victoire des Verts cette saison a été rendue facile par le niveau des adversaires, mais aussi par la qualité du jeu stéphanois.
Même si Caen est désormais lanterne rouge, tout le monde ne s'impose pas 5-0 chez eux. Tout le monde ne leur met pas 3 buts en 30 minutes. Les Stéphanois ont eu un match simple mais ils ont eu le mérite de savoir se le rendre facile. Ils ont su développer leur jeu basé sur une bonne maîtrise technique et des appels sans ballon auxquels les Caennais n'ont pas su répondre. Et c'est encore plus méritoire compte tenu du groupe qui a fait le déplacement : suite aux nombreux blessés et suspendus, l'ASSE a eu sur le banc un seul joueur de champ comptant plus de quelques matchs en pro, Vada. Et l'équipe alignée n'a donc pas été surprenante, pas plus le système tactique, un 4-2-3-1 qui dévient 4-4-2 (4-4-1-1) en phase défensive :
Cabella retrouve ainsi sa place préférée sur le terrain, en "10" entre les lignes, avec des joueurs de couloir de chaque côté et un avant-centre qui fixe la défense. Un système qui lui convient à merveille comme on peut le voir dans les exemples suivants, dont le premier commence à la 4e minute :
Ruffier remet le ballon en jeu avec Kolodziejczak. Caen propose un bloc en 4-1-4-1, avec une sentinelle qui devrait normalement s'occuper de Cabella. Mais ce dernier s'est déplacé partout dans cette zone entre les deux lignes de 4 adverses. Dans cet exemple il glisse vers la gauche de l'attaque stéphanoise, tout comme Hamouma (Nordin étant l'ailier droit). Il n'y a pas de pressing sur les défenseurs Verts et Kolo trouve M'Vila :
Les 2 lignes caennaises sont éloignées et les Verts y placent 3 joueurs, Cabella, Aït Bennasser et Nordin. La passe de M'Vila casse la première ligne pour trouver le premier d'entre eux, qui s'ouvre l'angle de passe pour lancer Hamouma dans le couloir gauche. Un défenseur éliminé et...
... un gros déséquilibre est créé autour de la surface adverse. Cabella et Beric attendent le ballon, Aït Bennasser et Nordin sont complètement libres - Hamouma choisit de tirer et ouvre ainsi le score. Si on peut imputer le but à la faute de main du gardien adverse, il faut quand même souligner la facilité des Verts à créer une situation dangereuse en seulement 3 passes. Une pour donner le ballon à M'Vila, une pour casser la première ligne et trouver le meneur de jeu et une dernière pour décaler un offensif.
Et cela n'a pas été un cas isolé... Autre exemple 2 minutes plus tard, avec le même lancement de jeu :
Quand Kolo reçoit le ballon de Ruffier, M'Vila est dans la ligne des milieux et Cabella à côté de la sentinelle adverse. Les défenseurs stéphanois échangent des passes...
... laissant leurs coéquipiers se positionner comme dans le premier exemple. Et la suite est identique :
Même trio entre les 2 lignes, même passe qui casse la première... c'est seulement par la suite que les actions diffèrent, Hamouma repique vers l'axe pour resserrer la défense et c'est Polomat qui est lancé dans le couloir gauche :
Malheureusement, son centre est repoussé en corner par un adversaire. Ces 2 actions se ressemblent énormément - les exemples suivants sont légèrement différents mais basés sur les mêmes principes. Deux minutes plus tard, Nordin, qui avait permuté avec Hamouma, aide M'Vila, Aït Bennasser et Kolo à combiner :
Cabella se trouve de nouveau entre les lignes, toujours loin de la sentinelle, qui est bien dans l'axe mais loin de tous les Stéphanois qui s'y trouvent...
... dont Nordin, qui reçoit la désormais habituelle passe verticale de M'Vila. Nordin lance Polomat dans le couloir gauche dans le dos du latéral adverse. Ce décalage dans le couloir en crée alors un plus important dans la surface :
La passe en retrait pour Cabella est réussie, son tir est un peu manqué et repoussé jusqu'à Hamouma, complètement libre au deuxième poteau. Son centre-tir sous la barre est sorti par le gardien adverse.
Ce que tous ces exemples ont en commun,c'est une passe de M'Vila qui casse la première ligne. Cette passe devient possible à cause des faiblesses dans le bloc adverse : pas de pressing sur lui, des lignes trop espacées, avec une sentinelle qui ne peut pas couvrir tout cet espace et tous les adversaires qui s'y trouvent. Et avec une ligne des milieux qui ne coupe pas les angles de passe... Mais il faut souligner les petits appels (les petites flèches) du joueur recherché par M'Vila juste au moment de la passe, quelques mètres pour se décaler, pour que la passe ne soit pas interceptée. Et cet aspect est encore plus visible dans l'exemple qui commence à la 19e minute :
Beric intercepte un ballon, un contre démarre mais est Hamouma temporise ensuite en jouant en retrait. Les 2 équipes se positionnent et Kolo donne le ballon à M'Vila :
La ligne des milieux caennais n'est plus une ligne mais Cabella se trouve derrière 3 (!) adversaires et ne peut donc pas être trouvé. Il n'y pas d'autre Stéphanois entre les lignes, alors Beric décroche pour proposer une solution mais M'Vila préfère jouer latéralement. Jusqu'à Saliba et retour...
... Ce jeu latéral a comme but d'attendre la faille dans le bloc. Faille qui ne peut être créée que par du jeu sans ballon. Comme celui de Cabella qui traverse cet espace entre les lignes...
... et qui ouvre donc l'angle de passe pour M'Vila. Cinq milieux éliminés par une passe, le latéral gauche sort sur Cabella, ce qui libère complètement Nordin :
Il a le temps d'ajuster sa passe et il a plusieurs possibilités dans la surface. Mais son premier centre est contré et son deuxième repoussé par un défenseur :
Le ballon est de suite récupéré par Aït Bennasser, qui joue avec ses défenseurs pour permettre à tout le monde de se replacer. Et quand Subotic le reçoit de nouveau, la même faille est trouvée :
L'angle de passe vers Cabella n'est pas fermé et il est de nouveau complètement libre entre les lignes :
Encore mieux, il n'est pas le seul Stéphanois à faire des appels intelligents. Nordin amène le latéral adverse vers l'axe pendant que Hamouma, venu du côté opposé, plonge dans son dos où il est parfaitement trouvé par Cabella. Et Beric est à la réception du centre pour le deuxième but de l'ASSE.
Et comme à la demi-heure de jeu le 6e tir des Verts (5e dans le jeu, aucun pour Caen) porte le score à 3-0, le match est plié. Le reste de la rencontre s'est déroulé de la même manière, avec des Stéphanois qui trouvent des décalages, qui ont parfois du déchet dans le jeu mais sans être embêtés par des Caennais complètement amorphes. Un scénario idéal donc pour faire entrer des joueurs moins expérimentés, comme Ghezali à la place de Hamouma et Gueye à celle de Beric. Du poste pour poste, pas tout à fait comme pour Vada qui, entré à la place de Nordin, a excentré Cabella à gauche. Un 4-3-3 pour l'ASSE dans le dernier quart d'heure comme on peut le voir dans cet exemple à la 85e :
Touche de Polomat pour Cabella qui lui rend le ballon, ballon qui arrive dans les pieds de Vada. Un triangle de passes avec Kolo et M'Vila...
... puis un autre avec Kolo et Polomat...
... avant de le redonner à Kolo. Ce jeu attire les adversaires, qui essayent un pressing timide, ce qui laisse Cabella complètement libre dans le couloir gauche :
Malheureusement, Kolo hésite et se fait reprendre le ballon. Heureusement il revient et regagne la possession, avant de le donner à Vada...
... qui trouve Aït Bennasser plus loin, ce dernier orientant pour Cabella à gauche :
Une sortie de balle finalement réussie et les Verts attaquent à 3 avec Cabella - Gueye - Ghezali. Le premier porte le ballon, repique vers l'axe...
... et trouve l'ailier opposé. La défense ne devrait pas avoir de mal à 5 contre 3 mais les Caennais n'étaient pas en confiance... et le très jeune ailier marque son premier but en pro, avec la contribution de Gueye, impliqué aussi sur le but suivant 5 minutes plus tard.
Conclusions
Certes, c'était un adversaire objectivement très faible, qui a en plus fait une mauvaise entame de match, très mauvaise pour la confiance. Même si le score est très large, il ne faut donc pas tomber dans l'excès. Mais on peut quand même souligner le sérieux des Verts, leur application - mener 3-0 au bout d'une demi-heure n'est pas donné à tout le monde. Et tactiquement ce fut parfait : les points forts des Stéphanois (qualité de passe de M'Vila, déplacements de Cabella) ont parfaitement exploité les failles du bloc défensif des Caennais (pas de pressing, trop d'espace entre les lignes). Bref, une large victoire méritée qui représente la meilleure façon de commencer une trêve internationnale et le sprint final qui suivra. Et même si d'autres adversaires seront plus forts, les Verts ont clairement à leur disposition les ingrédients nécessaires pour attendre leur objectif.